Bien sûr que dans ma référence à la Belgique il y a un peu de provocation (je n’aime pas trop le mot, il suppose l’insincérité, et quand j’écris qu’on peut se passer d’Etat je suis sincère) : Actuellement, la Belgique n’est pas (pas encore) une société sans Etat, et on va évidemment y trouver tous les dysfonctionnements possibles, dès lors qu’on se place en situation d’attente... du retour de l’Etat. Mais l’occasion était bonne pour commencer à réfléchir, et les objections faites y sont justement utiles.
- Les dossiers non traités : les fonctionnaires ont des TONNES de textes et instructions en vigueur pour les traiter ; il n’y a aucun « vide juridique » dans les pays développés, qui souffrent plutôt de l’excès de réglementation.
- le budget : à ma connaissance, les Belges ne sont pas depuis huit mois dispensés de payer impôts et taxes, qui rentrent exactement comme d’habitude. On devrait pouvoir entretenir le réseau routier, par exemple. Et savez-vous que chaque année, le parlement ne peut réellement modifier que 5% environ du Budget ? Les autres 95% sont ce qu’on nomme les « services votés », (c’est à dire considérés comme votés d’avance) : tous les salaires, frais de fonctionnement, entretien,etc, des services publics et assimilés, qui sont automatiquement reconduits.
En fait ces « difficultés » n’apparaissent pas si on ne fait rien de nouveau, et ceci nous amène au coeur du problème : faire du nouveau, c’est prendre des décisions, et la vraie question est : qui prend les décisions, (en principe, le peuple, non ?) et selon quelles procédures ? C’est là qu’un regard neuf ferait du bien. Gardons l’exemple des « Affaires étrangères » : la politique étrangère d’une nation ce devrait être l’affaire non de spécialistes mais directement du Parlement.
On pourrait en dire autant de tous les domaines où il y a un ministère. Que des structures techniques soient nécessaires pour appliquer les décisions du parlement, chacun l’admet. Mais ce n’est pas la situation qui prévaut dans les pays « démocratiques » modernes : les parlements y sont réduits à l’état de croupions, chambres d’enregistrement même pas maîtres de l’ordre du jour de leurs réunions et votes. N’oublions pas en particulier que 90% des 590000 textes des lois, décrets et réglements en vigueur découlent de la voie dite « règlementaire », sans vote parlementaire. Si en permanence les représentants du peuple pouvaient se saisir de tout sujet, et prendre toutes les décisions concrètes, il n’y aurait nul besoin de « gouvernements » mais simplement de services techniques. Ce n’est pas nécessairement un bouleversement de la vie des hôpitaux ou des D.D.E., mais c’est un énorme changement d’esprit... et pas mal d’économies car les superstructures construites pour capter le pouvoir de décision sont très budgétivores et tendent à s’auto-entretenir à l’infi. C’est à cela qu’il est temps de réfléchir, et donc : vive les Belges...