Bisexuels, les oubliés du débat
« Heureux les bis qui peuvent regarder toute l’humanité avec les yeux de l’amour ». Philippe Bouvard.
Sigmund Freud considérait je cite : « La bisexualité est l’orientation sexuelle naturelle de l’être humain ». Pourtant, la bisexualité a été largement occultée dans les sciences humaines du 19ème siècle et début du 20ème pour être désigné simplement sous le terme « d’homo ».
Il existe en France l’association Bi’cause créée en 1997 par un groupe de femmes lassées d’être confrontées à la bi phobie au sein de la communauté lesbienne. Elle célèbre la journée de la bisexualité à partir de 2009. La journée internationale célébrée le 23 septembre donne lieu à divers initiatives militantes de communication auprès du grand public et de la lutte contre la bi phobie.
Pour plus de visibilité, et pour donner un symbole au rassemblement de la communauté bi, Michael Page a créé le drapeau delà fierté bisexuelle en 1998. Le drapeau affiche 1 bande rose pour l’homosexualité, bleu en bas pour l’hétérosexualité et violet pour la bisexualité, le violet étant la combinaison du rouge et du bleu. Cette dernière est plus petite que les autres figurant ainsi la non-visibilité des bis dans la société.
Pour le sexologue Claude Esturge, la bisexualité peut-être une phase transitoire entre une hétérosexualité insatisfaite et une homosexualité qu’ils ne sont pas prêts à admettre. Pour d’autres elle est un mode de vie qui correspond à une réelle inclination envers les 2 sexes.
Le site Bisexualité info donne cette définition de la bisexualité :
La bisexualité peut être définie comme la faculté chez une personne de ressentir de l'amour et/ou du désir pour une autre personne quel que soit son sexe. Il en découle qu'une personne bisexuelle peut en théorie tomber amoureuse ou du moins éprouver du désir aussi bien pour une femme que pour homme.
Mais cette définition est très loin d'être complète car la bisexualité peut se manifester de manières très différentes d'une personne à l'autre. En effet pour beaucoup de bisexuels il faut prendre en compte une prédominance dans leur sexualité qui peut être hétérosexuelle ou homosexuelle. Ainsi il existe une infinité de formes de bisexualités que l'on peut placer sur une échelle allant de "exclusivement hétérosexuel" à "exclusivement homosexuel", avec pour point central une sexualité qui portera sur les deux sexes à parts égales.
La bisexualité peut aussi être vécue d'une manière concrète ou rester à l'état de fantasme. Bisexualité ne rime pas forcément avec relations multiples. Un bisexuel peut très bien faire le choix d'une vie hétérosexuelle tout en conservant une attirance pour le même sexe qui pourra se révéler et être vécue (ou pas) dans le futur. On peut donc être bisexuel uniquement dans son âme sans forcément le vivre.
Il existe également un Manifeste Français des Bisexuelles et bisexuels qui résume parfaitement l’identité bi.
La bisexualité a toujours existé. Elle existe parce que nous, bisexuel(le)s, dans notre diversité, déclarons l'être. C'est un sentiment d'être au monde avant d'être un style de vie.
Nous sommes attirés affectivement et/ou sexuellement par des personnes de tout sexe et de tout genre, sans nécessairement avoir de pratiques sexuelles, et nous l'assumons.
Nous aimons vivre nos désirs, nos plaisirs, nos amours, simultanément ou successivement. Nous les vivons, comme chacun, de façon permanente ou transitoire.
Nous nous octroyons un large choix de possibilités sexuelles, de l’abstinence au multi partenariat.
Nous ne différons des personnes monosexuelles que par cette double attirance. Parmi nous, certain(e)s vivent leur bisexualité comme un choix, pour d'autres, elle va de soi. Nous la vivons dans notre identité et/ou dans nos pratiques.
Ce que nous partageons, c'est la volonté de l'assumer en soi et, si possible, avec les autres.
De la dignité bisexuelle :
Notre identité n'est ni plus digne ni moins digne que les identités hétérosexuelle et homosexuelle.
Pour nous, la liberté ne consiste pas seulement en ce que l'on peut choisir sa vie, mais aussi en ce que l'on peut en changer.
Nous ne pouvons nous accomplir si nous devons sacrifier notre bisexualité.
Nous luttons contre toute hiérarchie des genres et remettons en cause la prévalence masculine et la norme hétérosexuelle prépondérante.
Nous refusons également la normativité gaie et lesbienne qui tend à réduire la sexualité aux deux seules catégories hétérosexuelle et homosexuelle.
Nous luttons contre tout ordre normatif masculin ou féminin, qui impose la marginalité aux personnes homosexuelles, bisexuelles, asexuelles, transgenres, intersexuelles, transsexuelles.
Nous sommes pour une bisexualité qui permette à chacun(e) de vivre ses désirs sans être stigmatisé(e).
À cette fin, nous nous employons à prévenir le désarroi des plus fragiles d'entre nous ; cela passe par notre visibilité et par la valorisation de différentes figures d’identification bisexuelles.
Nous souhaitons réduire la biphobie et les multiples difficultés (sociales, familiales, économiques) entraînées par ces discriminations.
Pour ce faire, nous nous élevons contre la catégorisation des comportements sexuels et affectifs décrétée par les pouvoirs et autorités (religieux, médical, juridique, scientifique, médiatique, etc.).
Des droits des bisexuel(le)s :
Nous exigeons :
- d'être reconnu(e)s comme bisexuel(le)s quelle que soit notre situation passée ou actuelle
- de voir la bisexualité considérée au même titre que l’hétérosexualité,
- de pouvoir vivre nos inclinations affectives ou sexuelles sans avoir à les justifier
- de pouvoir fonder la famille de notre choix (célibat, couple, multipartenariat) sans avoir à sacrifier notre bisexualité et, dans tous les cas, de voir reconnu notre rôle éventuel de parent, beaux-parents, parrain, éducateur,
- de disposer d’espaces où il soit possible de s'exprimer, d'échanger et de partager des expériences avec d'autres personnes bisexuelles,
- que les médias rendent compte de l'existence des bisexuel(le)s au même titre que celle des hétérosexuel(le)s et des homosexuel(le)s,
- que les politiques d'éducation et de prévention, notamment en rapport avec les Infections Sexuellement Transmissibles, traitent la bisexualité avec le même respect et la même importance que les autres orientations sexuelles.
Des devoirs des bisexuel(le)s :
Nous sommes pleinement responsables à l’égard de nos proches et de la société.
Comme dans toute relation affective, nous devons le respect à nos partenaires. Cela oblige, au sein du groupe affectif ainsi constitué, à construire des valeurs/repères acceptées par tous.
Conclusion :
Par ce manifeste, nous nous déclarons solidaires de toutes les personnes dont la sexualité est injustement marginalisée, réprimée ou exploitée.
Nous défendons le droit à une sexualité sans honte, sans rejet, sans violence.
Respectant chacune et chacun dans sa différence, nous, bisexuel(les)s, luttons pour la liberté de toutes et de tous.
Notons quand même que pour la dernière campagne sur le préservatif, il y a le témoignage d’un bi mais qu’il l’aura vraiment compris ? La sexualité ne regarde que les individus qui la vive et l’important est l’épanouissement que 2 adultes consentants puissent trouver.
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