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Accueil du site > Tribune Libre > Défense et sécurité stratégique : trois ou quatre cercles ?

Défense et sécurité stratégique : trois ou quatre cercles ?

Tout bon tacticien placé, par choix ou obligation, en position de défense face à l’ennemi sait qu’il doit organiser son dispositif en trois cercles (en cas de front discontinu) ou lignes (en cas de front continu, une éventualité aujourd’hui peu probable), chacun destiné à jouer un rôle dans ce mécanisme propre à la défense qu’est l’abandon momentané de l’initiative pour mieux pouvoir s’en emparer à nouveau une fois l’action ennemie contrecarrée, lorsque celui-ci aura été épuisé et désorganisé par l’effort de son attaque.

Cette géométrie comprend la zone des approches, qui doit tâter le dispositif adverse, déterminer sa force et sa direction, éventuellement le modeler à son avantage ; la zone de défense avancée, lieu où l’effort ennemi subira sa plus forte attrition par une utilisation des feux et de la manœuvre, jusqu’au point qu’il lui sera impossible de poursuivre ; enfin, la zone de défense ultime qu’il s’agit de protéger sans esprit de recul.

Idéalement, son passage dans la zone de défense avancée aura tant infligé de pertes à l’adversaire qu’il sera obligé d’interrompre son avance et qu’il subira alors de plein fouet la réponse, cinématique décisive de la défense qui consiste à reprendre une initiative momentanément concédée par la contre-attaque soigneusement préparée et qui s’abat sur un ennemi épuisé, amoindri, désorganisé par son mouvement vers l’avant et les dommages subis. Sur le plan tactique, c’est donc la zone intermédiaire qui réclame le plus d’efforts chez le défenseur, celle où se joue sa victoire ou sa défaite[i].

Sur le plan stratégique, les choses sont un peu différentes, en particulier dans le contexte actuel : la zone des approches, beaucoup plus lointaine, a désormais acquis une importance primordiale et c’est elle qui absorbe l’essentiel des efforts et effectifs. Examinons cette évolution avant de tenter une définition des cercles défensifs actuels.

- De la Guerre Froide à l’adversaire irrégulier : l’évolution de la posture stratégique défensive

Par l’une de ses cruelles ironies dont l’Histoire est friande, durant tout le long face-à-face Est-Ouest, nos stratèges et tacticiens se sont concentrés sur une forme de combat qui n’a jamais eu lieu et qui apparaît aujourd’hui comme secondaire (mais pas superflu, attention...), tout en subissant, avec réticence et souvent gérées de manière désordonnée, des guerres bien réelles qui allaient en fait devenir la forme principale de conflits qu’ils auraient à affronter une fois l’ennemi principal démantelé.

Car, si un conflit conventionnel ne semble pas aujourd’hui imminent, les guerres révolutionnaires, subversives, asymétriques comme on les nomme aujourd’hui, et dont l’Indochine, le Vietnam et l’Algérie étaient les prémices, sont bien celles contre lesquelles nos armées, taillées et entraînées pour la Guerre Froide, sont engagées (pour ne dire embourbées) actuellement.

Ainsi, cette forme de lutte autrefois regardée avec condescendance, voire purement et simplement ignorée par les militaires occidentaux, est revenue, et pour longtemps, au premier plan de leurs préoccupations, obligeant les forces qui y sont confrontées à des ajustements parfois douloureux et auxquelles elles s’adaptent non sans réticence[ii]. Les exemples anciens reviennent donc en grâce, on redécouvre les penseurs de la « petite guerre » et la contre-insurrection, longtemps considérée comme secondaire, est devenue l’objet de recherche numéro un des penseurs doctrinaux.

Mais la tâche est rendue d’autant plus difficile que les adversaires asymétriques d’aujourd’hui sont majoritairement mus par une idéologie infiniment plus difficile à contrer que celle, dont la gestion était déjà complexe, qui inspirait nos ennemis pendant la guerre froide. Ainsi, à un projet politique communiste endurci par l’exigence patriotique de libération nationale, le double moteur des insurrections post-Seconde Guerre mondiale, est venu se substituer une idéologie religieuse déviante qui recrute et frappe en ignorant les frontières, parfois jusqu’au cœur du territoire adverse, et érige la mort du combattant non plus en sacrifice douloureux, mais nécessaire à la cause, mais en objectif souhaité, désiré car promesse d’une existence meilleure dans un Paradis dont l’entrée se paye avec le sang répandu de l’ennemi, civils et combattants mélangés[iii].

Face à cet Autre, antagoniste irréductible et fanatique, la tactique a évolué, contrainte et forcée. L’approche stratégique doit, elle aussi, s’adapter à cette nouvelle donne.

Comment concevoir un périmètre défensif efficace dans ce contexte en sachant que notre camp semble condamné à recevoir les premiers coups, et donc à subir l’initiative ennemie ?

- La réponse aux adversaires non étatiques : défense proactive et prévention

Ce n’est pas un hasard si j’ai commencé par évoquer l’approche tactique défensive : dans sa lutte contre l’adversaire irrégulier, l’Occident semble a priori condamné à subir l’initiative adverse avant de pouvoir répondre. Comment, en effet, déclarer une guerre en bonne et due forme, et préalablement au déclenchement des hostilités, à un ennemi qui non seulement n’est pas un Etat, mais qui, de plus, tire une grande partie de sa force de son mépris pour les lois et coutumes de la guerre ? A la rigueur, une approche préemptive (à ne pas confondre avec la guerre préventive) peut se justifier, mais cette forme d’intervention militaire est à manier avec d’infinies précautions : si elle semble, dans sa lecture théorique, de bon sens et souhaitable, son application concrète sur le terrain suscite généralement des réactions négatives chez les opinions publiques comme chez les dirigeants des états spectateurs. Personne n’aime celui qui prend l’initiative d’attaquer le premier, une attitude qui le transforme en « agresseur » (même si, à quelques jours ou heures près, ce dernier aurait pu se retrouver dans la position peu enviable de l’agressé). Contre toute logique, il semble préférable à beaucoup de devoir supporter les premiers coups avant d’obtenir le droit de riposter, quand bien même l’absence de profondeur stratégique, par exemple, risquerait de rendre ceux-ci irrémédiablement létaux[iv].

Pour autant, une société qui se contenterait de répondre au cas par cas, et sans stratégie défensive globale, aux assauts de ses ennemis irréguliers se condamne non seulement à subir de lourdes pertes initiales, mais encore à envisager des ripostes inadaptées. L’une des solutions au problème posé réside sans doute dans l’adoption d’une approche défensive proactive, qui se projette vers les sanctuaires de l’ennemi situés au loin, couplée à une politique sécuritaire ferme de prévention en amont de la violence sectaire que les groupes insurgés transnationaux pourraient exporter au cœur même des villes de la puissance détestée.

Eradication des ferments hostiles lointains et défense du territoire national contre l’infiltration des éléments terroristes : ces deux attitudes peuvent constituer le début d’une stratégie efficace dans la lutte contre les nouveaux ennemis irréguliers. Efficace, mais sans doute pas suffisante. Voyons si nous pouvons l’étoffer un peu.

- La nouvelle défense stratégique : les trois cercles

Dans son dernier ouvrage, La Guerre probable, le général Vincent Desportes nous offre un éclairage lumineux de ce que pourrait être une défense efficace contre l’adversaire non-étatique. Laissons-lui la parole :

« Le stratège nous dit l’ardente nécessité, pour l’emporter, de bâtir sa propre profondeur stratégique ; à défaut, vous êtes vite submergés. Il faut donc défendre et stabiliser "à l’avant", sur les cercles extérieurs, conduire si nécessaire l’attrition rétrograde sur les cercles intermédiaires, pour enfin défendre ferme, si hélas cela s’avérait nécessaire, sur les derniers cercles intérieurs. La sécurité, par la défense, doit se construire d’abord "à l’avant", la première ligne de pro-action s’établissant souvent loin des frontières nationales, à proximité des "trous noirs" à contenir puis résorber. »[v]

Que peut-on tirer de ces lignes ?

Tout d’abord, s’il reprend bien le concept trinitaire défensif tactique traditionnel, le général Desportes y apporte une modification de taille : c’est bien sur le cercle le plus éloigné que doit se dérouler le combat principal, bien loin de la zone de défense ultime. Il s’agit donc de se projeter au cœur même du territoire où germe l’adversaire et de s’y implanter suffisamment durablement pour mener une action ferme d’attrition et de stabilisation, la première devant éliminer les ennemis irréductibles, la seconde permettant d’éviter qu’il en naisse d’autres. Ces actions sont le fait des militaires, donc de la défense, mais elles ont également un impact sur la sécurité du pays en prévenant la contagion des ferments subversifs. Cette attitude suppose des moyens et une volonté conséquente ainsi que la ferme conviction que la stabilité sécuritaire du pays se joue au loin.

Ensuite, si les cercles extérieurs et intérieurs sont assez facilement identifiables, le cercle intermédiaire est beaucoup plus flou. Tentons de le cerner : situé entre le sanctuaire national et les points chauds où nos troupes interviennent, il pourrait englober ce qui pourrait menacer notre sécurité stratégique sans agir contre les forces déployées où à l’intérieur de nos frontières. On peut penser aux voies d’approvisionnement vitales (maritime, aérienne), à la déstabilisation d’alliés essentiels voire à l’ouverture de nouveaux fronts insurrectionnels dans des zones proches et qui nous amèneraient à intervenir en dispersant nos forces déjà maigres au regard de la tâche à accomplir.

- Un quatrième cercle ?

Si l’on considère que le troisième cercle défensif est délimité par nos frontières, nationales et européennes, et que l’action des services de sécurité consiste dans ce cas à empêcher des éléments terroristes de s’y infiltrer, est-il provocateur, compte tenu de l’idéologie de l’adversaire, d’imaginer un quatrième cercle qui représenterait le cœur même de notre nation ? Autrement dit, ne faut-il pas viser également les éléments qui, dans nos villes même, sont à même d’embrasser la mentalité insurrectionnelle au point de former des « trous noirs » sur notre propre terrain ? Des zones désétatisées au sein desquelles ils pourraient recruter et planifier des actions contre-gouvernementales ?

Les attentats de Londres, et l’identité de leurs auteurs, ont douloureusement prouvé que l’ennemi pouvait prendre le visage de nos propres concitoyens, nés et élevés chez nous mais qui choisissent d’embrasser la cause adverse. La nature fortement prosélyte de l’idéologie adverse, les méthodes de diffusions actuelles utilisant les nouvelles technologies, les ferments antisociaux et d’exclusion qui existent dans nos sociétés, les efforts de certains recruteurs font que la question de ce cercle de danger interne doit bien être posée et que sa prise en compte peut et doit intervenir en amont du passage à l’acte.

Ce qu’on baptise pudiquement les « zones de non-droit » sont une réalité tangible, en France comme en Europe, et leur retour dans le complet giron étatique n’est apparemment pas pour demain. Si les embryons de systèmes antisociaux qui y prospèrent actuellement sont plus prédateurs, voire revendicatifs, que subversifs, il n’est pas déraisonnable de penser qu’une dégradation accentuée (et qui perçoit, même à moyen terme, une amélioration ?) de la situation pourrait donner naissance à de véritables groupes organisés aptes à mener des opérations meurtrières depuis notre territoire, sur notre territoire et du fait de citoyens qui disposent de notre propre nationalité. Ecarter, par bonté d’âme, aveuglement ou pudeur, cette éventualité ce n’est pas rendre service à la sécurité stratégique du pays comme à celle de l’Union européenne toute entière.

La prise en compte de ce problème potentiel doit avoir lieu dès à présent, tout comme les solutions à mettre en œuvre pour y remédier. Or, celles-ci ne sauraient être que sociétales, systémiques, et non uniquement policières. Après tout, ce serait la moindre des choses que d’asseoir fermement chez nous ce que nous prétendons vouloir importer au loin : la sécurité globale passant par le développement économique, social et le rétablissement intégral de l’influence étatique sur la totalité du territoire en jeu.

Conclusion

Le nouvel « adversaire principal » post-communiste a pu, profitant de notre assoupissement momentané, porter de rudes coups à notre sécurité stratégique en attaquant nos territoires et en s’implantant profondément dans des zones transformées en foyers durables d’insurrection. Après des débuts cahotant, les forces occidentales semblent, à condition de persister dans l’effort en y ajoutant des moyens conséquents, à même de parer à cette menace au loin. Le corpus doctrinal, en tout cas, existe pour ce faire.

Mais nous ne devons pas oublier non plus que ce qui provoque l’embrasement loin de chez nous est aussi présent parmi nous, certes encore dans de bien moindres proportions. Une défense stratégique globale passe donc par une projection vers l’avant, au contact des ferments les plus visibles de la violence, mais aussi par un examen attentif de nos propres sociétés et des espaces lacunaires qu’un développement social inégal provoque. Car les mêmes causes irradiées par la même idéologie provoquent, ou provoqueront, peu ou prou les mêmes effets.

Rétablir la paix au loin ne doit pas nous conduire à négliger d’affermir la nôtre au plus près.



[i] Pour une description plus complète de la tactique défensive, se reporter à la quatrième partie de l’ouvrage de Michel Yakovleff.

[ii] Pour un panorama des évolutions américaines en la matière, ainsi qu’une relation sans fard des freins qu’elles rencontrent, on consultera avec profit le blog de Stéphane Taillat, brillant commentateur de la stratégie contre-insurrectionnelle actuelle et de ses mutations.

[iii] Dans leur préface à l’édition française de l’ouvrage de David Galula, Contre-insurrection, théorie et pratique, le général américain Petraeus et le lieutenant-colonel Nagl, insistent sur ce point qui fait que l’adversaire asymétrique d’aujourd’hui est sans doute encore plus dangereux que celui d’hier, sans compter le fait qu’il est mieux armé.

[iv] Du reste, soyons réalistes, l’épouvantable aventure irakienne a durablement terni le concept en l’utilisant en dépit du bon sens.

[v] In « La Guerre probable », p. 188.


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20 réactions à cet article    


  • Lisa SION 2 Lisa SION 13 mars 2008 13:01

     

    Mon oncle un fameux bricoleur Faisait en amateur
    Des bombes atomiques Sans avoir jamais rien appris
    C’était un vrai génie Question travaux pratiques
    Il s’enfermait tout’ la journée Au fond d’son atelier
    Pour fair’ des expériences Et le soir il rentrait chez nous
    Et nous mettait en trans’ En nous racontant tout

    Pour fabriquer une bombe " A " Mes enfants croyez-moi
    C’est vraiment de la tarte La question du détonateur
    S’résout en un quart d’heur’ C’est de cell’s qu’on écarte
    En c’qui concerne la bombe " H " C’est pas beaucoup plus vach’
    Mais un’ chos’ me tourmente C’est qu’cell’s de ma fabrication
    N’ont qu’un rayon d’action De trois mètres cinquante
    Y a quéqu’chos’ qui cloch’ là-d’dans J’y retourne immédiat’ment

    Il a bossé pendant des jours Tâchant avec amour
    D’améliorer l’modèle Quand il déjeunait avec nous
    Il avalait d’un coup Sa soupe au vermicelle
    On voyait à son air féroce Qu’il tombait sur un os
    Mais on n’osait rien dire Et pis un soir pendant l’repas
    V’là tonton qui soupir’ Et qui s’écrie comm’ ça

    A mesur’ que je deviens vieux Je m’en aperçois mieux
    J’ai le cerveau qui flanche Soyons sérieux disons le mot
    C’est même plus un cerveau C’est comm’ de la sauce blanche
    Voilà des mois et des années Que j’essaye d’augmenter
    La portée de ma bombe Et je n’me suis pas rendu compt’
    Que la seul’ chos’ qui compt’ C’est l’endroit où s’qu’ell’ tombe
    Y a quéqu’chose qui cloch’ là-d’dans, J’y retourne immédiat’ment

    Sachant proche le résultat Tous les grands chefs d’Etat
    Lui ont rendu visite Il les reçut et s’excusa
    De ce que sa cagna Etait aussi petite
    Mais sitôt qu’ils sont tous entrés Il les a enfermés
    En disant soyez sages Et, quand la bombe a explosé
    De tous ces personnages il n’en est rien resté

    Tonton devant ce résultat Ne se dégonfla pas Et joua les andouilles

    Au Tribunal on l’a traîné Et devant les jurés Le voilà qui bafouille
    Messieurs c’est un hasard affreux Mais je jur’ devant Dieu En mon âme et conscience Qu’en détruisant tous ces tordus Je suis bien convaincu D’avoir servi la France
    On était dans l’embarras Alors on l’condamna Et puis on l’amnistia

    Et l’pays reconnaissant L’élu immédiat’ment Chef du gouvernement


     


    • Lisa SION 2 Lisa SION 13 mars 2008 13:05

      Sinon,

      pour défaire le noeud de votre discours noueux, je vous recommande ce lien.

      http://fr.youtube.com/results?search_query=inconnus+monsieur+gentil&search_type=&search=Rechercher


      • CAMBRONNE CAMBRONNE 13 mars 2008 14:20

        François Duran bonjour

         

        Excellent devoir d’école de guerre ! Mais vous serez malheureusement peu lu car vous êtes trop technique .Quant à moi , j’ai pris la peine de vous lire et pour résumer : C’est bien d’être présent en Aghanistan mais faudrait pas oublier nos petrites banlieues car l’ennemi est déja dans la place .

        Reprenez moi si je déforme votre pensée .

        Nous sommes assez d’accord et je souligne que l’armée française a fait depuis des années un effort considérable pour sortir des structures de la guerre froide . Toute notre organisation militaire est concue pour gagner en souplesse et en réactivité face à des menaces variées et inattendues .

        Le coeur de votre sujet , c a d le danger intérieur ne peut être abordé publiquement et officiellement . Cependant je veux bien parier ma solde que nos responsables ne perdent pas cela de vue . Ce qui est rassurant .

         

        Bien à vous .

         

         

         


        • François Duran 13 mars 2008 15:45

           

          Bonjour Cambronne,

          Vous avez sans doute raison, c’est un peu trop technique. Bon, si cela a pu déjà intéresser quelques personnes telles que vous, l’effort n’aura pas été vain.

          Rassurez vous, je n’ignore pas les efforts réalisés par nos penseurs doctrinaux pour s’adapter à la nouvelle donne stratégique (le général Desportes, notamment, à la tête du CDEF comme dans ses écrits, fait beaucoup dans ce sens). Je n’ai pas d’inquiétude sur la réactivité et l’inventivité de nos militaires. Pour ce qui est des décideurs politiques, je suis plus circonspect.

          Il est également exact qu’une discrétion de bon aloi est de rigueur lorsqu’on aborde ces questions, discrétion qui ne va pas jusqu’à l’aveuglement.

          Disons que ce texte, et sa publication dans ces pages, était un essai qui ne sera pas transformé…

          Bien cordialement à vous.


        • HSTUF M. 21 mars 2008 13:33

          Mon cher F. Duran,

           Voici mon avis : Votre article reflète deux points majeurs : Vous possédez vraisemblamblement une formation militaire, et vous ne savez pratiquement rien sur le sujet de la Guerre Moderne. Vous abordez le problème avec une réflexion standard d’un officier tournant en rond dans un cadre pré-établi des doctrines enseignées dans les écoles de guerre occidentales. En toute honneur et compte-tenu de cette limite majeure de votre univers intellectuel ( Ne le prenez pas mal ), vous vous -en êtes très bien sorti.

          Je voudrais que le public d’Agora Vox comprenne l’enjeu majeur de la nouvelle stratégie et tactique de la défense : Il n’y a aucun enjeu et tout n’est que fumisterie théorique !

          Pourquoi ? PARCE-QUE LA GUERRE MODERNE APPARAIT DANS L’HISTOIRE EN TANT QU’EVENNEMENT METTANT FIN A LA MODERNITE OCCIDENTALE D’ASPIRATION DEMOCRATIQUE, MATERIALISTE ET LIBERALE, ELLE EST DEJA LA POUR METTRE FIN A NOS SOCIETES ACTUELLES, UN POINT ET C’EST TOUT !

          Aucune ligne de défense n’est possible, sauf ligne d’attaque. Je vous convie chaleureusement à la lecture des oeuvres de Roger Trinquier ( guerre- subversion-révolution ) ou de Van Creveld ( rising and decline of the state - Transformation of war ). Ce sont les orientation théoriques majeures, vous pouvez également lire Gallula ou des notes de Von dem Bach Zielewski . Petraeus et son nouveau FM n’est pas mal non-plus et il y a plein de rapports et de notes sur des sites comme smallwars. Bossez avant d’écrire des conneries !

          La seule alternative crédible est la participation à la transformation de la société d’un état indéfendable vers une disposition sociale nouvelle en se faisant le gardien armé des transmissions de valeurs humaines essentielles qui garantiront des libertés une fois la transformation terminée. Sortez de votre peau de biffin et des inepties sur les lignes de défense, laissez ces bêtises à des imbéciles bien payés des Etats-majors qui ne saississent pas la nature du conflit de ce nouveau siècle.

          C’est toute la différence entre un militaire et un guerrier : les militaires ont tendence à exercer des devoirs en s’appyyant sur des formations standard, les guerriers vivent de la nature de la guerre.

          Cordialement,

          HSTUF.

           

           

           


        • François Duran 21 mars 2008 14:22

           

          Bonjour,

          Nonobstant la condescendance dommageable de votre ton (on convainc difficilement les gens en leur montrant du mépris) et les insultes péniblement (voire pas du tout) contenus, c’est avec un grand intérêt que j’ai lu votre commentaire dont on peut dire qu’il vient du cœur…

          Pour votre information, j’ai tous ces bons auteurs que vous citez (vous trouverez d’ailleurs une fiche de lecture commentée de Galula sur mon blog, si cela vous intéresse), mais je préfère Desportes à Trinquier et Van Creveld, qui m’a fasciné pendant longtemps avec son concept de guerre non trinitaire, me semble maintenant, avec l’expérience, s’être fourvoyé. Je lui préfère Rupert Smith, moins révolutionnaire, plus politique, plus calme sans doute. Si j’osais, je vous dirais de vous renseigner sur l’auteur avant de lui jeter votre bibliothèque (qui semble de qualité mais qui ressemble beaucoup à la mienne) à la figure…

          Comprenez moi bien : je ne pense pas que vous ayez tort (je n’ai pas ces certitudes péremptoires), je dis simplement qu’il n’est pas certain que vous ayez entièrement raison… Cette querelle entre « modernes » et « anciens » est ridicule et dommageable pour la pensée stratégique : les deux approches sont valables et aucune ne doit supplanter l’autre. Dans mon texte, qui n’est qu’une simple réflexion et non parole d’évangile, j’aborde le problème sous l’angle le plus consensuel possible pour être compris par le plus grand nombre. Voilà tout.

          Quand à votre distinction, qui se veut définitive, entre le guerrier et le militaire : bof ! C’est au feu que l’on reconnaît ces choses là et non sur le papier…

          C’est avec un grand intérêt que j’aurais discuté plus avant de ces choses avec vous, mais cet espace ne me semble pas dédié à cela. Et pourtant, croyez sincèrement que votre avis m’intéresse…

          Au plaisir de reparler avec vous de tout cela, sans doute dans d’autres lieux et en espérant que vous aurez pris un ton plus avenant, plus propice au dialogue.

          Bien cordialement à vous.


        • HSTUF M. 21 mars 2008 16:13

          Cher Duran,

           Si la condescendance de ma réaction vous blesse, je n’y peux rien. Comprenez-moi, j’ai assez vu défiler des gens motivés et souvent jeunes, formatés à la " solution théorique " et à l’exercice de raisonnement issu des conflits des nations.

          Les " bons auteurs " sont là pour donner un départ à la pensée qui doit rencontrer une matérialisation dans l’action, pas pour vous servir d’idole. Je me suis jamais demandé si je préférais tel ou untel autre. Pour votre information, je suis ancien élève de D.B. MURZIN et même lui n’est pas un oracle.

          Quant aux querelles des "écoles", c’est du ridicule qui vire toujours au tragique, une fois que la Doxa s’est retrouvé confrontée à la réalité. Je ne peux pas vous l’imposer, mais l’essentiel n’est pas d’avoir raison, l’essentiel est dans la recherche de la vérité en exercant votre don. Avec la guerre c’est comme avec le violon, il y a le cancre du coin et il y a Yehudi Menuhin, il faut donc un don. Par là même,la guerre et le guerrier sont tout d’abord des concepts spirituels et vous arrivez assez facilement à l’intellectualiser, mais manifestement vous ne le comprenez pas au fond de vous-même. Et si vous ne l’avez pas encore compris , votre adaptation à la nouvelle situation stratégique sera très difficile.

          Les sociétés et les civilisations sont péremptoires , seule la vérité restera, et ce n’est pas par l’application des théories des autres que vous sentirez les changements qui vous feront adopter les bonnes décisions. Une civilisation organisée autour de la cupidité et des satisfactions des instants les plus bas et les plus vils, une civilisation qui perd les instants collectifs du don et de la gratuité du don, une civilisation qui ne reconnaît plus ses valeurs originelles et qui vit et se complaît dans le délire post-moderniste, une telle civilisation n’est pas vouée à l’éternité. Il ne sert donc à rien de concocter des " lignes de défense ", mais il est nécessaire de l’accompagner dans sa transformation pour lui éviter des horreurs et des régressions ( je pense que le rôle du guerrier est précisément là ), car si vous n’avez rien compris ou vous obéissez servilement aux ordres les plus stupides, vous préparez une redoutable boucherie et une suite de catastrophes en peaufinant la technicité de votre plan de défense. Le meilleur remède à la révolution est la cotre-révolution ( ... je vous convie à la lecture des oeuvres de Château-Jobert ), sinon , préparez-vous au pire.

          Quant à la dernière allégation, il n’y a que ceux qui n’y ont pas été, qui la sortent, et là, je vous ai percé à jour. On ne voit strictement rien au feu, Duran. Rien, sauf l’horreur qui vous détruira la vie à jamais, même-si vous arriverez à vous en tirer à bon compte sur le plan physique. Ne le désirez donc pas, car une fois que ça arrive vous vous trouverez inévitablement en manque d’arguments pour vous justifier de vos propres actions devant vous même . Il faut la faire avant d’en arriver à ça et c’est précisément là , où l’on reconnaît le guerrier du simple militaire, la distinction est donc catégorique et sans appel.

          Je sais que je sors complétement et du cadre de l’article et d’une réponse hypothétique ou en tout cas attendue. Mais en vous lisant, je me suis dit, " encore un " et j’ai répondu en laissant mes gants blancs dans le tiroir. 

          Je vous souhaite bonne continuation et beaucoup de chance dans votre vie professionnelle qui s’annonce mouvementée.

          HSTUF.


        • CAMBRONNE CAMBRONNE 14 mars 2008 12:03

          Salut Furtif

           

          Là je ne vous suis pas bien .

          Il me semble que la france va rendre un bel hommage à César Ponticelli et à tous les poilus .

          Samedi , je vais personnellement déposer une gerbe au monument aux morts de ma ville en tant qu’amicaliste légionnaire . Le dernier poilu était français par le sang versé cela c’est un signe fort .

           

          Bien à vous furtif .


        • CAMBRONNE CAMBRONNE 14 mars 2008 12:04

          oups : Lazarre et non César 


        • ASINUS 13 mars 2008 17:21

          interréssant , un peu ardu pour moi mais avec un peu d effort , pourquoi toujours du prémaché ?

          meme si j interprete ou n apprehende pas l intégralité d un concept ce site est fait pour informer

          et echanger en l occurence c est le cas

          modeste reflexion : la mise en application de ce type de reflexion strategique supposerait un

          appareil militaire un peu plus "gras" or j ai cru remarquer que les concepts stratégiques de nos

          dirigeants etaient surtout economiques voir mercantiles nos unités restantes n ayant qu une

          fonction de VRP


          • Charles Bwele Charles Bwele 13 mars 2008 19:49

            @ l’auteur

            Remarquable article. Peut-être moins évident pour ceux qui ne versent pas dans la stratégie. Mais pour l’analyste en technostratégique que je suis, c’est limpide...

            Amicalement


            • Charles Bwele Charles Bwele 13 mars 2008 19:52

              Merci également pour les annexes. Je les ai toutes bookmarkées...


            • non666 non666 13 mars 2008 21:26

              Utiliser le vocabulaire de la stratégie militaire pour nous expliquer que nous avons potentielement un "front interieur" , il fallait le faire...

              Mais bon, comme il ne faut pas le dire aussi clairement, je vais essayer d’utiliser la langue de bois, du vocabulaire technique ou tout autre artifice pour ne pas reveiller les gaucho-bien pensants.

              Nous avons des territoires occupés par les colons qui sont abandonnés depuis longtemps par les forces de sécurité de notre pays.

              Il ne faut pas aller provoquer les jeunes des cités disaient les ministres socialiste en 1981 a l’epoque ou une arrivée de la police etait baptisé "descente" , "rafle" ou tout autre vocabulaire evoquant la milice de Vichy.

              Aujourd’hui, quelquesoient les gesticulations de Sarkozy, les flics n’osent plus y aller sans sureffectif.Combien etaient ils pour faire leur opération a Villiers le bel il y a 3 semaines ?

              Le front interieur, en cas de trouble avec le monde musulman, risque en effet de percer chez nous a partir des points d’appuis ennemis bien implantés. Pendant les emeutes de 2005 la totalité des effectif de CRS, de gendarme mobile avaient été sur le pont, sans interruption. Si ILS avaient agit dans toutes les cités, tous les jours, NOS forces auraient été debordés.

              La dernière fois, ILS s’etaient arretés a la destruction de bien public, les portes des domiciles privés n’avaient pas été franchies... ce n’est jamais le cas dans une vraie guerre civile. Nous sommes donc toujours juste en deça . Le 4eme cercle, c’est bien celui la , celui de nos espaces interieurs , non ?

              La bonne question est : avec quel effectif pourrions nous les contenir si l’explosion changeait de niveau ?

               des forces de l’otan histoire de nous convaincre que reintegrer la structue militaire intégrée ce n’est pas une si mauvaise idée que cela ?

               une mobiliation des reservistes , histoire de sortir les vieux bestiaux comme moi , mais avec la casse previsible qui choquera les biens pensants ?

              Zut j’avais promis de ne pas etre trop clair.

              Disons le donc en vocabulaire diplomatico-stratégique : En cas d’irruption dans notre 4 eme cercle de sécurité d’une menace assymetrique devrions nous avoir une approche nationale ou devrions nous nous rapprocher de la doctrine US de guerre contre le terrorisme avec l’aide de nos alliés ?.

              Qui osera nommer les menaces potentielles probables, leurs catalyseurs identifiés et leurs exciteurs habituels ?

              Moi je suis trop timide, c’est evident.

               

               

               

               


              • ASINUS 13 mars 2008 21:39

                une reponse possible a attendre de l otan pourrai etre celle quelle a fournie au serbes a propos du

                kossovo

                ils sont les plus nombreux sur ce territoire donc ce territoire leur appartient

                cqfd


              • Le péripate Le péripate 14 mars 2008 08:50

                On pourrait, en compagnie de R. Girard, relire Clausewitz (Achever Clausewitz), et se pencher sur cette montée aux extrêmes qui opposent deux fondamentalismes rivaux, deux religions guerrières.

                On pourra échafauder toutes les stratégies défensives que l’on voudra, on ne fera que participer à cette montée aux extrêmes si on ne prend pas en compte qu’il n’est pas certain que l’occident soit en position défensive, que l’ennemi supposé non seulement n’a pas d’État, mais pas non plus de territoire ni d’organisation, et que le suicide rend vain toutes représailles.

                Par contre, et sans phraséologie gauchiste, on voit bien comment le passage du policier au militaire et la théorie d’un front intérieur nous ramènent aux heures les plus sombres de notre histoire.


                • François Duran 14 mars 2008 10:15

                   

                  Bonjour,

                  Si l’apport de Clausewitz à la polémologie est effectivement important (et d’ailleurs étudié par les militaires eux-mêmes), c’est plus grâce aux notions de « désir mimétique », de la rivalité qui en découle et du « bouc émissaire ».

                  Rendons à César ce qui lui appartient : c’est bien Clausewitz qui a révélé « la montée aux extrêmes », conséquence à la fois de la nature propre de la guerre et d’un contrôle politique défaillant sur un phénomène autogène par essence. D’où la nécessité de se fixer des buts acceptables si l’on s’engage dans ce « dangereux voyage », en suivant des voies et avec les moyens adéquats.

                  Sur « les heures sombres de notre histoire », il ne tient qu’à nous de faire qu’elles ne remontent pas à la surface. Ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on fait baisser la température et s’interroger, calmement et sans jeter l’anathème sur quiconque, sur les problèmes qui pourraient surgir (notez le conditionnel) me semble somme toute plus sage que de devoir les affronter, souvent brutalement car dans l’urgence, une fois qu’ils sont là…

                  Cordialement


                • CAMBRONNE CAMBRONNE 14 mars 2008 11:59

                  Salut péripate

                   

                  C’est quoi les heures les plus sombres de notre histoire ? Classement difficile à faire .

                  Voulez vous parler de la saint Barthélemy ou de la terreur . Des guerres de vendée . De la commune de paris ?

                  Peut être de la guerre des Armagnacs et des bourguignons . De l’affaire des fiches ou de l’affaire Dreyfus ?

                  Vous voyez nous avons le choix quand il s’agit de parler des heures sombres .

                  Buvez un grand verre d’eau de vichy et vous verrez cela passera .


                • sery 16 mars 2008 18:52

                  Toujours pas d’appe au soldat en vue ?

                  si vous vous ennuyez faites de manoeuvres

                  c’est qd vous ne servez a rin qu vous ets le plus utile

                  et encore d’avantage quand VOUS FERMEZ VOS GUEULES !


                • Lisa SION 2 Lisa SION 8 avril 2008 07:28

                  Le problème des cercles, c’est quand ils doivent tirer vers l’intérieur.http://1libertaire.free.fr/Refuzniks01.html

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