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Accueil du site > Tribune Libre > Education nationale : vers la fin du collège unique ?

Education nationale : vers la fin du collège unique ?

Faut-il en finir avec le collège unique ? Le collège dit « unique » n’est aujourd’hui qu’un leurre qui peine à dissimuler la reproduction des inégalités sociales. Il s’apparente à une gare de triage qui débouche, au terme de l’année de 3e, sur la répartition des lycéens entre les filières générales et les filières professionnelles ; les premières permettant aux classes moyennes d’accéder à l’université et aux grandes écoles, et les secondes de reléguer les classes populaires définitivement exclues de certaines positions sociales. C'est pourquoi il est aujourd'hui remis en cause, et au coeur des débats sur l'école. Retour sur un maillon essentiel du système éducatif...

Tout homme, dans une démocratie, a deux métiers : le sien et celui de citoyen. Voilà le rappel qui devrait servir de préalable à toute discussion sérieuse sur l’école. Les missions éducatives, en effet, sont de deux ordres : la formation de l’individu en vue de l’insertion professionnelle d’une part, et l’instruction nécessaire à l’implication dans la vie de la Cité d’autre part. Ce deuxième volet, quelquefois malheureusement oublié, s’avère pourtant essentiel : que nous devenions maçon, boulanger, comptable, professeur ou banquier, nous exerçons tous au-delà de nos spécificités une activité commune, notamment au travers du suffrage universel. Or, la condition de ce dernier, c’est que le peuple soit éclairé. A moins de considérer le bulletin de vote comme un ticket de loterie, il faut bien admettre que chaque électeur doit pouvoir se prononcer en connaissance de cause au moment de se rendre aux urnes. Une exigence civique qui suppose en amont l’acquisition par l’école d’un minimum de culture générale. Car sinon, comment saisir les enjeux d’un scrutin et lire les programmes des candidats ? Le débat public est souvent ardu, et ne peut pas être suivi sans une maîtrise du français dépassant les 300 mots de vocabulaire, ou encore sans quelques repères historiques et géographiques indispensables à la compréhension de l’actualité. Le projet du collège unique, c’est d’aller dans le sens de cette double formation, en donnant la possibilité aux élèves de s’approprier ce socle commun, qui lui seul favorisera à la fois leur insertion professionnelle et l’exercice de leur futur métier de citoyen. L’échec de ce modèle, dans sa mise en œuvre, est cependant indéniable. Mais, parce que sa mise en œuvre a échoué, faut-il pour autant en finir avec le projet ?

Les « républicains », qui s’insurgent contre les délires des « pédagogistes » dans la querelle qui déchire le petit monde de l’éducation, entendent remettre les savoirs au centre du système et rompre avec l’égalitarisme borné. Je me reconnais dans ce combat-là, et je continue à penser que les publications de Maschino, Brighelli ou Polony ont le mérite de dénoncer le scandale : celui d’un système éducatif ruiné, où les élèves n’apprennent plus grand-chose, hormis dans quelques établissements privilégiés. Toutefois, la défense de l’école dite « républicaine » face à la démagogie qui la mine ne me convainc pas lorsqu’elle passe par la remise en cause du collège unique. Il me semble même qu’elle débouche alors sur une contradiction.

En effet, la principale critique adressée aux « pédagogistes », et à juste titre, est que sous prétexte de « s’adapter » au niveau des différents publics, ils en sont arrivés à promouvoir une école à 40 vitesses, au détriment de la transmission d’une culture commune et du maintien de l’égalité des chances. Or, le fait de sortir certains élèves du collège pour les orienter prématurément, comme c’était d’ailleurs le cas auparavant, vers des filières techniques, équivaudrait précisément à les exclure d’une telle transmission, en considérant de plus en plus tôt que « ça ne serait pas pour eux ». Comme chez les « pédagogistes », finalement, le présupposé qui nourrirait cette proposition serait celui selon lequel l’offre éducative devrait « s’adapter » au niveau des différents publics. Dès l’âge de 13 ou 14 ans, l’adolescent serait de cette manière classé, marqué, étiqueté et enfermé dans une identité qui recouperait généralement la catégorie socioprofessionnelle de ses parents. Avec l’apprentissage et l’accélération du transfert vers des structures prises en charges par les entreprises, nous achèverions le processus de renoncement à l’idéal républicain, pour lui substituer une mise des hommes au service de l’économie, au lieu que ce soit l’économie qui demeure au service des hommes. Il s’agirait de fournir à très court terme le capitalisme en main-d’œuvre facile, docile et corvéable à merci. Le moyen pour les investisseurs occidentaux d’un marché mondialisé, sans doute, de se procurer les bêtas plus du meilleur des mondes qui leur serviront à rivaliser avec leurs homologues asiatiques…

Pouvons-nous hypothéquer les chances du fils d’ouvrier en l’écartant dès la 4e de filières qu’il ne pourra plus rejoindre par la suite ? Pouvons-nous cautionner un déterminisme social qui engage ainsi l’avenir d’une élite en puissance ? Je crois pour ma part dans la capacité de chacun à progresser, c'est-à-dire à devenir autre que ce qu'il n'était au départ. Certains jeunes, parce qu’ils sont issus d’un milieu qui ne favorise pas leur éclosion, ont besoin de prolonger l’aurore de leurs jours afin de ne se révéler qu’à la tombée du soir, et de s’assurer éventuellement des lendemains qui chantent. Il leur faut davantage de temps pour se projeter. Le collège unique, et pourquoi pas un lycée facilitant le passage d’une filière à l’autre, devraient offrir ce temps de réflexion ; avec un bagage culturel facteur d’extension des possibles. D’autant plus que le problème de l’orientation n’est pas qu’une affaire de savoirs. C’est également une question de codes.

Par « codes », il faut entendre certaines habitudes, certaines références, certains réflexes qui sont autant de signes de reconnaissance entre membres d'un même groupe : ne pas les posséder trahit en revanche le fait d'arriver quelque part en intrus (en raison de l'origine sociale, par exemple). Ce dont il est question cette fois, ce n'est pas du fait de posséder le niveau requis pour intégrer telle formation, mais d'autre chose, qui confine à l'arbitraire, et qui peut être un facteur d'exclusion. Le petit garçon qui grandit dans le 8e arrondissement, qui a une soeur à Henri IV et un frère à Polytechnique, optimise ses chances de faire le meilleur parcours, et mettra probablement tout en oeuvre pour y arriver ; alors que le fils d'ouvrier qui évolue dans une ville moyenne de province, qui n'a jamais entendu parler des grandes écoles et ne sait même pas distinguer les filières entre L et S (personne dans son entourage pour l'éclairer), se verra très tôt bloqué sur le chemin de la réussite... En effet, il ne possède pas le « décodeur » ; surtout si ses seuls référents, dans sa famille ou dans son quartier, sont dans la précarité, au chômage... ou vivent de petits trafics...

Si j'écris « 5. exf6 dxc3 6. bx3 xf6 », j'emploie un code : intelligible pour les joueurs d'échecs (il sert à retranscrire le déplacement des pièces sur l'échiquier), mais incompréhensible pour le non initié, celui à qui il n'a jamais été expliqué. Eh bien, écrire « L, S, HEC, X, Essec » relève de la même manière d'un code sans doute évident pour ceux qui connaissent un peu le système éducatif, mais des plus obscurs pour ceux qui en ont toujours été tenus éloignés. L'élève qui ne sait pas à quoi correspondent les différents sigles, sur quelles cases de l'échiquier éducatif les diverses filières débouchent exactement, pourquoi telle option peut se révéler plus avantageuse, etc, se trouve dans la même situation qu'un individu qu'on inviterait à jouer aux échecs sans lui avoir expliqué au préalable les règles du jeu. Il se retrouve perdu, écarté du centre de l'échiquier ; et pas forcément parce qu'il n'aurait pas pu devenir un bon joueur, mais parce qu'on n'a pas estimé nécessaire de lui faire partager le code initial. C'est cela, se retrouver outsider, pendant que les insiders, inconsciemment peut-être tant ils y sont habitués, s'échangent les clefs qui ouvrent certaines portes... ou pas. Il ne s'agit pas de dénoncer le fait que des fils des classes moyennes aient pu intégrer les grandes écoles, notamment Polytechnique... mais le fait que, peut-être parce qu'ils n'ont pas bénéficié de certaines informations, des fils des classes populaires qui en auraient eu la capacité aient été écartés de tels parcours.

S’il y a des « républicains » sincères qui ont compris que les délires de la nouvelle pédagogie empêchent d’atteindre l’égalité d’instruction dont rêvait Condorcet, il en est d’autres qui, sous couvert de défendre l’école de la République, poursuivent depuis longtemps un projet de société qui n’a rien de républicain : une sorte de retour à l’Ancien Régime, avec d’un côté une aristocratie ayant droit, par le privilège de la naissance, aux meilleurs collèges et aux meilleurs lycées : la voie royale ; et de l’autre un tiers état juste bon à fournir une main-d’œuvre bon marché « renvoyée à son cuir », comme disait Alain, et dont il faut se débarrasser au plus vite. Ceux-là se moquent en réalité de savoir si, dans les classes populaires, il y a des individus dont le collège puis le lycée auraient dû permettre de révéler le talent. Ils se sont du reste accommodés de la fabrique du crétin, tant qu’elle ne dérangeait pas leur petit confort personnel et leur passage au prochain échelon sur la grille d’avancement. Ils se sont seulement inquiétés, sur le tard, d’une dérive en fabrique du barbare se traduisant par des incivilités et des violences scolaires auxquelles ils se trouvent désormais directement exposés. La conséquence de leur charge contre le collège unique, c’est surtout d’encourager une politique rétrograde et comptable dont l’aboutissement sera, outre la multiplication des citoyens de seconde zone, le développement de l’apprentissage au service d’intérêts privés  ; et par conséquent toujours moins d’enseignants à mettre devant des classes dans un service public saigné à blanc.

La réponse aux dérives du pédagogisme, à cet égard, ne se trouve pas dans la rupture avec le collège unique, mais dans la restauration de l’autorité des professeurs, quelque soit l’établissement, et dans le retour à une réelle transmission des savoirs, quelque soit le niveau. Si ce programme était appliqué, académie par académie, établissement par établissement, et par tous les acteurs du système, il ne serait alors probablement plus jugé opportun d’évoquer la fin d’un projet, mais au contraire de saluer le fait qu’il puisse enfin être mis en œuvre.

 

Daniel Arnaud

Auteur de Dernières nouvelles du front, choses vues dans un système éducatif à la dérive, L’Harmattan, 2008. http://www.sauv.net/arnaud.htm

 


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16 réactions à cet article    


  • Krokodilo Krokodilo 10 mai 2011 11:06

    Article un peu caricatural. Tout le monde n’a pas les capacités pour intégrer la particularité française qu’on appelle les grandes écoles, même en connaissant leur existence et celle des prépas. Personnellement, j’en aurais été bien incapable.
    L’orientation dans le secondaire ne se limite pas au lycée professionnel, il y a aussi les filières sport-étude, et les sections européennes (dont j’ai parlé récemment) que les parents considèrent, à tort ou à raison, comme de « meilleures classes. » Et ça, avant même le choix en première générale entre les différentes filières du bac.
    D’accord avec vous sur la conclusion, retour à l’autorité du maître et au collège unique, mais sans uniformité, en gardant une place pour les individualités car nous n’avons pas tous les mêmes goûts ni les mêmes aptitudes. Cette souplesse structurelle peut être obtenue quelques après-midis par semaine pour des modules de renforcement dans la matière de son choix : ce pourrait être dans une langue, mais aussi dans toute autre discipline. Ces modules optionnels permettraient de fermer ces sections européennes et internationales, véritables casse-têtes logistiques qui deviennent des filières d’élite déguisées, tout en gardant la possibilité de valider un meilleur niveau dans telle ou telle matière, pas seulement dans les langues.


    • devphil30 devphil30 10 mai 2011 11:31

      Article très juste et reflétant hélas la réalité d’aujourd’hui mais aussi d’hier car la democratisation de l’enseignement du début du XX siècle s’est fait avec difficulté et à continuer toute fois à produire des disparités du fait des quartiers ou de la couche sociale des parents.

      Cela s’est moins vu dans les années 50 à 80 mais cela revient d’actualités avec le chomage et les difficultés qui incitent les parents à diriger quand ils le peuvent leur enfant vers un système élitiste relayé par la dégradation des conditions dans les collèges et lycées du fait d’une baisse des moyens.

      Résultat du démantelment de tous les services publics pour se diriger vers un système à deux vitesses ( Assurance , éducation , retraite , santé ....)

      Philippe


      • ffi ffi 10 mai 2011 11:32

        N’est-il pas moins cher d’avoir un monarque éclairé à la perfection, que d’éclairer tous les citoyens français ?

        La pratique du suffrage universel, un métier ? Sachant que métier vient du latin ministerium, serions-nous donc tous ministres ? La république ne nous a-t-elle pas promis d« être tous Roi ? Trahison !

        Vous avez une mauvaise définition de l’aristocratie, que vous confondez avec noblesse héréditaire.

        L’Aristocratie, c’est le gouvernement du meilleur (par le grec áristos : « meilleur »).
        Mais tout dépend de ce qui est défini comme le « meilleur ». Soit c’est le « plus riche », soit c’est le « surhomme » (au sens nietzschéen), soit c’est le plus à « l’écoute des autres ».
        En fait, cela dépend de l’activité. Le meilleur boulanger n’est pas nécessairement le meilleur ingénieur.

        Pour exercer le pouvoir politique, le meilleur est celui qui est le plus obéissant (selon l’étymologie d’obéir qui signifie »à l’écoute"), ceci afin d’éviter les personnalités tyranniques. C’est basé sur l’évangile de Luc :
        --------------------------------------------------------------------------------------------------
        22.24
        Il s’éleva aussi parmi les apôtres une contestation : lequel d’entre eux devait être estimé le plus grand ?
        22.25
        Jésus leur dit : Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs.
        22.26
        Qu’il n’en soit pas de même pour vous. Mais que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert.

        Il est bien évident que la France n’a aucun intérêt à promouvoir ni les tyrans, ni les enfants-rois, ni encore les plus mauvais. Pourquoi obliger des enfants qui ne le désirent pas à étudier ? Pour empêcher ceux qui le désirent de le faire dans de bonnes conditions ? Ce n’est pas cohérent.

        Et comme cette obligation d’étude que vous prônez sème un tel désordre, vu que certains jeunes n’ont aucune envie d’étudier, il ne vous reste plus qu’à plaider pour l’autoritarisme du professorat...

        L’autorité du maître vient que l’apprenant est intéressé par le savoir qu’il lui donne. Si l’élève en a rien à faire, il n’en aura donc pas, et il est donc vain de vouloir imposer cette autorité suprême. L’autorité ne se décrète pas, elle se constate...

        En fait, chacun a ses temps, à mesure que sa vie passe. Les gens sont plus ou moins disposés à l’étude selon certaines périodes. Concentrer tout apprentissage dans la jeunesse est une erreur, les jeunes ayant parfois trop peu de maturité pour en comprendre le sens. Les jeunes qui font des grandes études sont ceux qui aiment apprendre (à 100% des statistiques), ceux auxquels a été transmis le goût de l’étude. D’autres ont le goût de l’argent, des filles et de la drogue... Que ceux qui ne considèrent pas pertinents les savoirs prodigués par l’école, ne la fréquente pas ! C’est aussi simple que cela.

        L’offre d’instruction doit en fait se diversifier, car chacun a ses temps. Elle ne doit plus se concentrer exclusivement sur la jeunesse, ni forcer à l’excès sa partie qui refuse l’instruction (car cela la dégouttera durablement). Il s’agit de promouvoir d’un coté le goût de l’instruction, puis de bâtir des possibilités nouvelles à l’âge adulte.


        • Marc Bruxman 10 mai 2011 23:33

          « L’autorité du maître vient que l’apprenant est intéressé par le savoir qu’il lui donne. Si l’élève en a rien à faire, il n’en aura donc pas, et il est donc vain de vouloir imposer cette autorité suprême. L’autorité ne se décrète pas, elle se constate... »

          Mais les profs ont bcp de mal à l’admettre. Et il faut dire que malheureusement pour eux, la société évolue tellement vite que nombre de savoirs sont obsolétes. 

          « En fait, chacun a ses temps, à mesure que sa vie passe. Les gens sont plus ou moins disposés à l’étude selon certaines périodes. Concentrer tout apprentissage dans la jeunesse est une erreur, les jeunes ayant parfois trop peu de maturité pour en comprendre le sens. »

          Vrai ! Faire lire Germinal à 15 ans à des élèves qui n’ont jamais travaillé (par exemple) est vide de sens. Beaucoup de sujet étudiés nécéssitent une maturité que l’on a pas en temps qu’élève. Le seul avantage, parfois on se souviendra des années plus tard qu’un truc qu’on avais trouvé chiant existe et on se replongera dedans. 

          Et puis sur bcp de sujets, un apprentissage par projet est bcp plus riches. On en voit plein qui ont du mal à faire une régle de trois. Prenez les mêmes élèves et confiez leur la réalisation d’un projet dans lequel ils ont un besoin de calculer des pourcentages pour atteindre un objectif concret et vous verrez qu’ils maitriseront vite cette foutue régle de trois. 

          « Que ceux qui ne considèrent pas pertinents les savoirs prodigués par l’école, ne la fréquente pas ! C’est aussi simple que cela. »

          Je crois la dessus que l’on est d’accord. Autant chez les plus jeunes on doit donner la chance à tout le monde, mais quand on a des ados qui ont décidés de foutre le bronx, et bien qu’ils arrétent tout si ca les fais chier. Je ne suis pas pour les méthodes anglaises à la cravache, qu’ils aillent juste voir ailleurs. 



        • Marc Bruxman 10 mai 2011 13:48

          Le collége unique c’est comme les minimas sociaux. Tout ceux qui réfléchissent voient bien qu’il faut changer, mais personne n’ose le faire.

          Au fond c’est clair :

          • Tous les enfants n’ont pas la même intelligence. 
          • Le niveau d’éducation doit être adapté aux capacité de l’enfant sinon soit il est largué, soit il s’enmerde. Dans les deux cas, il décroche. 
          Et puis au final, arréter tot avec ceux qui de toute façon ne feront jamais un métier intellectuel est une bonne chose. Cela permet de limiter les coûts de formation pour des gens qui de toute façon feront des boulots ne nécéssitant pas de formation. Cela évitera aussi qu’ils soient aigris. Quand quelqu’un avec une licence obtenue au rabais fini à la caisse d’Auchan cela a un effet destructeur.

          Et plus on avance plus cette politique égalitariste est destructrice. L’université n’a jamais été conçue pour faire de la formation de masse. Elle perd son sens. Cessons d’y envoyer des gens qui n’ont pas le niveau !


          • Krokodilo Krokodilo 10 mai 2011 16:29

            Le thème d’une éducation adaptée à chacun parce que nous sommes tous différents, récemment développén par NS, est surtout un alibi pur démanteler l’Education nationale, aboutir à une sorte de chèque éducation par enfant, que chacun utiliserait dans l’école privée de son choix - lesquelles ne seront pas toutes au même prix... Chacun dans son école confessionnelle ou conforme à son statut social ! L’UE veut appliquer les accords AGCS qui font de l’éducation une marchandise comme les autres.
            Ma proposition (cf plus haut) permettrait le maintien de l’EN et de l’égalité des chances, tout en laissant une place à la diversité des goûts et des compétences.


            • Marc Bruxman 10 mai 2011 16:52

              Mais en quoi est ce que l’éducation n’est pas une « marchandise ». J’ai été étudiant dans une école privée et c’était bien de cela qu’il s’agissait  : « Je paie en échange d’un service rendu à savoir une éducation qui me servira ». Et l’administration de cette école avait bien compris que si le client n’était pas satisfait, ils ne feraient plus d’argent ! ! ! Certes il y a aussi des écoles de merde, véritables pompes à fric. Mais il y a bien des formations foireuses dans le public. Je crois que cela n’a rien à voir.

              Pour l’usage du chéque éducation je pense que cela serait bien. La formation que j’ai fait n’avait aucun équivalent dans le public. Quelque part j’ai du payer deux fois. Autre exemple : L’étudiant d’une famille peu aisée qui souhaiterait faire HEC. A 10 000 € l’année il va avoir du mal ! Si il y a un chéque éducation, même si celui ci ftnance « à hauteur de 7000 € » (exemple) cela ne lui fera plus que 3000 € à sortir.

              Après oui, certains choisiront d’aller à l’école religieuse mais ou est le problème au fond ? Bien sur, on peut considérer l’école comme l’outil de propagande de la république (et c’est bien je crois de cela qu’il s’agit), mais au fond, est-ce le role de l’école de créer une identité nationale ? Et les USA n’arrivent t’ils pas justement à avoir une identité nationale forte alors que leur système d’éducation est 100% privé (sans chèque éducation).

              Autant je pense que l’état doit prendre en partie en charge les frais d’éducation (et les chéque éducation sont une option pour cela), autant il n’y a pas à ce que l’éducation doivent obligatoirement être faite par un organisme d’état.


            • Manu Manu 10 mai 2011 23:05

              @ Marc Bruxman

              L’éducation n’est pas une marchandise, parce que c’est ce qui garantit l’exercice de notre rôle de citoyen.

              En ce sens, aucun « marché éducatif » ne garantira :

              • l’accès à tous (handicap physique ou moteur, etc.) ;
              • la prise en charge de chacun : ne laisser personne au bord du chemin ;
              • l’impartialité de l’enseignement : il faut garantir la neutralité des savoirs.
              Certes, le système actuel n’offre pas encore complètement ces garanties. Mais un marché ne les offrira pas du tout !

            • Marc Bruxman 10 mai 2011 23:26

              @Manu,

              Vous parlez de l’accès à tous et c’est pour cela que j’ai évoqué l’idée de chèque éducation. Le but n’est pas de faire du chacun se démerde comme aux USA. Le but est de continuer à payer l’éducation aux gens, mais de laisser faire réaliser cette prestation par le privé. En clair, vous vous pointez avec votre chèque à l’école de votre choix et vous n’avez rien à payer. L’état payera l’école pour vous. Plus d’éducation nationale, mais toujours une éducation soit gratuite soit à coup fortement réduit. 

              Pour ce qui est des handicaps, j’ai fais mes études supérieures dans un établissement privé et nous avions plusieurs étudiants mal-voyants avec nous. Ils devaient utiliser un PC spécial ce qui pouvait être génant pour certains TP, mais globalement ils ont été diplomés dans des conditions convenables. Pour les handicapés « en fauteuil », nos locaux n’étaient pas accessibles comme malheureusement ceux de beaucoup d’établissements (qu’ils soient publics ou privé). 

              Pour ce qui est de l’impartialité aucun enseignement ne l’est. A part les sciences dures. Pour l’histoire on nous enseigne le point de vue du moment. Cela ne veut pas dire qu’il est bon. On enseigna naguére que les noirs étaient une « race inférieure » et ce malheureusement jusque dans nos écoles. (Et la France de la IIIème république n’était pas une dictature). Un cours d’histoire ne peut pas être neutre, en tout cas, pas au lycée ! 

              Prenez la révolution française était-ce :

              • Le jour ou les glorieux citoyens de la république se sont levés ont pris la bastille et coupé la tête du roi pour obtenir la liberté, l’égalité et la fraternité. 
              • Le jour ou les bourgeois ont pris le pouvoir en utilisant le peuple pour faire une révolution. (Cela s’apparente alors à un putsch). 
              • Quelque chose qui poursuivait des objectifs louables (la liberté, l’égalité et la fraternité) mais qui s’est transformé en horreur car même les grands hommes font parfois des erreurs. (On enseigne ca aux chinois sur la révolution culturelle : Mao voulait leur bien mais il a fait des erreurs). 
              • Quelque chose qui poursuivait des objectifs louables mais qui s’est transformé en horreur car Danton et Robespierre étaient de gros salauds. (On enseigne ca aux occidentaux sur la révolution culturelle : c’est de la faute à Mao !). 
              • Un jour funeste ou la monarchie de droit divin a été abattue laissant place au vice et à une société sans Dieu. (Je peux être royaliste, mais rassurez vous je ne le suis pas). 

              Désolé mais rien que sur cet acte fondateur et marquant pour notre identité nationale, on peut le couvrir de tant de façon différentes. Et si l’on veut être objectif, il y a souvent une part de vérité dans chaque interprétation. Et selon la personalité de votre enseignant vous en aurez une version ou une autre. 

              Et sur un sujet comme l’économie : Socialiste ou Libéral ? On ne peut que difficilement être neutre en couvrant ce genre de sujet. A moins d’avoir deux intervenants et d’indiquer clairement aux élèves ou se situe chaque intervenant. 


            • Krokodilo Krokodilo 11 mai 2011 18:44

              Ah oui, on aura une école qui enseigne l’évolution des espèces, et une le créationnisme !


            • Manu Manu 10 mai 2011 22:33

              Il faut effectivement clarifier les choses, et deux mots valent mieux qu’un. Il faut nettement séparer éducation et formation.
              L’éducation, c’est ce qui doit permettre à chacun d’exercer en connaissance de cause son rôle de citoyen : en cela, un socle robuste de connaissance est nécessaire :

              • l’histoire, qui permet de mettre en relief la situation présente ;
              • l’économie, au sens de l’explicitation des mécanismes monétaires, financiers, et théories diverses du marché ;
              • les sciences, pour pouvoir exercer par soi-même un esprit critique ;
              • etc.
              Il est essentiel de pousser chacun dans ces domaines à la plus lointaine limite possible, à son corps défendant ajouterai-je (qui a envie d’appendre des tables de multiplication ?) et la notion de collège unique, voire lycée unique est à mon sens fondamentale pour garantir l’accès à tous à ce socle.

              C’est effectivement un autre débat que l’état actuel du système éducatif.

              Enfin, c’est en redonnant aux entreprises la responsabilité de la formation, ce qui donne un métier, que l’on pourra découpler réussite scolaire et accès à un métier. Car si un boulanger n’a pas besoin de connaitre la mécanique quantique pour pétrir, pourquoi pour autant considérer qu’un amateur de sciences dures ne puisse s’accomplir dans la réalisation d’une baguette (et ne pas considérer qu’il gâche son potentiel) ?

              Les libéraux, si prompt en recherches d’économie, oublient toujours de préciser qu’actuellement, la formation est assurée en (très) grande partie par l’état, et que ce « coût » n’est pas répercuté aux entreprises…


              • Marc Bruxman 10 mai 2011 23:09

                Oui et non. Si vous prenez exemple de l’informatique, la plupart des formations existantes sont notoirement insuffisante et ce sont les entreprises qui se retrouvent à former les jeunes. 


                Dans la profession, on dit souvent que les « marchands de viande » (surnom donné aux SSII) sont l’institut de formation de la profession. Et à de rares exceptions près (souvent des élèves autodidactes qui ont appris tout seul), il est clair que la formation initiale n’a pas apporté ce qu’elle devait aux jeunes. 

                Pire, la plupart des écoles formant aux nouvelles technologies sont privées. La fac en France n’a pas réussi à avoir un bon rôle la dedans. (Alors qu’il existe d’excellentes formations universitaires à l’étranger qui donnent un super bagage en informatique théorique qu’on ne trouve en france que dans une micro-formation de l’ENS...). 

                Entre ca et les écoles de commerce (toutes payantes), je serai curieux de connaitre le pourcentage de haut salaires qui sont passés par une école privée. Et je pense que la réponse est mauvaise pour l’égalité des chances ce qui me fait penser que des chéques éducation seraient au final une bonne solution... 

                Quand au « socle » de conaissance, le plus large est le plus souhaitable, mais on sait que certains n’y arriveront pas. Faut il pour autant les laisser moisir ou revoir à la baisse les objectifs pour eux et individualiser la formation ? (Quitte à la réduire ?). 

                Vous voyez d’une certaine façon vous pouvez investir autant que vous voulez sur moi je ne serai jamais un bon joueur de foot, ni même un joueur médiocre. Si il y avait eu une formation à me donner en foot aurait il mieux valu me donner la même formation qu’à Zidane ? Ou plutot se dire que de toute façon je ne serai jamais bon pour être pro et me donner une formation plus light mais qui me permette de me faire plaisir le dimanche ? Parmis une classe de collége c’est pareil. Il y a des élèves qui finiront dans de grandes écoles et d’autres dont on sait qu’ils n’ont aucune chance d’y arriver. Peut être ne faut il pas les former ensemble. Et on aura au final surement de meilleurs résultats en abandonnant l’espoir de transformer un ane en polytechnicien ;) 



              • Manu Manu 11 mai 2011 21:14

                @ Marc Bruxman

                L’informatique de gestion est une des rares exceptions qui illustre d’ailleurs bien qu’il est possible d’un côté d’éduquer, et de l’autre de former.

                Je cotoie chaque jour des collègue issus d’horizon différents (économie, physique, biologie, mathématiques, etc.), et c’est bien l’entreprise qui nous a formé à notre métier actuel.

                Mesurer l’efficacité d’une voie de formation par la proportion de haut salaire me semble bien hasardeux tant est l’effet de cénacle est important (exactement comme pour l’ENA dans le monde politique).

                Pour ce qui est de la comparaison avec le sport, il est évidemment illusoire de penser faire de chacun un champion. Il est toutefois triste de ne pas imaginer que tous puissent acquérir un bon niveau. Contrairement à ce que vous laisser sous entendre, il n’y a pas de déterminisme éducatif.

                Pour finir, j’ajouterai que pour permettre l’acquisition par tous du socle le plus large possible, il faut peut être imaginer une système moins rigide qu’aujourd’hui, à base d’unité de valeur, permettant à chacun d’avancer à son rythme dans chaque domaine. On peut avoir plus d’appétence pour telle domaine et moins pour un autre, ça ne signifie pas pour autant qu’on doive abandonner ce dernier. La question des rythmes est cruciale.


              • srobyl srobyl 11 mai 2011 09:48

                Bonjour, Daniel Arnaud

                Entièrement d’accord avec votre analyse et vos propositions. Les « pédagogistes » animés de bonnes intentions, ont favorisé la situation actuelle, qui ne correspond pas à leur philosophie initiale. Balayer le collège unique est une solution inappropriée à ce problème, mais qui arrange les partisans des castes. Je suis aussi attaché à l’idée de la perfectibilité de l’être humain. Comment d’ailleurs ne pas y croire fermement dès lors qu’il s’agit d’enseigner ? Il ne faut pas négliger cette possibilité de progresser un jour, même si elle ne s’applique qu’à un petit % d’individus.
                Après avoir travaillé pour financer mes études, je suis retourné en fac où j’ai rencontré un ancien copain de collège, qui était alors considéré comme un cancre laborieux. j’appris alors qu’il n’était plus étudiant, mais maître de conf...
                Donc,des passerelles...Sinon a quoi ça aurait servi qu’Aldous se décarcasse !


                • Pie 3,14 11 mai 2011 10:14

                  Il y aurait donc d’un côté les« pédagogistes » et de l’autre ceux attachés à l’autorité du maître et à la transmission des savoirs qu’il suffirait de remettre à l’honneur pour résoudre tous les problèmes de l’école...

                  C’est une vision simpliste qui ne correspond pas à la réalité.

                  La pédagogie regroupe l’ensemble des techniques utilisées pour transmettre les savoirs car il ne suffit pas d’énoncer un fait pour qu’il soit compris. Opposer savoirs, pédagogie et autorité n’a pas de sens. Pour transmettre un savoir il faut être respecté, légitime et pédagogue c’est -à-dire maîtriser l’ensemble des techniques adaptées à l’âge et la maturité de l’élève.

                  Vous imaginez une opposition qui n’existe pas dans la réalité.


                  • Krokodilo Krokodilo 11 mai 2011 18:51

                    Voilà un bel exemple où chacun veut son école : une maman gémit parce qu’une de ces classes dites internationales est menacée de fermeture. madame veut un enseignement bilingue français-allemand pour sa fille. Des études en français avec des cours d’allemand et une mère bilingue capable de discuter en allemand à la maison, ça ne lui suffit pas, elle veut des cours d’histoire ou autre en allemand. Et accuse la France d’être « en retard », vieux cliché qui veut dire faites de l’anglais dès la maternelle, quoique pour une fois ce soit l’allemand qui est réclamé.
                    Structurer la répartiiton des élèves autour des langues aboutit à des aberrations comme ces sections européennes et internationales, devenues filières d’élite déguisées, ou supposées telles. Il faut passer à des modules, des options supplémentaires, mais dans toutes les matières, pas seulement dans les langues.

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