Eric Charden pour toujours
La perte d’un être cher est toujours une douloureuse souffrance pour les proches.
Quand il s’agit d’un artiste, c’est une perte collective.
Mais un artiste, comme l’était dans tous les aspects de sa création Eric Charden, ne disparait jamais.
Il nous laisse, avec l’ensemble de ses œuvres, tous les sentiments, les joies, les émotions qu’il nous a fait partager, et qui restent inscrits dans notre mémoire vive.
Bien au dela de la saga Stone et Charden (dont il n'a jamais écrit les paroles ; seulement les musiques), il y a, avant, sa carrière solo ; en 1963 le Grand Prix de la Chanson française, avec "Le printaniste" (paroles et musique), son premier gros succès : "Le monde est gris, le monde est bleu" (1965), puis des musiques pour un tas de chanteurs ; Claude François, Johnny Hallyday, Dalida, Richard Anthony, Sylvie Vartan, etc...
Viendra ensuite la rencontre avec Annie Gautrat, lauréate de Miss Beatnick, dite "Stone", pour qui il écrira ses premières chansons, et qu'il épousera en 1966.
En 1970, sort son superbe album solo : "La Chine" ; encensé par Rock and Folk, où il évoque son enfance passée au Vitenam, où il est né, aux confins de la Chine.
Opposé à toute idée du duo avec Stone que lui proposent les paroliers Franck Thomas et Jeaan-Michel Rivat, il participe, en 1971, à un disque de Stone, en prêtant sa voix sur le refrain de "Le seul bébé qui ne pleure pas". Devant le succès du disque, les paroliers le pressent, pour un véritable duo. Comme il n'y tient pas, en pleine période pop-rock, il compose...... une valse (pour plomber le duo) ; ce sera "L'avventura", qui connait un formidable succès (1 million d'exemplaires vendus en 5 semaines), puis tous les succès du duo que l'on connait.
Pourtant, la formidable saga du duo Stone et Charden ne durera qu'à peine 2 ans 1/2, au terme desquels, comme il s'y était engagé, il abandonne le duo, sort son disqque solo "14 ans les Gauloises", écrit par Guy Bontempelli, avec qui il entreprend l'écriture de la comédie musicale "Mayflower" qui fera salle comble pendant 2 ans au Théâtre de la Porte Saint-Martin, en 1975.
Il composera ensuite deux autres comédies musicales ; pour Cousteau et Alain Bombard : "L'opéra vert", qui sera interdite d'antenne par le pouvoir politiique, pour "politiquement non-correcte" , puis "La Vème dimension", avec le Club Mediterranée, pour le concept d'une comédie musicale jouée simultanément en différents endroits de la planète.
Auteur, ensuite, des génériques de "Albator" et de "San Ku Kai", il va entamer une longue traversée du désert, qu'il va mettre à profit pour diversifier sa création ; "fractures", puis dessins et peintures (aujourd'hui exposés,et cotés).
Période de galère (ayant été grugé, dès le départ, par un agent qui lui a fait signer un contrat le privant de tous ses droits d'auteur), pendant laquelle il aura deux enfants, de deux mères différentes, et qui prendra fin avec la rencontre de la femme de sa vie : la belle Gabrielle, présentée par sa mère tibétaine Miette.
Ce sera le retour de Stone et Charden au Casino de Paris, qui relancera le duo, les spectacles, les tournées (nottament de 2007 à 2009, pour les tournées "Age tendre et tête de bois").
Pendant ce temps, Eric produira un nouveau disque solo : "Le magnifique mensonge", écrit avec "son double" ; Pounjah Bourou, qu'il matérialisera par un mannequin à tête d'argent et yeux de verre, qu'il emmènera avec lui dans les studios, dans un véritable esprit "dada", dont il se revendiquait fièrement.
Ces provocations surréalistes l'entraineront dans une certaine marginalité, qu'il ne reniera pas, parce qu'il estimait qu'elle corresspondait à sa nature profondee de créateur "en mouvement".
Parallèlement, il continue à sortir des albums solo, avec de superbes chansons, comme "Elle dit tout le temps", et il écrit un magnifique conte onirique "La baraque au néon" ; un peu comme une fulgurance, quasi en "écriture automatique" chère aux surréalistes, dont il revendiquait la filiation.
Puis, il sera, en Décembre 2010, frappé par le Lymphome d'Hodgkin ; un cancer des ganglions et des défenses immunitaires, contre lequel il se battra avec courage, au cours de 4 protocoles, douloureux et épuisants.
En 2012, il signe un contrat pour ses peintures et dessins avec le marchand d'art contemporain Cortade Art, sort, avec Stone, un nouvel album de duos célèbres de la chanson française (à part les leur : "Made in France" ; ils reprennent ainsi : "Paroles, paroles" de Dalida et Delon, "Fumeur de havanes" de Gainsbourg et Deneuve, "Manhattan-Kaboul" de Renaud et Axelle Red, "Là bas" de Goldman, "J'ai un problème" de Johnny et Sylvie Vartan, etc....
En Mars 2012, il termine son récit autobiographique "De l'encre sur les doigts" aux éditions Didier Carpentier : autobiographie augmentée d'un tas de textes, d'extraits de "La baraque au néon"
Et ils se voient , en Mars 2012, avec sa duettiste Stone, décorés de la Médaille de Chevaliers de la Légion d'Honneur, remise par Michel Drucker.
Finalement, la maladie le terrasse, en ce 29 Avril 2012, après qu'il eut mené à bien tous ses projets en cours, et qu'il désirait en réaliser de nouveaux.
Charden ne fut pas un très grand de la chanson française ; déçu que sa carrière créative personnelle ait été "phagocytée" par le succès de Stone et Charden, il n'en reste pas moins un compositeur de tout premier plan ; ayant donné toute sa mesure dans certains de ses disques solo, et ses comédies musicales, dont "Mayflower" fut une magnifique réussite.
Il demeure aussi un écrivain de talent, dont "La baraque au néon" est la preuve indubitable.
Jusqu’au bout, Eric aura été d’une énergie totale, pour, conjointement à son combat contre la maladie, se consacrer à tout ce qui a toujours guidé sa vie : la création.
Quelques jours seulement avant son départ, il continuait à peindre et dessiner.
Avec joie et plaisir, il aura réussi à mener à terme les projets qui lui tenaient à cœur ; son disque avec Annie, son récit autobiographique*, dont il était fier et heureux.
Un artiste nous quitte, et nous voilà tous orphelins de son absence, de toutes les créations dont il ne pourra plus enrichir notre patrimoine culturel et affectif.
Il reste à dire sa fierté de cette année 2012 où il aura continué à féconder son œuvre ; ses tableaux et dessins exposés, son disque enregistré, son récit autobiographique mené à terme*, cette Légion d’Honneur, dédiée à son père et à sa mère.
Que d’énergie encore et de courage il lui a fallu, pour répondre, malgré une lutte épuisante contre le cancer, à toutes les obligations ; clips, émissions TV, promos ; et continuer à nourrir tous les projets qu’il désirait encore réaliser..
Petit Jacques, ton ultime facétie, nous laisse ici un vide irremplaçable, et te voilà parmi ceux que tu as tant aimés : le Prince Mathématique, et l’Orpheline, tellement heureux de vos retrouvailles, à qui tu as tant de choses à raconter.
Les autres ; Gab, tes enfants, tu ne manqueras pas de veiller sur eux, de les accompagner, comme toujours, de ton amour, ton humour, et ton génie créatif.
Tu le sais, tu l’as dit ; pour toi « la vie éternelle, c’est ça : il n’y a pas d’effacement, mais une continuité. »
Oui, tu continueras toujours à être dans nos cœurs, dans nos mémoires, à travers tes œuvres, ta présence, et l’émotion qu’elles nous font partager.
Tous ceux qui t’aiment garderont avec eux ta joie de vivre et de créer, ce beau récit de ta vie, si riche, que tu tenais à raconter, et que tu as eu toute la force de mener à bien.
Petit Jacques, petit Jacques, tu es avec nous pour toujours ; merci pour tout.
Salut l’artiste.
* "de l'encre sur les doigts" ; récit autobiographique - Mai 2012 - Editions Didier Carpentier
Les pastels et peintures sont d'Eric Charden
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