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Accueil du site > Tribune Libre > La cathédrale St-Jean de Lyon est-elle gauloise ou médiévale (...)

La cathédrale St-Jean de Lyon est-elle gauloise ou médiévale ?

A M. Perben, député de Lyon, vice-président du conseil général du Rhône.

Monsieur le Ministre,

J’ai l’honneur d’attirer votre attention sur la cathédrale Saint-Jean de Lyon dont vous faites débuter la construction au XII ème siècle. Comme on vous dit qu’il n’existe aucun texte précis indiquant une date de fondation, vous faites confiance aux interprétations des archéologues. Je vous propose de réexaminer la question, d’une part en relativisant les interprétations archéologiques, d’autre part en retraduisant la lettre de Sidoïne Apollinaire dans laquelle il évoque la très belle église construite à Lyon par l’évêque Patiens, au V ème siècle, à la fin de l’antiquité tardive, avant, pendant, ou tout juste après la chute de Rome.

Au sujet des fouilles archéologiques.

Concernant le baptistère dont on a retrouvé des vestiges indiscutables, l'interprétation des archéologues qui le fait remonter au V ème siècle, donc au temps de Sidoïne en le rendant contemporain de l'église de Patiens, est, de toute évidence, le point de départ à partir duquel on peut mener un raisonnement fiable. En revanche, de l'avis même des archéologues, il n'existe aucun indice qui permettrait de retrouver l'église de Patiens dans des églises Sainte-Croix ou Saint-Etienne qui auraient existé mais qui n'existent plus. Et il en de même concernant la reconstitution hypothétique d'un ensemble comportant un choeur et un cloître qui se serait adossé aux murs d'une antique manécanterie. Voyez en bleu le tracé des murs "supposés" ! Enfin, il me semble que le dit baptistère se trouve placé sur le côté de l'actuelle cathédrale comme s'il s'agissait d'une volonté du constructeur. Cela donne à l'ensemble une cohérence et un argument pour que le tracé actuel corresponde au tracé antique.

Au sujet de la lettre que Sidoïne Apollinaire adresse à son cher Hesperius (Lettres, II, 10).

Le site de Philippe Remacle en donne une traduction avec, en face, le texte latin original. Il s'y trouve toutefois quelques erreurs de transcription : On vient de bâtir à Lugdunum une église, dont la perfection est due aux soins du pape Patiens, homme saint, courageux, sévère, compatissant, et qui, par ses abondantes largesses, par son humanité envers les pauvres, donne la plus haute idée de sa vertu. Il s'agit de l'évêque Patiens sus-nommé auquel Sidoïne donne le qualificatif de pape dans le sens de "père". http://remacle.org/bloodwolf/historiens/sidoine/lettres2.htm.

Dans la description du bâtiment qui suit, force est de constater l'approximation de cette traduction, surtout quand on la compare à d'autres traductions tout aussi approximatives. En profitant de l'aide qu'apporte aujourd'hui l'internet en plus du traditionnel dictionnaire Gaffiot, je vous propose une nouvelle traduction, certes peu élégante mais plus proche du texte latin.

Géné ni à gauche, ni à droite, mais bien au contraire, parce que, par les arcades de sa façade, il regarde l'orient équinoxial, le sanctuaire du temple s'illumine.

Le mot latin celsa n'existe pas. Peut-être est-ce un mot dérivé poétique mis pour cella, ou une erreur de transcription. Contrairement aux traductions habituelles qui, en éludant plus ou moins le mot, ont, dès le début, appliqué la description que fait Sidoïne au temple lui-même, j'ai choisi de lire Aedis cella, c'est-à-dire "sanctuaire du temple" et donc de ne voir dans cette première description que l'abside de l'édifice. Dès lors, on comprend la logique de la phrase qui nous fait passer de l'extérieur à l'intérieur de ce sanctuaire. C'est parce que sa façade extérieure n'était pas encombrée de maisons que le soleil pouvait y entrer et l'illuminer. Concernant le mot arx/forteresse, je ne vois vraiment pas ce qu'il viendrait faire dans une église ; en revanche, son ablatif arce est très proche du terme architectural arcades ; le rapprochement étymologique me parait évident. J'en déduis que le sanctuaire de Sidoïne était éclairé par des arcades comme l'est aujourd'hui le choeur de la cathédrale par ses grandes baies. Je vous propose de placer très exactement ce sanctuaire dans le choeur de l'actuelle cathédrale, sur la même base de fondation.

L'important est maintenant de comprendre, pour la description qui va suivre, que le poète tourne le dos à la nef actuelle et qu'il fait face au sanctuaire. Il faut comprendre que sa description concerne le dit sanctuaire, au moment où le soleil levant l'éclaire après avoir traversé les vitraux. Le reste de l'édifice ne sera décrit que dans un deuxième temps.

A l'intérieur, la lumière étincelle. Les rayons du soleil sont attirés par les lambris dorés, tandis que d'autres rayons semblables courent ça et là sur le métal jaune.

Le mot lacunar se traduit par "lambris", ce que je ne conteste pas. Mais s'il est vrai que ce terme se retrouve le plus souvent pour parler d'un plafond en bois, parfois voûté, il me semble tout aussi logique, sinon plus, de voir ces lambris habiller les bas-côtés du sanctuaire de Sidoïne comme cela se fera couramment par la suite. Il est vrai qu'il est difficile d'imaginer des lambris de bas-côtés qui seraient dorés ; en revanche, cela peut s'expliquer s'ils comportaient des stalles, même peu importantes. Quant au métal jaune dont parle Sidoïne, cela devait concerner l'autel, certaines colonnes décoratives, des chandeliers et autres objets du culte.

Veuillez constater dès maintenant à quel point ma traduction du texte de Sidoïne peut s'appliquer au choeur actuel. Je continue.

Les différents (ouvrages de) pierre aux brillances variées parcourent la chambre voûtée, le sol et les fenêtres. Au-dessous de textes allégoriques rédigés en vers, contournant la pièce en suivant les ornements de pierre, un ornement ciselé d'herbes voit s'éclorent (des bourgeons) de saphir sous (l'effet de la lumière qui traverse) le vitrail de couleur vert-tendre.

C'est une grave erreur du Gaffiot de ne proposer pour le mot marmor que la traduction de "marbre". Par opposition à la pierre brute, il s'agit ici de la pierre taillée, éventuellement polie, et disposée avec art de façon à compartimenter l'espace. De même, ne traduire le mot camera seulement que par "voûte" est beaucoup trop restrictif. Il s'agit de toute la pièce voûtée, du sol au plafond, avec tout son appareil en pierre sculptée, encadrements de fenêtres, colonnes engagées etc."Versicoloribus figuris" est l'une des expressions latines qui ont suscité le plus d'interrogations au sein de nos anciennes sociétés savantes. Il suffisait pourtant de se reporter à Lactance (Institutions divines, livre I) qui en donne l'explication : une versification poétique colorée s'exprimant en figures allégoriques. Les vers dont parle Sidoïne sont ceux de Constantius et de Secundinus qu'il évoque au début de sa lettre et auxquels il ajoutera les siens. Il précise que ces vers étaient inscrits sur les parois, à gauche et à droite de l'autel. On n'en retrouve pas la trace dans le choeur actuel. En revanche, il existe deux emplacements qui se situent aux endroits indiqués et dont la forme étonnament rectangulaire a pu les accueillir. Concernant le mot herbida, j'ai suivi la traduction traditionnelle du mot "herbe" pour qu'on ne puisse pas dire que j'invente selon mon bon plaisir. Ce n'est probablement pas le sens tout à fait exact, vu qu'une herbe ne fait pas éclore des bourgeons.

Partant de là, s'accole une triple galerie aux superbes colonnes d'Acquitaine. En plus de ce type (de galerie), les deux galeries (latérales) ferment (les espaces) du temple plus en retrait. C'est une forêt de pierre dont les colonnes disposées jusqu'au loin habille l'espace du milieu.

Comment peut-on douter ? Nous avons là une quasi-photographie de l'intérieur de l'édifice de Saint-Jean. La triple galerie de Sidoïne correspond à la nef centrale et aux deux nefs latérales de la cathédrale. En toute logique, le poète met en exergue l'espace du milieu mais n'oublie pas de citer les espaces latéraux qui ferment la maison sur ses côtés. Ne nous laissons pas égarer par les traductions peu précises que donne le Gaffiot pour le mot "atrium". Pour Sidoïne, les choses sont claires ; l'atrium est la partie du temple où les fidèles sont invités à venir prier ; le sanctuaire est la partie sacrée où seuls les prêtres sont autorisés à entrer.

La première conclusion qu'on peut tirer du texte latin est qu'il était probablement aussi peu compréhensible - ou hermétique - pour un contemporain qui n'aurait pas eu le modèle sous les yeux que pour un latiniste de notre époque. Si, pour la première fois - c'est une première - je peux en donner une traduction acceptable, la raison en est que l'existant actuel et l'internet m'y ont beaucoup aidé.

La deuxième conclusion serait, si vous approuvez ma traduction, que votre cathédrale Saint-Jean remonte au V ème siècle et non au XII ème.

Au V ème siècle, Lyon est une ville chrétienne. Le bestiaire roman de l'ancienne religion gauloise païenne a été pratiquement exclu de la nouvelle maison du Seigneur. Le pécheur animalisé et la femme coupable ont été chassés à l'extérieur du temple. Dans une position très inconfortable, ils subissent leur purgatoire, chevauchant éternellement le faîte des contreforts dans les rafales de vent et sous les ondées de pluie. Seuls, quelques symboles patriotiques ont été conservés dans le chœur. Le sanglant chaudron gaulois est désormais utilisé pour baptiser le converti. Le cheval d'Epona conduit maintenant le cavalier sur la voie du salut, et le lion de Bibracte s'interroge sur une religion dont il n'a pas encore été totalement exclu. Tout le reste du décor est tourné vers un symbolisme de l'abstraction qui joue avec la lumière, qui ne veut évoquer l'idée de Dieu que par les rosaces, et son royaume par une véritable nature de pierre imputrescible qui pousse droit vers le ciel, et qui s'ordonne d'une façon parfaite, conformément à l'idéal platonicien. La cathédrale Saint-Jean marque la naissance d'un style nouveau que nos contemporains ont très malencontreusement appelé “gothique”, laissant entendre par là qu'il serait le fruit d'une culture germanique venue d'outre-Rhin. Ce style se caractérise dans son aspect général par la sobriété et la pureté d'une pensée gauloise en pleine évolution. http://www.vieux-lyon.org/claudedevignephoto/VV_AffStJean1_VLO.htm

Dernière remarque. Sidoïne écrit que le sanctuaire faisait face à l'orient équinoxial. Ce n'est pas tout à fait exact. Je ne peux expliquer son erreur que par un malentendu de sa part. Ce n'est qu'au XIII ème siècle que l'Eglise imposera une direction plein est. Avant le XIII ème siècle, la coutume était d'orienter les temples et les églises en direction du solstice d'hiver, quand les jours vont commencer à s'allonger et que l'année renait. Et, en effet, la cathédrale Saint-Jean, me semble-t-il, est bien orientée en direction de ce solstice.

Cette étude que je viens de terminer ce jour sur le texte de Sidoïne Apollinaire, et que je vous propose, m'a demandé plus d'une semaine de travail intense.

Je vous prie d'agréer, Monsieur le Député, Vice-président du Conseil général du Rhône, l'expression de mon meilleur souvenir tout en me permettant de vous rappeler la question que vous avez posée en 2003, en tant que ministre, à M. le Ministre de la Culture au sujet de la localisation de nos anciennes capitales gauloises, et pour laquelle, nous n'avons toujours pas reçu de réponse satisfaisante. Copie de votre lettre à la fin du texte au lien http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/bibracte-une-grave-erreur-de-65442. Autres liens : http://mobile.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-ministere-de-la-culture-m-a-tue-85734 et http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-localisation-de-bibracte-82531

A Chalon-sur-Saône, le 30 janvier 2011

Emile Mourey
officier en retraite
17, rue du château
71100 SAINT REMY


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15 réactions à cet article    


  • Emile Mourey Emile Mourey 31 janvier 2011 11:10

    @ Cassino

    Merci pour la photo qui est très belle. Votre cathédrale de Lyon est un magnifique monument. Quand j’ai écrit mes ouvrages dans les années 80, j’avais déjà compris qu’elle était l’église de Patiens mais faute de temps, je n’avais pas consacré le temps qu’il aurait fallu pour traduire correctement le texte de Sidoïne Apollinaire. Comme je ne conduis plus, peut-être ne retournerais-je à Lyon que pendant les grandes vacances, si mes enfants viennent me voir. Je serais en effet curieux de voir d’un peu plus près, et un peu mieux, cette fameuse frise d’herbe (?) dont parle Sidoïne.


    • jef88 jef88 31 janvier 2011 11:26

      Je ne connais pas Lyon (snifff)
      Mais j’aprécie vos interventions pleines de logique.
      Le drame de l’historien banal étant de reproduire , parfois, des inepties sous prétexte que tel autre historien l’avait déjà écrit...


      • Mmarvinbear Mmarvinbear 31 janvier 2011 14:15

        "J’ai l’honneur d’attirer votre attention sur la cathédrale Saint-Jean de Lyon dont vous faites débuter la construction au XII ème siècle. Comme on vous dit qu’il n’existe aucun texte précis indiquant une date de fondation, vous faites confiance aux interprétations des archéologues.«  : Tsss... Mimile, je me demande si tu sais lire... Ignores-tu que c’est l’archevêque de Lyon qui a ordonné et lancé les travaux à la fin du XIIè siècle ?

         »Le mot latin celsa n’existe pas. Peut-être est-ce un mot dérivé poétique mis pour cella, ou une erreur de transcription.«  : Bordel mais tu faisais quoi en classe ?

         »Celsa« est le féminin de »celsus«  ! reste à voir maintenant le contexte pour déterminer la bonne déclinaison. C’est le nominatif , l’ablatif ou le vocatif féminin singulier, le nominatif, accusatif ou vocatif neutre pluriel. »Celsus« signifie » élevé, haut, arrogant, fier« .

         »Concernant le mot arx/forteresse, je ne vois vraiment pas ce qu’il viendrait faire dans une église«  : A cette époque, en effet. Les archéologues ont déterminé que le site de la cathédrale était occupé par un complexe religieux mérovingien. Avec sans doute des bâtiments renforcés pour faire face aux incursions non désirées.

         »C’est une grave erreur du Gaffiot de ne proposer pour le mot marmor que la traduction de « marbre ». Par opposition à la pierre brute, il s’agit ici de la pierre taillée, éventuellement polie, et disposée avec art de façon à compartimenter l’espace.«  : Bin voyons. maintenant, Mimile va être plus fort et plus doué que quelques générations de latinistes. Et évidemment, Mimile ne nous justifie pas sa critique.

         » La cathédrale Saint-Jean marque la naissance d’un style nouveau que nos contemporains ont très malencontreusement appelé “gothique”, laissant entendre par là qu’il serait le fruit d’une culture germanique venue d’outre-Rhin.«  : ça ne s’arrange pas.

        Ce sont les érudits italiens du XIVè siècle qui ont commencé à qualifier de »gothique« la nouvelle architecture apparue en France. Ils lui ont donné ce nom par dérision pour souligner que ces formes nouvelles ( bien inférieures à leurs yeux que le vieil art roman ) ne pouvaient venir que de chez les barbares. Et pour eux, rien ne fait plus »barbare« qu’un Goth.

         »Sidoïne écrit que le sanctuaire faisait face à l’orient équinoxial. Ce n’est pas tout à fait exact. Je ne peux expliquer son erreur que par un malentendu de sa part.« 
         : Une autre hypothèse veut que ton interprétation soit totalement foireuse. Mais je sais pas pourquoi, je crois pas que tu y ais pensé.


         »La deuxième conclusion serait, si vous approuvez ma traduction, que votre cathédrale Saint-Jean remonte au V ème siècle et non au XII ème."
         : Hé non. la cathédrale est bien du XIIè siècle. Mais il est vrai qu’elle occupe le site d’édifices religieux du Vè siècle.


        • octavien octavien 31 janvier 2011 20:36

          Mmarvinbear

          M Mourey est une cause perdu, je me demande même s’il ne le fait pas exprès de sortir des énormitès toujours plus grosse.


        • plancherDesVaches 31 janvier 2011 16:40

          A raser. Comme tout lieu de rassemblement pour un « culte ».

          Le jour où le croyant se rendra compte de son exploitation, l’Humanité sera adulte.


          • Emile Mourey Emile Mourey 31 janvier 2011 17:28

            @ Mmarvinbear

            D’abord, merci de m’apporter la contradiction, ce qui ne peut que renforcer le sérieux de ma proposition. Oui, je n’ignore pas l’hypothèse que ce serait un archevêque de Lyon qui a(urait) ordonné et lancé les travaux à la fin du XIIè siècle. Donc, je ne doute pas que vous allez nous donner son nom et nous indiquer les textes qui prouvent votre affirmation. Et surtout, ne citez pas des textes qui n’évoquent que des réparations ou des restaurations.

            Oui, le mot « celsa » existe mais seulement en tant qu’adjectif. En latin, l’utilisation d’un adjectif en nom est rare. Donc, j’aurais dû dire : le nom « celsa » n’existe pas. Remarquez que dans l’expression « aedis celsa », aedis est un nom au génitif et que dans votre proposition, il faudrait traduire « la hauteur du temple » ce qui est une expression assez curieuse et d’autant plus curieuse qu’il faudrait comprendre ensuite que cette hauteur « nitet » s’éclaire ni à droite, ni à gauche, mais seulement par les arcatures de sa façade, ce qui est absurde. Il est précisé ensuite que c’est bien l’intérieur qui s’éclaire. Remacle a bien vu la difficulté. Il a transformé le génitif Aedis en nominatif Aedes pour garder celsa en adjectif, ce qui est aussi une interprétation. Mais cela ne donne pas une traduction plus pertinente. Enfin, même si la traduction de Remacle était pertinente, cela ne contredirait pas la suite logique de ma traduction. Vous ne pouvez tout de même pas imaginer du métal jaune, doré - les objets du culte - en dehors du choeur.

            Concernant le mot arx, vous proposez une hypothèse « sans doute »... passons, cela ne mérite pas un commentaire.

            Concernant le mot « marmor », en effet, comme je l’ai dit dans mon article, l’internet qui, à partir de mots clés, nous permet de consulter rapidement et facilement des textes latins nous amène, aujourd’hui, à mieux comprendre le contexte dans lequel les mots sont employés. Le mot marmor est couramment utilisé pour désigner le sol des églises. Il s’agit évidemment de pierres polies et non de marbre.

            C’est exactement ce que je dis. L’expression gothique est fautive.

            Votre expression « il est vrai » montre bien que vous ne cherchez pas à suivre un raisonnement scientifique. Même un archéologue objectif n’agit pas ainsi. Et même si les vestiges supposés sous le sol de la cathédrale étaient fiables, cela pourrait être difficilement être interprété comme l’église de Patiens mais comme un édifice antérieur.


            • octavien octavien 31 janvier 2011 20:26

              « Donc, je ne doute pas que vous allez nous donner son nom et nous indiquer les textes qui prouvent votre affirmation. Et surtout, ne citez pas des textes qui n’évoquent que des réparations ou des restaurations. »

              encore une fois vous exigez des autres des preuves écrites et vous vous contenter de voguer sur des approximations et des raisonnements oiseux.

              alors je vais faire la même chose que vous apportez moi la preuve écrite le « permis de construire » de l’église je veux le permis de construire, une charte, un contrat d’architecte ou tout autre titre.
              Pouvez vous apporter ces éléments ?

              je sens qu’on va bien se marrer


            • Emmanuel Aguéra LeManu 31 janvier 2011 20:27

              Emile, il faudra vous mettre sous verre.
              Pour commencer par troller un peu, ce n’est pas perben qui a fait débuter la construction de la bicoque. Il n’a fait que la dater.... (mais pourquoi-diable mêler ce type à votre sujet ?).

              Un peu légèrement, mais tout-de-même... A reformuler (rien compris) : "il n’existe aucun indice qui permettrait de retrouver l’église de Patiens dans des églises Sainte-Croix ou Saint-Etienne qui auraient existé mais qui n’existent plus« . Evidemment, il ne risque pas d’y avoir du fric dans le coffre s’il n’y a pas de coffre.

              Plus sérieusement, votre hypothèse d’un choeur tel que dessiné suppose une croisée d’ogive. Vous évoquez l’arcade, mais les romains ne savaient tout simplement pas porter de grandes longueurs, fut-ce par des voûtes, d’où la profusion des porteurs. Le rythmes des arcades de Circus Maximus représente à peu près les portées et le rythme des voûtes de l’époque. Or les croisées d’ogive (pour faire simple, des arcs brisés diagonaux qui s’arcboutent sur une unique clef) n’apparaissent que bien + tard, à la période gothique... permettant enfin d’atteindre et de dépasser la dizaine de mètres... à vérifier pour les férus de pécision). Il faut par conséquent probablement penser la toiture (et même la couverture...) en bois, façon Uderzo.

              - Par ailleurs, si votre superposition est vraie, et du fait que les murs du bâtiment actuel ne superposent que par endroits les anciennes fondations, il devrait être aisé d’en constater la véracité en observant l’édifice : Lorsque vous bâtissez un ensemble monobloc (ou presque !) sur un terrain où subsistent d’anciennes fondations partielles, votre bâtiment accusera, plus ou moins vite mais à coup sur, des tassements différentiels qui se traduiront par des fissures en façades et sur les porteurs.

              Observez bien sur place les joints entre moellons : de part et d’autre de tous les »points communs" de construction, de telles fisssures devraient être observables, linéaires (pierres cassées ?) ou en escalier suivant le harpage (escalier). Cela pourrait vous aider à corroborer/infirmer votre hypothèse.

              - Quoiqu’il en soit, quelque part entre Alésia et Lugdunum, vraiment il faudra vous faire élever un stèle.
              Des comme vous on en fait plus depuis déjà longtemps.

              Allez sans rancune et à plus...
              (au fait... fallait oser... pan sur le Gaffiot !)


            • Emile Mourey Emile Mourey 31 janvier 2011 20:35

              @ Octavien

              Merci aussi, à vous, de m’apporter la contradiction qui me permet, une fois de plus, de renforcer le sérieux de ma proposition.

              Vous dites : apportez moi la preuve écrite le « permis de construire » de l’église je veux le permis de construire, une charte, un contrat d’architecte ou tout autre titre.
              Pouvez vous apporter ces éléments ?

              Ma réponse est un oui formel : On vient de bâtir à Lugdunum une église, dont la perfection est due aux soins du pape Patiens, homme saint, courageux, sévère, compatissant, et qui, par ses abondantes largesses, par son humanité envers les pauvres, donne la plus haute idée de sa vertu. .. (Sidoïne Apollinaire, Lettres II, 10).


            • octavien octavien 31 janvier 2011 20:38

              je le savais qu’on allais rigoler !

              franchement, vous le faites exprès là non ?


            • Emile Mourey Emile Mourey 31 janvier 2011 21:24

              @ LeManu

              Pan sur le Gaffiot ! J’aime bien cette expression. Soyez indulgent envers l’élève studieux qui, en compagnie du seul Gaffiot, a passé toutes ses veillées à chercher ce que diable Cicéron voulait dire dans son style ampoulé.

              Ayant un peu connu M. Perben quand il était maire de Chalon-sur-Saône, je n’oublie pas ce qu’il a fait pour la ville et ce qu’il fait encore pour Lyon.

              La croisée d’ogive, voilà une bonne question ! Donc, vous dites qu’au moyen-âge du XII ème siècle, on savait faire mais qu’à la fin de l’empire romain, on ne savait pas. C’est un point de vue. Que voulez-vous que je vous réponde ? Je ne fais que dire dans cet article ce que je traduis. Si je veux me comporter en historien, qualité que d’ailleurs on me refuse, je ne peux pas dire plus, ou moins.

              Maison en bois à la façon Uderzo ? Ah oui, encore la fameuse thèse des Gaulois qui ne savaient construire qu’en bois, qui ignoraient l’usage de la chaux pourtant connue dans tout le monde antique etc...

              Je ne dis pas que la nouvelle église a été construite sur les fondations d’une église plus ancienne. Je veux seulement dire que les fondations actuelles sont celles de l’église de Patiens que vous appelez cathédrale Saint-Jean.

              Regardez les joints ? Oui, mais apparemment, je n’en vois pas. En revanche, j’en vois dans les raccords des chapelles latérales.


            • jluc 1er février 2011 14:57

              une des premières construction à voûte d’arêtes de grande portée est à ma connaissance la Basilique de Maxence (Rome) construite en 306, avec une nef de 25 m de large et 35 m de haut. Elle devait être encore debout au 13ème siècle. Ensuite viennent les grandes salles des thermes impériaux.


            • Emile Mourey Emile Mourey 2 février 2011 10:57

              Rectificatif.

              Sidoïne a donc bien écrit « Aedis celsa ». On a, en effet, d’autres exemples où le génitif aedis est utilisé en nominatif ou en accusatif comme s’il s’agissait d’un mot invariable, ce qui est assez curieux. Il faut donc comprendre que Sidoïne veut insister sur la hauteur du temple. Il faut donc traduire : Géné ni à gauche, ni à droite, mais bien au contraire, parce que, par les arcades de sa façade, il regarde l’orient équinoxial, le temple (qui est élevé) s’illumine. Cela ne change rien à ma démonstration.


            • Antenor Antenor 31 janvier 2011 18:54

              Le cas de l’église Saint-Jean à Lyon rappelle beaucoup celui de la basilique Saint-Hilaire à Poitiers évoqué dans la revue Archéologia de Décembre 2010.

              Où sont donc passés tous les édifices de la seconde moitié de l’Empire Romain et ceux des périodes mérovingiennes et carolingiennes ?

              Si vraiment les églises médiévales étaient si souvent détruites et reconstruites, comment se fait-il que celles soit-disant construites au 12ème siècle soient parvenus jusqu’à nous alors mêmes que les moyens de destruction n’ont fait que s’améliorer depuis cette époque ?

              99 % des bâtiments de l’Egypte pharaonique ont disparu mais beaucoup de pyramides sont toujours là. Détruire une église, c’était un coup à s’attirer le mauvais oeil.


              • Emile Mourey Emile Mourey 31 janvier 2011 20:16

                @ Antenor

                Comme on commence à le reconnaître dans certains débats, le moine Raoul Glaber n’a jamais écrit qu’à l’époque de l’an mille, les malheureux habitants, déjà touchés par de multiples fléaux, se sont tout d’un coup précipités à « construire un grand manteau d’églises » par peur de la fin du monde mais qu’ils les ont un peu mieux entretenues http://www.herodote.net/citations/citations.php?nom=Glaber, ce qui prouve qu’elles existaient déjà.

                Et puis inventer des fondations dans les XI ème et XII ème siècle en supposant que les cartulaires ont oublié de le mentionner ou que les textes ont été perdus ou détruits, c’est tout de même un peu gros.

                Soyons logique ! Lorsque les empereurs commencent à siéger en dehors de Rome, les grandes constructions les suivent en province ; et ces grandes constructions, ce sont des basiliques, y compris en Gaule, comme je l’ai expliqué dans mes articles précédents. Si l’évêque de Lyon peut se permettre d’autant d’actions humanitaires dans le reste de la Gaule, si ces greniers abondent de blé, comme l’écrit Sidoïne, s’il peut se permettre de construire une si belle église, la raison en est qu’il bénéficie encore, à ce moment là, de toutes les ressources d’un pays éduen prospère que la protection burgonde protège des exactions des Goths, Francs et autres. C’est parce qu’il ne paye plus les anciens tributs à une Rome qui désormais périclite. Et que peut-il faire des malheureux qui viennent se réfugier à Lyon sinon de les nourrir en leur faisant élever une nouvelle église ?

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