Le torpillage d’une élection présidentielle. France XXI°, Episode 4
Nous assistons en ce moment dans les médias au blanchiment électoral de la monnaie zemmourienne comme il y a du blanchiment d’argent sale dans les paradis fiscaux. Péripétie ou bombe à retardement ?
Une imposture, ses sponsors, complices et entremetteurs.
Zemmour une fois écartée son obsession concernant l’islam et l’immigration conjuguée à tous les temps (c’est l’attracteur magique, imparable croit-il avec ses amis chargés de faire résonner les cymbales), que reste-t-il ?
Une invocation de la France éternelle (ici on ne joue pas petit bras) mais sans et contre la république, cette gueuse qui en sapant les bases morales et l’ordre social garantis par l’église catholique (pas protestante, selon lui cela ne marche pas, allez savoir pourquoi) a engendré le déclin inéluctable de nos sociétés pour l’essentiel. Avec pour faire moderne et actualisé l’islam présent partout comme le diable. Qui aurait cru que la vieille famille idéologique de Pétain aurait encore quelques surgeons 75 ans après dans le genre halluciné ou prophète décadent portant beau le costume de ville. Mais à cette époque nous ne connaissions pas encore la société du spectacle, ses productions, ses acteurs et ses producteurs. Ce qui se passe en ce moment me fait penser à un film de Jean Yann (Je te tiens, tu me tiens par la barbichette 1979 ) dont nous ne serions pas les spectateurs critiques et distanciés mais les figurants embarqués malgré nous.
C’est vrai, j’emprunte la rhétorique de la caricature mais le fond de cette mythologie de pacotille est bien celui-là, elle est dispersée dans une ribambelle de vidéo youtube pour ceux qui n’ont pas le temps de lire. Cadeaux et promotion d’un milliardaire généreux investissant pour son avenir qui s’achète du temps de cerveau disponible au service de sa version maison de l’instruction civique. Un grand moment. Notre démocratie et son pilier devenu alibi, la presse et sa victime l’information, viennent de muter au nom de la liberté du marché. Place à ceux qui contrôlent les points de vente. Ils imposent leurs vendeurs et discours.
Concernant Zemmour les journalistes ne sont pas dupes. Ils jouent le jeu et certains même surjouent tant la véracité des propos qu'ils promeuvent a besoin d’apparats. D’autres en bons partenaires jouent la critique installant en fait tout aussi bien au premier plan les thématiques, les éléments de langage, la posture du provocateur-victime (lanceur d’alerte n’est pas encore utilisé mais on sent que cela vient), en faisant croire qu’il est le porte-parole d’une parole brimée qui doit s’exprimer (Zemmour vient de naître). Les historiens se taisent pour la plupart ou diluent tellement leur propos que seuls les initiés décèlent un soupçon de critique. Et une fois de plus un certain monde médiatico-politique s’est mis en route afin de torpiller l’élection centrale de nos institutions dans ce qui est devenu maintenant la comédie quinquennale.
Les vrais sujets qui doivent rester dans l’ombre
Pourquoi de nouveau une comédie et sa mise en scène ? Serait-ce parce que ceux qui se sont croisés aux affaires depuis 20 ans, dans l’ombre ou la lumière, ne savent plus comment justifier que 10% de nos concitoyens possèdent 50 % du patrimoine et qu’à 50% ils en possèdent 92 % ce qui fait que 50% d’entre nous se partagent une miette de 8 % sans compter ceux qui n’ont rien (source INSEE 19/12/19). Qu’entre 5 ou 9 millions de nos concitoyens (selon le mode de calcul retenu) vivent sous le seuil de pauvreté d’après l’Observatoire des Inégalités. Que par exemple un débat, un vrai sur le pilotage futur de la dépense publique comme levier d’une politique économique et sociale n’a surtout pas sa place au cœur d’une élection présidentielle.
Nous sommes bien sûr tous très intimidés par autant de talents si bien récompensés et probablement aussi de services éminents rendus au pays qui justifient cette répartition. C’est un mystère mais il doit être respecté car autrement on nous en parlerait plus souvent. Mais quand même il semblerait qu’un gros doute traverse le pays à l’insu des médias bien entendu qui sinon nous le diraient. La fraude fiscale endémique de 100 milliards l’an qui vient s’ajouter à cette distribution des prix difficile à comprendre nous tracasse aussi un peu, comme un caillou dans la chaussure, surtout quand on nous chipote régulièrement sur le coût exorbitant du smic, le danger d’une retraite prématurée, les privilèges du régime du voisin qui fait partie des 50% qui se partagent 8% du patrimoine, le remboursement de la dette un peu en veilleuse mais que la classe moyenne s’attend à payer, dès la période des étrennes électorales passées et qu'une occasion se présentera, désignée comme devant faire un effort de solidarité auquel elle ne saurait se dérober envers les plus modestes de nos concitoyens. Les plus fortunés ayant besoin de motivation, de liberté de manœuvre et de moyens pour dynamiser l’économie comme il se doit.
Pourquoi tous ces commentateurs inspirés et très bien informés (ils ont un patron qui les paie pour cela) ne nous parlent-ils pas des pages du dernier livre de Zemmour qui sont tout à fait compatibles avec la politique économique de type Macron/Bollorré/LR-UMPS et qui ne sont pas là pour rien ?
Pourquoi n’avons-nous pas droit à une réflexion en règle sur le fonctionnement de nos institutions ? C’est le moment idéal et le sujet est incontournable dans une démocratie, non ? La prise en compte des votes blancs comme suffrages exprimés pour les calculs de validation d’une élection, le fonctionnement de la commission de validation des comptes de campagne, sa rigueur et sa transparence légendaires, le financement des partis politiques avec sa remise fiscale en pourcentage qui avantage les riches et les partis qui les favorisent, le fonctionnement du Conseil Constitutionnel, l’indépendance du procureur de la république (indépendant en droit mais dont la carrière dépend du ministre), le manque de juges, spécialité française dont la première victime est le plaignant, casier judiciaire vierge ou non pour les élus (passé à la trappe sous Macron), représentativité de l’Assemblée Nationale : 4.5% des députés sont des employés (27.4% de la population active), 0% ouvriers (20.3% de la population active ), un député actuellement a été élu avec un pourcentage compris entre 18 et 22% du corps électoral (62% d’absentions, nuls et blancs).
Pourquoi pas une explication de fond sur le Conseil Européen qui débat de ce qui va s’imposer au pays (plus de 60% de nos lois en découle), une réflexion de fond sur les modalités de l’élection des députés européens et leurs fonctions. Qui sait, peut-être serions-nous capables de comprendre ? Autre question. Est-il utile de nous intéresser et associer à ces sujets ? Si oui quand alors parce que nul n’est éternel et tant qu’à voter autant ne pas voter sans fin dans le brouillard. Si non (pour le moment nous vivons sous le régime du non), pourquoi ? Pourquoi les élus se dérobent devant ce qui est au fondement de leur légitimité en nous jouant ce vaudeville (tout le monde trompe tout le monde et les plus cocus c’est nous) que sont devenues les campagnes présidentielles ?
La rumeur qui court, un coup monté.
De méchantes langues disent que l’affaire Zemmour, c’est un coup en train de se monter. Faire monter la tension pour à la fin sauver la droite (LR-UMPS) en poussant Macron ou un autre comme protecteur et arbitre contre" les excès" de l’extrême-droite. Du coup Marine dort mal mais qu’y faire ? On pourrait aussi nous servir la comédie selon les circonstances du désistement solennel dès le 1er tour. Cela fait 3 fois que l’on nous fait le coup.
2002 : Chirac/Le Pen. 2007 : Sarkozy et son karcher, "je parle comme l’extrême-droite mais je suis plus fréquentable" et pompage de voix du FN. 2017 : Macron/MLP.
Et tout cela dans une atmosphère surréaliste à laquelle nous ne prêtons même plus attention grâce à des spécialistes de l’hystérisation politique dont l’ambition est de nous faire croire que c’est cela la politique, que d’ailleurs c’est nous qui le voulons puisqu’ils nous font parler à travers leurs sondages.
Un paradoxe démocratique.
Moins d’un quart des français ont globalement confiance dans l’information transmise par les médias, selon le rapport annuel du Reuters Institute, un centre de recherche sur le journalisme lié à l’université d’Oxford. Basé sur une enquête de l’institut de sondage britannique YouGov, ce rapport 2019 classe la France à l’avant-dernière place des 39 pays sondés (Finlande 59, Portugal 58, Pays-Bas 53, Allemagne 47, Espagne 43, Italie 40, Royaume Uni 40).Encore un sujet de fond et très urgent à résoudre pour une démocratie. Nous n’avons pas confiance et pourtant nous nous laissons embarquer. Nous réfugiant en nombre dans un système de défense inapproprié, l’abstention. Résultats second tour 2017 : E Macron : 20.8 millions- Le Pen : 10.6 millions-Absentions : 12.1 millions-Blancs + nuls : 4.07 millions. C’est le moment d’expliquer pour nos célèbres éditorialistes que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Il faut toujours un mantra de secours pour ne pas trop éveiller le citoyen assoupi, démobilisé ou écœuré derrière l’électeur hypnotisé.
Vous ne trouvez pas que pour un peuple de "gaulois râleurs" nous sommes quand même sérieusement privés d’occasion de parfaire et approfondir notre niveau d’information et nos pratiques démocratiques. Est-ce que j’exagère si je dis que nous sommes insidieusement de plus en plus privés de pratiques démocratiques au fur et à mesure que toutes les occasions de polémiques sont montées en épingle par cette bonne presse si libre ? Qui a trouvé pour se justifier la dénonciation des fakes-news et des complotistes. « Ce n’est pas du jeu, il y en a qui font pire que nous ! » semblent-ils nous dire à leur insu.
Comment en quelques années, des devenus milliardaires en une génération grâce à l’efficience du partage des richesses produites comme nous avons pu le constater, ont pu se voir autorisés l’accaparement de l’essentiel de la presse et des médias et d’imposer ainsi leurs hommes, leurs idées, leurs pratiques. A leur dépens, ils réveillent pourtant notre mémoire de républicain. En nous faisant souvenir que dans ses débuts, notre république timide et respectueuse réservait le droit de s’exprimer par le vote à ceux qui payaient l’impôt à un certain niveau ce qui garantissait le bon sens et une bonne compréhension de l’intérêt public. Un bon vieux temps dont leur poulain du jour n’arrête pas de nous rappeler la grandeur et dont d’une certaine façon il bénéficie aujourd’hui dans une forme de retour. Aristocrates, oligarques, un cousinage ?
Un espoir
Pour ce qui se passe maintenant, rien, n’aurait été possible si les plus modestes d’entre nous abusés par des politiciens habiles (LR-UMPS) n’avaient cru trouver une échappatoire électorale grâce à des sauveurs qui ont besoin d’être étayés maintenant par ce nouveau poulain qui ne trouve rien à redire sur ce partage des richesses produites par le travail de tous qu’il s’agit une fois de plus de préserver d’aspirations à plus d’équité économique et de justice sociale en détournant notre regard. Comme par hasard ses problèmes donc les nôtres dit-il sont ailleurs. Mais pourquoi faut-il escamoter toujours les mêmes problèmes ?
Le partage des richesses qui se fait méthodiquement à l’avantage des fortunes du CAC 40 et leurs obligés quand les plus modestes se trouvent toujours en première ligne pour les additions à payer, que les problèmes de sécurité au-delà de mesures médiatiques ne sont jamais traités en profondeur, que dès l’élection terminée, après des mesures symboliques et de grandes déclarations, les projecteurs se détournent de toutes les outrances autour de l’islam comme si le feu s’éteignait en absence de lumière. Jusqu’à la prochaine élection.
Serions nous excusables cette fois-ci d’encore une fois nous laisser embarquer ? De nous laisser entraîner dans un fonctionnement démocratique qui si nous n’y prenons garde va s’effondrer sur lui-même en nous entraînant tous pour une fois solidaires.
Ce n’est pas la victoire d’un camp qui est recherchée et souhaitable, c’est la mobilisation et la participation de citoyens bien au-delà d’un mouvement politique pour qu’un élan soit donné à notre société de sorte qu’aucun pouvoir délégué ne puisse plus au final se passer de nous. A nous de jouer notre partie au 1er tour de l’élection présidentielle qui est la clef de cette élection. En n’oubliant surtout plus que nous ne vivrons jamais dans une véritable démocratie si tour à tour selon les époques de nos vies nous n’alimenterons pas une masse critique de vigilance et d’engagements citoyens dans les affaires publiques.
Il s’agit de rassembler sans trembler, nous extrayant de toute l’agitation déjà entretenue, calmement, résolument toutes nos voix pour qu’une gauche authentique tel un fleuve retrouvant son lit se retrouve au second tour. Pour qu’ensuite une Assemblée Nationale représentative du pays soit élue et qu’institutionnellement un processus soit mis en place afin que soit construit une véritable alternative politique, économique, sociale, culturelle dont la mise en œuvre et l’évaluation ne pourra plus se passer de nous les citoyens ni se faire au détriment de l’intérêt général et du droit commun qui doit être le seul cadre de la diversité.
Le rôle des agents de la presse qui nous veulent du bien est de nous faire croire comme toujours que c’est foutu d’avance. Et pourquoi donc ? Pas de réponse franche. « Les français sont divisés. Monsieur machin a dit que, il cherche l’appui de madame machine, et d’ailleurs le sondage d’hier montre que et c’est ce qui va se passer et puis vous savez beaucoup sont sensibles aux beaux parleurs, voire à celui que l’on a le plus vu et entendu et puis les abstentionnistes … » N’oublions pas non plus nos fameuses primaires à la française au cours desquelles les politiques s'autovalident en arrivant à mobiliser pour du beurre quelques centaines de milliers d’électeurs quand d’autres s’absentent par millions le jour du vote officiel malgré les fanfares médiatiques et leurs airs entraînants. Ce peuple décrit comme décervelé (par qui ?), c’est nous paraît-il. Ce qui est sous-entendu, c’est que nous serions suspendus aux consignes et déclarations des états-majors politiques ainsi qu’aux sondages et à ceux qui nous les expliquent.
Parfait et merci beaucoup pour la leçon. Nous allons en tirer les conséquences. Le torpillage de l’élection centrale de notre république avec les mêmes joueurs et les mêmes méthodes, cela suffit. Ne sous-estimer ni notre dignité ni notre bon sens.
Repères et souvenirs pour ne pas sous-estimer la puissance de la presse
- Médias français, qui possèdent quoi ?
https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA
- La confiance dans les médias en France
http://www.libreactu.fr/la-confiance-dans-les-medias-en-chute-libre-en-france
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