Pièce maitresse du musée égyptien de Berlin, le célèbre buste de Néfertiti serait-il un faux ? C’est le scoop médiatique de ces derniers jours. Dans son article paru ce 8 mai dans le « monde des livres », M. Maurice Sartre présente d’une façon plus que convaincante les arguments d’un historien de l’art. Le buste de Néfertiti, écrit-il, a plusieurs fois été mis en cause, malgré les dénégations indignées des
autorités du musée. Mais, cette fois, l’enquête minutieuse d’Henri Stierlin pourrait bien emporter la conviction que, décidément, la belle épouse du pharaon Akhenaton est le fruit d’une imposture.
Néfertiti, la trop belle épouse du pharaon.
Une découverte datée de 1912 dont personne, à l’époque, ne s’est fait l’écho ; des rapports de fouilles particulièrement laconiques ou toujours confidentiels ; un rapport scientifique de 1923 bâclé et invraisemblable ; un type de buste inhabituel dans l’art égyptien du XIVème siècle avant J.C. - épaules coupées verticalement à la mode du XIX ème, épaisse couche de plâtre sur âme de pierre, état de fraicheur surprenant - tous ces éléments éveillent le doute. Et pour couronner le tout : un oeil borgne inattendu quand on sait que toute imperfection physique allait de pair, dans les croyances égyptiennes, avec une imperfection morale.
"Nous ne mettons pas dans nos vitrines des oeuvres douteuses pour les quelque 700.000 visiteurs que nous recevons chaque année", lui répond Dietrich Wildung, directeur du Musée égyptien de Berlin. "Le livre de M. Stierlin est à ranger dans le rayon des bandes dessinées et non dans celui des ouvrages scientifiques". Quant à une analyse au carbone 14 qui aurait pu trancher le différend, la nature des matériaux - pierre, plâtre, pigments d’origine minéral bien qu’antiques - ne le permet pas.
Bref, rien ne permet de dire que M. Stierlin ait tort quand il accuse le célèbre égyptologue responsable des fouilles de Tell el-Amarna d’avoir fait un faux, mais il l’excuse et explique son étrange comportement en développant la thèse d’un essai de polychromie sur une reconstitution pierre/plâtre qu’un prince allemand aurait cru authentique lors d’une visite, ce qui expliquerait que personne n’ait osé le détromper.
Il est vrai qu’il y eut un précédent à Alésia.
Examinant le terrain d’Alise-Sainte-Reine dans un large tour d’horizon, lors d’une visite d’inspection sur le chantier de fouilles, Napoléon III estima que la contre-attaque de l’armée de secours gauloise ne pouvait être partie que du mont Rhéa, ce qui est une pure absurdité sur le plan militaire. Là aussi, il s’avère que personne n’osa détromper le prince. Qu’on ne s’étonne pas, dans ces conditions, que le colonel Stoffel, responsable des fouilles, ait laissé dans le flou les retranchements romains à cet endroit, de toute évidence pour ne pas avoir à contredire son auguste maitre et protecteur. Et c’est ainsi qu’aujourd’hui encore, les archéologues se refusent à reconnaître cette erreur d’interprétation, préférant laisser aux futurs visiteurs du parc archéologique en cours de réalisation la liberté de décider par eux-mêmes sur le lieu du dernier engagement : mont Rhéa ou montagne de Bussy.
Confusion à Gergovie où les archéologues s’enfoncent de plus en plus dans leurs erreurs.
Il faut croire que nos responsables de la Culture et de l’Archéologie ne savent pas bien surfer sur le Web, enfermés qu’ils sont dans leurs certitudes. Nos articles publiés sur Agoravox - les miens et ceux de Gasty - expliquant que la ville gauloise dont parle César ne pouvait se trouver que sur la hauteur du Crest n’ont suscité chez eux ni intérêt, ni réaction. En outre, la confirmation de ma traduction du texte latin par un universitaire intervenu dans le débat montre bien qu’aujourd’hui, les archéologues ignorent tout de cette langue ancienne où qu’ils font fi des textes.
Et c’est ainsi que l’archéologie française s’enfonce de plus en plus dans l’absurdité en décidant de poursuivre les fouilles sur le faux site napoléonien de Merdogne qui ne livre toujours pas la ville gauloise, et pour cause, et de suspendre celles de Corent, dans la plaine, où des vestiges ne demandent qu’à parler encore.
Bien sûr que Corent ne peut être la ville gauloise fortifiée que César place sur une grande hauteur mais c’est le site sacré et religieux des Arvernes, au pied du Crest, d’où son grand intérêt. Responsable des fouilles de Corent, M. Matthieu Poux s’est tiré une balle dans le pied en soutenant mordicus contre ses collègues que la ville gauloise ne pouvait être que là . Il paie aujourd’hui son erreur et c’est bien dommage pour la recherche archéologique.
Au mont Beuvray, fausse Bibracte, les archéologues s’envolent dans leurs rêves.
Personne ne nie que le site n’ait pas hébergé un oppidum gaulois mais une des plus grandes capitales de la Gaule, allons donc, il faut être sérieux ! Où sont les merveilleux objets celtiques ciselés d’or qu’on nous avait laissé espérer ? Le musée ne peut faire qu’illusion en présentant des objets venus d’ailleurs ou des copies. Ne trouvant rien de plus, ou peu s’en faut, de ce qui fut mis au jour avant eux, nos archéologues en sont réduits à une étude du misérable habitat du site dont ils veulent faire une référence pour la Gaule - tragique erreur -, à un inventaire de la flore environnante et autres activités sans aucun rapport avec les origines de notre histoire.
Qui est le responsable de cette triste erreur de localisation ? Eh bien, il n’y en a pas. Si vous posez la question, on vous répondra que le débat a eu lieu au Second empire et qu’il n’y a pas lieu de relancer la polémique. Si vous demandez à consulter un texte présentant une argumentation justifiant de cette localisation, on vous enverra à la bibliothèque du musée où sont archivées de nombreuses thèses, à l’exception de celle que vous cherchez car il n’y en a pas. Quant aux fouilles récentes, il faut vraiment y croire pour y découvrir un quelconque intérêt.
Mais le plus affolant - qui fait penser à une histoire de fous - s’est passé le 4 avril 2008 lors de la remise du label "Grand site de France" au mont Beuvray, fausse Bibracte selon moi. Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet termine son allocution ainsi :
"S’il est un lieu magique au centre de l’hexagone, c’est bien ce Morvan montagneux aux ténébreuses forêts de hêtres, et dominant ce Morvan, l’imposante hauteur du Mont-Beuvray. L’industrialisation l’a oublié. Les grandes voies de communication s’en sont écartées. Bien que se dépeuplant progressivement, le Morvan est resté tel qu’il fut, tel qu’on l’aime : un vestige archéologique vivant. Dans cette forêt druidique, de mystérieuses légendes hantent les sous-bois, les pierres branlantes et les rivières à truites. Avant de rejoindre le buffet gaulois, je vais donc remettre officiellement l’objet symbolisant le label "Grand site de France".
http://www.grandsitedefrance.com/Local/gsdf/dir/images/pdf/Discours-ministre-Bibracte.pdf
Pauvres misérables citoyens/rédacteurs d’Agoravox que nous sommes. Voici que maintenant, non seulement, on refuse de nous entendre mais qu’on nous vole nos écrits !
C’est vraiment à désespérer !