Sans productions massives de nourriture et d’énergie, l’Humanité ne survivra pas à une démographie massive
Avant le milieu de ce siècle, l’Humanité va devoir relever, coûte que coûte, le plus gigantesque défi de son Histoire, consistant à trouver le moyen de répondre aux besoins alimentaires de quelque 10 milliards d’individus et à empêcher une explosion de la faim dans le monde. Au même titre que les convulsions géopolitiques, l’insuffisance de terres arables et les stress hydriques plus ou moins localisés, causés ou non par un possible bouleversement climatique, ne sont que les termes de la difficile équation universelle à résoudre, lui conférant son extrême complexité.
Le moins qu’on puisse dire c’est que l’ampleur de la gageure n’émeut pas vraiment les principaux candidats à l’élection présidentielle, les amène encore moins à prendre conscience que l’essentiel de la solution de l’équation viendra d’une recherche agronomique de laquelle, année après année, la France s’exclue d’elle même, avec une constance qui laisse pantois.
D’une Nathalie Kosciusko-Morizet opposant une obstruction dogmatique et/ou clientéliste obstinée à toute appréhension rationnelle de la réglementation et de la R et D du domaine scientifique concerné, aux partis de gauche faisant bloc derrière les « faucheurs volontaires », on se demande qui nos enfants blâmeront le plus du criminel manquement à l’éthique d’un dynamisme de progrès, certes non dépourvu de risque, mais sans lequel la notion d’humanité n’existe plus.
J’engage vivement le lecteur à prendre connaissance de l’excellent article (en P.J) de Marcel Kuntz et d’Agnès Ricroch brossant un état des lieux assez complet de l’ingrate problématique de recherche sur les OGM et exposant avec justesse la maladie fascisante dont le domaine n’est hélas pas le seul à pâtir. Cette maladie qui ronge notre société, au point de mettre en péril, à terme, ses facultés vitales de création les plus fondamentales, deux citations assez complémentaires, extraites de l’article, suffisent à la caractériser : celle de Serge Galam pour qui le débat scientifique sur la place publique est devenue une machine à produire l’extrémisme et celle de cette “inspection citoyenne” qui, en mai 2011, ambitionnait d’exiger des comptes de la part des chercheurs de l’INRA d’Angers ; inquiétante “inspection” assurément, qui préfigure la version modernisée du contrôle sociétal par des milices et des cellules de triste mémoire...
Aussi, ma recommandation ne serait-elle pas complète si je n’engageais pas le lecteur à consulter également les tribunes de Marcel Kuntz, renvoyant dos à dos messieurs Sarkozy et Hollande, au lien
http://www.marcel-kuntz-ogm.fr/article-evaluation-des-risques-devoyee-102002448.html
- Plantes biotechnologiques : réalités, espoirs et obstacles
- La question de la réponse de la transgénèse au nombreux défis agricoles, sa valeur ajoutée en matière de nutrition et de pharmacopée. Les freins politiques à l’utilisation de la transgénèse : revirements, postures, nature des oppositions, règlementations.
J’engage donc tous les scientifiques de ce pays, que ma petite diatribe a convaincu, à joindre leurs noms à la liste de leurs pairs, signataires de l’appel apolitique ci-après, en italique. Pour ce faire, il leur suffit de se manifester en commentaires, à la suite de quoi l’initiateur de la démarche (qui n’est pas moi) leur remettra ladite liste à compléter, dans son état actuel, sur laquelle ils ne manqueront pas de noter la présence d’éminents collègues.
André Pellen
Appel pour la Science, la Raison et la poursuite du programme nucléaire français
Depuis les années 80 la France s’est détournée de son industrie et la méfiance envers la science et la technologie y est apparue au tournant des années 90. Nous en payons aujourd’hui le prix avec un lourd déficit commercial, un chômage qui s’aggrave et le fait que les jeunes se détournent des professions scientifiques et techniques.
La politique et les idéologies interviennent maintenant directement dans le domaine scientifique. C’est le cas pour la jeune science du climat. Cela l’est aussi sur des sujets complexes comme l’effet biologique des faibles doses de rayonnement, où l’idéologie impose des règles ultra conservatives au niveau des lois sur les dommages biologiques créés et nie les avancées de la science telle que la mise en évidence d’un seuil pour leur nocivité. Il en est ainsi pour les recherches sur les OGM et les nanotechnologies et pour d’autres thèmes hors de notre propos.
Le domaine du nucléaire est particulièrement visé. Bien que les faits montrent qu’il n’y a pas eu, pour l’instant, de mort par irradiation à la suite des accidents nucléaires de Fukushima Daiichi, la fabrication d’un « monstre » nommé Fukushima permet de diaboliser l’électronucléaire, sans aucune empathie pour les victimes réelles, celles du séisme et du tsunami. L’analyse objective de l’accident montrera que les réacteurs ont assez bien résisté au séisme (*), que l’arrêt d’urgence a fonctionné, que l’opérateur Tepco a fait ce qu’il pouvait non sans erreurs mais avec courage et détermination, dans des conditions apocalyptiques. En amont, l’imprévoyance et la sujétion de l’industrie électronucléaire aux lois du profit ne sont pas des faits techniques. Il est indéniable malgré tout que, comme dans le cas de Tchernobyl, les accidents nucléaires de Fukushima Daiichi seront à l’origine de traumatismes psychologiques qui s’ajouteront à ceux qu’ont engendrés le grand séisme et le tsunami du 11 mars 2011 et ses morts, sans que l’on puisse les démêler. D’après les enseignements de Tchernobyl, il est également à craindre des risques de leucémies pour les techniciens qui ont été soumis à une irradiation supérieure à de l’ordre du Gray. Si les jeunes japonais, et la population en général, se sont trouvés dans de bien meilleures conditions que les jeunes de Tchernobyl vis-à-vis du risque lié à l’Iode 131, on ne peut écarter des menaces limitées de cancers de la thyroïde.
Nous nous garderons donc bien de dire que ces accidents nucléaires sont sans conséquences et dommages, mais ils ne constituent pas une raison de renoncer à l’énergie nucléaire. Contrairement aux affirmations péremptoires, les énergies renouvelables actuelles ne peuvent être qu’une source d’appoint, tant que nous n’aurons pas découvert un moyen efficace de stockage de l’énergie à grande échelle, ce qui constitue un défi scientifique et technique. La véritable alternative au nucléaire est le recours au gaz, en cycle combiné, et au charbon. Comme l'OMS le rappelle régulièrement, ainsi que l'Académie de médecine : les combustibles fossiles tuent plusieurs centaines de milliers de personnes prématurément par an, par leurs effets cardiovasculaires et broncho-pulmonaires.
Nous voulons affirmer avec force que le domaine de l’atome, et de la radioactivité, s’inscrit pleinement dans le grand mouvement d’avancées scientifiques majeures qui ont marqué le début du XXème siècle, dans la ligne du siècle précédent. Le progrès des sciences est un élément indispensable à la nécessaire adaptation de l’homme et de ses conditions de vie à son environnement. En dehors de retombées très importantes, notamment au niveau de l’amélioration des connaissances sur la matière, l’espace, la biologie, -on oublie que le nucléaire est un domaine jeune et loin de sa maturité-, les applications récentes du nucléaire pour la santé et l’énergie ont déjà prouvé leur grand intérêt pour l’humanité.
A court et moyen terme, le nucléaire et ses réacteurs ont deux applications incontournables : - la production d’électricité et potentiellement de chaleur industrielle.
- le dessalement de l’eau de mer Avant le débouché (hypothétique dans le temps) de la fusion nucléaire contrôlée et en l’absence de moyens de stockage de l’énergie, avec l’appauvrissement hors charbon des réserves fossiles, la fission nucléaire va être, pour encore quelques décennies, un acteur de plus en plus important du domaine de l’énergie. Par exemple, le Japon même, malgré les réticences de la population, n’abandonne pas son industrie nucléaire. La Russie qui vendra encore plus de gaz naturel à l’Europe si celle-ci arrête ses réacteurs, développe son programme nucléaire.
Pour l’extraction optimum de l’énergie potentielle de l’Uranium, et éventuellement du Thorium, il est nécessaire de passer rapidement à la génération IV de réacteurs nucléaires, c'est-à-dire les réacteurs « rapides » en premier lieu. Pour simplifier nous dirons du type Super Phénix et BN600 russe.
Nous appelons donc les « citoyens » que l’on sollicite pour l’éventuelle mise à mort du nucléaire en France, à rejeter cette option suicidaire. Pour eux-mêmes et leur pays.
(*) Néanmoins il faut nuancer ce propos pour le réacteur 1. Le grand séisme a endommagé les circuits normaux haute pression RCIC d’évacuation de la puissance résiduelle du réacteur 1. Une erreur humaine s’est ajoutée qui a conduit à la fusion prématurée du cœur du réacteur 1.
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