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Société de vide et de consumation

Presque tous éprouvent la nette impression que quelque chose est en train de dépérir, de se dessécher en eux, que les vrais rapports humains deviennent quasi inexistants.

Société de vide et de consumation

À la veille d’une nouvelle année je réfléchis, les neurones tourbillonnants, à ce vide existentiel qui enveloppe douillettement notre ennuyeuse et si raffinée société française et occidentale. Allons-nous, un jour futur, comprendre qu’une société et une existence basées sur l’inessentiel, sans autres valeurs que celles de la satisfaction immédiate des désirs - parce que je le vaux bien - finiront tôt ou tard par prendre feu, littéralement ? Et pas seulement de manière occasionnelle, dans la périphérie de nos villes...

Comprendrons-nous que vide (dans le sens du creux, de l’insipide) et consommation sont les deux faces d’une même pièce de monnaie ? Que la "société de consumation" nous trompe ? Que l’individualisme qu’on nous vend à coup de pub fort onéreuse sur papier glacé est tout à fait irrationnel, n’ayant pas d’autre but que de nous éloigner les uns des autres, de nous empêcher de rêver ensemble et ainsi de nous désenchanter davantage encore du monde réel, afin de nous vendre l’Évasion sous toutes ses coutures, et ainsi maintenir cette société ultra-libérale qui n’a rien à faire de notre humanité, et dans laquelle notre valeur est affichée via les vêtement que nous portons, la voiture que nous utilisons, l’apparence que nous nous donnons ? Saisirons-nous qu’à ce rythme-là nous n’aurons bientôt plus d’autre objectif que ceux fixés pour nous par ce système mercantile ?

Ballottés entre les cultes de l’argent, de la jeunesse, de la réussite individuelle, nous n’avons ni le temps, ni le désir de penser notre existence, notre vie. Comprendrons-nous que cela est rationnellement entretenu par les puissantes machines à faire du profit qui nous gouvernent ? Leurs figures imposées, auxquelles nous avons fini par nous identifier, vivent des existences excitantes et comblées. Ces nouveaux héros ont tous autant d’argent et d’ambitions satisfaites qu’ils le désirent... et bien sûr, le bonheur, la santé, l’amour, l’équilibre, du moins c’est ce que veulent nous faire croire ceux qui ont fixé pour nous les objectifs à atteindre. Le parfait manuel des Vraies Valeurs de la Réussite a réussi à évacuer toute valeur humaniste et sociale, en s’en moquant ou en en faisant la satire, en tournant en dérision toute velléité transcendante, tout questionnement sur l’intériorité de l’humain, réduit au délire coupable d’arriérés qualifiés de néo-réac, d’adeptes de croyances obscurantistes révolues. Tout cela afin de maquiller une réalité de plus en plus tragique, celle de l’extrême solitude humaine.

Personne n’éprouve plus pour personne la moindre sympathie - dans le sens de la souffrance partagée. Presque tous éprouvent la nette impression que quelque chose est en train de dépérir, de se dessécher en eux, que les vrais rapports humains deviennent quasi inexistants. Mais cela reste encore dans le domaine de l’imprononçable, de l’interdit. Tout comme la mort, d’ailleurs... En réalité, cette société ultra-individualiste réussit à atteindre, avec notre complicité, son seul et unique but : faire de nous des individus esseulés et donc en manque de tout, vouées à la seule recherche de divertissements, d’évasions en tout genre, qui peuvent, seuls, combler le vide de leur existence (dixit le manuel de la parfaite réussite) et donner un sens plein à la Vie. Pour parvenir à cette plénitude factice, il faut se consumer soi-même sur l’autel de la productivité sauvage, où nous sommes éjectés aussitôt après usage. Un sacrifice personnel, en somme, pour que vive le système. Voilà peut-être le secret le mieux gardé de la puissante civilisation occidentale. Fort heureusement, quelques fous, justement parce qu’ils sont fous, parviennent encore à s’en rendre compte... et à l’écrire !

tatiana f.


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28 réactions à cet article    


  • Sylvain Reboul (---.---.151.80) 26 décembre 2005 15:27

    J’ai du mal à comprendre dans quelle société vous vivez et ce qui vous incite à exagèrer ce que vous percevez comme unilatéralement négatif (la consommation) sans en voir l’aspect positif, surtout en cette période : les rituels généralisés des cadeaux et des échanges familiaux et amicaux.

    Peut-être êtes-vous nostalgique d’une société qui n’a jamais existé que dans le rêve passéiste et impossible d’une société communautaire qui soit à la fois amicale et fusionnelle , mais qui en réalité était réticente à l’expression de toute l’autonomie individuelle. Ce que sont et ont été toutes les sociétés traditionnelles et religieuses

    Il me semble que les gens font pour la plupart un usage non stritement économique, ni exclusivement égoïste de la consommation. Des exemples massifs en témoignent : le succès énorme des téléphones portables, d’internet (courriels), des appareils de photos et vidéos numériques, dces emissions dites de « télé-réalité » etc. Tout ce qui permet de partager des émotions, voire des pensées hors commerce est privilégié. Au point que certains peuvent penser que les individus n’ont jamais été aussi grégaires qu’aujourd’hui. Ce qui est selon moi aussi exagéré que votre dénonciation de l’égoïsme exclusif.

    Allons, cela ne va pas si mal que vous le dites et ce qui va mal signifie plutôt que des progrès dans le sens de la liberté « sociable » sont encore à faire.


    • Tatiana F Tatiana F 26 décembre 2005 16:43

      Sylvain Reboul,

      heureuse de savoir que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles - monde éthique libéral et cohérent smiley. Je suis ici pour exprimer ma pensée et apprendre des autres, donc merci infiniment pour votre point de vue éclairant. J’ai tout de même de sérieux doutes... et, dites-nous franchement, pas vous ?

      Bonne Année à vous.


    • Sylvain Reboul (---.---.151.80) 26 décembre 2005 17:16

      Je n’ai jamais dit que tout allait pour le mieux, mais que la détestation systématique, subjective et unilatérale de notre société s’accompagne toujours de celle des gens qui y vivent sans la refuser (ce qui n’est pas du tout le cas des plus pauvres qui ne désirent que s’y intégrer mieux encore) ne peut conduire qu’à la morosité impuissante et au bout du compte à la tentation d’un retour mythique et donc dangereux à une société communautaire et religieuse dont nous savons qu’elle est aujourd’hui ni possible ni souhaitable.

      Mais grace à Internet nous pouvons échanger amicalement sans nous connaître et cela est un formidable progrès que vous auriez mauvaise grace de nier.

      Bonnes fêtes de fin et de nouvelle année et vive la société et les technologies de communication qui nous permettent de nous gratifier en dialoguant gratuitement sur ce blog. La preuve est faite que l’usage amical que nous faisons de ces objets de consommation que sont l’ordinateur et Internet n’est pas nécessairement économique. CQFD.


      • Gérard, Henri PERTUSA 26 décembre 2005 17:50

        Bonjour Tatiana,

        je comprends fort bien votre point de vue car, moi aussi, j’ai tenu ce genre de propos, il n’y a pas si longtemps que cela ! Mais je me suis rendu compte, par la suite, qu’à trop dénigrer les « fausses valeurs », celles-ci prenaient finalement presque toute la place, ce qui est un comble : J’aboutissais pratiquement à une inversion des valeurs, car manquant cruellement de « fausses valeurs » (travail, argent, considération...), ces dernières prenaient une importance exagérée, et éclipsaient les valeurs essentielles comme l’amitié, la compréhension, la compassion... Mais je ne peux m’empêcher d’avoir de la sympathie pour vos idéaux.

        Amicalement Gérard


        • Tatiana F Tatiana F 26 décembre 2005 18:09

          Salut Gérard,

          vous parlez là de votre problème personnel qui vous a fait laisser « toute la place » aux « fausses valeurs ». Je le regrette pour vous, et je suis ravi que vous ayez pu rééquilibre votre point de vue et votre vie. Mais en ce qui me concerne, je ne me considère pas du tout envahie par les fausses valeurs. Mon propos n’est pas personnel, mais général. Dénoncer les dérives de la société de consommation (qui nous consume bel et bien !) n’est pas faire preuve de pessimisme, mais d’une volonté de ne pas les laisser s’installer. Le but de ce papier n’était pas de chanter les louanges de notre société - ça ne veut pas dire que je n’en reconnais pas les mérites et la grandeur, là où elle se trouve. Je fais d’ailleurs partie de ceux qui s’y trouvent particulièrement bien, à tout point de vue. Mais pourquoi s’en contenter ?

          Humainement,

          NB : Au passage, pour Sylvain, je suis bien loin de toute « détestation systématique », et j’aurais effectivement bien mauvaise grâce de nier les bienfaits d’Internet, puisque j’y passe près de dix heures par jour !!!


        • (---.---.102.65) 26 décembre 2005 18:31

          Splendide !

          Je vais en rajouter une couche :

          Les hopitaux sont devenus des mouroirs pour les vieux. Aujourd’hui, la majorité des décès arrivent à l’hopital, dans une solitude qui n’a jamais existée auparavant.

          Réfléchissons à notre propre mort dans quelques années, aux dernières années de notre vie, sous perfusion, immobile dans des lits, sans autre activité qu’une télé qui ronronne devant nous toute la journée et sans famille pour venir nous voir. (Ils n’auront pas le temps, les enfants, d’ailleurs ils travaillent a l’étranger, accaparés par un travail ronronnant toute l’année).

          Et comme épithaphe :

          « Né, Elevé, Abattu en France », comme la viande de chez le boucher du coin. (Pardon, de chez Carrefour et Auchan).

          Garanti sans OGM. Mais plus pour longtemps, l’OMC corrigera ça bientôt.

          C’est très bien expliqué dans l’oeuvre de Houellebecq.

          Il y a aussi un sociologue qui a explicité un concept : « la société liquide ». Les relations sociales sont devenues « liquides », impermanentes. (divorces, vie familiale et professionnelle de plus en plus fragile, etc.)

          Laurent


          • Natacha Quester-Séméon / Natacha Quester-Semeon / NatachaQS Natacha Quester-Séméon 26 décembre 2005 18:57

            De nos jours, on ne se consume plus d’amour, mais de désamour. À en croire certains, si on critique la société force de progrès, on est forcément passéiste, rétrograde, croyant, obscurantiste, réac ou que sais-je encore. Donc, il nous faut bien répéter la leçon : la société moderne = des avancées spectaculaires. Personne ne les nie. Simplement, nous sommes sur le point d’arriver à un terme, la finitude de nos ressources terrestres dans une économie ouverte et je n’oublie pas tous ceux que nous laissons sur la route (des milliards d’êtres humains). Mais il faut bien voir que les gens de ma génération (trentenaire) dépassent un peu les étiquettes du passé (les anciens clivages stériles) et que beaucoup parmi nous ne sont pas dupes.


            • Sylvain Reboul (---.---.151.80) 26 décembre 2005 20:18

              Je rappelle que le mariage d’amour est une invention du XXème et que les vieux qui survivaient à la campagne étaient d’autant plus considérés qu’il détenaient les clés de l’héritage et que l’on pouvait espérer qu’ils meurent le moins tard possible pour s’établir. Sans parler du droit de cuissage et des amours ancillaires, des valets qui couchaient dans l’écurie, du sort des cousettes, des curés directeurs de conscience etc, etc.. Lisez plus et révez moins d’un bon vieux temps qui n’a jamais existé et encore moins dans la littérature authentique, à la différence des romans édifiants de patronnage. Décidemment un certaine culture de catéchisme parfaitement hypocrite a la vie dure...Une culture qu’il faut bien appeler relativement inculte.

              Que rien ne soit et ne puisse être parfait dans notre sociéte n’empêche pas aux familles entières et pas les plus aisées de préférer l’hyper-marché, le samedi, voire le dimanche, à la messe et, au risque de choquer quelques âmes vertueuses, j’en suis plutôt satisfait. Le mépris de la consommation est d’abord le mépris des consommateurs que nous sommes tous à des titres divers. C’est aussi mépriser la condition humaine dont la dimension principale depuis l’origine, sous différentes formes, est celle du désir par delà le besoin, à savoir le désir de se valoriser soi-même dans la médation aux autres qui définit universellement le bonheur.

              Pour que le désamour nous consume il faut aimer l’amour et on ne l’a jamais autant aimé et même parfois trop (mal) qu’aujourd’hui...Je peux dire même que l’on ne pense qu’à cela et/ou à la compétition.

              Les bons sentiments ne font ni la vérité, ni la sagesse. La liberté a certainement des inconvénients mais rien n’est pire que la tartufferie de la morale autoritaire.


            • Neuromancer (---.---.25.218) 26 décembre 2005 20:03

              C’est une tendance récurrente sur ce site : tout le monde veut avoir quelque chose à dire, jusqu’au point de caricaturer les propos des blogeurs.

              Effectivement, il y a un énorme problème de vide existenciel, dans les sociétés occidentales post-modernes. Parce que ce sont des sociétés de consommation, c’est à dire fondée sur l’exploitation industrielle du désir. En même temps, on a tous en nous l’idéal du bonheur, toute notre existence est tournée vers la poursuite du bonheur. C’est ce que dit Michel Houellebecq dans ses romans. Et bien sûr, le désir est incapable de nous faire accéder au bonheur conçu comme une plénitude.

              On peut aussi remarquer que ce vide de nos coeurs, c’est le vide spirituel : il n’y a plus de transcendance, plus de sacré dans nos vie. La plupart des gens sont même incapable de participer de manière entière à un rituel.

              Et puis, quant à savoir si Internet rapproche les gens, franchement, j’ai un doute. Nous vivons en effet dans un monde d’hypercommunication, mais loin les uns des autres. Et c’est bien parce que les individus se sentent de plus en plus seuls, de plus en plus isolés, parce qu’ils sont maîtres de leurs destinées qu’ils ont besoin de communiquer.

              Je reste cependant persuadé que des éléments fondamentaux de notre société nous échappent. Il y a des choses qui nous dérangent, mais nous avons du mal à les formaliser, et donc du mal à y remédier. Il nous faut donc penser, et étudier quelques auteurs. Si vous en connaissez...

              Neuromancer.


              • (---.---.102.65) 26 décembre 2005 23:19

                Facile !

                Pierre Bourdieu


              • Alex Alex 26 décembre 2005 20:10

                D’accord avec Natacha. J’ai l’impression que les gens ne se cherchent plus des amis. Ils se cherchent des ennemis, sociaux (racismes), politiques (militantismes), professionnels (concurrence commerciale, marché de l’emploi), etc. Dans notre société d’aujourd’hui, on existe d’autant plus qu’on écrase son rival, qu’on quitte son conjointe, qu’on fuit sa famille, qu’on délaisse ses enfants, qu’on démissionne, qu’on fait dans la rupture (ça ne vous rappelle pas quelqu’un ?)...

                Quand on se rend dans le supermarché de la zone commerciale le 23 décembre pour acheter ce qu’il manque de cadeaux et de foie gras (non Arthur, c’est pas du pâté ! vu au zapping de ce jour !), c’est la cohue totale ! Les gens se marchent dessus, s’insultent parce que ça ne va pas assez vite dans les rayons et aux caisses (ils ont raison), s’étonnent et s’insurgent qu’on dise distinctement et avec un volume suffisant : « Pardon, excusez-moi ! » lorsqu’on veut essayer de se frayer un chemin (peut-être préfèrent-ils qu’on leur marche dessus dans piper mot).

                Je préférerais que nous ayons le cœur à la Fête tous les jours (disons tous les mois, pour être plus réaliste) et arrêter de tout concentrer entre le 25 décembre et le 1er janvier ; on a l’impression que les gens passent 360 jours à se haïr, se tirer dans les pattes, se taper dessus, et que pendant ces 5 jours magico-commerciaux tout doit aller pour le mieux dans le meilleur des Mondes. Ce qui est triste, lors de toutes les Fêtes de fin d’année, c’est les personnes exclues qui passent seules les réveillons. Si encore on les accueillaient chez les uns ou chez les autres, peut-être que ce serait une vraie fête, mais c’est bien loin d’être le cas. Les Fêtes de fin d’année, c’est de l’hypocrisie complète où les gens font semblant d’être heureux ensemble...


                • Tatiana F Tatiana F 26 décembre 2005 20:51

                  ”Lisez plus et révez moins d’un bon vieux temps qui n’a jamais existé et encore moins dans la littérature authentique, à la différence des romans édifiants de patronnage. Décidemment un certaine culture de catéchisme parfaitement hypocrite a la vie dure...Une culture qu’il faut bien appeler relativement inculte." Sylvain Reboul

                  Pourquoi tant de fureur academicus ? Pourquoi tant de virulence dans vos propos, je ne vous comprends pas, vous semblez ne pas supporter d’autres points de vue que les vôtres. C’est bien dommage. Vous dites : « La liberté a certainement des inconvénients mais rien n’est pire que la tartufferie de la morale autoritaire ». Vous rendez-vous compte que vous en faites usage ici-même ?


                  • Sylvain Reboul (---.---.151.18) 27 décembre 2005 09:51

                    Le rôle de la philosophie est de mettre en garde contre l’illusion qui consiste à croire que ce que l’on désire est désirable en général et est réalisable parce qu’on le désire.

                    Je ne vous impose rien mais je critique le fait que vous prétendiez à une vérité générale concrète sur le désir et que vous prétendiez remettre en question radicalement une société toute entière, au nom de cette vérité (la vôtre) du désir.

                    Mais je conçois très bien que ma critique philosophique de votre « hypercriticisme moral(iste) » et très convenu de la société dite de consommation (comme si toutes ne l’étaient pas pour qui en a et en avait les moyens) puisse importuner ou paraître dérangeante ; depuis Socrate, nous savons que c’est en effet sa fonction.

                    Voius pouvez vivre selon votre éthique en soi parfaitement respectable, mais ce qui ne l’est pas c’est que vous prétendiez en faire une modèle de vie pour les autres et de donc un modèle idéal de société. Bref, que vous fassiez de votre éthique un fondement de la pensée juste en politique.

                    Désir et modernité


                  • Etienne Parizot 26 décembre 2005 21:15

                    Mais ma parole, cher Sylvain, vous êtes enragé ! Je n’ose pas dire fou furieux, car pour un philosophe ce serait vraiment du plus mauvais effet... Mais tout de même, tentez de souffler un peu. Qui, dans ces pages, a dit ou seulement insinué que le passé était « un bon vieux temps » ?

                    C’est bon, vous l’avez dit et répété : le passé n’était pas formidable. Oui, fort bien, et alors ? C’est d’ailleurs une évidence dont vous auriez pu nous faire grâce. Mais quoi qu’il en soit, ce qu’a été ou n’a pas été le passé n’a que peu d’influence sur ce que nous voulons que soit le futur. Nous n’allons tout de même pas nous contenter du présent tel qu’il est sous pretexte que le passé était pire ?

                    Et cela dit, il faudrait être aveugle pour estimer que le passé était pire que le présent EN TOUS POINTS. Pour ce qui est de la solitude des êtres — qui est assurément une cause majeure de la détresse, voire de la misère morale — nous battons les records.

                    J’ose même dire, pour reprendre votre exemple, qu’il pouvait y avoir moins de misère humaine et personnelle dans le droit de cuissage, intégré socialement d’une façon ou d’une autre, que dans certains mariages choisis mais finalement désastreux, qui finissent dans la haine, le désespoir absolu, et le suicide...

                    Vous dites : « Lisez plus et révez moins »... Mais vous êtes parfaitement désobligeant !

                    Alors souffrez qu’on vous le suggère en retour : Lisez mieux et révassez moins !

                    Car rien dans ce qui a été écrit n’appuie ce que vous vous faites un si grand devoir de rejeter...


                    • Lepetitmarseillais (---.---.1.244) 26 décembre 2005 23:00

                      Jeremie Gatt, 26 ans

                      Bonjour a tous, amis humains

                      Je vous ecris depuis Puno, au bord du Lac Titicaca, au Perou.

                      Je suis tout a fait d’accord avec Tatiana, et c’est bien pourquoi j’ai decide d’aller voir de l’autre cote du miroir.

                      Ici au Perou, la misere materielle est a tous les coins de rue, toutefois les gens sont bien plus poses et amicaux qu’en france et en occident en general. En effet, rien n’est plus facile ici que d’etablir en quelques minutes une relation humaine, sincere et chaleureuse car tous s’interressent a l’humain. A tout prendre, ils sont souvent plus riches que nous, les blancs. Ils ont des valeurs communes et des traditions bien ancrees ( ce qui ne les empechent pas d’apprecier internet, tres repandu ici), ne connaissent pas la solitude, et voient la vie comme un cercle et non comme une ligne droite comme en occident.

                      En Amazonie, j’ai vite compris que la vie est d’une simplicite a toute epreuve car tout est la, devant nous, en nous, tout le temps. J’ai senti que je n’etais qu’un enfant de la mere nature, et qu’ainsi il est tout naturel de la respecter. La simplicite de la vie, pour beaucoup, reside aussi dans l’instint animal de se reproduire et de proteger les siens.

                      Alors, sincerement Tatiana, je suis d’accord pour dire que la societe de consommation est une aberration telle qu’elle est pratiquee aujourd’hui. Il est evident que cette societe n’a que faire du respect de la nature, et rien que pour cela, je la denigre. Il est evident aussi qu’elle nous pousse a la faute sociale (en privilegiant la satisfaction du desir a court terme), c’est a dire a l’irrespect (total) de ceux qui nous ont permis d’etre ce qu’on est.

                      En conclusion, je pense qu’il est difficile de rester humain dans un monde inhumain, qu’il est difficile d’aimer toujours son prochain quand ce dernier a oublie l’essentiel et qu’il en souffre. Comme toi, je reflechi a des solutions, je prefere l’experience au livre, et ne me prive jamais de rever.

                      Bonne annee a vous tous !

                      Jeremie


                      • jean-rémi (---.---.60.179) 27 décembre 2005 02:01

                        Sylvain, pourquoi avons-nous cette mauvaise habitude de penser par exclusion, par opposition ? Ne croyez-vous pas que cette pseudo-gymnastique intellectuelle nous embrouille plus qu’elle ne nous éclaire ? Il me semble que le texte en partage proposé ici est une approche différente, qui nous renvoie au distinguo qui existe entre désir (de consommation, souvent compulsive) et besoin (d’être). Et quel est notre but par rapport à ça ?

                        À aucun moment il n’est question de négativiser la consommation ou de prôner un communautarisme de village. Juste se poser des questions sur notre développement à marche forcée dans un monde fini. Sur le fait que nous nous trompons complètement en croyant être libres parce qu’on « décide » de consommer des biens, des humains, des animaux, comme bon nous semble. Voir à quel point nous sommes irrationnels au moment historique ou nous croyons l’être le moins. Et comment nous sommes complices de cette société du spectacle qui nous arrive, vides, parce que nous sommes tout le temps en représentation, dans une pièce qui n’est pas celle de notre propre vie. Effectivement nous ne comprenons pas que ceux qui nous gouvernent, ont eux, bien compris quel profit tirer en meublant de désirs inutiles ce théâtre d’ombres. Des polices de réassurances affectives contre la mort et la solitude. J’ai beau être informé, je n’y crois pas ? Parce que ça m’arrange ?

                        Je trouve très pertinente l’idée évoquée par Tatiana, de ce « secret », un truc tellement énorme que je ne le vois pas. Ca me fait réfléchir sur le fait que je suis, que nous sommes plus facilement prêts à nous sacrifier, non pour une haute idée de l’humain, de l’amour, du partage, sans quoi nous ne sommes rien, mais pour que le système dure, que la médiocrité (au sens de La Bruyère) perdure*. Se sacrifier avec comme seule transcendance l’utilitarisme. Alors oui, comme le chante à sa façon l’être humain, que vive Don Quichotte ! qui défie les dragons, les sorciers, les sorcières, Pour toujours au service de l’honneur... smiley

                        * Au moins dans l’Occident « riche »


                        • Sylvain Reboul (---.---.151.18) 27 décembre 2005 08:38

                          Votre position est certainement respectable sur le plan personnel et je ferais peut-être des choix éthiques proches des vôtres (privilégier le désir d’aimer et d’agir -qui pour moi sont au fondement du désir d’être- par rapport à celui d’avoir et de subir passivement les incitations au plaisir très réel de la consommation) quant à l’expression de mon désir d’être, mais vous ne pouvez distinguer sauf d’un point de vue moral personnel, toujours discutable, le besoin d’être et le désir d’avoir car pour beaucoup, sinon pour tous, la reconnaissance de soi passe par la reconnaissance sociale de la socité toute entière ou d’une minorité valorisée et considérée comme valorisante (ce que les anciens appellaient « l’honneur » dans un prespective aristocratique et héroique et ce que nous appellons « fierté » ou «  »dignité" dans une perspective plus démocratique), car la consommation fait partie pour tous aujourd’hui, et pour seulement quelques uns avant, du désir de dignité, voire de prestige ; bref du respect de soi-même ; ce qui ne dit rien sur l’usage actif personnel et ouvert aux autres ou passif et fermés sur soi que nous faisons des objets ou services que nous consommons.

                          Nous vivons dans une société qui a perdu toute référence religieuse transcendante indiscutable au salut post-mortem, laquelle permettait de conditionner (canaliser) l’expression du désir d’être et la puissance d’agir, elle est donc incapable de nous convaincre à l’abnégation ici-bas en vue du paradis dans l’au-delà ; ce que la société antérieure théocratique faisait à l’égard des plus pauvres pour les faire se résigner à la frustration, voire à la misére. L’infini du « désir de désir », ne pouvant plus se projeter dans un infini transcendant et post-mortem moralement régulateur (Dieu) collectif et consensuel est donc « condamné » à s’exprimer dans l’accroissement indéfini de la valorisation représentée de soi dans ce que nous faisons, avons ou apparaissons aux yeux des autres, comme conditioçn de la reconnaissance de soi, dans le cadre d’une égalité théorique nouvelle en droit et de droit à la dignité. C’est pourquoi, vous ne pouvez décider pour les autres ce qui peut faire leur bonheur et faire de la morale un régulateur social impératif, sinon à désirer comme réalisable une société à la fois moderne (libérale) et religieuse (communautariste ou amicale) ; ce qui est contradictoire sauf un miracle divin qui convertirait moralement et librement tous les individus à votre conception de ce que vous appellez le besoin d’être.

                          Vous ne pouvez donc pas faire de votre éthique un fondement sociétal, seul un droit libéral objectif fondé sur le droit de chacun à rechercher son bonheur sans nuire au même droit chez les autres est possible. Ce qui ne veut pas dire que vous devriez renoncer à le rechercher pour vous-même avec qui vous voulez et qui le désire, mais cela ne concerne plus la sphère de la société mais celle de votre vie privée, qu’il faut, autant que faire se peut, distinguer, privilégier et rendre la plus autonome possible par rapport à la sphère publique.

                          Désir et modernité


                        • ptityann (---.---.52.155) 27 décembre 2005 09:12

                          j’ai l’impression depuis quelques temps que le but ultime de la politique est de transformer l’homme en hybride « fourmi-mouton » : la fourmi la journée au travail et le mouton pour le reste du temps. Il nous reste encore nos sentiments, donnons leurs la place qu’ils méritent...


                          • Gérard, Henri PERTUSA (---.---.49.243) 27 décembre 2005 13:12

                            Bonjour Tatiana,

                            tout d’abord merci pour votre réponse, mais j’ai du mal à croire que vous puissiez vous sentir « particulièrement bien » dans une pareille « société de consumation » ! (je veux parler bien sûr, de la perception que vous en avez)

                            J’espère de tout coeur que vos idées ne vous consumeront pas ; c’est en tout cas mon souhait pour vous, en cette veille de nouvelle année.

                            Sincèrement

                            Gérard


                            • elsa (---.---.64.244) 28 décembre 2005 00:39

                              vide existentiel et consommation deux faces d’une meme monnaie ? Voici une des reflexions que nous propose Tatiana, et je répond oui à 110%, car si il est question de course éffreinée dans notre société, cette course, n’est autre qu’une course vers l’anéantissement de l’homme et de notre civilisation ! Nous courrons donc, et nourrissons par la même notre chute ! N’est-ce pas une aberration inconcevable « à priori » ? Et pourtant j’ai aussi la sensation très nette que l’être est délaissé au profit de l’avoir. Et je tiens à préciser ici que pour moi il n’y a pas de confusion entre « être » et « avoir », et que des thermes comme « honneur », « dignité » par exemples sont pour moi des thermes qui sont d’abord liés à un sentiment de responsabilité envers soi-même et l’autre bien avant l’aspect de reconnaissance sociale !!!

                              Cependant , dans la confusion où nous sommes actuellement, je comprend que certains comme Sylvain se sentent en danger voire agressés par le simple fait que notre société puisse être questionnée. En effet si je m’identifie à ce que je possede et non à ce que je suis, si l’on attaque ma manière de consommer on attaque ma personne ;o)

                              Je pense que si les gens sont seuls, déshillusionnés, ne communiquent c’est qu’ils sentent peut-être au fond d’eux que la consommation , les consommations, ne suffisent pas à nourir l’essentiel. Oui, cette société va à volo, et ce ne sont pas les outils technologiques qui sont ici remis en cause, ni le progres mais ce que nous en faisons « in fine » ; ils passent donc de l’état d’outil à un but en soi. Et dans le contexte actuel, où les sentiments font peur, où le fait même de parler à l’autre dans le métro ou dans la rue devient incongru (nous le vivons tous les jours n’est-ce pas ? ), nous remplacons les sentiments par des injections de somniferes et autres anésthésiants. La question que je me pose c’est jusqu’où la société peut-elle aller à ce rythme là et comment l’arreter ? il ne peut s’agir que d’une prise de conscience individuelle, et donc cela renvoie chacun face à son propre comportement dans son travail, au sein de sa famille , avec ses amis, et je pense que c’est pour cette raison que cette reflexion si limpide que nous a offert Tatiana dérange certains d’entre nous. Peut-être d’avantage encore en ces periodes de festivités où beaucoup de non dits dans les familles refont surface par exemple car on se retrouve tous ensemble.

                              Nous avons tous , je l’espere , goûté à la simplicité de moments rares et uniques dans une vie, ce que j’appelle pour ma part « l’essentiel » et qui ne sont ni quantifiables, ni mesurables, ni consommés mais que l’on a partagés, goutés, intensément, amoureusement, que ce soit un livre qui nous a éclairé de ses lumières, une soirée entre amis au coin du feu, ou un coup de foudre pour un tableau, la Callas chantant Norma.... à chacun ses souvenirs, mais ils sont de l’ordre de la grâce, de la beauté, de la poésie et je trouve pour ma part qu’aujourd’hui qu’ils sont trop souvent mis de côté. Ne les oublions pas...

                              De plus l’état catastrophique de notre société, de notre planète et les exclusions grandissantes me montrent tous les jours que sans la solidarité et la fraternité nous mourrons à nous même. Elsa

                              « Il est grand temps de rallumer les étoiles » Guillaume Appolinaire


                              • Sylvain Reboul (---.---.188.176) 28 décembre 2005 09:48

                                Le condamnation moraliste de notre société refuse, au fond, la liberté de se faire plaisir comme bon nous semble

                                Démonstration :

                                Rien n’empêche personne chez nous de faire l’amour ou de cultiver l’amitié à sa mesure ; ni d’écrire des poèmes ou faire de la musique, voire de publier ses oeuvres sur le net ; aucune société n’a été si libérale sur les questions de l’art, der la vie privée, même s’il reste quelques poches de resistance traditionaliste (homoparentalité par exemple). Les gens ne sont pas dans leur grande majorité victimes passives (quel mépris du consommateur !) de la publicité mais en jouent dans le cadre d’une stratégie personnelle de représentation de soi, d’autant plus que la publicité est diverse et concurrentielle. Elle mélange les styles et les références symboliques (la plupart des objets de consommation sont surdéterminés symboliquement et esthétiquement). Ceux qui refuse de jouer ce jeu peuvent le faire ; aucun tribunal ne les sanctionnera ; mais je ne vois pas au nom de quelle morale répressive et abstinente ils condamnerait la société de rendre ce jeu possible pour ceux qui l’aiment (la grande majorité) et/ou au nom de quoi ils déclareraient malheureux la grande majorité de ceux qui ont passés ces jours derniers à se faire plaisir ainsi que leurs proches à participer au grand jeu de la consommation pour renforcer leur rapports et témoigner de leuyr affection.

                                Les romains affirmaient que le peuple voulait du pain et du cirque et ils avaient raison car le cirque ou le théatre n’ont rien de méprisables si ce n’est pour les moralistes étroits. ce qui est inhumain c’est le pain sans le cirque ou le théatre de la représentation de soi.

                                Le vrai problème est ailleurs : il est dans le fait qu’une toujours trop grande majorité est exclue du jeu social de la reconnaissance plus ou moins personnalisée de soi..

                                Qui a peur de la consommation a peur liberté de se faire du bien sans faire du mal aux autres. « Cachez ce sein que je ne saurais voir ! »

                                Plaisir et bonheur


                              • Philippe Martin, Montréal (---.---.225.215) 28 décembre 2005 13:00

                                je partage ta réflexion et je me pose aussi les mêmes questions. Il semblerait que nous sommes engagés dans le cycle effrené du « je dépense donc je suis ».


                                • Sylvain Reboul (---.---.151.223) 29 décembre 2005 08:53

                                  Si la consommation est un bien en tant qu’elle confère au sujet un liberté de choix et un plaisir lié à la valorisation de soi, seul son mauvais usage (excessif) peut devenir un mal.

                                  Or ce mauvais usage procède non de la société mais du sujet lui-même incapable de maîtriser son désir d’être. Cette dépendance vis-à-vis de la consommation compulsive est une maladie en effet(addiction) et cette maladie ne procède pas de la consommation elle-même mais de la consumation du sujet piége par son propre désir maladif d’ objets symboliques transformés par son trouble en fétiches idolatrés dont il croit que sa vie dépend. Il s’agit d’une maladie individuelle dont les causes ne sont qu’indirectement sociales , car elles sont principalement liées à l’histoire individuelle du sujet. Cette maladie ne peut être traitée que par une approche psychologique et philosophique et non pas politique. Il s’agit d’apprendre la sagesse (« Rien de trop ! »), à savoir la connaissance de son désir authentique , condition du bonheur, à savoir se valoriser en devenant plus sage et maître de soi. Cela vaut pour tout désir : il faut apprendre à se raisonner dans l’expression de son désir d’être et d’agir et à ne pas croire que le mieux-vivre peut venir d’ailleurs que de soi-même. Encore moins de Dieu que des produits de consommation.

                                  Dans une société libérale, il est d’autant plus indispensable d’éduquer et de s’éduquer à l’autonomie et cette éducation passe par le refus de croire aveuglement que le bonheur dépend principalement de l’extérieur ou de la politique, mais que celui-ci oblige à un travail de réflexion sur soi-même, dans son rapport aux objets, aux autres et à soi. Encore faut-il que l’exigence de justice sociale soit politiquement prise en compte, c’est à dire que la société soit plus libérale ensore qu’elle ne le prétend..

                                  Plaisir et bonheur


                                  • jmfa (---.---.105.207) 30 décembre 2005 22:30

                                    Bonjour Monsieur le philosophe,

                                    J’ai fait un tour sur votre site. Bon, y’a pas photo, on sait pour qui vous roulez. Je plains vos étudiants ! Je pense que le meilleur d’entre-eux doit toujours avoir des notes proches de 0 !! Atlantiste, atlantiste ... les plus fous parmi les fous ... Partons en croisade pour le libéralisme, et si les gens refusent, on va leur imposer à coup de guerres. La vérité viendra d’elle-même, et dans votre abîme, vous-même disparaîtrez. Je n’ai pas de sympathie pour ces gens qui veulent entraîner dans leur folie les autres.

                                    Pas cordialement du tout

                                    jmfa


                                  • jmfa (---.---.105.207) 30 décembre 2005 21:00

                                    Bonjour Tatiana ... 100% d’accord !! Pour ce qui est du libéralisme, et je vois que l’on parle par ailleurs de philo ou de psycho ... et bien les libéraux sont fous. Et comme tous les vrais fous, ils s’ignorent et sont particulièrement dangereux. Je vois ici un fou qui cite d’abord le rapport à l’objet avant de citer le rapport à l’autre. L’objet ne peut être que fonctionnel, n’étant pas un but. Alors les libéraux disent que ceux qui doivent être le mieux rémunérés et donc accéder à plus de biens (en l’occurence, c’est vraiment beaucoup plus ... comme dans une société féodale) sont ceux qui apportent le plus à la société !! tiens tiens ... méditez là-dessus, ça en vaut la peine. Pourquoi devrait-on avoir plus que l’autre ?? yarff, pour se faire plaisir ... pour les biens (yarff !)ben voyons, surtout si l’on marche sur les pieds du voisins (la concurence, milieu où se délectent les fous) pour avoir encore plus. Perso, je vis dans la même société que Tatiana et je suis fatigué que les fous, les plus nombreux, pensent avoir raison : le libéralisme est un dogmatisme très particulier. Le plus grand danger dans lequel la société s’est enfermée. Le marché, c’est le marchez sur les pieds, soyez le meilleur (au détriment de l’autre) et au bénéfice de la posséssion. Yarff, en parlant d’avoir, beaucoup de psy d’ailleurs sont aussi fous que les autres et deviennent par leur conditionnement les chantres de la société de consommation : si vous êtes pas bien dans cette société mon bon monsieur, c’est de votre faute, la société n’a rien à voir là-dedans ... Ben voyons, même le système bancaire est privé. L’état n’a même plus depuis longtemps le seul moyen dont il disposait pour tenter de réguler la société. Et les banquiers, qui ne sont pas cités parmis les hommes les plus riches (on préfère citer des Bill Gates ou autres, ceux qui « ont réussi » ...) sont beaucoup plus riches que ces personnes les plus riches du monde. Comprenez-vous la contradiction flagrante d’un système libéral que l’on voudrait en plus humaniste ?? Pour intégrer ce genre de chose, il faut un travail en profondeur sur soi (et sans regarder son tout nouveau téléphone portable siouplais) Le féodalisme moderne est le libéralisme !


                                    • Jean-paul (---.---.62.242) 3 janvier 2006 17:17

                                      Bonjour à tous et respectueuse inclinaison envers vous Madame,

                                      qui gracieusement proposait une réflexion sur l’essentiel, sur le sens de la vie.

                                      D’après ce que je comprends, vous n’étes pas contre la consommation, mais pour la véritable Consommation, celle qui mène à l’accomplissement, à l’achèvement de l’être humain.

                                      Reconnaître et distinguer ce qui favorise le libre envol, aide à « mener à sa fin »,«  à son terme » la destinée humaine, du non-choix conditionné qui «  détruit » l’humanité et l’entraîne dans sa chute.

                                      Est il inexorable que notre société accepte, voire réclame cette occupation de nos esprits qui nous contraint à préférer le faux, l’ersatz à l’authentique ? Y a t’il quel que chose qui puisse remplacer l’essentiel ? Évidemment non. D’où le tour de passe-passe de décréter archaïque toute référence à la transcendance, de ridiculiser la notion d’essentiel, d’essence. Après cette évacuation, tout sonne faux, mais quand il n’y a plus qu’un seul son de cloche toute manipulation est possible, la place est libre pour les désenchanteurs, chantres de l’inessentiel. Ce n’est plus de cloche dont il s’agit, mais peut être de trompettes, celles des hérauts qui annoncent l’arrivée de Sa Majesté Consommatrice. Jéricho ne semble plus si lointaine.

                                      Que peut attendre une société qui n’a plus qu’un seul modèle à proposer et à transmettre aux futures Générations : consomme toujours plus sinon tu n’est rien ?

                                      Le modèle ou plutôt le moule dans lequel la société dite de consommation nous presse de toute part d’entrer ( pour notre plus grand bien) est comme un plat dans lequel on étale les aliments avant de les faire cuire, c’est pour mieux nous consommer en nous consumant. En acceptant de devenir des consommateurs fabriqués, formatés, je et nous, utilisons les choses et le monde comme un produit à usage unique, vite usé, dévalorisé, bon à jeter. Symétriquement, semblablement, je et nous acceptons de devenir des choses à usage unique sans devenir, sans horizon, atteint de consomption. Sans crainte de me tromper, je préfère devenir un fou et apprendre à ne pas me laisser consumer par l’inessentiel.


                                      • jm (---.---.177.37) 10 janvier 2006 19:23

                                        Ce que constate et décrit fort justement Tatiana n’est que la réalité de ce que chacun peut voir, observer et vivre. Comme le dit quelqu’un qui nous a aimé et tenté de nous apprendre à aimer : que celui qui a des oreilles entende et que celui qui a des yeux voit.

                                        Ils périrent tous de mort violente dans une catastrophe - et furent très surpris de se retrouver dans un monde qui ressemblait beaucoup à celui-ci. Rien n’y manquait : tous les aménagement nécessaires, toutes les formes d’amusements concevables. Ils furent stupéfaits d’apprendre qu’ils se trouvaient en Enfer. Ceux qui désiraient vivre des vies excitantes furent comblés. Ceux qui voulaient de l’argent en eurent autant qu’ils voulaient. Les ambitions de toutes nature étaient satisfaites. De nombreux démons étaient de service auprès d’eux qui les aidaient à faire tous ce qu’ils avaient envie de faire. Un jour - que l’on appela par la suite « le jour des doléances » - certains des habitants de ce monde vinrent trouver le commandant des démons : « Nous vivons une vie merveilleuse, lui dirent-ils : fêtes, richesses, expériences excitantes. Mais nous avons en même temps l’impression que quelque chose en nous se dessèche et dépérit, que personne n’éprouve plus pour personne la moindre sympathie, que nous perdons les biens qui viennent à nous si facilement...
                                        - Eh oui ! fit le démon : c’est l’enfer, n’est-ce pas ? » Idries Shah : Chercheur de vérité.


                                        • Les Humains Associés (---.---.240.116) 26 janvier 2006 18:47

                                          Presque tous éprouvent la nette impression que quelque chose est en train de dépérir, de se dessécher en eux, que les vrais rapports humains deviennent quasi inexistants. À la veille d ?une nouvelle année je réfléchis, les neurones tourbillon...

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