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Accueil du site > Tribune Libre > Sur « Si c’est un juif » d’Adrien Barrot

Sur « Si c’est un juif » d’Adrien Barrot

Le regard d’un homme sur le meurtre d’un juif.

Si les événements horribles du siècle dernier et ceux que nous connaissons encore de nos jours suscitent naturellement une profonde angoisse et une vive douleur, la simple expression de cet émoi n’en risque pas moins de nous laisser dans un aveuglement dommageable. A l’autre extrémité de cet émoi, la prétendue objectivité des sciences sociales et des sciences historiques qui se font fort de présenter les « faits » indépendamment des « valeurs » a toutes les chances de se révéler complètement vide. Ces sciences sociales devraient pourtant s’inquiéter de ce qu’au nom de cette même objectivité, quelque homme politique s’autorise à parler de « détails » de la seconde guerre mondiale ou « d’incident » du 11 Septembre 2001, comparant ce qui est incomparable à la lumière ou à l’ombre égale et sans relief du nombre. Au nom de cette même objectivité, il ne serait pas difficile de trouver qu’Adrien Barrot nous gratifie de beaucoup d’inquiétudes pour le meurtre d’un seul juif. Mais en vérité, le dernier livre d’Adrien Barrot est l’exemple rare et précieux d’une intelligence pleine d’âme ou d’une âme qui n’est pas oublieuse d’elle-même lorsqu’elle porte son regard sur les « faits », précisément parce que les faits, dans les choses humaines, ne sont jamais sans lien avec les « âmes ». Ainsi, l’écriture de ce livre « s’efforce de dominer un choc dont elle ne peut ni ne veut effacer l’impact. Ainsi seulement s’explique et se justifie sa véhémence. »
Ceci ne veut évidemment pas dire que nous devons nous accorder avec tout ce qu’avance Adrien Barrot, mais cela fixe les exigences minimales d’une critique sérieuse.

Dans cette courte recension, nous voudrions principalement insister sur la dimension essentielle de ce livre, dans la mesure où cette dimension est simplement suggérée par son titre. Si c’est un juif nous rappelle naturellement Si c’est un homme de Primo Lévi, mais ce renvoi, cet écho déformant n’est évidemment pas une simple fantaisie de l’auteur et doit dès l’abord nous donner à penser. Que se passe-t-il lorsque Adrien Barrot remplace l’homme par le juif, sur quel problème veut-il nous alerter de manière immédiate ? Y aurait-il une difficulté entre le fait d’être homme et le fait d’être juif, ou même, y aurait-il une différence essentielle entre l’homme et le juif ? Si c’est un juif, alors ce ne saurait être vraiment un homme ?
Il ne faut pas s’y tromper, Si c’est un juif est un titre qui recèle de la violence, dans la mesure où les questions effroyables et insensées qu’il nous impose à demi-mot nous renvoient à la plus violente barbarie. Mais pourquoi Adrien Barrot nous renvoie-t-il à cette violente barbarie qui est toujours dans nos mémoires et qui ne peut que réveiller nos souvenirs endoloris ? Ne sommes nous pas continuellement nourris de cette mémoire, ne sommes nous pas même fatigués de cette « industrie de la mémoire » ?
Mais c’est précisément la mise question de cette mémoire qui est en réalité nécessaire lorsque se manifeste notre incapacité à reconnaître l’horreur qui émerge sous nos yeux. Si c’est un juif nous renvoie à la plus violente barbarie parce que notre « mémoire » de celle-ci est tout simplement incapable de voir dans notre situation présente un terrain particulièrement propice à sa croissance. Si c’est un juif est l’écho déformant rendu nécessaire pour une mémoire déformée.
Le sous-titre du livre - « Réflexions sur la mort d’Ilan Halimi » - nous place, de fait, dans l’actualité du problème. Mais il ne s’agit pas non plus, pour l’auteur, de mener une réflexion sur l’antisémitisme « en général » afin d’expliquer le meurtre perpétré par le gang des Barbares. Cette réflexion est nécessairement présente, mais elle ne se détache jamais du contexte qui la motive, c’est-à-dire de notre contexte. « L’écriture est ici au service de l’élucidation », et l’élucidation dont il est question est celle des conditions socio-politiques où apparaît non seulement ce meurtre, mais aussi un ensemble de comportements, d’événements, de discours politiques ou intellectuels ouvertement hostiles aux juifs. C’est donc l’état inquiétant de notre société qui est avant tout analysé.

Le livre d’Adrien Barrot est l’expression politique de l’effroi suscité par le meurtre d’Ilan Halimi. Dans l’introduction de son livre, il laisse entendre que cette expression littéraire était d’autant plus nécessaire que l’expression citoyenne avait fait défaut à la suite des événements de Février 2006. Il y eut bien une manifestation après le meurtre d’Ilan Halimi, mais cette manifestation n’a pas été, comme elle aurait du l’être, citoyenne : elle fut juive. Il y eut bien un geste du président de la République, mais ce fut un geste pour les juifs. Il ne faut donc pas se tromper sur l’intention d’Adrien Barrot. Aussi concerné se montre-t-il par le problème juif, la dimension essentielle de son livre est politique et humaine. Nous savons tous que la différence entre l’homme et le juif est purement et simplement inepte et fatalement dangereuse. Dangereuse, parce que la haine des juifs joue facilement un rôle central lorsque le tissu social d’un nation se dégrade de façon dramatique. La mémoire archétypale des représentations anti-juives qui sourdent dans les bas-fonds de la société a malheureusement plus d’efficace que notre mémoire humaniste et cultivée. Mais si nous savons cela, nous comprenons peut-être moins toute la responsabilité politique impliquée dans cet état de fait. En « manifestant » sa compassion aux juifs, le président n’a-t-il pas, d’ailleurs, précisément déresponsabilisé la République ? Et en se déresponsabilisant, celle-ci n’a-t-elle pas fait la plus discrète, mais également la plus lourde des concessions aux barbares ? Cette république est suffisamment intéressée par la montée de la violence pour en faire le cœur d’un programme présidentiel, mais elle ne voit pas que le meurtre d’un juif en tant que juif relève d’autre chose que de la violence « ordinaire ». Elle ne comprend plus que son rôle n’est pas simplement policier ou administratif, et qu’un rôle au moins tout aussi important lui revient de toute urgence : celui d’être la conscience humaine de la Nation, ce qui n’est évidemment pas sans lien avec le problème de l’éducation. Le livre d’Adrien Barrot n’est donc pas à mettre au rang des complaintes juives. Rien ne serait plus préjudiciable à son livre que de le comprendre ainsi, et lui-même en avertit clairement son lecteur. Il s’agit de déceler les causes profondes et les significations politiques du meurtre d’un homme parce que celui-ci était juif. Il est un appel éclairé à l’homme et au citoyen : « L’inquiétude qui s’exprime ici ne peut ni ne veut découler que du malheur juif. Il ne faut pas, en effet, dissocier le malheur juif du malheur général. Ne serait-ce que parce que cette dissociation des Juifs et du monde n’est d’abord pas autre chose que l’opération même de l’antisémitisme et qu’elle n’est, à ce titre, que l’expression démente d’un malheur généralisé. »

Tel est l’éveil de notre conscience politique que peut et veut provoquer le livre d’Adrien Barrot. Ce simple fait justifie l’intérêt que nous devons prendre à ce livre, qui pour le reste étaye et justifie ces intuitions par une réflexion remarquablement sensible, claire et informée sur notre situation politique, l’histoire et la philosophie. Peut-être son verdict nous paraîtra-t-il excessif, mais son appel restera quoi qu’il en soit légitime. Il y a un très beau poème de Yehuda Halévi qui commence par ces vers :

« Mes pensées ont pesé mon trouble

Il est lourd comme le sable de la mer ou comme ma faute. »

Si c’est un juif nous force à peser notre trouble avant qu’il ne devienne notre faute.


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47 réactions à cet article    


  • re:BBC reporter Jane Standley (---.---.113.30) 2 mars 2007 14:24

    « « d’incident » du 11 Septembre 2001 »(« Sur »Si c’est un juif« (..) » par Louis Adrien, vendredi 2 mars 2007, Tribune Libre )\WTC7 :Deux bureaux avec des lampes brûlantes et l’agent immobilier Silverstein approuve :« Détruisez le Salomon Building »(WTC7) « avec des matières explosives ».


    • Senatus populusque (Courouve) Courouve 2 mars 2007 14:43

      Il faudrait cesser de distinguer à l’excès entre les crimes racistes ou antisémites et les autres crimes.

      Comme disait Albert Camus, « tous les bourreaux sont de la même famille ».

      L’histoire des juifs doit entrer enfin dans le droit commun de l’histoire des hommes. Il faut abroger la contre-productive loi Gayssot et son privilège d’incontestabilité.


      • Louis 2 mars 2007 17:41

        J’avoue ne pas comprendre si votre première remarque n’est qu’une précaution pour ne pas dire « indistinguons tous les crimes », ce qui semble votre opinion, étant donné votre citation de Camus. Quant à cette citation elle-même, je pourrais toujours demander : à partir de quand devient-on un bourreau ? Votre commentaire deviendrait peut-être intéressant si vous pouviez être un peu plus précis. Car pour le reste, je ne vois pas en quoi votre commentaire commente quoi que ce soit de mon texte, pour ne pas dire que mon texte répondait déjà à un tel type « d’objection ». Bien à vous, A.Louis


      • Senatus populusque (Courouve) Courouve 2 mars 2007 18:24

        Avez-vous connaissance des représentations juives relatives aux non-juifs ?

        Il y a un fameux sketch de Pierre Desproges à ce sujet.


      • Senatus populusque (Courouve) Courouve 2 mars 2007 18:19

        Ne mettons pas toute la civilisation occidentale en accusation à cause du meurtre commis par Fofana.


        • Louis 2 mars 2007 19:24

          Encore une fois, je ne vois pas en quoi cela commente quoi que ce soit de ma rencension, qui ne ressemble pas à une accusation de la civilisation occidentale, ni à une lamentation juive, mais qui essaye simplement de présenter un livre qui fait appel à notre conscience politique - c’est à dire, un livre qui n’est pas une lamentation juive ni une accusation de la civilisation occidentale, civilisation que seul un esprit très étroit et amoureux des hyperboles songerait à réduire à quelques événements « dramatiques ». Mais puisque votre sagesse allusive vous met au dessus du dialogue, je ne vois aucune raison d’insister. Bien à vous, A.Louis


        • (---.---.34.244) 2 mars 2007 21:46

          Je vous rappelle qu’au même moment de l’assassinat du jeune Halimi, un employé de chez Peugeot s’est fait aussi sequestré et assassiné et cela, dans l’indifference la plus totale. D’ailleurs, êtes vous vous même au courant ?


          • citadelle (---.---.126.142) 3 mars 2007 07:07

            Les journaux et les journalistes sont toujour là pour la judéomanie où les propagandes

            Un petit rapelle http://judeomanie.blogspot.com/search?q=Daniel+Schneidermann


          • Louis 3 mars 2007 11:28

            J’ose espérer que cet homme n’a pas été tué au nom d’un anti-peugeotisme. Mais vous avez raison, il y a beaucoup de choses effroyables. Est-ce que j’ai mis cela en question ?


          • zonek (---.---.41.113) 3 mars 2007 03:58

            Je ne connaissais pas l’existence de ce livre mais je me le procurerai.

            Ne soyez pas décu par certaines réactions. Elles ne sont pas seulement a l’image du déclin intellectuel ambiant qui interdit toute pensée nuancée, mais également a cette espece de ras-le-bol du rappel de l’holaucauste, taxé de systématique, relayé par des organisations virulentes tres actives sur internet. Le site Google, qui indexe tous ces articles nauséabonds a l’aide de mots clés, joue a son insu un role central dans la généralisation de ces idées malsaines.

            Encore aujourd’hui, on a pas tiré les lecons politiques de cette affaire.

            Je souscris tout a fait a vos commentaires sur les maladresses des responsables politiques, qui ont en voulant montrer leur solidarite vis a vis de la communaute, n’ont pas vu qu’ils otaient a cette affaire son caractere de barbarie universelle contre tous, puisque l’antisémitisme, comme tous les racismes, est l’affaire de tous. Et je dirais meme que le rapatriement du corps d’Ilan Halimi en Israel a achevé cet enfermement au sein d’une communauté, comme si ca n’etait plus l’affaire de la France en quelque sorte. Pourtant c’est bien un Francais qui est mort.

            Une autre chose qui m’a frappé dans cette affaire qui a mis en cause une vingtaine de personnes, c’est l’extraordinaire diversité des origines de tous ceux qui ont été a un moment ou a un autre, les acteurs de ce drame : des geoliers aux bourreaux, en passant par les fameux appats, on entend des origines aussi variées que la Martinique, l’Iran, le Portugal, la Bretagne... En imaginant une seconde que ces personnes aient monté un projet économique, ouvert une pizzeria, on se serait ému de cette si grande diversité au service d’une bonne cause.

            Alors quel effroi de découvrir que le ciment de cette alliance, c’etait la pire forme d’antisémitisme, celle qu’on ne voit pas, cachée par les préjugés banals (« juifs donc riches »), bref le nouvel antisémitisme meme pas revendiqué par la plupart des protagonistes, a part leur chef.


            • Louis 3 mars 2007 11:22

              Je ne puis que vous remercier pour vos remarques si justes et qui ne manquent pas de me toucher. Il va de soi que les informations que vous ajoutez sont mentionnées dans le livre. Bien à vous, A.Louis


            • jltisserand (---.---.166.170) 3 mars 2007 08:28

              Le sens du debat m’echappe. Dois-je comprendre que le meurtre de’Ilan Halimi est un crime antisemite ? qu’il ne s’agirait d’un crime crapuleux que s’il se fut agit d’un .... Espagnol ou d’un Italien ?

              Quelle que soit la nationalite, la couleur l’origine ethnique ou les racines je n’y vois que l’incommensurable betise (je reste poli) de l’homme (homo sapiens) comme il en existe dans toutes les communautes, capable de tous les horreurs pour se faire du fric facile.


              • Louis 3 mars 2007 11:10

                Merci pour votre remarque qui me permet d’éclaircir un peu les choses. Il ne s’agit évidemment pas de dire que le meurtre d’un juif est plus important que le meurtre d’un français, d’un espagnol ou, en somme, d’un autre homme. Cela doit être clair, et il va de soi que je ne peux affirmer (pas plus que l’auteur du livre) dans le même souffle qu’il ne faut pas distinguer les juifs des autres hommes et qu’il faut pourtant pleurer un juif plus qu’un autre homme. Vous posez la question, « est-ce que le meurtre d’Ilan Halimi est un crime antisémite alors qu’un autre crime ne serait »qu’un« crime crapuleux ? Je puis essayer de vous répondre qu’effectivement le crime d’Ilan Halimi était vraisemblablement antisémite mais que votre dissociation antisémite-crapuleux, dissociation qui a été faite très rapidement par les médias, n’est pas forcément la plus juste. Parce que précisément, l’antisémitisme, et la manifestation violente de l’antisémitisme, est toujours lié à la crapulerie - pour des raisons sociales plus ou moins évidentes, ce que le livre d’Adrien Barrot montre tout à fait clairement. Donc, le meurtre d’un juif n’est pas plus grave que le meurtre d’un homme, mais le meurtre d’un juif motivé par des représentations antijuives signifie (et le mot »signifie" est ici le seul important) quelque chose, je crois, de différent que le meurtre d’un homme par un détraqué mental, par exemple. C’est cette différence qu’il faut essayer d’interroger, et sûrement pas d’aplanir sans une réflexion préalable, ou de rejeter par un geste fatigué - et en partie légitimement fatigué. Je suis un peu inquiet de la pensée qui s’est exprimée immédiatement dans ce débat, selon laquelle un crime raciste est un crime comme un autre. Je veux dire, ce qui est en jeu, il me semble, c’est la signification de tels crimes dans le contexte de notre société qui se dépolitise de plus en plus et où des rapports de plus en plus brutaux entre les hommes ont cours. Si dans ce contexte de plus en plus violent des représentations antijuives ou racistes refont surface, je crois que vos m’accorderez que le problème n’est plus celui du fait divers, dans la mesure où les conséquences de ces représentations peuvent être extrêmement dramatiques. Donc, il faut élargir la perspective si je puis dire, et voir dans un crime antisémitisme, comme le passage du livre que je cite, une expression, parmi tant d’autres, du malheur généralisé. J’espère que cela éclaircira un peu l’enjeu du débat. Bien à vous, A. Louis


              • siriel (---.---.115.55) 3 mars 2007 11:30

                Même si je ne doute pas une seconde que dans son livre, Monsieur Barrot fasse preuve d’une grande finesse d’analyse, j’avoue ne pas bien saisir le projet à la base d’un tel ouvrage... Si, pour vous citer « la différence entre l’homme et le juif est purement et simplement inepte et fatalement dangereuse », pourquoi alors s’intéresser à ce que vous nommez encore « le problème juif » ? Si cet ouvrage traitait du versant sociologique ou d’historique de cette question, aucune précaution ne serait nécessaire, en effet, pour utiliser le terme de « Juif » (avec une majuscule de surcroit, comme le fait Monsieur Barrot), pour désigner simplement un ensemble de représentations historiquement, factuellement constatées. Cependant, vous dites que l’auteur assumeson détachement vis à vis de ces sciences, et de leur pseudo-objectivité...Mais dès lors que le regard posé sur ce sujet est celui d’un philosophe, le thème même de l’ouvrage me semble beaucoup plus problématique. Je ne poserait pas la question des valeurs comparées de l’objectivité et de la subjectivité, mais simplement celle de l’enjeu d’un tel ouvrage ? Cherche-t-on ici à être délibéremment paradoxal, afin d’exhiber l’absurdité des « traitements » infligés aux juifs au cours du XXème siècle, comme le firent certains auteurs à la fin de la Seconde Guerre mondiale ? Positionnement un peu facile et trop peu conséquent pour nécessiter un livre entier...J’en doute. Ou bien, peut-être s’agit-il d’un tiraillement moral individuel que l’auteur dévoile ? Mais dans ce cas il ne s’agit plus d’un ouvrage de philosophie... Le positionnement de ce livre, d’après vos propos, me semble tout à fait juste. Ne pas « dissocier le malheur juif du malheur général » une idée tout à fait éclairée et républicaine. Mais alors, il ne me semble pas légitime de déplorer le fait que les manifestations d’indignations à la mort d’Ilan Halimi aient été juives et non pas citoyennes. Souhaiterait-on qu’à chaque crime commis, la nation entière aille de Denfert à République crier son désaroi ? Ou bien que personne ne doive se sentir indigné, en apprenant les actes barbares relatés dans les faits divers ? Il convient de ne pas oublier que de tels mouvements de foule ne sont pas le fait de l’Etat, mais d’une communauté d’individus, qui se sont reconnus, se sont sentis menacés, par le récit du sort d’un homme qui leur ressemblait. Qu’un contrôleur de la SNCF se fasse crapuleusement descendre dans un train, et se seront ses pairs qui descendront dans la rue. Mais cela n’empêchera pas l’ensemble des français de réaliser, moins épidermiquement peut-être, la situation dans laquelle se trouve leur pays. Finalement, pour en revenir à la question principale que je souhaitez vous poser, Monsieur Barrot parvient-il à une conclusion unifiée au terme de son ouvrage ? Et si oui, n’est-elle pas en contradiction avec sa thèse de départ ?


                • Briseur d’idoles (---.---.168.138) 3 mars 2007 12:42

                  « La victime absolue » ! smiley


                  • siriel (---.---.115.55) 3 mars 2007 14:20

                    Face à l’absence (provisoire je l’espère) de réponse, je vais écouter une émission passée ce matin sur France Culture, avec Adrien Barrot. Je vous invite à faire de même, cela me semble être un bon complément à la recension de Monsieur Louis.

                    http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/repliques/index.php


                    • Louis 3 mars 2007 20:45

                      Tout d’abord, votre commentaire me permet de revenir ou de préciser le sens d’une phrase de ma recension, phrase que j’aurais d’ailleurs voulue modifier. Les sciences sociales que je récuse vise, disons, une certaine tendance à la statistique, au nombre, et aux faits dépourvus de leur signification dans l’horizon des choses humaines. Je crois que parler de tout ça nous mènerait trop loin de notre propos actuel, mais je tenais à faire cette précision. Il va de soi que je ne récuse pas l’utilité de la sociologie et de l’histoire, ce qui serait évidemment insensé. Surtout, cela n’engage que moi et non Adrien Barrot. Vraiment, je n’ai jamais dit que « l’auteur assume son détachement vis-à-vis des sciences », c’est là m’interpréter très largement, et rien dans le livre d’Adrien Barrot ne permet d’affirmer cela. L’introduction de mon texte est, si vous voulez, très, trop personnelle. Je n’ai pas dit non plus que le regard d’Adrien Barrot était celui d’un philosophe, et le titre de ma recension n’est pas complètement arbitraire ni une simple enjolivure. Je crois qu’exhiber les « traitements » infligés aux juifs ne relèverait effectivement non pas seulement d’une facilité mais aussi d’un goût macabre. Néanmoins, comprendre pourquoi, comment nous avons pu en arriver là, mis à part que cela « présuppose » que la négation d’un peuple par le recours à une idéologie « scientifique » et l’extermination de ce peuple par l’emploi de la « technique » (technique congénitale au projet des Lumières) a quelque chose de puissamment terrifiant, cela ne me semble pas trop indigne d’un philosophe. Autrement dit, je crois que la Dialectique de la Raison (Dialektik der Aufklärung) d’Adorno et Horkeimer, aussi contestable voudrions-nous la trouver sur certains points, n’en est pas moins un livre important et raisonné. Maintenant, pour tenter de vous répondre quant au but de l’ouvrage, il me semble l’avoir exprimé avec toute la clarté nécessaire : c’est un appel à la conscience politique. Si je - ou Adrien Barrot, je pense - m’intéresse au problème juif, c’est que ce problème existe manifestement, et je ne vois pas trop quoi vous répondre. Pour la majuscule, la question est, je crois, de savoir si les juifs forment une nation ou non, avec tout ce que cela implique - le livre d’Adrien Barrot, pour autant que je sache, met l’accent sur le problème avec prudence et ne décide pas de la question. Mais encore une fois, mon propos était de dire : aussi concerné Adrien Barrot se montre-t-il par le problème juif, ce n’est pas l’essentiel du livre. Pour répondre à votre question : est-il contradictoire de regretter une manifestation communautaire lorsqu’on reconnaît, en même temps, qu’un meurtre antisémite est indissociable du malheur en général ? Encore une fois, je suis très inquiet du fait que personne ne semble trouver de sens à la distinction entre ce qui est impliqué par un meurtre perpétré, entre autre, par des représentations antisémites ou racistes, et le meurtre qu’un délinquant commet à un moment donné sous le coup d’une impulsion, ou qu’un détraqué projette arbitrairement. Le meurtre d’Ilan Halimi a été prémédité parce que le cerveau des Barbares avait une certaine représentation des juifs. Je vous invite à répondre en toute clarté à la question suivante : tous les crimes sont-ils identiques, c’est-à-dire, un crime commis impulsivement est-il identique à un crime prémédité selon certaines représentations. Et ensuite, ces crimes signifient-ils la même chose au vu de l’état de notre société ? La crapulerie, la délinquance « pure et simple » est-elle la même chose que la délinquance motivée par le racisme ? Enfin le rôle de la nation, de toute la Nation - ce que j’appelle la conscience humaine de la nation - ne doit-elle pas s’alarmer que de telles choses soient de nouveau possible, quand on sait ce qui peut en dériver ? Ce n’est pas pour manifester son soutien aux juifs que la Nation devait se rassembler en Février 2006, pas plus que c’est pour manifester son soutien aux conducteurs SNCF que nous devrions manifester si ils devenaient la cible de crimes récurrents. C’était pour manifester que notre conscience humaine était choquée du fait que des représentations si lourdes de significations puissent encore servir pour des crimes. Et ce quand notre mémoire du passé se réclame du plus serein savoir. Voila la seule question qui me semble importante de débattre. Dans l’attente de votre réponse, et en vous remerciant d’avoir signalé le lien, je vous suis, A.Louis


                    • Briseur d’idoles (---.---.168.138) 3 mars 2007 19:57

                      Je pensais qu’une vie égalait une autre vie...

                      Mais je constate qu’il y a des vies infiniment plus importantes que d’autres !

                      Si ce n’est pas du racisme ça !!!


                      • Crazy Diamond (---.---.96.116) 3 mars 2007 20:16

                        en tout cas Dieudonné s’est fait aggresser pour ses actes à la martinique, violence gratuite n’est ce pas ? je trouve plus grave que le printemps se fasse geler au mois de mars, rien à voir m’enfin ne perdons pas pied !


                      • Louis 3 mars 2007 20:51

                        J’ai écrit ci dessus : « Il ne s’agit évidemment pas de dire que le meurtre d’un juif est plus important que le meurtre d’un français, d’un espagnol ou, en somme, d’un autre homme. » Votre propos est donc une diffamation.


                      • Briseur d’idoles (---.---.168.138) 3 mars 2007 20:23

                        Peut-on encore penser sans que cela soit à travers les Juifs ?

                        Pouvons-nous encore dire non à nos maîtres, ou est-ce que c’est de l’antisémitisme ?

                        Un « antisémitisme » qui leur a pas empêché d’accéder aux postes-clefs de la République !!


                        • non666 non666 3 mars 2007 22:55

                          Les juifs ont été des victimes pendant la seconde guerre mondiale, c’est indiscutable.

                          Les juifs ont été souvent malmenés, persecutés par ceux la memes qui les avaient hebergé chez eux : nous autres, leurs hotes d’occident.

                          Mais les juifs ont été aussi des bourreaux. Cela commence par des terres qu’on prends a d’autres. de l’episode David et Goliath...à l’episode Sharon et Arafat. Cela se pousuit en etant avec les anglais les seuls a soutenir la monstrueuse guerre d’Irak, reproduction demesurée de la guerre en Palestine occupée.

                          Alors quand l’occasion se presente de se victimiser a nouveau, on en profite.

                          Qu’un juif soit maltraité par des petits delinquants musulmans et c’est le peuple juif qui est visé, l’antisemitisme qui est denoncé.

                          Mais que l’ensemble de la communauté juive se mobilise dès que le destin d’israel soit en jeu et cela devrait etre normal, nul ne devrait le denoncer. Vous criez au racisme si les gaulois osent se mettent a etre solidaire des leurs sur leurs terres mais personne n’est sensé remarquer que leurs solidarités raciale ethniques et religieuses sont de meme nature !

                          Vous nous faites chier !

                          Il y en a marre du statu de victime ad vitam eternam. Je ne pleurniche pas en permanence pour les massacres de Vendée et les « marriage republicain » (un homme, une femme, une grosse pierre et plouf, dans la Loire) de Nantes, moi qui suis Breton.

                          Alors a l’approche des elections, la vielle grosse ficelle du devoir de memoire ressurgit, comme dab. Il nous manque l’eclairage habituel d’ailleurs .

                          Ou sont les victimes ce coup, pour que nous sachions pour qui il est bien pensant de voter ?

                          Ah, je les vois, ils sont tous derriere Sarkozy. Merci d’etre venu !


                          • Aïcha Qandicha (---.---.66.27) 3 mars 2007 23:09

                            Cette victimisation juive correspond à un programme bien étudié, consistant pricipalement à culpabiliser pour l’éternité les Occidentaux lesquels comme des papa-gâteaux devraient fermer les yeux sur les crimes des juifs au Proche-Orient.


                          • Louis 4 mars 2007 16:10

                            Je ne vais pas répéter, moi non plus « ad vitam eternam », que ni mon texte ni le livre d’Adrien Barrot ne sont une lamentation ou une victimisation juive. Je vous accorde même qu’une telle victimisation est vraiment loin d’être reluisante. Et personne n’a dit ici que l’Etat d’Israël était le plus juste des Etats, et que tous les juifs étaient justes. Ce n’est sûrement pas votre « vous me faites chier » qui aidera qui que ce soit à réfléchir, je crois, aux problèmes que vous soulevez, problèmes sûrement légitimes mais aussi plus complexes qu’une indignation révoltée, me semble-t-il. Taxer un livre qui nous demande de réfléchir un peu « d’opportunisme » bien pensant anti-sarkosiste, me désole profondément. Bien à vous, A.Louis


                          • (---.---.248.164) 3 mars 2007 23:20

                            BESANCON (AFP) - Un homme de 54 ans, salarié de PSA Peugeot Citroën, a été enlevé il y a plus d’une semaine à Audincourt (Doubs) pour son argent, séquestré, battu, et son corps a été retrouvé samedi soir dans le Haut-Rhin, a-t-on appris de sources judiciaire et policière. Huit personnes, âgées de 26 à 50 ans, ont été interpellées vendredi et samedi, et placées en garde à vue. L’une d’entre elles a mené les enquêteurs au corps de Benoît Savéan, dans la forêt de Mortzwiller (Haut-Rhin), a-t-on précisé de mêmes sources, confirmant une information des quotidiens les Dernières Nouvelles d’Alsace et l’Est Républicain. « La préméditation n’est cependant pas à exclure », a-t-il précisé. Cinq hommes et une femme étaient encore en garde à vue lundi et devaient être présentés mardi matin au parquet aux fins de mise en examen. Il s’agit de personnes avec qui la victime avait passé la soirée du samedi 18 au dimanche 19 février, à l’issue de laquelle elle devait disparaître. La femme est une voisine et c’est chez elle que s’est passée cette soirée.


                            • Senatus populusque (Courouve) Courouve 4 mars 2007 10:06

                              Ne doit-on pas en philosophie se soucier de la définition des termes ? Or celle du mot « juif » est singulièrement problématique.

                              Pour le cinéaste Costa-Gavras, « les juifs, ce n’est pas une race, c’est une religion » (Le Figaro, 27 février 2002, p. 27). Quid des juifs athées ? Car les Juifs, c’est plus ou autre chose qu’une religion.

                              Hitler parlait de « race » (Mein Kampf [1925], tome 1er, chapitre 4 et 11) ; le philosophe Yves-Charles Zarka évoque « une ethnie, un peuple ayant des traits communs bien qu’il ne réside pas sur un territoire unique. » (« L’antisémitisme en France aujourd’hui », Cités, n° 10, p. 5). ).

                              Il semble y avoir deux ethnies, les ashkénazim et les séfardim : « Je ne nierai pas qu’il y ait une race juive ...] Encore convient-il de se montrer prudent : il faudrait plutôt dire des races juives. » (Jean-Paul Sartre, Réflexions sur la question juive, 3).

                              S’agit-il donc d’un peuple, d’une nation, d’une religion, d’une race, d’une ethnie, d’une caste, ou encore d’autre chose ? « Si peuple juif il y a, il n’existe pas d’autre peuple du même type que lui », notait Raymond Aron dans ses Mémoires (chap. XIX).

                              « Une école, un peuple, une religion ou encore autre chose » s’interroge Jean-Michel Salanskis (Extermination, loi, Israël. Éthanalyse du fait juif, Paris : Les Belles Lettres, 2003).

                              Le terme contraire « non-Juif » fait tout autant problème, il suggèrerait, non sans raisons, l’existence en France d’une caste, structurée en Agence juive, Alliance Israélite Universelle, Appel Unifié Juif de France, Association des Journalistes Juifs de France, Association des Médecins Israélites de France, Association France Israël, Avocats sans frontières, Centre rabbinique européen, Centre Simon Wiesenthal, Communauté juive libérale, Congrès juif européen, Congrès juif mondial, Connec’Sion (association des informaticiens juifs de France), Consistoire central, C.R.I.F., Fédération des Organisations Sionistes de France, Fondation du Judaïsme français, Fonds Social Juif Unifié, Rassemblement des Avocats Juifs de France, Union des Dentistes Juifs de France, Union des Étudiants juifs de France, Union des Jeunes Médecins Juifs de France, Union des Patrons et des Professionnels Juifs de France, Union des Pharmaciens Juifs de France, Union des sociétés juives de France, Union juive française pour la paix, etc.

                              « La différence entre l’homme et le juif est inepte et fatalement dangereuse. » Soit. Mais qui fait et entretient cette différence ? « Il faut renforcer l’identité juive », disait Barbara Lefèvre lors d’un colloque à Aix-en-Provence.


                              • Louis 4 mars 2007 16:51

                                Premièrement : dégager des citations de leur contexte me semble une mauvaise méthode, même si vous avez montré tout votre sérieux en citant les références précises. Mais vous auriez pu prendre, tout simplement, « Le prix d’Isräel » de G.Scholem, page 1, et réfléchir un peu à partir de là, puisqu’il commence précisément par s’interroger sur l’identité juive, avec des intentions moins douteuses que Hitler. Et pourquoi ne pas citer, du Sartre que vous avez lu : “Le Juif est un homme que les autres hommes tiennent pour Juif : voilà la vérité simple d’où il faut partir. En ce sens, le démocrate a raison contre l’antisémite : c’est l’antisémite qui fait le Juif.” Là aussi on peut réfléchir un peu, au lieu de citer beaucoup.

                                Deuxièmement : Pour vous dire mon avis, qui vaut ce qu’il vaut : il y a une identité juive qu’il faut chercher au commencement de l’histoire du peuple juif. Cette identité s’est forgée principalement autour de la Torah et de la terre d’Israêl. Ensuite, depuis l’exil, l’histoire montre, par l’exemple des conversos espagnols du Moyen Age ou du IIIème Reich, que même lorsque les juifs s’étaient largement et même complètement assimilés, ils furent suffisamment juifs pour être l’objet de percécutions sanglantes. Alors c’est une question grave, qu’il faut méditer sérieusement, et je vous prie de la considérer comme telle, au lieu de faire montre d’une telle impudeur. Bien à vous, A. Louis


                              • Senatus populusque (Courouve) Courouve 4 mars 2007 17:00

                                Je vois que l’on forme toujours des maîtres à penser à l’ENS.


                              • Louis 4 mars 2007 19:57

                                Je vois que votre intelligence ne vous laisse plus que des objections personnelles


                              • Aïcha Qandicha (---.---.66.74) 5 mars 2007 21:14

                                Alors quel rapport entre la race juive noire ethypienne, la race juive polonaise, la race juive berbère, la race juive ruse, à part la religion ???? Disons-le une bonne fois pour toutes, Le judaïsme est une religion, laquelle comme toutes les religions de la planète a été adoptée par différentes ethnies à travers le monde. Dans mon pays par exemple, les juifs vivaient depuis toujours dans leurs montagnes en pays berbère, parlant berbère (l’hébreu étant une langue purement lithurgique jusqu’à la création d’Israël)... Pour leur donner un droit sur cet Etat fabriqué en 1948, il fallait bien les ranger dans la catégorie « peuple juif » contribuant ainsi à mieux assoir ce mythe fondateur.


                              • Aïcha Qandicha (---.---.66.74) 5 mars 2007 21:22

                                L’Egalité et la fraternité aura un sens dans le pays des idéaux des Lumières lorsqu’on daignera ranger dans la catégorie antisémitisme les Arabes, de grands Sémites devant l’Eternel ; lorsqu’on cessera ces deux poids deux mesures intolérabales selon que l’on soit juif ou musulman. Personne n’est choqué de présenter un musulman français selon sa confession, alors que Tarik Ramadan qui a évoqué ces philosophes communautaristes a soulevé une levée de boucliers des BHL, des Frienkelfraut et congènères, si prompts pourtant à défendre la liberté d’insulter les musulmans d’un Redeker ou d’un Charlie Hebdo.


                              • Senatus populusque (Courouve) Courouve 5 mars 2007 23:45

                                La liberté d’expression doit être la même pour tous, selon le principe d’attribution égale des droits fondamentaux.

                                Il se trouve que les communautés et les religions sont hostiles à cette liberté ; déjà en France, et encore pire dans les Etats où l’islam est prépondérant.


                              • Senatus populusque (Courouve) Courouve 26 février 2009 14:44

                                "De même qu’une société démocratique implique que les athées, voire les antireligieux, tolèrent que les croyants manifestent paisiblement leur religion, ces derniers doivent également tolérer la critique exprimée librement par les athées car les systèmes religieux ne forment pas des ensembles intouchables ou tabous", lit-on dans le jugement rendu mardi 24 février 2009 par le T.G.I. (chambre correctionnelle) de Lyon, jugement qui relaxe Siné.

                                "La liberté d’expression et la liberté de religion sont d’égale valeur : l’une ne supplante pas l’autre". "Le bouffon joue un rôle éminent dans la défense des libertés", a commenté Fernand Schir, président de la 6e chambre.

                                Enfin une application du principe d’égalité dans la question de la liberté d’expression !!


                              • Louis 4 mars 2007 23:17

                                Je voudrais laisser un tout dernier message car je n’ai plus de temps à consacrer à cette recension. Je retiendrai, je crois, une objection de l’ensemble des remarques qui ont été faites ici. L’objection serait à peu près la suivante : pourquoi mettre l’accent sur le meurtre d’un juif quand tant d’autres crimes racistes ont lieu de nos jours ? Pourquoi laisser entendre que le meurtre d’un juif serait en quelque sorte plus important ou plus signifiant ? Ces questions entraînent le reproche suivant : est-ce qu’en écrivant un livre sur le meurtre d’un juif, on ne tombe pas dans le jeu de la surenchère médiatique, n’accorde-t-on pas de l’importance à un fait parce que ce fait a été surexposé par les médias dans un pathos insupportable se rapportant systématiquement à la seconde guerre mondiale, alors que de nombreux autres faits ont lieu couramment qui sont tout aussi graves. Evidemment, n’étant pas l’auteur du livre, je ne suis pas en mesure de répondre à ces questions et à ce reproche qui peuvent être posés à bon droit et méritent assurément réflexion. Mais je puis essayer d’éviter les confusions, notamment en disant que la surenchère médiatique, l’industrie qui s’est emparée de la Shoah ne doivent en aucun cas nous détourner des problèmes qui eux, je crois, sont réels. Il est dur de garder la tête froide quand nous sommes aussi soumis à cette « industrie de la mémoire » qui, selon Adrien Barrot, devient précisément « une industrie de l’oubli ». Cette industrie est mise en question par l’auteur, comme je l’ai indiquée dans ma recension. Je pense qu’il ne faut pas réagir démesurément à la démesure, et qu’il faut tenter de comprendre, par la mobilisation d’une connaissance instruite précisément par autre chose que les médias, comment sont arrivées les choses horribles de notre passé. Ensuite, il est certain qu’il est tout aussi important de comprendre d’autres faits que le problème juif. Mais je pense qu’il serait injuste de rejeter ce dernier sous prétexte que les médias insistent là-dessus, surtout si ces médias ne font que provoquer fatigue et dégoût. En d’autres termes : ne restons-nous pas dépendant de l’industrie quand nous ne réagissons que par rapport à cette industrie inconséquente, et rarement sur les problèmes en eux-mêmes ? Il est certain qu’Adrien Barrot ne peut pas réagir contre cette industrie sans écrire un livre sur la question, et que par conséquent, ce livre sera lui-même sur les étalages de la FNAC, comme cela a été dit. Insinuer que c’est là profiter de l’industrie ne me semble guère sensé et dégradant pour son auteur. Car enfin, cela veut-il dire qu’il faut en finir avec la question juive ? Faut-il laisser dire que les juifs se victimisent pour culpabiliser l’occident et envahir le monde, comme cela a été dit aussi en toute tranquillité ? Je crois que si un livre intelligent tire une sonnette d’alarme sur les confusions qui ont lieu partout dans l’espace public, il mérite toute notre attention. Il faut essayer de critiquer les médias et le commerce de masse non seulement à cause de leur surenchère, mais aussi pour leur conséquence sur nos pensées. Parmi ces conséquences, l’une des plus lourdes me semble être qu’ils nous détournent et nous font oublier ce qui essentiel dans l’ordre des choses humaines.

                                Bien à vous, en vous remerciant pour l’ensemble de vos commentaires.

                                A.Louis


                                • Internaute (---.---.138.95) 5 mars 2007 11:23

                                  Le crime d’Alimi est unique et pathétique car la victime est juive ou supposée telle. Nous avons tous compris que le massacre d’un français est un simple fait divers qui ne mérite même pas un entrefilet dans la presse tandis que lorsque la victime est juive ou supposée telle, alors le crime devient une horreur nationale dont nous somme tous co-responsables. Sortez vos martinets et fouttez-vous tous les matins avant d’aller au boulot. La victime est juive, donc vous êtes coupable.


                                  • (---.---.215.93) 5 mars 2007 11:33

                                    louis j’aime les livres. meem ceux qui ne me convainquent pas m’instruisent. je n’ai pas encore lu celui que vous proposez, mais je le ferai aussi.

                                    courouve, bien que sur la réalité d’aujourd’hui, je sois d’accord avec vous, je pense tout de même qu’on ne peut balayer facilement le sentiment de peur profondément enraciné qu’éprouve tout juif, l’abomination nazie etant encore récente. même si je crois timidement que le devoir de mémoire qui leur dicte de vivre constamment avec ce souvenir doit tout de même les anéantir. cette abomination, qui concerne aussi les tziganes, les homos, n’est pourtant pas restée dans la mémoire collective de ces derniers comme un gigantesque trou noir. et depuis l’holocauste, cette abomination s’est encore repétée, a encore triomphé au rwanda, en ex yougoslavie comme elle a existé hier envers les amérindiens, les indigènes de divers pays et soyons honnêtes un peu partout sur notre planète, même si cela n’a pas atteint les consciences car pas inscrite dans le grand livre d’Histoire que les puissants écrivent. ou pour dire les choses simplement, on a pas attendu les juifs pour persécuter les hommes. pourquoi alors ce poids que les juifs portent en eux ? la persécution millénaire, les ghettos ? c’est certain. mais moi j’aime l’idée qu’ils aient partagé avec des tas d’autres peuples une culture universelle et diverses origines . de cette façon, ils ont fini par acquérir l’univers puisqu’ils étaient et sont encore presque partout chez eux.. ils ont appris de chaque peuple et ont donné à tous les peuples.

                                    aujourd’hui l’histoire s’accèlère. j’umprunte les mots à barukh K : il n’y a pas se différence substantielle entre tous les ennemis historiques du peuple juif qu’ils soient nazis, assyriens, romains, chrétiens ou arabes.ils sont tous inscrits dans la mémoire juive comme ayant des intentions de génocide.. selon ce point de vue, la survie des juifs est également menacée par une propension naturelle à l’autodestruction qui les conduit à abondonner la culture juive et à embrasser les cultures hédonistes propres aux gentils comme l’hellenisme, le christianisme, les lumières, le modernisme menaçant ainsi le peuple juif de déchéance morale et d’érosion culturelle. ainsi la lutte pour la vie implique que l’on combatte par le fer les ennemis de l’exérieur et les traitres de l’intérieur. toute critique des juifs, ainsi que de l’état juif ou de sa politique est considérée comme antisémite. les composantes les plus primordiales de la société, notamment les groupuscules qui se situent au bout de ce continuum préfèrent sans équivoque la judaicité à la démocratie pour les guider dans leur choix politiques.. les plus sophistiqués d’entre eux parlent de « démocratie » juive " système dans lequel, les juifs auraient accès à tous les droits et les autres qui devront se contenter d’un statut inférieur car la démocratie est une valeur non juive. et si l’on y a recours c’est pour des raisons purement liées aux relations publiques externes, car dans l’état actuel des choses, un état doit revendiquer qu’il et bien un état démocratique, vu qu’un pays qui ne l’est pas s’oppose aux attaques d’états rivaux cherchant à le démocratiser, comme cela est arrivé en afghanistan, et en irak... baruck k.

                                    voilà comme on passe du cauchemar à la délivrance et de la délivrance à un nouveau cauchemar. le développement historique fait qu’aujourd’hui les juifs ont un drapeau. et c’est tant mieux. qu’ils le fassent au détriment d’un autre peuple et qu’ils fassent subir à un autre peuple l’exclusion dont ils étaient victimes n’est pas le sujet ici. et pourtant...

                                    pourtant ça affleure chacun des posts de ce fil... et le fait est dû à certains hommes politiques, à certains intellectuels qui usent et abusent de la corde sensible et de tout ce passé au détriment de la vérité d’aujourd’hui qui est que les juifs ne sont plus victimes. d’un certain antisémitisme. surement ! mais d’autres subissent le racisme plus profondément encore. le meurtre d’ilan est ignoble. non moins ignoble il est vrai que celui qu’évoque un intervenant, non moins ignoble que le meurtre commis par un juif sur un arabe peu de temps après le meurtre d’ilan( rapidement effacé par les médias) non moins ignoble que le meurtre d’un tunisien jeté dans le rhone il y a quelques mois ou de l’algérien defenestré dans un train parceque algérien. qui parlera de ces derniers ? qui se souviendra d’eux ? ou vont les morts dont personne jamais ne parle ? quelle est la plume subtile qui va nous les faire revivre pour que nous puissions ne pas les faire mourir une seconde fois ?

                                    et qu’arrivera-t-il si toutes les autres communautés faisaient pareil que barrot ? et chacune d’elles de nous gratifier de tout ces abominables meurtres, à l’aulne de leur seule sensiblité ? ou qu’arriverait-il à la longue, si la communauté juive, seule, a droit de mettre l’antisémitisme en avant puiqu’il apparait que ce racisme est si différent des autres ? et est-ce vrai qu’il soit différent des autres ?

                                    le meurtre d’illan a touché tout le pays. et dans la rue, parmi les manifestants, j’y ai vu des français de toutes origines et de tous bords. serait-il temps de cesser de voir l’individu au travers le prisme de sa communauté ? qu’il soit homo, tzigane, juif, arabe, noir ou blanc, homme ou femme.... ert quand on est noir et homo, à quelle communauté appartient-on ?

                                    ce sont ces questions auxquelles il faudra répondre. d’urgence... faut-il défendre l’universel ou faut-il se cantonner à défendre sa seule image ? on ne demande à personne d’oublier ses racines, mais je crois, avec de l’humilité et pas mal de réserve (car vraiment je ne sais pas) qu’on attend les intellectuels là, pas devant le seuil de leur seule communauté.


                                    • Louis 5 mars 2007 19:25

                                      Malgré ce que j’avais annoncé, je voudrais tout de même répondre à votre message. Il y a plein de choses intéressantes dans votre propos, et je vous en remercie très vivement. Quelques précisions tout de même : Adrien Barrot ne nous gratifie pas d’un livre à « l’aune de sa seule sensibilité », puisque comme je le suggère dans ma recension, la simple expression de notre émoi risque d’être aveugle. Et si d’autres intellectuels réfléchissaient aussi finement à d’autres crimes, je crois que ça manifesterait un climat intellectuel à peu près rassurant. Or, ce n’est pas le cas.

                                      Je ne sais vraiment pas si un crime antisémite signifie (et j’insiste encore sur le mot « signifier ») quelque chose de différent des autres crimes racistes. Il faut ici faire montre de très grandes nuances que je ne suis pas en mesure de faire - le livre de Mr Barrot peut jeter quelques lumières sur le problème, mais le problème n’est pas abordé frontalement. Je sais néanmoins que « différent » ne veut pas dire « plus grave », « plus important », « moins tolérable » etc, et que ceux (juifs ou non juifs) qui veulent ingérer une valeur dans cette différence sont absolument dans leur tort. Nous sommes parfaitement d’accord sur le fait que tout crime raciste est également condamnable. Un dernier mot sur les intellectuels : proclamer la nécessité de l’universel sera peut-être un beau discours, mais peut-être également une creuse utopie. Au moins parce que l’universalité ou le cosmopolitisme a pour condition nécessaire (non suffisante) que tous les hommes et chefs politiques de tous les pays soient raisonnables. Qu’un intellectuel se charge d’analyser les crises actuelles de notre société pour mettre l’accent sur tout ce qui, d’une certain façon, corrompt ou met en danger notre bon sens (donc ce qui précisément fait de nous des êtres raisonnables), voila qui me semble plus urgent et plus concret, d’autant plus que comme je l’ai également assez clairement suggéré dans ma recension, le livre de Mr. Barrot n’est pas communautariste.

                                      Bien à vous, A. Louis


                                    • Dragoncat Dragoncat 5 mars 2007 19:58

                                      @ l’auteur

                                      Votre article est intéressant, mais en prononçant le mot « juif », vous attirez sur Agoravox ou ailleurs un certain nombre d’intervenants nauséabonds - tel « Idole brisée » - qui se complaisent dans un antisémitisme de bon ton, habillé d’un soupçon de pensée politique.

                                      Il est plus difficile aujourd’hui de dire « les juifs m’emmerdent et s’ils pouvaient crever, ça nous ferait des vacances » alors ces mêmes intervenants - dont l’exhumée Aicha Qandicha - remplacent cela par quelque chose plus chic du genre : « n’est-il point pénible de voir tous ces gens prendre pour le prétexte le plus futile la défense des juifs, par ailleurs responsables de tous les malheurs du monde ? »

                                      Oui, la mort d’Halimi est choquante parce qu’il est juif et parce qu’il a été choisi pour tel.

                                      Si je tue mon voisin, c’est horrible.

                                      Si je tue mon voisin parce qu’il est arabe et que je n’aime pas les arabes, c’est un crime raciste et c’est bien évidemment un facteur aggravant.

                                      Le racisme dans un geste criminel, agression, viol ou meurtre, est un facteur aggravant par la haine qu’il implique à l’égard de la victime. Et le principe vaut que ce racisme soit dirigé vers les juifs, les arabes, les portugais ou les chinois.

                                      C’est une évidence pour tous, sauf pour ceux - bouchés à l’émeri - qui préfèrent voir le monde à travers leurs préjugés.

                                      Dragoncat


                                      • Louis 5 mars 2007 20:36

                                        J’ose espérer que les gens qui ont réagi assez brutalement à cet article ne soient pas des antisémites au sens où ils considéreraient que les juifs soient une « race inférieure » etc... Je crois qu’ils réagissent brutalement, sous le coup d’un ras de bol, à la surexposition du malheur juif. Mais ce qui est inquiétant, c’est qu’en indistinguant la question du racisme avec la question de la sumédiatisation, cette brutalité peut effectivement se retourner contre les juifs eux-mêmes, qui deviennent insidieusement « coupables » d’avoir été persécutés. Je crois que c’est surtout ce processus, que j’expose insuffisamment d’ailleurs, qui doit nous inquiéter.


                                      • Senatus populusque (Courouve) Courouve 5 mars 2007 20:55

                                        Il convient, comme le fait Raymond Barre ces jours-ci, de distinguer entre l’antisémitisme qui est un préjugé et une injustice, antisémitisme dénoncé dans le magnifique film de Louis Malle « Au revoir les enfants », et l’anticommunautarisme - ou mieux l’anti-castisme - républicain. Les arguments de Sarkozy contre le CRAN valent aussi contre le CRIF.

                                        La suppression des doubles nationalités pourra aider à la clarification de la situation de ceux qui se disent juifs de France.


                                      • Senatus populusque (Courouve) Courouve 5 mars 2007 22:58

                                        Les Français de souche sont ceux qui n’ont pas de double ou triple appartenance ; ils ne peuvent pas opter pour cette double (voire triple ...) nationalité qu’il faudra bien un jour supprimer.

                                        Un certain nombre de Français d’origine étrangère, partielle ou totale, ne se sentent pas Français ; pour eux, « mon pays » reste celui de leurs ancêtres.

                                        Le 13 octobre 2000, France-Info diffusait l’interview de deux habitants de Belleville, un Juif et un Arabe ; ils s’entendent bien car ils se disent « avant tout Tunisiens » ...).

                                        La double appartenance de certains Juifs se lisait dans ces lignes d’Alain Finkielkraut, écrites après des attentats antisémites dans les banlieues :

                                        « Pour la première fois, nous sommes dans le même bateau [...] Ce n’est pas le moment de nous désolidariser de la France en l’accusant puisque la haine dont nous sommes l’objet vise aussi la France. » (« Un mouvement beaucoup plus vaste dont les Juifs ne sont pas les seules cibles », L’Arche, n° 527-528, janv.-févr. 2002, p. 36.

                                        Pourquoi donc l’attachement aux racines serait-il valorisé quand il s’agit d’étrangers et deviendrait-il bassement franchouillard et honni dans le cas des Français de souche ?

                                        Cette xénagogie (terme proposé par Fanny Seguin), est injustifiée. Frédéric Ferney donna (« Droits d’auteur », France 5, 10 septembre 2000), une assez étonnante définition du judéocentrisme médiatique contemporain (dont l’ouvrage d’Adrien Barrot est un Nième exemple) :

                                        « juif c’est grave, pas juif c’est pire »

                                        à propos du roman, Mariage mixte, de Marc Weitzmann, dont il faisait complaisamment la promo.


                                      • Briseur d’idoles (---.---.168.138) 5 mars 2007 23:20

                                        Mais le CRAN se trouve juste quelques CRANS en dessous du CRIF !


                                      • (---.---.240.74) 7 mars 2007 20:32

                                        A courrouve, une question : est-ce que s’inquiéter de l’antisémitisme est pour vous la marque d’un communautarisme ? Savez vous ce qu’est l’antisémitisme ? « Un préjugé et une injustice » dites vous, cela laisse rêveur, comme qui dirait. Et alors, pour vous « antisémitisme c’est pas grave ? ». Rejetons les juifs puisqu’il sont la cause de l’antisémitisme ? C’est ça votre grande idée ? Mais que vient faire la question du communautarisme dans la recension d’un livre sur des problèmes politiques et humains ? Si encore vous vous demandiez si la cause des malheurs n’est pas à placer dans l’existence des communautés. Mais on ne fait pas cela en renforçant le sentiment national n’est ce pas ? L’antisémitisme est une terrifiante hallucination meurtrière qui apparaît lorsqu’un ressentiment puissant anime la société. La communauté juive est alors un « pretexte » pour ce ressentiment, et jamais une cause. Alors si « l’antisémtisme c’est pas grave », le français qui ne s’inquiète pas de l’antisémitisme, c’est pire.


                                      • Senatus populusque (Courouve) Courouve 7 mars 2007 20:39

                                        Je vois que vous savez bien faire les questions et les réponses, mais que vous n’êtes pas capable de lire mon pseudo, qui n’a qu’un r.

                                        J’ai développé les points que vous évoquez dans plusieurs fils d’AV, et sur la page en lien.


                                      • (---.---.90.190) 8 mars 2007 20:09

                                        A courrouve, Je vois, quant à moi qui revendique ma liberté d’estropier les pseudos, que vous êtes très peu capable de raisonner sans votre panier de citations. Votre texte n’a évidemment aucune espèce d’intérêt, si ce n’est qu’il nous force à nous demander s’il ne serait tout de même pas souhaitable que les ânes s’expriment un peu moins.


                                      • Senatus populusque (Courouve) Courouve 9 mars 2007 21:10

                                        Votre réaction hostile aux citations, c’est une réaction hostile au savoir, c’est une réaction obscurantiste, c’est une réaction qui manifeste qu’en l’occurence, l’âne, ce n’est que vous, votre pauvre personne.

                                        Reprenez donc vos études, puis, quand vous en serez enfin capable, lisez la page en lien sur l’utilité des références, car penser par soi-même, cela n’a jamais signifié penser en autiste.

                                        Désolé de vous décevoir ...


                                      • Rudy Reichstadt Rudy Reichstadt 24 mars 2007 17:39

                                        Plus de ressources sur ce livre à l’adresse suivante :

                                        http://sicestunjuif.hautetfort.com/

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