Vol MH17 au-dessus d’un nid de frelons
Les deux boîtes noires du Boeing 777 de la Malaysia Airlines, détruit jeudi 17 juillet dans l’est de l’Ukraine, ont été officiellement remises par Alexandre Borodaï, chef des séparatistes pro-russes, aux experts malais le mardi 22 juillet au siège de la République populaire de Donetsk tandis que les dépouilles mortelles des passagers étaient acheminées par train vers les Pays-Bas. Alors que la communauté internationale et la presse semblent découvrir que le gouvernement central de Kiev livre une guerre impitoyable aux populations de l’Est de l’Ukraine, alors que les combats font rage à Donetsk prise sous le feu des obusiers et des orgues de Staline, à Moscou le ministère de la défense, preuves à l’appui, dénonce la présence d’un chasseurs SU-25 à proximité de l’appareil civil peu avant le drame. À Washington Obama accuse encore et toujours mais baisse le ton.
Le Boeing 777-200ER de la compagnie Malaysia Airlines assurant le vol MH 17 effectuant le 17 juillet 2014 la liaison entre Amsterdam et Kuala Lumpur a été détruit en vol avec 298 personnes à son bord le même jour à 16h15, heure française. Une centaine des 283 passagers 1 de l’avion se rendaient à Melbourne où allait se tenir une conférence mondiale sur le Syndrome de déficit immunitaire aigu [sida]. Chercheurs, praticiens et militants professionnels de cette pandémie représentaient environ le tiers des passagers du vol MH17.
Une tragédie qui précède de quelques heures le déclenchement de l’Opération terrestre et navale de l’Entité sioniste contre la Bande de Gaza. Action de représailles sans réel objectif militaire ou politique, dont le bilan humain s’alourdit d’heure en heure pour la population palestinienne soumise au feu roulant de l’artillerie et des bombes israéliennes. 570 morts civils après 15 jours de bombardements intensifs dans la quasi indifférence de la communauté internationale. En France le Premier ministre s’efforce par le truchement de stupides mesures d’interdiction de manifester pour réclamer la cessation de ce nouvel épisode d’une guerre asymétrique sans fin, d’importer le conflit israélo-arabe sur le territoire hexagonal. Encore un effort M. Valls et vous parviendrez peut-être à mettre ce pays, lui aussi, à feu et à sang.
Accusations directes
Les Services de renseignements américains ont indiqué in petto que l’avion a été abattu par un missile sol-air. Emboîtant le pas à la Maison-Blanche, le président ukrainien Petro Porochenko a derechef déclaré qu’il s’agissait d’un acte de terrorisme imputable à la rébellion russophone, les forces armées ukrainiennes étant bien entendu totalement hors de cause. De son côté Anton Gerachtchenko, conseiller du ministre ukrainien de l’Intérieur, a aussitôt affirmé que les rebelles avaient tiré un missile sol-air Bouk sur l’avion malaisien à partir de la ville de Torez, à 10 km de l’endroit où l’on a retrouvé ses débris. Remarquables célérité et précision dans ces deux prises de position. Lucky Luke, aimable personnage de bandes illustrées, tirant de la même façon « plus vite que son ombre » !
À Lougansk, les dirigeants séparatistes avançaient que l’appareil malais avait été descendu par un chasseur ukrainien, celui-ci étant un peu plus tard et à son tour, abattu par la dissidence [dhnet.be18juil14]. Le président Vladimir Poutine attendra pour sa part la fin de la soirée pour déclarer avec quelque bon sens - que les dénigreurs qualifieront de lapalissade - qu’« Il ne fait pas de doute que l’État sur le territoire duquel cela s’est passé porte la responsabilité de cette terrible tragédie… [Laquelle] ne serait pas intervenue si la paix régnait dans ce pays et si les opérations militaires n’avaient pas repris dans sa partie sud-est ». Parce qu’une chose est en effet absolument certaine : si les États-Unis et leurs séides européens n’avaient pas fomenté via leurs Services action le coup de force du Maïdan, ni encouragé les sanglantes opérations dites anti-terroristes de Kiev, opérations de nettoyage ethnique en cours dans le Donbass contre des populations qui au départ ne demandaient rien de plus qu’une régionalisation accrue, l’appareil civil n’eut évidemment jamais été détruit en vol !
Le 20 juillet le Secrétaire d’État américain John Kerry, affirmait sur CNN que le missile utilisé venait de la Fédération de Russie « Il est assez clair qu’il s’est agi d’un système qui a été transféré de Russie et remis aux mains des séparatistes… Nous savons d’où est parti le tir de missile grâce à des images satellitaires. Nous en connaissons la trajectoire et l’heure précise »… « Nous savons avec certitude que les Ukrainiens ne disposaient pas d’un tel système [missilier] dans les environs et à ce moment-là. Donc cela pointe clairement le doigt vers les séparatistes ». Comment le ministre américain explique-t-il alors que les dissidents soient accusés avec constance d’avoir récupéré sur les gouvernementaux un tel système… lequel au demeurant n’avait aucune raison de se trouver sur le théâtre des opérations puisque les insurgés ne disposent pas d’aviation de combat ? Évoquant ensuite des échanges entre séparatistes interceptés sur les réseaux sociaux, le Secrétaire d’État y voit la confirmation de ses assertions… des conversations authentifiées par des experts 2 , les mêmes sans doute qui certifièrent valides les déclarations et les vidéos qui furent régulièrement attribuées à Oussama Ben Laden au cours de la dernière décennie, mais qui de toute évidence étaient bidonnées… sauf pour le grand public perpétuellement mené en bateau.
Le plus inquiétant actuellement, hormis l’offensive lancée ce lundi 21 juillet 2014 contre le bastion dissident de Donetsk, ne sont pas à proprement dit les péripéties du terrain mais bien une escalade accusatoire de très mauvaise augure. Obama désigne en effet de plus en plus explicitement et sans la moindre vergogne la Russie comme la seule et unique responsable du drame. Comme toujours en pareille circonstance, celui qui dégaine et tire le premier a forcément raison. D’autant que le pouvoir de médire du président américain est surmultiplié par des caisses de résonnance médiatiques battant dans le monde occidental presque unanimement à l’unisson.
De piteuses dénégations en démentis incohérents, dès lundi 21 juillet 2014 Moscou mettait Kiev et Washington au défi de prouver leurs accusations contre la Fédération et la dissidence pro-russe, déclarant, par la bouche du général Igor Makouchev, qu’un chasseur de l’armée de l’air ukrainienne avait volé à moins de cinq kilomètres de l’avion de ligne à l’heure de la catastrophe… « Les systèmes russes de contrôle de l’espace aérien ont détecté un avion de l’armée de l’air ukrainienne, vraisemblablement un SU-25, en train de décoller en direction du Boeing de Malaysia… La distance entre le SU-25 et le Boeing était comprise entre trois et cinq kilomètres ». Russia today précise que « le SU-25 peut grimper à 10 km et qu’il est doté de missiles air-air R-60 qui peuvent toucher leur cible à une distance allant jusqu’à 12 km » [rt.com21juil14]. Le président ukrainien Petro Porochenko gêné aux entournures s’est ainsi vu réduit devant la caméra de CNN à un assez piteux déni : « Ce n’est pas vrai. Tout le monde sait qu’au moment de la tragédie tous les avions ukrainiens étaient au sol ! » [Reuters]. Quant au fameux système de missiles SA-11 [Bouk], l’état-major russe certifie n’avoir pas fourni ce type d’arme « ni aucune autre » aux séparatistes… et n’avoir pas détecté de tirs de missiles sol-air à proximité de la trajectoire de vol du Boeing 777. Moscou invite en conclusion les États-Unis à partager leurs images satellites « s’ils en ont ». Images que « personne au sein de la communauté internationale n’a encore vues ». Et pour cause !
- Schéma du ministère de la Défense de la Fédération de Russie
Précédents
Avant de jeter l’opprobre sur qui que ce soit mieux vaut commencer par balayer devant sa porte, car Kiev n’en est pas tout à fait à son coup d’essai : le 4 octobre 2001, l’Ukraine abattait - par erreur - un Tupolev-154 russe transportant 76 passagers. Huit jours après le drame, le Secrétaire du conseil national de sécurité ukrainien, Evgueni Martchouk, reconnaissait « le tir accidentel d’un missile S-200, lors de manœuvres de la défense antiaérienne ukrainienne ». L’accident s’était produit alors que l’appareil de la compagnie Sibir Airlines ralliant Tel-Aviv à Novossibirsk se trouvait à une hauteur de 9 000 mètres [lemonde.fr18juil14].
L’Amérique qui accuse péremptoirement la Russie avant toute enquête devrait pourtant peut-être également refermer les portes de ses propres placards à squelettes et ne pas oublier l’erreur tragique du croiseur USS Vincennes qui le 3 juillet 1988, avait tiré un missile contre le vol 655 d’Iran Air faisant 290 victimes. Washington n’a jamais cru bon à ce sujet présenter de quelconques excuses et encore moins ses condoléances aux familles endeuillées [lemonde.fr20juil14].
N’oublions pas trop vite non plus que les Américains sont passés maîtres en matières de dirty tricks [coups tordus] et de mensonges monumentaux. Resterait cependant à savoir qui serait prêt aujourd’hui à sacrifier trois cents vie pour une sinistre provocation à la guerre ? Souvenons-nous quand même de l’Opération Northwoods de 1962, conspiration anticastriste montée par le gratin du Pentagone. Quoique dirigée contre Cuba, elle fut au final bloquée par Kennedy. Elle prévoyait en autres la destruction d’un avion civil au-dessus du Golfe du Mexique… avec des passagers fantômes il est vrai. Il n’en demeure pas moins que les esprits les plus exécrables ne manqueront pas de rappeler qu’une majorité d’Américains - hors de l’establishment bien sûr - sont à présent persuadés que le 11/9 n’a été qu’un « inside job »… avec à la clef la bagatelle de trois mille cadavres !
L’été dernier, le 21 août 2013, le même Obama et toute son Administration dénonçaient le massacre de civils syriens par les gaz dans la Ghouta de Damas. Attaque au gaz sarin qui fit entre quelques centaines et 1700 morts selon la mission d’inspections inspecteurs des Nations unies. Les images de cette tragédie font à l’époque le tour de la planète. L’Amérique et la France – le Royaume-Uni se dérobe à la dernière minute – se préparent à la guerre… qui n’aura pas lieu in extremis. Or la ressemblance est frappante entre les deux événements, celui de Syrie et la catastrophe du Donbass. Dans les deux cas le fauteur de guerre – les rebelles en Syrie, le gouvernement issu d’un coup d’État en Ukraine - se trouve en difficulté. Sur le front syrien la rébellion est en perte de vitesse et a un urgent besoin qu’une intervention internationale se porte à son secours. À l’est de l’Ukraine, l’offensive de Kiev marque le pas, la troupe est démoralisée, les pertes sévères, des unités sont encerclées, les avions, transporteurs et chasseurs, tombent comme à Gravelotte. Il était là aussi urgent que la vapeur soit renversée, qu’un deus ex machina vienne conforter les gens de Kiev et mobiliser les européens. C’est bien ce qui est advenu ce 17 juillet.
Les faits
La perte de contact s’est produite à 14h15 GMT, soit 16h15 heure française, selon un premier communiqué de Malaysia Airlines. Inutile de perdre notre temps à nous interroger sur les raisons pour lesquelles un avion de ligne effectuant une liaison régulière entre Amsterdam et Kuala Lumpur survolait une zone en guerre. Pourquoi cet espace aérien n’était-il pas fermé en effet ? Parce que, officiellement, il n’y a pas de guerre ? Parce que médiatiquement il ne se passe rien hormis une opération de routine contre des « terroristes soutenus par Moscou pour déstabiliser l’Ukraine » ? Rien de grave en somme. Karine Bechet-Golovko nous dit pertinemment à ce propos que « la première raison de la mort des 298 passages est avant tout l’hypocrisie… Il aura fallu tous ces morts pour que les médias occidentaux reconnaissent enfin l’existence d’une guerre en Europe… [La complicité du] silence médiatique est la première raison de la chute de l’avion malaisien » [comite-valmy.org19juil14]. Mais les médias n’ont-ils pas mieux à faire en mettant par exemple tout leur talent dans l’abrutissement des opinions publiques, notamment européennes, via le Mundial et le sport industrialisé ? Nous connaissons la réponse.
Le renseignement ukrainien capte une conversation entre séparatistes pro-russes : « l’avion s’est brisé en vol près des mines de Petropavloskaïa. La première victime a été découverte. C’est une femme, une civile… Merde. C’est presque sûr, c’était un avion civil… Les morceaux sont tombés dans les rues. Il y a des bouts de sièges, de chair, de corps… Des armes à bord ? Non. Des objets [de] civils, des trucs médicaux, des serviettes, du papier toilette ». Échange qui a priori ne prouve rien si ce n’est qu’un avion civil est allé au tapis [voir note2].
D’après le Ministère russe de la Défense le système de missiles ukrainiens – qui n’existe pas selon M. Kerry - était actif jeudi au moment de l’accident… « Les moyens de détection radio russes ont enregistré le 17 juillet une activité au niveau de la station radar Koupol, travaillant en liaison avec les systèmes de missiles Bouk-M1 » [AFP18juil14]. Cette station radar se trouvait à une trentaine de kilomètres de Donetsk, et comme « par ailleurs, les spécificités techniques du Bouk-M1 lui permettent d’échanger des informations sur les objectifs aériens avec les autres éléments d’un même système »… ce qui suppose que des tirs peuvent être effectués à partir de plusieurs emplacement distincts.
Ne perdons pas de vue que le tir contre l’appareil de la Malaysia est intervenu dans une zone de guerre réelle, une guerre déclenchée sans bruit par l’Europe de Bruxelles : « tous les jours ce sont des bombardements, des tirs, des roquettes, des avions descendus. Cet avion aurait donc pu se trouver au milieu d’un tir croisé. Et dans ce cas ni Kiev ni les combattants ne savent réellement qui tiré le coup fatal. C’est peu probable, mais c’est possible » [ibid.comite-valmy]. Finalement nul ne sait de quoi il retourne. Un spécialiste français, Pierre Servent, explique au Figaro que ni les forces ukrainiennes ni les séparatistes pro-russes ne détiennent actuellement des missiles capables d’abattre un avion de ligne à dix mille mètres. Alors qui a tort, qui a raison. Doit-on en déduire que ni au Kremlin, ni à la Maison-Blanche les conseillers ne savent de quoi ils parlent ? Mais à entendre notre expert auprès du journal Le Figaro, en revanche les Russes oui… Ils disposent, et eux seuls, des engins capables d’atteindre 45.000 mètres. Par conséquent capables de pénétrer l’espace aérien ukrainien [lefigaro.fr17juil14].
Un débat que nous garderons bien de trancher mais qui montre la relativité des assertions péremptoires des uns et des autres, à commencer par celle de Kiev et de Washington résolument et immanquablement à charge contre la Russie. En fin de compte, pour y voir un peu clair, sans doute faudrait-il très classiquement chercher à savoir à qui profite le crime ? Certainement pas à la résistance et encore moins au Kremlin où l’on fait tout pour calmer le jeu… conscients que sont les dirigeants russes de l’engrenage fatal dans lequel les grands manipulateurs de l’Ouest tentent de les faire tomber.
Thèses et antithèses
D’autres sources, tout aussi fiables, indiquent que mercredi, la veille du drame, l’armée ukrainienne aurait installé un système de missile sol-air Buk dans la région de Donetsk [ItarTass17juil14]. On se demande bien pour quelles raisons puisque la dissidence n’a pas d’avion ! En fait l’Ukraine grâce à l’électrochoc de cette tragédie peut espérer regagner le terrain perdu dans un conflit qui commence à lui échapper. Car l’enquête internationale destinée à déterminer les causes de la catastrophe, ne manquera pas de geler le conflit pour le plus grand bénéfice de Kiev… qui réclamait une zone neutralisée dans un rayon de 40 km autour du lieu de chute des débris. Profitant de l’émotion internationale et sous couvert des exigences du président Obama d’ouverture sans restriction de la zone d’investigation, Kiev a d’ailleurs lancée une offensive ce 21 juillet contre le bastion de Donetsk. Curieuse manière d’instaurer la trêve nécessaire à l’arrivée sur les lieux des enquêteurs ou de faciliter l’évacuation des cadavres ! Obligés d’ouvrir le territoire de la République de Donetsk à tout vent, la dissidence aura du mal à reprendre le terrain concédé à cette occasion et dans lequel les nervis de Kief ne manqueront pas de s’engouffrer [ibid.valmy].
Bref, la polémique fait rage et seuls des éléments tangibles, tels des clichés pris par des satellites, que se refusent à produire les accusateurs – pour toutes sortes de bonnes raisons !? – pourrait y mettre un terme. Mais est-ce là l’intérêt général ? Parce que la supposition selon laquelle l’avion aurait pu être abattu par un missile sol-air n’est, avons-nous dit, toujours pas matériellement étayée. Ce qui n’empêche pas Philippe Migault, chercheur à l’IRIS, sur France Info d’affirmer que les rebelles prorusses « se sont récemment emparés d’une batterie de missiles Bouk, engin disposant d’une portée verticale comprise entre 25 et 30 km ». Réponse d’Andreï Pourguine, vice-premier ministre de la République populaire de Donetsk, dans un entretien téléphonique au New York Times : « Nous n’avons pas les capacités techniques d’abattre un avion à cette altitude, les armes dont la résistance dispose ne lui permettant pas d’atteindre une cible volant à plus 4 km d’altitude alors que l’appareil de la Malaysia volait à plus de 10 000 mètres ». Dont acte !
Notons que les démentis ou les correctifs de Moscou et de la dissidence ne sont pas destinés au grand public mais à une élite assez curieuse de faits prouvés… la censure sans ciseau et sans caviardage est aujourd’hui d’une merveilleuse efficacité ! Dans la guerre des mots, les É-U n’ont pas de vrais difficulté à marquer des points eu égard à la surpuissance de feu médiatique dont ils disposent, mais aussi en raison du conditionnement d’opinions publiques martelées quotidiennement, et depuis des années, par de virulentes campagnes de dénigrement imprégnées des russophobies. Et c’est à celui qui crie le plus fort, qui ment avec le plus d’aplomb, qui a généralement gain de cause. Comptons donc sur la presse libre pour ne pas mentionner, ou le plus microscopiquement possible, l’hypothèse du pire… qu’avait peut-être annoncée à mots couverts la patronne du FMI, la Française Christine Lagarde à l’occasion d’un très étrange exercice d’acrobatie numérologique assez inhabituel dans les salons du Press Club de Washington 3.
Les raisons d’éliminer le président russe ne manquent pas. Outre la haine que lui porte l’Occident sans frontières [apatride/internationaliste] eu égard à ses politiques souverainistes, le mobile déclencheur serait à chercher au Brésil, à Fortaleza où venait de se tenir le sommet des BRICS [Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud]. Lesquels se sont entendus sur la création d’institutions multilatérales - Banque de développement, Fonds d’intervention et Réserves de change - qui doublent et concurrencent les grandes institutions mondialistes 4 que sont la Bird, le Fmi et la Fed. Une reconfiguration du système monétaire sans équivalent depuis la fameuse conférence de Bretton Woods, en ce qu’il préfigure d’ailleurs un processus de dé-dollarisation de l’économie mondiale les monnaies des États cocontractants prévalant alors.
La tendance à réduire la part du billet vert dans les échanges internationaux est à ce titre synonyme de déclin pour une Amérique dont les guerres sont financées en grande partie par leur fausse monnaie 5. Autant dire un franchissement de ligne rouge mortellement caractérisé [casus belli/dead line]. En tout cas un mobile suffisant pour déterminer un passage à l’acte. Une hypothèse non exorbitant du sens commun ni du réalisme géopolitique. Hypothèse qui s’applique à un État, les É-U dont le passé proche et lointain se trouve encombré de grandioses opérations d’enfumage. La liste en est longue et bien connue. En un mot, considérant les immenses capacités de propagande et d’inversion accusatoire, la guerre de l’information risque effectivement de devenir très chaude dans les jours à venir. Il suffira aux Yanks de jurer leurs grands dieux avec leurs batteries d’experts renommés qu’il s’agit d’un missile et pas d’un avion de chasse.
Enquête
Tandis que - Le Conseil de sécurité des Nations unies réclamait le 18, le lendemain de la catastrophe une enquête internationale « exhaustive, minutieuse et indépendante » une trentaine d’observateurs et d’experts de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) étaient déjà à pied d’œuvre au milieu des débris de l’épave [Reuters18juil14], Washington accuse a priori. Quant au trio d’intermittents du spectacle germano-anglo-français - Merkel/ Cameron/Hollande – ceux-ci sont convenus le 20 juillet « d’exiger » du président Poutine « qu’il obtienne des séparatistes ukrainiens le libre et total accès » à la zone des débris [communiqué élyséen]. Et pour faciliter les choses, le président ukrainien Petro Porochenko demandait aux mêmes dirigeants [par téléphone] de reconnaître les Républiques séparatistes de Donetsk et de Lougansk » comme des « organisations terroristes » ! | À l’occasion d’une allocution officielle, le président Obama dont le ton s’était fait moins incisif et moins comminatoire, a appelé son homologue russe à faire pression sur les rebelles du Donbass en vue d’obtenir leur totale coopération dans l’enquête relative à la destruction du vol MH17, répétant mécaniquement, c’est-à-dire sans même faisant semblant d’y croire, qu’il ferait « tout pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza ». Dénonçant le chaos qui règne dans le Donbass, sur lieux de la catastrophe, il se fait volontiers moralisateur stigmatisant l’« insulte » qui serait faite aux familles des victimes par les indépendantistes. Quand la rhétorique atteint ce point d’indigence, c’est que les certitudes s’effritent.… Parce que cette verte critique des rebelles qui « ont tiré des coups de feu en l’air à l’approche des enquêteurs [et qui] retirent des éléments de preuve du site de la catastrophe. Que cherchent-ils vraiment à cacher ? » [atlantico.fr21juil14].
Oui, que cherche ici exactement à dire, ou à cacher, le président américain ? Veut-il que l’on déroule un tapis rouge à des enquêteurs tout spécialement désignés pour maquiller et falsifier la scène du crime comme ce fut le cas à Račak 6 ? Une prétendue tuerie de villageois, montée de toutes pièces, qui servit de prétexte au printemps 1999 à l’ouverture des hostilités contre la Fédération yougoslave. Une guerre d’agression engagée dans la plus complète illégalité internationale… mais avec l’active complicité des chiens courants du Démocrate Clinton, qu’étaient alors MM. Blair et Jospin. À l’époque, l’Otan était venu au secours des séparatistes et des rebelles. Aujourd’hui c’est tout le contraire, ce sont les séparatistes que l’Otan combattrait s’il le pouvait, autrement dit s’il en avait le prétexte.
Un peu plus loin, dans son allocution, les traits tirés, le président Obama a également évoqué la situation à Gaza, 14 jours après le début de l’offensive israélienne sur le territoire palestinien… « Notre priorité et la priorité de la communauté internationale est d’obtenir un cessez-le-feu pour mettre fin aux combats et préserver la vie de civils innocents, tant à Gaza qu’en Israël »… tout en précisant qu’ « Israël a le droit de se défendre contre le Hamas ». En clair de conduire une boucherie unilatérale que rien ne vient justifier… au nom de la démocratie et du droit des peuples à ne jamais disposer d’eux-mêmes. Gaza, Donbass même combat !
Léon Camus 21 juillet 2014
Notes
(1) 154 Néerlandais, 27 Australiens, 23 Malaisiens, 11 Indonésiens, six Britanniques, quatre Allemands, quatre Belges, trois Philippins et 1 Canadienne en dehors de ceux dont la nationalité reste inconnue.
(2) Des experts juges et parties… toujours selon M. Kerry qui se montre soit bien naïf soit travesti les faits avec le même aplomb que le Secrétaire à la Défense Colin Powell agitant en février 2003 sa fiole remplie de charbon – en fait du sucre glace - devant le Conseil de Sécurité… « Il s’agissait de conversations authentiques entre des chefs connus, en se fondant sur la comparaison entre les enregistrements audio avec des enregistrements de séparatistes identifiés » En fait ce sont les Services de sécurité ukrainiens – peut-être/sans doute avec l’assistance assistés de leurs conseillers de la Cia ? - qui avaient publié dès jeudi soir l’interception de ce qu’ils ont présenté comme étant une conversation entre deux chefs rebelles… « Ce sont les gars du check-point Tchernoukhine qui ont abattu l’avion. Il s’est désintégré dans l’air – Et alors ? – C’est un avion civil à 100 % – Y a-t-il des armes ? – Non, rien, seulement des affaires civiles – Des documents ? – Il y en a un d’un étudiant indonésien ». Autre échange tout aussi incertain entre le chef rebelle Igor Bezler, de nationalité russe, et un colonel du renseignement militaire russe, son officier traitant selon Kiev, Vassili Guéranine… « Nous venons d’abattre un avion... On est partis le chercher et prendre des photos » [lemonde.fr2014/07/20]. Un chasseur Soukhoï 25 a effectivement été abattu ce jour-là.
(3) À voir, en anglais https://www.youtube.com/watch?v=QYm... . Quelques extraits détournés et commentés sur Twitter : « Nous sommes le 17 - 07 - 2014 = 2+1+4 = 7… « you drop the zéro »… Boeing 777 vol MH 17 !!
(4) La Banque internationale pour la reconstruction et le développement [BIRD] naît le 27 déc. 1945 dans le cadre des Accords de Bretton Woods. Son objectif officiel est de réduire la pauvreté dans le monde. En fait ses prêts sont liés aux efforts consentis en vue d’une bonne « gouvernance » [alignement inconditionnel]. Idem pour le Fonds monétaire international [FMI], lequel regroupe 188 États, dont la fonction est en principe de « promouvoir la coopération monétaire internationale, de garantir la stabilité financière, de faciliter les échanges internationaux, de contribuer à un niveau élevé d’emploi, à la stabilité économique et de faire reculer la pauvreté ». Les Accords de Bretton Woods reconfigurent à partir de 1944 les grandes lignes du système financier international. Leur but avoué étant la mise en place d’une organisation monétaire mondiale favorisant la reconstruction et le développement économique des pays affectés par la guerre. Soit d’établir pour les décennies à venir l’imperium économique et financier des États-Unis. La Réserve fédérale [Fed] créée le 23 déc. 1913 par le Federal Reserve Act, est quant à elle, est une institution privée qui tient lieu de Banque centrale aux États-Unis. Le terme « fédéral » n’étant ici qu’un leurre ou un attrape nigaud.
(5) La faible valeur du $ qu’il soit monnaie scripturale virtuelle ou monnaie de singe produite mécaniquement par les planches à billets - notamment par rapport à son concurrent l’€uro - permet de financer de grandes tueries extérieures tout en finançant et dopant son industrie de l’armement. Une réduction sensible de l’usage du dollar dans les échanges internationaux signifie à terme la fin des guerres d’agression impérialistes et l’inéluctable déclin de l’Empire nord-américain. En contrepartie les monnaies BRICS pourraient connaître une valorisation de 2.5% par an en moyenne vis à vis du dollar [source : Goldman Sachs Global Economics Paper No : 99]. Restent que les États qui s’engagent sur la voie de la dé-dollarisation ne peuvent qu’avancer prudemment : banques centrales et fonds d’investissements détiennent une bonne moitié des 17600 mds de dette publique américaine. Déprécié le dollar verrait disparaître sa légitimité en tant que monnaie de réserve. Si les choses vont trop vite, alors l’économie mondiale dans son ensemble pourrait entrer en récession.
(6) Helena Ranta, experte finnoise de médecine légale, a publié à Helsinki en 2008 une biographie - avec l’aide de Kaius Niemi l’un des directeurs du journal Helsingin Sanomat - dans laquelle elle révèle avoir été obligée sous pression de l’OSCE de confirmer a posteriori la version officielle relative aux événements de Račak, qu’elle avait eu à connaître au titre de responsable de l’équipe finlandaise d’enquêteurs. Experts internationaux chargée du rapport d’enquête médico-légale relative au « massacre » de 45 personnes dans le village de Račak au Kossovo, le 15 janvier 1999 [BalkansInfo138/déc08].
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