« Gardien, du haut de ton mirador, à quoi penses-tu en voyant répandue à tes pieds cette vie de misère ? Es-tu plus heureux ou plus misérable dans cette contemplation ? Tu ne penses pas, seul t’importe ton salaire. On pense pour toi ! Pour ce que tu fais il n’est pas utile de penser, je sais bien. Tu fonctionnes selon des critères, un règlement, qui te tiennent lieu d’intelligence, mais si demain ton père, ton frère, ton fils étaient emprisonnés là, qu’ils tentent de s’évader, que tu sois dans ce mirador armé de ton règlement, d’un fusil et de balles, que ferais-tu, gardien ? Dis-moi, que ferais-tu alors ? Je sais, les gardiens de prison ne sont pas payés pour avoir des idées, des états d’âme, des sentiments, sinon cela se saurait, ou ils feraient autre chose... »
Charlie BAUER.
« Le gardien de prison est une abstraction. Il est une clé sur pattes, en quelque sorte, un robot dont la fonction est d’ouvrir et fermer les portes au gré des horaires et des mouvements. Que ce soit pour la promenade, pour la douche, ou pour vous accompagner au parloir, il n’intervient que comme le prolongement mobile de la clé. »
Jean-Pierre STERENSKI, condamné à perpète.
« Comment un homme peut-il se faire geôlier ? Je persiste à ne pas comprendre. Outre l’abîme d’ignominie qu’une telle <<profession>> suppose, le geôlier vit aussi dans la prison. »
Benjamin PERET (poète surréaliste).