« »La dictature du plus fort, militairement, techniquement, commercialement, a amené l’hégémonie mondiale de l’anglo-américain. C’est là un fait dû aux hasards de l’histoire. Or, on justifie cette hégémonie par des raisons qu’on veut pragmatiques : concision, quasi-absence de grammaire, adaptation technologique… L’anglais est concis, mais imprécis. L’absence de grammaire entraîne l’absence de rigueur, le vocabulaire technique est tout bonnement imposé, l’Américain se refusant absolument (et non sans mépris) à condescendre aux langues indigènes.
Le français est la langue idéale de la science fondamentale, spéculative, « pure ». L’anglais est la langue des applications pratiques. Le français est la langue de Claude Bernard, l’anglais la langue d’Edison.
Ceci est peut-être un baroud d’honneur. Comme dit Ducon, « On n’arrête pas le progrès ». Et moi qui déteste tout ce qui est panache, symbole et tradition, moi qui ne fonctionne pas du tout au romantisme du désespoir, que fais-je, ici, en ce moment ?
Je ne me bats pas. On ne se bat pas pour une cause perdue, comme un saint-cyrien, casoar au vent. On se bat pour gagner. Or que suis-je, moi, face à la télé, à la radio, à la presse, à l’américanomanie, à la démission non furtive mais revendiquée des enseignants, face à l’inertie des masses, au désintérêt des jeunes qui ne voient qu’une chose : la suppression des difficultés ? Que suis-je, moi ?« »
CAVANNA - Mignonne allons voir si la rose