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Internet et espéranto

Parmi les 187 langues de l’encyclopédie libre réticulaire Wikipedia, l’espéranto occupe une place honorable par le nombre d’articles publiés : 28 111 au 1er octobre 2005, ce qui la classe en seizième position. Des affinités sont très vite apparues entre Internet et l’espéranto, qui s’est développé depuis 118 ans dans l’esprit des logiciels libres.

Commencée en novembre 2001, la version en espéranto de l’encyclopédie libre réticulaire multilingue démontre que cette langue se hisse peu à peu, dans ce domaine aussi, au rang des langues sur lesquelles il faut compter dans la communication internationale.

Bien que nés à près d’un siècle d’écart, le phénomène espéranto et le phénomène Internet se sont très vite découvert des affinités et sont venus à la rencontre l’un de l’autre. D’origine britannique, professeur de littérature anglaise, ex-président de l’Université de Hartford, aux États-Unis, Humphrey Tonkin a pu faire cette constatation voici déjà quelques années : “Il y a tant de choses en espéranto sur le Réseau que, même pour ne lire que les titres, votre vie entière ne suffirait pas.

En 1998, alors que l’anglais régnait presque sans partage sur Internet, une enquête publiée dans le numéro de janvier-février de Contact, le magazine des adhérents de la FNAC, faisait apparaître que, pour 37,99% des personnes interrogées, l’un des principaux obstacles au développement du réseau Internet en France était la barrière linguistique : “le fait que 90% du contenu du réseau soit en anglais joue comme un obstacle important.” Force est de constater que la plupart des logiciels n’existent encore qu’en anglais. Ainsi, la revue SVM Mac (déc. 2003) posait en ces termes le problème de traduction des logiciels : “Combien de fois avons-nous dû travailler sur une application non traduite ? Combien de temps a-t-il fallu attendre une version française finalement bancale ?”. C’est en effet dans sa propre langue que toute personne dispose vraiment de tous ses moyens. La langue la plus apprise au monde est très souvent réduite à l’état de langage approximatif. La régression démographique des natifs anglophones, constatée par Eurotext Translations, par rapport au reste de la population mondiale, entraîne un déclin plus rapide que prévu de l’usage de l’anglais sur le web. Il reste des chances à saisir pour les langues vivantes, y compris pour la moins étrangère des langues étrangères pour tous : l’espéranto.

Les premiers usagers espérantophones d’Internet apparurent avant 1995, principalement aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Australie. Des programmeurs et des passionnés d’informatique furent vite tentés de faire le lien entre Internet et la langue internationale, si bien qu’aujourd’hui, l’espéranto est l’une des langues qui peuvent être choisies, par exemple, pour l’utilisation du programme SPIP utilisé par AgoraVox, Le Monde diplomatique, Libération et bien d’autres médias. Il apparaît aussi sur Google, sur DMOZ, sur le navigateur Mozilla, sur le traitement de texte Mellel, conçu en Israël. Bien des logiciels de l’univers Linux existent en espéranto (Debian, Mandrake) ou sont en cours d’adaptation (Knoppix, KOffice, OpenOffice).

Dans le domaine de la traduction semi-automatique, il a fait l’objet de recherches concluantes réalisées par la firme néerlandaise BSO sur le programme "Distributed Language Translation" (DLT), dont il était la langue pivot. DLT, qui s’était montré économique et performant, avait été subventionné durant un moment par le Marché commun. Mais les subventions lui furent coupées au profit de programmes beaucoup plus lourds et coûteux qui privilégient les langues dites "grandes".

L’espéranto a aussi son traducteur semi-automatique "Traduku" (prononcer "tradoukou" : traduisez) sur Internet, pour l’instant de l’anglais vers l’espéranto. Ses performances n’ont rien d’extraordinaire, mais elles sont tout à fait honorables si l’on considère le budget dérisoire des bénévoles qui l’ont conçu dans l’esprit des logiciels libres, un esprit qui anime la langue internationale depuis 118 ans.

Ainsi, une langue souvent considérée comme un gadget linguistique, un passe-temps, une idée farfelue, et qui passe souvent inaperçue, est peu à peu prise en considération ; c’est le cas, par exemple, très récemment, dans le rapport Grin sur "L’enseignement des langues étrangères comme politique publique".


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26 réactions à cet article    


  • Alexandre Santos (---.---.166.143) 17 octobre 2005 17:32

    Deux questions :

    - par « réticulaire » vous entendez coopératif, distribué, wiki ? De quel mot anglais adaptez vous ?

    - Vous pourriez faire des liens vers les divers programmes, sites mentionnés (Traduku, rapport Grin), ce qui permet de fluidifier le transfert d’information en augmentant la réticularité du contenu internet (si j’ai bien saisi le sens de ce mot).


    • Masson 17 octobre 2005 18:08

      Pour « réticulaire », le Petit Robert indique en premier : « Qui forme un réseau, ressemble à un réseau ». Je ne suis pas le premier à avoir utilisé ce mot, et il me paraît tout à fait approprié pour parler du « Réseau des réseaux » (Internet). D’ailleurs, en espéranto, ce mot se dit « reto » (« reta » pour l’adjectif, « rete » pour l’adverbe, sans compter les multiples combinaisons possibles : « retposhto » (poste réticulaire), retadreso (courriel, adresse Internet --- n’est-ce pas mieux que cet abominable « mailing » ? smiley etc.

      La racine « ret » a d’ailleurs une parenté avec le mot français « rets » dont le sens ancien signifiait « Ouvrage en réseau, pour capturer du gibier, des poissons » (toujours d’après le Petit Robert).

      Il serait d’ailleurs curieux de faire un voyage à travers les mots de l’espéranto comme l’a fait Henriette Walter dans « L’aventure des langue en Occident ». Un petit essai dans ce genre existe sous le titre « ABC d’espéranto à l’usage de ceux qui aiment les lettres », publié chez L’Harmattan. A voir aussi « Langues sans frontières » de Georges Kersaudy (éd. Autrement) qui a été amené, durant sa carrière de fonctionnaire international, à parler, écrire et traduire une cinquantaine de langues dont l’espéranto.

      Quant à des adresses de sites, j’en mentionne souvent, mais elles sautent presque toujours pour une raison inconnue. En général une recherche sur Google avec le mot « esperanto » et un nom de personne ou de lieu fournit déjà pas mal de renseignements. Même chose pour une activité : littérature (literaturo), commerce (komerco), tourisme (turismo), science (scienco — dans ce cas, « scienc » suffit), etc.

      Des articles étaient déjà parus voici quelques mois dans Le Figaro et Le Temps (Suisse) annonçant la publication ultérieure du rapport Grin (faire une recherche avec ces mots).


      • courouve (---.---.102.36) 17 octobre 2005 18:27

        Masson : « n’est-ce pas mieux que cet abominable »mailing«  ? »

        Mailing n’a rien d’abominable, au contraire ; l’anglais mail , courrier, vient du français malle, la malle dans laquelle le courrier était transporté.

        C’est toute l’étymologie et l’histoire des langues qui serait évacuée avec cet « abominable » (c’est le cas de la dire) espéranto.


        • Marcel (---.---.216.2) 17 octobre 2005 20:13

          M.Masson : Je veux vous féliciter pour votre interessant article, et je voudrais aussi féliciter à AgoraVox, parce que c’est vraiment un journal démocratique.

          Cours d’Espéranto par Internet : http://www.institutoesperanto.com.ar


          • Masson 17 octobre 2005 20:27

            N’empêche que personne ne prononce le mot mail de la même façon, si bien qu’un ami avait mis tout un moment à comprendre que le mot caramail était en fait le nom du fournisseur d’accès . Il avait compris « caramel » smiley))

            Croire que l’espéranto évacue l’étymologie et l’histoire des langues fait partie des préjugés habituels, comme ceux qui consistent à dire que l’espéranto n’a pas d’histoire, pas de littérature, pas de poésie, pas de chanson et j’en passe.

            Par exemple la racine fenestr de l’espéranto (fenestro = fenêtre) se reconnaît dans défenestrer, défenestration, dans l’allemand Fenster, le néerlandais venster, le suédois fönster qui sont des langues germaniques, et dans le latin fenestra, l’italien et le catalan finestra. Même chose pour la racine dom (domo = maison), que l’on trouve en français dans domicile,domotique, etc., en russe dans dom (transcrit en alphabet latin) et dans d’autres langues. La liste est très longue.

            Autre préjugé : il n’est pas rare de lire, sous la plume d’intellectuels qui ne font pas le meilleur usage de leur intellect, que l’espéranto est « inventé de toutes pièces ». Ils ne font que répéter ce qu’ils ont entendu de personnes qui ont elles-mêmes entendu sans même aller voir par elles-mêmes ce qu’il en était. Or, à travers toute l’histoire de la Langue Internationale (véritable nom d’origine de l’espéranto), des linguistes de grand renom tels que Max Müller, Michel Bréal, Antoine Meillet, Edward Sapir, ont fait remarquer qu’elle n’est pas inventée “de toutes pièces“. Ses “pièces” sont toutes issues de langues existantes. Zamenhof a été amené, en fait, à choisir, adapter et aménager des éléments existants et non à en créer. Grand nom de la sémantique (science des significations), Michel Bréal écrivait pour sa part : “Ce sont les idiomes existants qui, en se mêlant, fournissent l’étoffe [de l’espéranto]. Il ne faut pas faire les dédaigneux ; si nos yeux [...] pouvaient en un instant voir de quoi est faite la langue de Racine et de Pascal, ils apercevraient un amalgame tout pareil [...] Il ne s’agit pas, on le comprend bien, de déposséder personne, mais d’avoir une langue auxiliaire commune, c’est-à-dire à côté et en sus du parler indigène et national, un commun truchement volontairement et unanimement accepté par toutes les nations civilisées du globe.”


            • skirlet (---.---.24.105) 18 octobre 2005 10:13

              Courouve, trouvez-vous le latin abominable ? Car la racine « ret » vient du mot latin « rete » - « filet » et persiste en français dans de nombreux mots, dont « rétiaire ». Par ailleurs, « mailing » a déjà d’autres équivalents français, comme « publipostage » ou « liste de diffusion ».

              Autre chose : le fait d’apprendre une langue étrangère n’évacue nullement l’étymologie de sa propre langue. En russe, on dit рассылка (rassylka), pas une trace de « malle ». Est-ce aussi une abomination ? L’espéranto n’a jamais eu l’ambition de remplacer les autres langues.


              • Tim Morley (---.---.128.13) 18 octobre 2005 11:16

                Moi je ne vois rien d’abominable dans l’adoption de nouveau mots pour de nouvelles choses, que le mot vient du latin, de l’anglais ou du chinois. Pourquoi pas ? Cela dit, c’est vrai qu’il y a tendance actuellement d’adopter de plus en plus de mots anglais dans la langue française, tout en changeant et la prononciation et souvent le sens, donc l’argument que ça facilite la compréhension internationale n’est à peine vrai, parce qu’en fait on crée un tas de faux-amis entre les deux langues.

                En ce qui concerne l’étymologie : je tiens dans les mains les 503 pages du Dictionnaire Concis d’Etymologie d’Espéranto (la Konciza Etimologia Vortaro) d’André CHERPILLOD, et je vous assure que les pages ne sont pas toutes blanches ! Il montre les racines dans les langues nationales de 15.081 mots d’Espéranto. En fait, je peux dire qu’il montre pas mal des mêmes dérivations que mon dictionnaire étymologique anglais.

                Et pour le rapport Grin, je vais essayer d’inclure quelques liens — un pour l’article du Figaro, un pour un extrait du rapport du Prof. Grin, et un pour le rapport en entier (128 pages).

                Article du Figaro : http://www.minorites.org/article.php?IDA=9818 Extrait du rapport : http://www.russieonline.freesurf.fr/grin.htm Le rapport : http://cisad.adc.education.fr/hcee/documents/rapport_Grin.pdf


                • skirlet (---.---.24.105) 18 octobre 2005 11:29

                  Précision : il ne s’agit pas du même rapport !

                  Celui-ci

                  http://www.russieonline.freesurf.fr/grin.htm

                  date du 2003 et celui-ci

                  http://cisad.adc.education.fr/hcee/documents/rapport_Grin.pdf

                  est tout récent.


                  • (---.---.128.158) 18 octobre 2005 14:02

                    - Libération n’est pas sous SPIP
                    - Le Monde diplo a un site en espéranto http://eo.mondediplo.com


                    • GS (---.---.68.79) 18 octobre 2005 21:39

                      On peut, selon sa sensibilité, juger abominables les emprunts que le français moderne fait régulièrement à l’anglais.

                      On peut également penser que ce n’est qu’un juste retour des choses puisque pour leur majorité, ces mots anglais sont eux-mêmes souvent issus de notre propre langue.

                      Ce qui me gêne, c’est que ces emprunts (« web », « live », « prime time », « blacklist ») ne sont souvent pas faits par nécessité, mais par une sorte de snobisme qui consiste à considérer l’anglais comme une langue « moderne » alors que le français serait désuet.


                      • Negravaski (---.---.132.53) 19 octobre 2005 10:24

                        Courouve (le 17) :

                        << C’est toute l’étymologie et l’histoire des langues qui serait évacuée avec cet « abominable » (c’est le cas de la dire) espéranto. >>

                        Sans doute ne suis-je pas très intelligent. Je ne comprends pas pourquoi l’espéranto est abominable, ni d’ailleurs pourquoi c’est le cas de le dire. Ni comment il fait pour évacuer l’étymologie et l’histoire des langues. Auriez-vous la gentillesse de me l’expliquer ?

                        L’étymologie et l’histoire des langues sont des sujets qui me passionnent. Quand je faisais du slavon et que j’ai appris les détails de l’évolution qui avait abouti au mot russe *cerkov’*, « église », lequel était apparenté au néerlandais *kerk*, à l’écossais *kirk* et donc à l’anglais *church*, et que tout cela remontait au grec *kyriakê domos*, « la maison du Seigneur » (*kyriakê* < *kyrios*, « seigneur », comme dans *kyrie eleison*), j’ai eu l’impression d’une illumination, que des bouts de fil qui avaient été déchirés se renouaient enfin en faisant un dessin cohérent de toute beauté. J’ai souvent eu cette impression en faisant de l’étymologie. L’histoire des langues et leur évolution me passionne tout autant.

                        Pourtant je parle l’espéranto depuis l’âge de 11 ans, et si j’ai raté l’étape qui le fait ressentir comme abominable, j’aimerais pouvoir réparer ce raté.

                        L’espéranto est une langue jeune, comme il y en a plein dans le monde. Savez-vous que le chinois écrit actuel, tel qu’on le trouve dans la presse chinoise et les documents de l’ONU, est plus jeune que l’espéranto ? Avant 1911, on n’écrivait pas en chinois (au sens actuel du terme) mais en *wenyan*, une langue aussi différente de la langue écrite actuelle que le latin de l’italien. Les créoles antillais ne datent que de quelques siècles. Quand ils sont nés, ils n’ont pas évacué l’étymologie et l’histoire des langues. Le pisin de Nlle-Guinée date à peine des années 40. Il n’a eu aucun effet néfaste sur le monde des langues quand il est devenu langue officielle. Vraiment, je ne comprends pas.

                        Pourriez-vous m’éclairer sur ces points ? J’aimerais beaucoup comprendre comment j’ai fait, dans ma préadolescence, pour ne pas me rendre compte que l’espéranto était abominable. Je vous remercie d’ores et déjà de vos éclaircissements. Surtout ne voyez pas dans ces phrases la moindre ironie. C’est tout à fait sincèrement et modestement que je cherche à vous comprendre, parce que si j’ai tort, je veux changer de bord.

                        Bien cordialement.


                        • Angel (---.---.255.158) 19 octobre 2005 21:19

                          Et il ne faut pas manquer de lire également l’Avis du Haut Conseil d’évaluation de l’école (n°19 - octobre 2005)qui vaut son pesant d’hypocrisie : http://cisad.adc.education.fr/hcee/documents/avis19.pdf

                          Les « experts » du Ministère ont en effet le culot, après avoir reconnu que « si l’on adoptait l’espéranto comme langue de communication internationale, ce serait du point de vue économique,pour notre pays, comme pour tout pays non anglophone de l’Europe, incontestablement le meilleur scénario : il éviterait tous les transferts inéquitables auxquels donne lieu le »tout-à-l’anglais" puisque chacun devrait consentir un effort symétrique pour traduire et interpréter entre la langue de communication internationale et sa langue maternelle, et il impliquerait des coûts d’enseignement moindres, l’apprentissage d’une telle langue étant plus aisé et plus rapide que celui de l’anglais et de tout autre langue. ............... d’ajouter : S’il constate qu’un raisonnement économique devrait conduire à promouvoir une langue de communication universelle, le Haut Conseil sait qu’une telle orientation n’est pas concevable dans l’état actuel des choses en Europe, notamment parce qu’une telle langue ne peut être associée à aucune sphère linguistique et culturelle (sic) En revanche, il estime que tout devrait être mis en oeuvre pour rendre effectif, avant qu’il ne soit trop tard, le scénario du « plurilinguisme », qui ne réduit pas les coûts (re-sic) mais supprime les transferts inéquitables."

                          Quant on sait que le rapport GRIN estime ces coûts à environ 25 milliards d’euros chaque année pour l’ensemble de l’Union Européenne, on pourrait rigoler si l’affaire n’était pas aussi grave.

                          On peut ajouter que depuis des décennies tous les Ministres de la Ve République qui se sont succédés ont systématiquement refusé que l’espéranto soit accepté comme option « facultative » au Bac, malgré les nombreuses demandes de parlementaires de tous bords. Voir http://bertin.ifrance.com/frposgou.htm


                          • (---.---.140.135) 20 octobre 2005 19:06

                            Le problème de l’espéranto est que :
                            - Son objectif actuel est uniquement d’imposer un efort aux anglophones, en échange, on ne pourra pas parler la langue apprise dans les pays anglophones (si je vais à Londres pour le travail je ne vais pas demander à un serveur de restau de parler l’esperanto).
                            - Il lui manque toutes ces bizareries qui font la beauté d’une langue.
                            - Il demande un effort à tous ceux qui ont appris l’anglais.
                            - Il n’y a plus de référence (en anglais, la référence est ce qu’on parle à Londres) notamment plus d’accent ni de possibilité d’apprendre un accent ce qui rends la communication plus difficile.
                            - Le plurilinguisme si il a pour objectif d’imposer aux allemands l’apprentissage de l’anglais ET du français est bête (il ne peut pas ne pas y avoir de langue de référence)

                            Ce qui est toujours abominable c’est le mélange des langues, l’espéranto en est le summum est est également une abomination.


                            • skirlet (---.---.7.147) 20 octobre 2005 19:29

                              - L’objectif actuel de l’espéranto est de fournir un moyen de communication à tout le monde, parce que c’est la langue étrangère pour tous. Vous préférez apparemment que le monde entier fasse un effort, SAUF les anglophones. Si vous allez à Londres (Madrid, Pékin etc) pour le travail, il est normal de parler la langue du pays. Pour un touriste qui parcourt le monde, la solution espéranto est optimale.

                              - La beauté d’une langue consiste en d’autres choses, les bizarreries venant en dernière place. D’ailleurs, qui vous a dit que l’espéranto n’est pas beau ? smiley

                              - Ceux qui ont vraiment appris l’anglais sont rares. Très rares. Le baragouinage primitif ne compte pas.

                              - Les accents ne facilitent pas la communication, et ça fait longtemps que l’accent londonien n’est plus une référence.

                              - Définissez le terme « multilinguisme », sinon chacun y met son propre sens.

                              Les langues pures n’existent pas, chacune est un mélange d’une façon ou d’une autre.


                              • skirlet (---.---.7.147) 20 octobre 2005 19:53

                                Oh, j’ai oublié : au cas où si ce n’est toujours pas clair, personne n’a jamais proposé de n’apprendre QUE l’espéranto. Commencer par l’espéranto est le meilleur moyen de passer à l’apprentissage des autres langues (je dis langueS, et non le seul anglais).


                                • (---.---.249.22) 21 octobre 2005 00:20

                                  Réponse à l’anonyme du 20 octobre 2005.

                                  Vous dites : « L’objectif actuel de l’espéranto est uniquement d’imposer un effort aux anglophones ».

                                  => Non, l’objectif est avant tout de réduire l’effort du plus grand nombre. Si les pays de l’Union Européenne pouvait faire chaque année une économie de 25 Milliards d’euros, ce serait au bénéfice de tous, y compris des anglais..

                                  Vous dites : « Il manque à l’espéranto toutes ces bizareries qui font la beauté d’une langue ».

                                  => Moi, je trouve une beauté à la régularité de l’espéranto.

                                  Vous dites : « Avec l’espéranto, il n’y a plus de référence (en anglais, la référence est ce qu’on parle à Londres) »

                                  => Avec l’espéranto, il y a une référence, c’est le Fundamento. Le Fundamento est un petit ouvrage qui définit par écrit le code génétique de la langue. Devant ce Fundamento, tous les locuteurs sont égaux ; il n’y a pas d’un côté les maîtres qui détiennent la référence arbitraire du beau langage et de l’autre ceux qui suivent comme ils peuvent. Avec l’espéranto, personne ne fait allégeance à personne ; chacun peut s’exprimer tout en restant sur un pied d’égalité et tout en continuant à penser dans sa propre langue (alors qu’avec l’anglo-américain, vous devez penser comme un anglais ou un américain).

                                  JJK


                                  • (---.---.116.132) 21 octobre 2005 06:28

                                    Esperanto oui ! Neil Blonstein, Profesor ecole public, New York


                                    • Henri Masson 21 octobre 2005 06:41

                                      Faut-il faire comprendre à l’anonyme que l’espéranto n’a aucunement pour but de remplacer les langues nationales et ethniques mais de constituer un lien accessible entre les locuteurs de toutes ces langue ? Il est évident qu’il faut apprendre l’anglais si l’on veut travailler en pays anglophone, ou l’espagnol si l’on veut séjourner très longuement en pays hispanophones, et ainsi de suite. Mais dans le cas de personnes qui voyagent à travers divers pays dont les langues sont différentes, il est impossible de maîtriser celles-ci avant de partir. Il y a de nombreuses situations dans lesquelles l’espéranto apporte un atout supplémentaire, même à des personnes qui parlent l’anglais et d’autres langues dites « grandes ». Ne serait-il pas plus logique et intelligent d’étudier un sujet avant d’émettre un avis ?


                                      • Negravaski (---.---.207.114) 21 octobre 2005 14:12

                                        Réponse à l’anonyme d’hier 20 octobre.

                                        Comme nous sommes différents ! Vous trouvez que le mélange des langues est abominable, pour moi c’est un enrichissement. J’aime beaucoup l’anglais, bien que ce soit un mélange de langues (« When we come to a language like English, we find ourselves dealing with several languages rolled into one », dit Robert Lord dans *Comparative Linguistics*, Londres : English Universities Press, 1974, p. 73). Non seulement c’est un mélange de langues mais c’est un mélange particulièrement hétérogène : le son /k/ s’écrit *k* dans *king*, parce que c’est un mot germanique, mais *c* dans *courage*, parce que cela vient du français. La langue comprend d’innombrables doublets qui n’ont pas leur équivalent ailleurs : *inevitable* / *unavoidable*, *brotherly* / *fraternal*, *threat* / *menace*, etc. Quel salmigondis ! Presque toutes les langues du monde dérivent « dentiste » de « dent » : allemand « dent » *Zahn*, « dentiste » *Zahnartzt* ; japonais, « dent » *ha*, « dentiste » *ha-isha* ; malais « dent » *gigi*, « dentiste » *doktor gigi*, etc. En anglais « dent(s) » se dit *tooth, teeth* (origine germanique) mais « dentiste » *dentist* (origine française). Drôle de mélange ! Pour moi cela n’a rien d’abominable ! C’est un des charmes de la langue.

                                        C’est vrai, j’ai ce défaut : j’aime les mélanges. J’ai beaucoup d’affection pour bien des amis métis. Je suis moi-même le produit d’un mélange de cultures, ma femme aussi, et nous considérons cela l’un et l’autre comme une richesse. Mes petits-enfants ont des grands-parents de six nationalités différentes. Si vous saviez comme ils sont mignons !

                                        Il est vrai que j’aime surtout les mélanges quand un principe assimilateur les rend homogènes. Il en est ainsi de la plupart des langues, et notamment de l’espéranto. L’anglais est une des rares exceptions. Il y a aussi un principe assimilateur dans une salade où le mélange de laitue, carottes, radis, olives, anchois et fromage est harmonisé par une sauce savoureuse, qui est elle-même un mélange. Quoi de plus différent que de l’huile, du vinaigre, de la moutarde ? Sans doute suis-je vraiment pervers : j’aime mon corps (et pas seulement le mien !). Pourtant c’est un mélange de solide, de liquide, de visqueux, de dur, de mou, de rose, de blanc, de rouge, de jaune, de noirâtre...

                                        Vos propos montent que vous ne savez rien de l’espéranto. Vous trouvez qu’il lui manque des bizarreries ? Et les lettres à chapeau, ne sont-elles pas bizarres ? Et les formations rigolotes de mots composés comme en créent les enfants ? Ce que vous reprochez à l’espéranto dans cette phrase, c’est ce que vous devez, pour être cohérent, reprocher au chinois. Le chinois, comme l’espéranto, se compose uniquement de monèmes invariables qui se combinent sans restriction. En chinois, pas de verbe irrégulier, pas de pluriels bizarres, pas de formation lexicale irrégulière [si on sait dire « dent » (*ya*), on sait dire « dentiste » (*yayi*)]. Pourtant, c’est une langue pleine de charme.

                                        Vous dites aussi : « En échange [de l’espéranto], on ne pourra pas parler la langue apprise dans les pays anglophones (si je vais à Londres pour le travail je ne vais pas demander à un serveur de restau de parler l’esperanto) ». Quelle idée bizarre ! Le fait que je parle espéranto ne m’empêche pas de parler anglais avec plaisir. J’ai une fille qui habite aux Etats-Unis. Quand je vais la voir, je parle anglais à longueur de journée avec la plupart des gens du coin que je rencontre. Il serait absurde que j’attende d’eux qu’ils parlent espéranto. Ils ne savent même pas ce que c’est (il me semble que vous non plus, d’ailleurs). Je crois que de savoir l’espéranto m’a beaucoup aidé, quand, plus tard, j’ai appris l’anglais. Je ne comprends pas l’incompatibilité que vous voyez entre ces deux langues. Pourriez-vous me l’expliquer ? J’ai un autre travers : j’aime comprendre.

                                        Vous ajoutez qu’avec l’espéranto il n’y a pas « de possibilité d’apprendre un accent ce qui rend la communication plus difficile ». Ce n’est pas mon expérience. J’ai parlé l’espéranto avec des personnes de plus de cent pays, je n’ai jamais trouvé la communication plus difficile qu’en anglais. En fait, elle l’est moins. Quand je travaillais en Asie orientale, j’ai assisté à des réunions entre Chinois, Japonais, Vietnamiens, Coréens tenues en espéranto, à des réunions analogues utilisant l’anglais, et à d’autres recourant à l’interprétation simultanée anglais-chinois-japonais. Celles où la communication était la plus performante étaient celles qui se déroulaient en espéranto. Cela tient en grande partie à l’accent tonique fixe et au fait que l’espéranto n’a que cinq voyelles pures, alors que l’anglais à une quinzaine de sons voyelles qu’il faut bien différencier pour se comprendre. Peu de peuples arrivent à reproduire la distinction entre *sucks* et *sacks*, *sacks* et *sex*, *sex* et *six*, *six* et *seeks*, etc. Croyez-moi, avec un Japonais ou un Coréen, j’aime mille fois mieux parler espéranto qu’anglais. Voyez (ça y est, je refais de la pub pour mes articles, pardonnez-moi !) la section B 2 de mon rapport de recherche « Espéranto - L’image et la réalité », accessible par http://claudepiron.free.fr/ .

                                        Bonne lecture !


                                        • Jean-Claude (---.---.20.123) 21 octobre 2005 14:17

                                          Réponse à l’anonyme : je n’ai jamais entendu dire que le but de l’espéranto c’est de demander un effort supplémentaire aux Anglais ! On lit vraiment n’importe quoi au sujet de l’espéranto. Pourtant je le parle depuis 25 ans et l’utilise chaque jour. Je viens juste de recevoir un message d’une jeune russe qui est espérantophone de naissance. Ce que je sais c’est que cette langue est formidable, très expressive, toute en nuances et elle contient des bizarreries comme toutes les langues. Mais elle est aussi par bien des aspects plus logique que d’autres langues. Elle a des qualités vraiment qui doivent être connues du plus grand nombre. Un petit exemple de la justesse de la langue : le mot « élève » se traduit par « lernanto » c’est à dire « l’apprenant ». Beaucoup de profs préfèrent appeler les élèves des « apprenants » qui serait un mot plus juste pour qualifier les « élèves ». Et puis beaucoup de mots de la langue espéranto sont repris (sciemment ou inconsciemment ?) pour donner un nom. Par exemple telle entreprise importante s’appelle depuis peu « Alloga ». Telle autre entreprise qualifie son nouveau logiciel d« Espéranto du Multimédia ». Kore Jean-Claude


                                          • GS (---.---.148.2) 21 octobre 2005 16:45

                                            Je constate avec amusement (car il vaut mieux en rire, n’est-ce pas ?) que tous les prétextes seront bons pour dénigrer l’espéranto :

                                            - pour les uns elle n’est pas assez « parfaite », pas assez « pure », pas assez régulière et on s’acharne à proposer d’autres langues construites, soi-disant plus régulières, plus faciles à apprendre et plus équitables

                                            - pour les autres, elle sera au contraire trop régulière, trop froide, trop « artificielle ». On lui reprochera son manque de « naturel », les petites et grosses imperfections qui sont le cauchemar des étudiants, mais qui fondent la beauté d’une « vraie » langue.

                                            Dans les deux cas, on a généralement affaire à des personnes peu informées (ou ne souhaitant pas tenir compte) des réalités du terrain. Comment leur expliquer ? On prend vraiment conscience de la beauté et de l’efficacité de l’espéranto en le pratiquant dans un contexte international, pas en menant - seul et sur la base de prémisses incomplètes - une sombre réflexion purement intellectuelle.


                                            • HENRY (---.---.201.74) 21 octobre 2005 22:07

                                              Le néologisme « reticulaire » est tout a fait honorable et provient de la racine « rêts » qui en ancien français désignait le filet (le mot est d’ailleurs resté de nos jours en patois normand). Cette racine se retrouve en français actuel dans les mots « réticule », « rétiaire », « rétine » et surtout « réseau » qui tous sont en rapport avec l’idée de filet, laquelle est à l’origine de l’anglais « net ».


                                              • Negravaski (---.---.97.21) 22 octobre 2005 10:42

                                                Rectificatif :

                                                Dans ma réponse du 21 à l’anonyme du 20 octobre, il faut remplacer le mot « grands-parents » par « arrière-grands-parents ».


                                                • Henri Masson 25 octobre 2005 07:23

                                                  Esperanto New York : lancez une recherche avec ces mots et vous serez agréablement surpris ! On y découvre entre autres le site du restaurant « Esperanto », puis celui de la Société d’Espéranto de New York (ESNY).

                                                  Merci en tous cas à Neil Blonstein pour son sympathique clin d’oeil ! smiley

                                                  New York est une ville qui compte dans l’histoire de l’espéranto puisque c’est au siège des Nations Unies qu’une pétition, jusqu’alors la plus grande de l’histoire, fut remise le 6 octobre 1966 à M. Narasimhan, secrétaire-adjoint de l’Onu et chef du cabinet de U Thant. Cette pétition, qui se poursuivit après la date de remise, réunit en tout, jusqu’à juin 1969, 930 025 signatures individuelles et celles de 3 851 organisations représentant environ 73 millions d’adhérents.

                                                  Sur le site de ESNY, dont le siège se trouve au « 777 UN Plaza », apparaît entre autre un petit guide de la ville de New York en espéranto. Si vous y allez, donnez-leur un petit bonjour ! Tél. : (212) 687-7041.

                                                  Tout ceci pour confirmer qu’Internet et l’espéranto, nés à près d’un siècle d’écart, étaient faits l’un pour l’autre.


                                                  • fred (---.---.189.239) 30 octobre 2005 22:27

                                                    Comme remarqué plus tôt, libération n’est pas sous spip. En revanche le plus gros site spip au monde est celui de l’Humanité avec déjà 15 ans d’archives complètes du quotidien !


                                                    • Henri Masson 31 octobre 2005 06:35

                                                      Le système de publication pour l’Internet SPIP est utilisé pour de nombreux sites importants mais, en effet, il ne l’est pas par « Libération ». J’ai eu trop confiance en ma mémoire cette fois-ci... Merci d’avoir rectifié. Il existe des dérivés de SPIP, par exemple le projet SPIP-Agora du gouvernement. Le mieux, pour en savoir plus, est de faire une recherche avec le mot « spip », ou même « spip espéranto » (67 200 occurences !).

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