A propos du Revenu de Base
Je voulais vous communiquer mon impression concernant l’idée d’un revenu inconditionnel d’existence (ou revenu de base), qui est un sujet dont on entend parler de plus en plus. Étant personnellement dans une situation d’exclusion sociale et ne dépendant plus, pour ma subsistance, que du dernier cercle de solidarité que sont mes parents, il va sans dire que dans le cadre d’une économie monétisée telle que celle où nous vivons actuellement, je serais bien content de recevoir un tel revenu ! Quand on n'a pas un kopeck, la perspective de recevoir même un petit quelque chose semble forcément enviable.
Toutefois, sensible à cette question depuis plusieurs années déjà et après avoir analysé plusieurs approches concernant les différentes alternatives au système économique actuel, j’en suis arrivé à la conclusion que cette solution ne représentait, au mieux, qu’un pis-aller permettant aux plus faibles de ne pas sombrer inéluctablement dans la misère (ce qui n’est évidemment pas un mal), au pire un alibi permettant à ceux qui contrôlent le système monétaire et l'économie financiarisée de poursuivre leur hégémonie sur les ressources précieuses de notre belle planète au profit d’une petite minorité de voleurs de ressources et de pouvoirs.
Bien évidemment, pour parvenir à une telle conclusion, il faut aborder un certain nombre de domaines liés entre eux et renverser pas mal d’idées toutes faites (culturelles) concernant la manière dont le monde et son économie, ainsi que les êtres humains, fonctionnent. Je me propose donc ici de vous communiquer quelques réflexions qui remettent cette idée en perspective et présente un certain nombre de vices qui n'apparaissent pas au premier abord. N'oubliez pas deux grands principes : chercher la cause des causes des problèmes, mais aussi songer aux conséquences à moyen et long termes des solutions envisagées.
LE REVENU DE BASE, C'EST QUOI ?
D'abord, que propose l'idée du revenu de base (ou du revenu inconditionnel d'existence) ? Ce projet propose d'offrir un revenu minimum d'existence à tous sans condition d'accès préalable. Une sorte de RMI inconditionnel valable pour tous. L'argent nécessaire à cette allocation à vie serait issu de taxes ponctionnées sur les profits financiers dégagés d'année en année par le secteur financier privé et/ou via une TVA portée à 50% sur les produits dit « de luxe ». Ce revenu offrirait, primo, d'obtenir un minimum financier qui permettrait d’assurer les besoins vitaux, comme la nourriture, le logement et les soins de santé, secundo de palier au manque d’embauche dû à l'inévitable diminution des postes de travail qui est essentiellement le fruit de la pertinence et de l'efficacité grandissante de la technologie - ce qui serait une façon de lutter contre le chômage dit « technologique » (un bel euphémisme de la novlangue oligarchique).
Remarquons d'abord une chose, c'est que ce principe n’est éthiquement applicable que si et seulement si il concerne la totalité des humains du globe. Nous ne pouvons en effet pas présenter comme étant un incontestable progrès social un système qui permettrait seulement à certains, sur base de leur lieu de naissance, d’avoir accès aux besoins de base sans travailler, tandis que d’autres seraient toujours asservis à des conditions de travail précaires pour accéder à cette même survie. Même si cette réalité est celle que nous observons déjà en grande partie aujourd'hui, l'instauration d'un revenu de base uniquement pour une partie des peuples de la planète (nés dans les pays les plus développés et les plus riches) ne ferait qu’accentuer cette situation d'inégalités et dans ce cas, cet avantage deviendrait ni plus ni moins une injustice et une inégalité flagrante de plus. Des humains pouvant assurer leur survie grâce aux profits engrangés par le travail d'autres humains surexploités et largement sous payés nous ramènerait aux grandes heures de l’esclavagisme. Bien entendu, si le revenu de base n’est pas mondialisé, l’immigration ne pourra qu’exploser et avec elle, les inévitables guerres de territorialités (chaque pays offrant un revenu de base à ses habitants défendant farouchement ses frontières).
ANALYSE MACRO ECONOMIQUE DU PROJET
L’économie basée sur la monnaie et les échanges commerciaux ne peut fonctionner que si et seulement si la valeur (le prix) d’un produit est suffisamment élevé pour que tous ne puissent y avoir accès. La monnaie ne sert pas à gérer l'abondance ; elle a précisément été créée pour gérer la rareté, la pénurie. Si un certain nombre de produits ne sont pas rares, les profits sont rendus possibles par la grande quantité mise en vente et l'impérieuse nécessité des dits produits, comme la nourriture, par exemple. Le profit ne peut survenir que par la rareté des denrées. Pour illustrer cela, imaginez que vous deviez vendre du sable à un bédouin du Sahara. Ce serait ridicule étant donné la disponibilité et l’abondance du produit. Abondance = gratuité tout comme rareté = coût élevé.
L'idée sous-jacente qui se dégage de notre actuel système économique basé sur la monnaie est qu'il n'y en a jamais assez pour tous, et notamment qu'il n'y a pas assez de denrées de base pour nourrir les sept milliard d'individus de la planète. Cette croyance est accentuée par le fait que nous savons que des millions de personnes meurent encore chaque année de faim, de malnutrition, de même que par l'accroissement de la pauvreté et de la misère dans le monde. Elle est finalement cristallisée dans nos esprits par le fait que nous-même ne pouvons avoir accès à tout ce que nous souhaitons, et que pour beaucoup, nous faisons l'expérience du manque. Ce conditionnement psychologique et culturel va même jusqu'à inciter les industriels à créer artificiellement la rareté lorsqu'ils sortent un nouveau produit, afin de stimuler, par le réflexe du désir pulsionnel de posséder « ce qui est rare », une ruée vers les magasins (Apple est passé maître dans ce domaine de manipulation commerciale).
Or, cette idée fausse de la rareté et de la pénurie des denrées alimentaires est contredite par les rapports de l’ONU (rapport Ziegler) qui concluent sur la possibilité de nourrir, actuellement, douze milliards de personnes !
Pas de rareté = pas de profits. Les profits n’existant plus, à très court terme, le revenu de base - dont le financement est basé sur des taxes ponctionnées sur les excédants financiers - diminuerait et ne pourrait plus être versé. En suivant la même logique, les produits indispensables n’étant plus suffisamment onéreux puisqu'ils seraient accessibles à chacun grâce au revenu de base, et par là même, n’occasionnant plus de profit, c’est tout un pan de l’économie qui s’écroulerait. Souvenez-vous que le système économique actuel est fondé sur une croissance exponentielle, et que sans cette croissance (excédants financiers toujours plus grands d'année en année), le revenu de base ne peut être alimenté. Que deviendrait-il ?
Supposons alors que, tout le monde ne vivant pas QUE du revenu de base, l’économie se rééquilibrerait par une sorte de principe des vases communiquant grâce à d’autres produits d’achats (de deuxième nécessité et de luxe) plus onéreux, auxquels les personnes profitant du revenu de base mais disposant également d’un salaire, auraient accès plus largement. Le modèle social qui se dessinerait dans cette perspective serait alors que, pour que chacun puisse manger à sa faim, se loger et profiter d’une protection de base, il faut que certains consomment des produits dits « de luxe » afin que l’économie garde un équilibre de profit qui permette le versement du revenu de base.
On se retrouverait avec une stratification sociale à 2 ou 3 niveaux :
1) une large majorité de personnes ne disposant que d'un revenu de base pour (sur)vivre
2) Un nombre très réduit (moins de 5 % de la population) de travailleurs ayant accès à leurs besoins essentiels grâce au revenu de base et qui pourraient s’offrir en plus, grâce à leur salaire, quelques produits dits « produits d’envies »
3) des « riches » (ultra-riches) ayant le revenu de base et les immenses revenus issus de leurs excédents financiers faramineux, donc ayant accès aux meilleurs services et technologies. Nous constatons que l’écart entre la base et les nantis se creuserait d’autant plus. Est-ce là le progrès social que nous souhaitons ?
Qu'en serait-il de la surexploitation des ressources et denrées dites de seconde nécessité et de luxe ? Car sur ce principe, où est la réflexion et la mise en application de la sauvegarde des ressources de la planète ? Qu'en serait-il du nombre de travailleurs salariés, sachant que le travail rémunéré disparaît et qu’il ne reviendra pas ? Qui et que devenons-nous sans salaire dans une société d’économie basée sur l’argent ?
Le revenu de base à lui seul garantit une sécurité liée aux besoins indispensables mais l’accès au travail salarié se raréfiant de façon exponentielle, seuls certains pourront accéder aux meilleurs soins, meilleurs produits nutritifs, meilleure sécurité. Aujourd’hui, étant donné la progression galopante des technologies et de leurs possibilités, l’écart n’en sera que plus criant. Du point de vue de la santé cela donnerait que les personnes disposant uniquement du revenu de base resteraient mal voyante (une paire de lunette standard en guise de "soin"), les salariés aurait un implant de la cornée et les plus riches auraient un œil bionique. Même si cela est déjà le cas aujourd'hui dans une large mesure, l'instauration d'un revenu de base sacraliserait ce principe sous prétexte que l’accès aux besoins de base représente déjà un « sacrifice » sur la part de profit des plus riches et qu’il faut bien qu’il leur reste un avantage. Les valeurs fondamentales issues du paradigme de l'économie basée sur la monnaie resteraient les mêmes : compétition, avantage différentiel, concurrence, consommation à l'excès, etc.
Dans ce système, les causes premières donnant lieu à l’envie, la jalousie, la délinquance, la guerre ne sont pas minimisés mais accentuées. On pourrait me répondre qu’il y a toujours eu des riches et des pauvres, que c'est dans la « nature humaine », etc. Bullshit ! Il n'y a eut disparités sociales et instauration de classes sociales (donc de hiérarchisation des sociétés) que depuis l'avènement des civilisations, c'est-à-dire pas plus de 8000 ans (environ), ce qui représente moins de 1% de l'histoire de l'homme sur l'échelle de l'évolution. A propos de la « nature humaine », Gandhi disait qu'il ne faut pas confondre ce qui est naturel et ce qui est habituel. Il ne faut pas confondre ce qui est inné et ce qui est acquis par la culture et la tradition.
Le problème n’est donc pas de nourrir la planète mais de donner accès à la nourriture à tous. C'est seulement parce que les plus pauvres n'ont pas d'argent qu'ils ne peuvent se procurer la nourriture disponible, et non parce que la nourriture manque. Seulement, que se passerait-il si tous avaient accès à la nourriture avec le revenu de base ? Cela aurait pour conséquence inévitable de faire chuter le marché du secteur alimentaire. L’économie liée à ces denrées s’écroulerait.
IMPACT SUR LES INDIVIDUS
Aujourd’hui la misère peut se définir par deux approches souvent liées : la misère dite financière et la misère dite culturelle. Actuellement, la grande misère culturelle (sociale et environnementale) produit des personnes en manque de reconnaissance individuelle qui cherche à palier se déficit grâce à l’acquisition de biens affichés et affichables et d'argent. Voyez l’enquête issue de « spirit level » (référence au bas de l'article) disponible sur le site Equality trust sur l’attache donné à la notion de « respect » chez les pauvres (au sens financier) et chez les prisonniers. Qu’en sera-t-il de ces personnes dans une société qui leur garantira un revenu de base ? Quelle nécessité, selon les critères de valeur qui ressortiront de leur situation sociale, d’aller étudier sachant qu’ils n’auront jamais accès à un travail rémunéré qui leur offrirait l’accès à certains biens ? A quoi occuperont-ils leur temps s’ils n’ont pas à gagner leur vie pour (sur)vivre et qu’un maximum de biens inaccessibles pour eux leurs sont vantés en permanence ? Qu’en sera t-il de toutes ces personnes de plus de 40 ans à qui l’on a inculqué depuis de nombreuses générations que seul le travail salarié et bien rémunéré est LA valeur principale de la réussite dans la vie quand on leur dira qu’ils n’ont plus accès à un travail salarié et qu’ils vivront de ce qu’il ne manqueront pas de percevoir comme un subside avilissant ? Certains auront le droit au travail, pas d’autres. Si par malheur vous perdez votre poste de travail vous devenez tamponné « revenu de base » avec la quasi certitude de ne plus jamais être salarié.
On peut rétorquer que, bien amené, il est possible que grâce au revenu de base, notre temps de créativité est totalement libéré et que c’est une richesse sans commune mesure que de pouvoir se lever sans avoir à se préoccuper de « gagner » sa vie pour subvenir à ses besoins premiers. Certes. Envisageons donc la situation sous un angle optimiste. L’imagination se débride, les mutualisations de savoirs se panachent, les regroupements créent de l’idée et de l'innovation. Dans un monde financier, si les moyens monétaires ne sont pas aux rendez-vous, comment concrétiser ces nouvelles idées créatives ? Il foisonne aujourd’hui de projets extraordinaires chez des particuliers et dans moult associations. Qu'en est-il concrètement ? Il faut dépendre de l’argent public (qui implique plus ou moins certaines tractations, consensus, promesses et comptes à rendre) qui à chaque échéance électorale voit le projet stoppé pour favoriser celui de partenaires plus en adéquation avec les vues de tel ou tel parti. Ou bien dépendre de l’argent privé qui cherchera, dans le meilleur des cas un partenariat avec les créateurs, dans le pire à voler les idées et les breveter à leur profit. Il reste l'option de solliciter un emprunt bancaire pour développer un projet mais pensez-vous que la banque vous prêtera de l’argent sachant que vous émargez seulement du revenu de base ? Les banquiers ne prennent jamais de risques dans l'économie réelle.
QUELLES SONT LES ALTERNATIVES ?
Il existe bien sûr d'autres propositions similaires dans le principe, bien que différentes dans leur logique et leur mode d'application, comme par exemple la proposition de Bernard Friot d'un « salaire à vie ». On ne parle plus de "revenu" ou d' "allocation" mais bien d'un "salaire" correspondant, dans son approche, à une qualification. Vous recevez une somme d'argent correspondant à un certain degré de connaissance, d'expérience et de qualification sur une échelle restreinte de quatre niveaux (allant de 1500 euros à la sortie des études secondaires, et pouvant aller jusqu'à 6000 euros au dernier stade). Vous recevez cette somme que vous ayez un emploi ou non : c'est le salarié qui est qualifié, et non le poste de travail à pourvoir (ce qui change complètement le rapport actuel au travail, il faut le reconnaître). C'est une proposition intéressante et à mon avis plus rigoureuse que le revenu de base, néanmoins, cette proposition reste dans un contexte d'économie globale basée sur la monnaie, ce qui fait que le résultat à moyen ou long terme reste le même, que ce soit avec un revenu de base ou un salaire à vie.
Alors quelle serait l'alternative permettant d'atteindre les mêmes objectifs de résolution des nombreux problèmes de la société actuelle qui constituent la motivation de la proposition mais sans les effets pervers ? Rappelons-nous que pour apporter une solution à un problème, il nous faut agir sur la cause principale du problème. Agir sur les conséquences ne résoudrait pas le problème. Nous avons observé que ce qui relie l'ensemble des problèmes sociaux, économiques et humains, c'est l'argent, la monnaie. Peut-on vivre dans un monde sans argent ? peut-on concevoir une société où les activités et les rapports humains ne sont pas régit par l'argent et le profit ? La réponse est oui : il est possible dès aujourd’hui de vivre dans un monde sans argent ! Il est bien sûr difficile, au premier abord, d’imaginer cette possibilité et ses innombrables conséquences. Pourtant, une réflexion autour d’une économie basée sur le partage des ressources (EBR) et non sur la monnaie (l’échange, le troc ou tout symbole impliquant une valeur) permet de faire sauter tous les verrous des perversions énumérées jusqu’à maintenant.
CE QUE LE PRINCIPE DE L' « EBR » CHANGE
Dans une économie basée sur le partage équitable des ressources (sans argent), où toutes les ressources naturelles et technologiques seraient considérées comme patrimoine commun de tous, primo tout est accessible à chacun - ce qui permet de supprimer les stratifications sociales qui sont sources d’envie, de jalousie, de conflits, etc. - et secundo, les ressources ne sont plus surexploitées en quête de profits financiers et de croissance constante, mais gérées de leur production jusqu'à leur distribution pour répondre au mieux et au plus près aux besoins et aux envies de tous. La question n’étant plus « avons-nous les moyens financiers pour acquérir ou réaliser nos projets ? » mais « disposons-nous des savoirs et des matériaux nécessaires pour les réaliser ? »
D’un point de vue humain, il n'y a plus de stratifications sociales (le prestige du niveau de vie étant actuellement calculé sur le pouvoir d’achat), il n'y a plus de citoyens de deuxième zone (pas d’exploitation de l’homme par l’homme possible puisque plus de rapport à l’argent ni au profit, plus de concurrence ni de compétition économique et sociale) et il n'y aurait plus non plus de vagues de migrations économiques (chacun ayant ce qu’il lui faut là où il se trouve). De même, il n'y aurait plus de guerres puisque les guerres sont dues à la volonté de s'approprier les ressources des autres pour s'assurer un avantage différentiel.
Il ne s'agit plus de gérer la pénurie - principe qui a peut-être été pertinent durant une certaine période de croissance de la civilisation pendant la phase d'exploration et de découverte du globe mais qui est maintenant obsolète - mais bien de générer l'abondance que permettent nos connaissances et notre technologie actuelle ainsi qu'un monde entièrement relié. L'ancien paradigme de l'échange, fondé sur l'idée que « j'ai tel ou tel excédent à échanger contre telle ou telle denrée dont je ne dispose pas » (principe du troc qui sera implémenté par l'usage de systèmes monétaires) est remplacé par le paradigme du partage à l'échelle mondiale.
En ce qui concerne la misère culturelle, dès l’instant où l’envie n’a plus lieu d’être, quel intérêt à voler (qui vole du sable dans le Sahara) ? Qu’en est-il du besoin de reconnaissance lié à l’image du pouvoir d’achat sachant que cette notion disparaît ? ... On résout ainsi 90% des problèmes civiques qui, de près ou de loin, sont liés à l’argent. Il ne reste finalement que les problèmes dits « sentimentaux / passionnels ».
D’autre part, chaque enfant de cette planète naît artiste et scientifique (tous les enfants aiment danser, chanter, dessiner… et sont curieux et à la recherche de compréhension : « Pourquoi la mouche vole ? Pourquoi ça s’appelle de la moutarde ? Pourquoi la tomate est rouge ? ... »). Si nous laissons s’épanouir ces deux tendances naturelles et qu’il n’y a plus besoin de « formater » un individu dès son enfance pour qu’il réponde aux besoins d’une société de travail rémunéré, quel genre d'hommes et de femmes deviendrons-nous ? A ce propos et pour éclairage, visionnez la conférence de Marc Giget (président de l’institut européen de stratégies créatives et d’innovations) sur la culture de l’innovation dans les pays nordiques (référence au bas de l'article).
Concernant l’adaptation des personnes de plus de 40 ans (sur la notion de travail rémunéré) : Vous parait-il plus facile de vous retrouver tous à égalité dans une société sans argent où tout ce que vous n’avez pu faire ou avoir accès est dorénavant réalisable ou à contrario vous retrouvez avec de quoi survivre dans une société financière où vous avez la quasi certitude que tout ce qui est autre que vos besoins de base ne sera plus à votre portée ? Pour la réalisation de vos projets, préférez-vous avoir comme interlocuteur, un banquier, un mécène, l’état ou pouvoir réfléchir et passer à l’action seul ou avec des personnes choisies sans contraintes ni barrières de coût financier ?
Et ces quelques questions ne concernent que la partie émergée de l’iceberg.
CHOISIR LE PROJET LE PLUS ADEQUAT
Donc, tant qu’à œuvrer pour un changement de société - et nous sommes nombreux à partager l'idée qu'un changement est devenu indispensable -, il m'apparait nettement préférable de choisir un projet qui apportera un progrès radical (c'est-à-dire qui traite les problèmes à la racine de leurs causes) qui agisse à la fois sur le concret (les conditions de vie) et sur l'abstrait (les mentalités et la conscience collective qui en découle) plutôt que sur un projet qui n'agit que sur des symptômes afin d'atténuer les effets de la maladie sociale et culturelle qui nous ronge. Si au départ, sans analyse, le projet du revenu de base inconditionnel parait séduisant, opportun, généreux, progressiste, j'en suis donc venu, après réflexion, à conclure qu'il ne nous permet pas d'obtenir les résultats escomptés mais au contraire, permettrait de prolonger - et sans doute même aggraver - la maladie sociale qu'il se propose au départ de combattre.
Albert Einstein disait qu'il est impossible de résoudre un problème avec le mode de pensée qui l'a engendré. Il n'est donc pas difficile de comprendre que nous ne pourrons pas résoudre des problèmes liés au paradigme de l'économie monétarisée avec le mode de pensée qui a engendré ce paradigme. C'est encore plus vrai si nous constatons que c'est précisément ce paradigme qui est à la racine des problèmes que l'on cherche à résoudre.
LA TRANSITION
Il nous revient souvent le mot « transition ». Comment passer d’une économie basée sur la monnaie en place depuis plusieurs milliers d'années à une économie basée sur les ressources ? Il est vrai que nous avons culturellement occulté le fait que ce mode d'existence a existé pendant près de 350 000 ans mais sans disposer des apports technologiques actuels. Alors qu’en serait-il de la transition dans une économie basée sur les ressources ? Le revenu de base ne serait-il pas une étape, un palier qui tendrait vers un futur encore meilleur, le système qui amènera cette transition ?
Nous venons de démontrer que le revenu de base n’est pas une transition vers une économie basée sur les ressources mais l’extrême opposé. Le revenu de base est la suite logique de l’avilissement de l’individu face au pouvoir de l’argent. Il ne pourra qu’accentuer les pathologies sociales actuelles qui sont pour la plupart les fruits des inégalités sociales. Il est sans doute exact de dire que le revenu de base est précisément l'évolution logique, l'étape suivante qui va permettre au système actuel de se perpétuer. Sous l'impulsion d'un réflexions sincères pour certains et sous prétexte démagogique pédant de complexe de supériorité pour d’autres, on parle d’aide aux plus démunis, de dignité retrouvée… et on tue la fierté de la créativité et donc celle de l’épanouissement. Les dés du système financier sont pipés tant et si bien que rien de bénéfique ne pourra sortir d'une solution qui repose sur ce système. Dans cette époque de mutation où les consciences se réveillent, montrer le revenu de base comme un progrès revient au même que focaliser les esprits en leur proposant une grappe de raisin alors que c'est tout le champ de vigne que nous pourrions cultiver ensemble. De plus, cette grappe, on la payera chère, très chère, bien plus chère que la somme prévue pour un revenu de base.
Cela étant, entre le monde de maintenant et la réalisation globale de ce projet, il est évident qu'il y aura des étapes. Sachez déjà que différents projets sont actuellement en cours. Un film grand public permettra d’ici peu de vulgariser, d’appréhender et de conceptualiser les idées clefs et les applications directes d'une société organisée selon l'économie basée sur le partage équitable des ressources. Une université couplée à un centre de recherche, tous deux dédiés au Projet Venus, sont en cours de mise en place et un show room permettra de visualiser les concrétisations tant en sciences appliquées, qu’en sciences humaines. Peu à peu, des parcs de démonstrations verront le jour et des villes pilotes commenceront à émerger. Mais pour le moment, dans ce système financier, vous vous doutez bien qu'il faut (encore) de l’argent pour concrétiser tout cela. Nous disposons des ressources technologiques et des savoirs mais seuls les peuples du monde peuvent faire avancer plus vite cet indispensable changement qu’il nous faut adopter rapidement si nous ne voulons pas que la portance de la planète - c'est-à-dire sa capacité à renouveler ses ressources - ne soit par trop dégradée. Nous vivons déjà à crédit de notre monde (wikipedia : le jour de dépassement global). Les plus optimistes des spécialistes assurent que les alentours de 2100 sont une date buttoir avant l’inéluctable effondrement. Les plus pessimistes s’accordent autour de 2025/2030 et nombreux sont ceux qui annoncent 2050. Une chose est certaine, notre Terre est une île dans l’océan de l’univers et si ses ressources indispensables à notre survie (qui nécessitent du temps à leur renouvellement) disparaissent ou sont par trop hypertrophiées, de même que les habitants de l’Ile de Pâques, nous disparaîtrons.
Pour plus d'informations sur la transition, le mieux est de lire et visionner le travail effectué par Jacque Fresco et la multitude de professionnels et amateurs qui ont œuvré à une réflexion holistique pour la promotion d’un nouveau paradigme, d'une nouvelle culture permettant d'édifier - dès aujourd'hui si nous sommes nombreux à le comprendre et à le vouloir ! - une civilisation durable et responsable, autrement dit : le Projet Venus. Au minimum, lisez la FAQ (foire aux questions) sur le site du Projet Venus et visionnez le documentaire « paradis ou perdition ».
Pour commencer à y réfléchir et pour conclure cet article, je vous transmet cette recommandation de Jacque Fresco le pionnier de l'économie basée sur les ressources :
« En ce qui concerne le besoin d’un gouvernement durant la transition d’un système monétaire vers une économie cybernétique de haute technologie basée sur les ressources héritées en commun, il serait nécessaire d’utiliser les services d’analystes de systèmes, d’ingénieurs, de programmeurs, etc. Ceux-ci ne dicteront pas les règles et n’auront pas plus d’avantages que d’autres personnes. Leur tâche sera de mener à bien la restauration de l’environnement afin qu’il se rapproche le plus possible des conditions naturelles sur terre et en mer. Ils devront également planifier de façon responsable la manière la plus efficace de gérer les transports, l’agriculture, l’urbanisme et la production. Ce processus sera également en constante mutation afin de pouvoir répondre aux besoins d’une civilisation elle-même en perpétuelle évolution. »
Dans ce bon sens nécessaire à notre survie, il n’est pas question d’argent ni de pouvoir mais de responsabilité. Le changement ne commence pas demain, il se passe ici et maintenant.
Thierry Desesquelle & Morpheus
REFERENCES
- Enquête issue de « spirit level » (Richard Wilkinson - professeur émérite de l'université de Nottingham) disponible sur le site Equality Trust (http://www.equalitytrust.org.uk/) ou un résumé en français sur la page : http://dsql.perso.sfr.fr/Alternative/... au chapitre : "Le banditisme, la délinquance, la violence (...)".
- Pour visionner la conférence de Marc Giget (président de l'institut européen de stratégies créatives et d'innovations) sur la culture de l'innovation dans les pays nordiques (http://vimeo.com/60213107).
- Wikipedia - le jour de dépassement global : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jour_du_...
- Rapport Ziegler : http://itinerairesud.unblog.fr/files/2007/10/rappjanv07onujeanziegler.pdf
- Prosper (le distributisme) : http://www.prosperdis.org/n_spm.php
SOURCES
Sur le Projet Venus :
- Documentaire « paradis ou perdition » : http://www.youtube.com/watch?v=VL091t...
- Le site officiel du Projet venus : http://www.thevenusproject.com/
- FAQ du Projet Venus : http://www.thevenusproject.com/fr/projet-venus/faq
- Contact francophone du Projet Venus : http://thevenusprojectfrance.org/
- Le site relais des sciences et technologies positives : http://civilisation2.org/
Sur le revenu de base :
- Le RdB, un nouveau droit humain : http://www.youtube.com/watch?v=pZOUv5QQMz0
- Un revenu de base pour tous : http://www.youtube.com/watch?v=WPckyX...
- Le revenu de base (fr) : http://www.youtube.com/watch?v=-cwdVDcm-Z0
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