Bonnes nouvelles chez les Druides & Druidesses – précédé d’une brève histoire druidique
De bonnes choses se préparent chez les druidistes contemporains, puisque récemment le représentant historique du Drudisme au Bosquet (Gorsedd) de Bretagne, Per Vari Kerloc'h (Druide Morgan de son nom initiatique) a fait une déclaration radiophonique sur France Inter relayée par un magazine tel que Le Poher, pour clarifier la démarche.
Il s'agit d'établir une charte déontologique, afin que le Druidisme ne soit plus confondu avec les activités de développement personnel, de phytothérapie, de naturopathie, de sourcier, de néo-shamans, etc. surtout quand elles sont sectaires évidemment, mais aussi avant tout, quand elles sont dépourvues d'enracinement celtique et d'affiliation traditionnelle... mobilisant l'archétype du Druide, par pure complaisance référentielle à une vague figure de « Panoramix ».
Explications.
Reprenons depuis le début
« Nos Ancêtres les Gaulois » sont avant tout de Grands Anciens, puisque leur culture celte s'est dissoute dans la romanité puis la féodalité, tandis que quelques évolutions génétiques ont eu lieu depuis leur époque. Plutôt que de purs prédécesseurs, donc, les Gaulois sont – au sens juridique du terme – des précédents, et d'autant plus que leur souvenir s'est perdu dans la féodalité, avant d'être remis au goût du jour romantique et national depuis deux-trois siècles.
Étendus au Nord de la ligne courant de Bordeaux à Nîmes jusqu'au Rhin, en longeant le Danube vers l'Ouest, les Celtes n'étaient pas tous Gaulois, mais les Gaulois étaient des Celtes. En outre, il y eut des Celtes au Centre-Nord de la péninsule ibérique, et des Gaulois se firent Brittons puisqu'on trouve des noms de clans insulaires comparables aux clans continentaux.
C'est qu'en fait, dans l'ensemble, le noyau des peuples proto-celtiques est le même que celui des peuples proto-germains, proto-slaves, proto-romains, etc. : issu d'Europe Centrale, à la fin du IIème millénaire/début du Ier millénaire avant le Crucifié, ses ramifications se sont acculturées selon les contrées où elles se répandirent. Avant tout, c'est une culture matérielle qui a fait ses preuves, et qui charria avec elle des éléments de culture spirituelle, qui firent divers précipités celtes, germains, slaves, romains, etc. – comme on dit en chimie.
Toute une aire culturelle, encore plus anciennement d'un ou deux millénaires, indo-européenne, ayant elle-même fait précipité avec le peuplement pré-indo-européen, tout en continuant de connaître des éléments non-indo-européens et péri-indo-européens, à travers les âges.
Dans le domaine celte, il est présumable, grâce à des méthodes d'anthropologie comparées éprouvées, que l'Antique Druidicat perpétua et assuma, dans notre péninsule eurasiatique, ce qui était l'Antique Brahmanat dans la péninsule indo-asiatique. Vraiment, nous nous retrouvons, avec les Antiques Druides et Brahmanes, face aux Devenirs de la même fonction sacerdotale originairement indo-européenne, précipitée sur des territoires eurasiatiques et indo-asiatiques différents.
Ainsi faut-il naturellement les différencier : l'Antique Brahmanat correspondait à une caste rigide, tandis que l'Antique Druidicat ressortait probablement de l'aristocratie celte. Comme on sait, avant l'époque contemporaine, l'Inde était structurée en quatre castes, à savoir : les sacerdotes Brahmanes, les guerriers Kshatriyas, les cultivateurs, artisans et commerçants Vaishyas, ainsi que leurs serviteurs Shudras ; avec enfin, un amas de parias connus sous le nom d'intouchables, nommés Dalits... or, rien ne permet de dire que les Celtes furent aussi rigides, quand même existe un comparatisme anthropologique indo-européen, éprouvé depuis l'invaincu Georges Dumézil.
Les Antiques Druides, disais-je, ressortaient de l'aristocratie celte : les hommes formaient des sacerdotes, hommes et femmes/Druides & Druidesses, qui avaient grand pouvoir auprès des autres aristocrates, puisqu'ils pouvaient s'exprimer avant eux. Certes, les chefs respectaient les Druides au risque de leur honneur voire de leur vie, de même que les clans respectaient leurs chefs : la puissance politique du Druide était forte, et la Druidesse initiait même les guerriers. Tout ceci nous semble plus familier que les castes, et pourtant la sanction tombait en cas d'irrespect de l'ordre établi : elle est loin ! la bonhomie du Panoramix de Goscinny et Uderzo, ou la risibilité du Merlin d'Alexandre Astier... même la discrétion, l'enchantement et la féerie du Merlin arthurien s'en éloigne ! alors je vous laisse imaginer quoi penser des modernes associations écospirituelles.
Kaamelott : la santa Muerte française, sainte Mort, du roi Arthur
Les modernes associations écospirituelles
Ou plutôt, non, je ne vous laisse pas imaginer. Au contraire, il faut aller plus loin dans l'éclaircissement. À commencer par ce qui se fait aujourd'hui, qui est éventuellement de l'ordre, parfois purement lucratif, de l'attrape-nigaud en mal de vivre à l'ère « étatico-industrielle ». Il est vrai que c'est une ère, dite « (néo)libérale », qui en pratique s'est déployée à travers la rationalisation bureaucratique et ploutocratique du monde, « (techno)capitaliste ».
C'est-à-dire qu'y domine une « raison commerciale » élaborée à partir des empires coloniaux et leur première mondialisation, industriellement révolutionné par la machine à vapeur puis le moteur à explosion, à partir des travaux systématiques et statistiques, de l'ingénierie qui planifie tout – jusqu'à la souplesse éventuellement accordée. Cette mentalité, productiviste, a été de nombreuses fois critiquée, et c'est toujours elle qui, aujourd'hui, fait craindre quant à la domination numérique, par exemples à travers l'intelligence artificielle ou le crédit social chinois.
De sorte que les envies d'échappatoires soient nombreuses, et que le Druidisme passe pour une telle échappatoire, une écospiritualité sans règle, contrairement aux religions monothéistes, notamment chrétiennes, quant à l'héritage européen, puisque l'oecuménisme fait figure « d'étatico-industrialisation » de la croyance : elle accompagna d'ailleurs la colonisation, redoublant les standards gestionnaires avec ses standards moraux – sur la base du dogmatisme juif, et imitée par l'expansionnisme islamique.
On s'imagine druidiquement pouvoir échapper à tout cadre, il y a un libertarisme hérité des années 1970, et les associations francophones sont farouches les unes à l'égard des autres, notamment françaises, chacune courant à l'entêtement externe, quoi que sensible à sa manière, en interne. Une maladie française, à n'en point douter !... Cependant, le Royaume-Uni ou l'Espagne ont des reconnaissances légales, tandis que de manière générale le sécularisme occidental et la laïcité, permettent de se revendiquer druidiste.
C'est-à-dire qu'il n'y a pas que des Druides & Druidesses affiliés à la tradition, qui peuvent être dits druidistes, mais bien toute un fatras de personnes plus ou moins écospirituelles qui, du moment qu'il leur semble avoir un lien avec la nature, s'affublent du titre de (pseudo)druide, au prétexte que « les Anciens auraient été plus proches de la Nature que nous »... sans comprendre que leur relatif naturalisme est moderne.
L'argument écospirituel, en plus des affres du monde actuel, consiste à dire que les Anciens Druides & Druidesses devaient être de grands herboristes. C'est toujours l'image de Panoramix qui est indécrottable. Si, certainement, certains Druides & Druidesses furent herboristes, le fait est que par mode de vie, tous les Anciens vivaient inévitablement plus proche de la Nature, pour le meilleur et pour le pire. Aussi avaient-ils tous de meilleures connaissances botaniques et animales que nous, entre pharmacie et boucherie.
La posture druidiste est ici, encore et toujours, une révolte contre le monde moderne, pourtant presque incapable de se passer d'Internet – comme tout le monde. Mais antiquement, les hommes et les femmes, Druides & Druidesses compris, aimaient l'ordre humain et craignaient la nature profonde comme « le domaine des Dieux & Déesses » : il ne serait venu à l'idée de personne, d'y aller les chercher, dans tous les sens du terme d'ailleurs.
Et c'était sans parler de ce que le territoire actuellement français, était antiquement plus déboisé qu'aujourd'hui : l'empathie forestière ? L'Antique Druidicat ne connaissait pas. Toute la question étant alors de savoir, si les Anciens se seraient réellement effrayés de notre époque. Ils l'auraient certes jugée extra-ordinaire, hors-normes, par rapport à leurs références. Enfin je ne vais pas vous réinventer les Visiteurs...
renoue avec ses racines spirituelles » : des Occidentaux de traditions celtes, parlent ;
« Les Druides ne sont pas réellement sages, au sens strict
du terme » : des Occidentaux de traditions celtes, parlent bien mieux
D'hier à aujourd'hui
Si donc, nous pouvions prendre en photo le Druidisme actuel, et juxtaposer cette photo avec un cliché de l'Antique Druidicat, nous serions certes obligés de reconnaître avec la thèse de Grégory Moigne, qu'il n'y a aucun rapport entre celui-ci et celui-là : il n'y a pas d'aristocratie celte, pas d'aristocratie reconnue tout court, de laquelle émaneraient des sacerdotes ayant plus d'autorité que les chefs, désormais.
Il y a un naturalisme romantique amateur de la vie sauvage, tandis qu'antiquement il y avait une préférence pour l'artefact. Tout en plus, certaines lisières étaient-elles aspectées, qu'on marquait pourtant du sceau humain – d'un artefact tel qu'une pierre dressée, mieux : d'un autel, ou encore d'un enclos. Ceci change les choses, d'autant plus que l'essentiel du culte se pratiquait dans des sanctuaires enclos, avec une fosse à sacrifices animaux, ornés des crânes et des armes des vaincus rendues hors d'usage.
Le Druide & la Druidesse contemporains sont souffreteux, à côté de cela, sans compter que leurs connaissances spirituelles sont en berne. Bien entendu, il existe des courants nourris au petit lait des textes celtiques insulaires (et je renvoie à cette boutique en ligne, dont je ne retire aucun profit) ainsi que de l'archéologie : honneur à eux ! Mais combien, à côté, font profit du « développement intuitif et sensoriel » ? Combien s'ébaubissent parmi les lieux sauvages, ou encore les mégalithes – alors que le mégalithisme est antérieur aux Celtes et même aux Indo-Européens, d'une bonne paire de millénaires ?
Une tradition
Il y a certes archéologiquement, l'un ou l'autre site mégalithique, dont on a la preuve qu'ils furent aussi exploités à l'ère celtique. Après tout, leur étant postérieurs, des Celtes purent bien en faire quelque chose. Le hasard voulant que la culture mégalithique soit probablement aussi née en actuelle Bretagne, des ères avant la Bretagne (qui date des premiers siècles après le Crucifié), des ères avant l'Armorique (qui date du millénaire avant le Crucifié), comme on a compris.
Au Pays Basque, avec le pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle qui passe par là, on raconte que les jakinak (singulier jakin en basque, prononcé « à l'anglaise », et signifiant : les sages, les savants) ont construit les mégalithes, qui dominent aussi la contrée, et que par assonance on les associa à Jacques le Majeur, patron de l'Espagne, sous le coup de l'hégémonie chrétienne... où l'on change de registre.
Ce registre est celui des bâtisseurs, c'est-à-dire, si vous vous souvenez bien, celui des troisième et quatrième castes indiennes – celles des travailleurs : rien à voir avec les sacerdotes issus de la première caste, de telle sorte que l'on puisse dire que les Antiques Druides & Druidesses se mêlaient peu de choses artisanales.
Pourtant, il est assuré que certains Druides & Druidesses furent de grands techniciens dans leurs domaines ; les forgerons étaient probablement druidiques, en tant que maîtres du feu et du façonnement. Les savoir-faire se transmettaient d'homme à homme, de corps de métiers à corps de métiers, voilà encore quelques décennies maintenant.
Durant la féodalité que nous connaissons bien, c'étaient les corporations de métiers et leurs compagnonnages plus ou moins francs, qui assumaient cette charge : les cathédrales leur doivent quelque chose. C'était l'époque de la franc-maçonnerie dite « opérative ». Car la franc-maçonnerie, ce n'est pas une marionnettiste institutionnelle, surtout pas « l'opérative ».
Bon, tout d'abord, il faut mettre cet « opératif » entre guillemets, en effet, car cette franc-maçonnerie ne se passait pas de spéculations, comme on dit qu'à partir du XVIIIème siècle, naquit une franc-maçonnerie « spéculative ». C'est-à-dire que la franc-maçonnerie précédente, spéculait au moins mathématiquement... mathématiques, que l'on rangeait dans la philosophie alors, puisque la philosophie désignait l'ensemble des connaissances.
Un philosophe était un connaisseur, et l'on avait donc des philosophes tout à fait techniciens, capables d'opérations intellectuelles et artisanales, en cette première franc-maçonnerie – ou plutôt ces francs-maçonneries, puisqu'elles se dispersaient en Europe, quoi que le compagnonnage se concentrât sur le territoire de l'actuelle France...
Mais, étant donné que les connaissances se mêlaient d'ésotérisme, les spéculations allaient déjà au-delà de la seule technicité, sur des éléments initiatiques. Ces éléments peuvent-ils être qualifiés de druidiques ? Non, puisque l'époque avait déjà changé, et que l'Antique Druidicat s'éteignit avec Rome et la christianisation. Néanmoins, rien ne permet, non plus, de s'opposer à l'idée d'un héritage au moins artisanal... en cette même époque où le bardisme, sur les Grandes Îles du Septentrion européen, reprenait le mythe celte, au compte des filid (bardes, en gaélique).
Or, pour reprendre la métaphore des photos d'une époque : si nous parvenions à obtenir un cliché de l'initiation artisanale doublée du bardisme, du VIIIème au XIIème siècle, il n'aurait rien à voir ni avec l'Antique Druidicat, ni avec le Druidisme. Mais ces dates sont importantes, puisque c'est en ces époques, que s'amoncela ce qu'on nomme aujourd'hui « la matière de Bretagne », sur le continent – dont fait partie le fameux cycle arthurien.
Une matière, que la littérature cultiva jusqu'à la Renaissance, époque de l'humanisme chrétien, où l'on réactualisa l'antique littérature helléno-romaines dans le christianisme par la voie musulmane, de même qu'on avait réactualisé l'antique oraliture celto-germanique dans le christianisme par la voie chrétienne. Mais la voie musulmane, sur une base antiquement lettrée et elle-même lettrée, fut plus respectueuse que la lettrée voie chrétienne, fatalement, voie chrétienne qui pratiqua allègrement des amalgames.
Dans l'ésotérisme toujours, le Devenir sociohistorique, qui n'était plus l'Antique Druidicat et pas encore le Druidisme... sans être resté non plus ni l'initiation artisanale, ni le bardisme... l'ésotérisme, disais-je, comme toujours, fit des analogies, des correspondances. Finalement, il y eut même une période, de la Renaissance (XVème-XVIème siècles) au XIXème siècle (ère coloniale et industrielle à plein, emblématiquement victorienne) où la matière de Bretagne fut oubliée.
Ainsi, c'est le romantisme et son nationalisme populaire, notamment breton, qui remit au goût du jour le celtisme, jusqu'à la celtomanie. Les connaissances historiques étant en formation, avec les erreurs qu'elles comportent, même le Portugal, la Galice, les Asturies et la Cantabrie, ont fini par se croire celtiques, alors qu'antiquement c'étaient des contrées proto-italo-ligures, doucement ibérisées et celtisées par les Celtes du centre péninsulaire. L'expansion romaine charria le reste...
Au XVIIIème siècle notamment, la franc-maçonnerie « spéculative » d'Oxford à Londres, relança cahin-caha la carrière druidique, en forme de Druidisme par rapport à l'Antique Druidicat. Et là encore, un cliché de l'époque ne serait comparable ni à l'Antiquité, ni à la Féodalité, ni à la Celtomanie, pas plus qu'au Druidisme actuel désormais lourd d'écospiritualité... préoccupation écologiste, que n'avait pas l'âge classique, ni personne avant lui, Druides & Druidesses confondus.
Malgré tout cela, comment vous dire qu'un Druidisme, aujourd'hui, qui rejetterait les francs-maçonneries (car elles sont plurielles, répétons-le loin de tout complotisme, sans ignorer des cercles cooptés, puissent sociopolitiquement pousser dans une direction...) comment vous dire, que ce Druidisme rejetant, se désaffilierait de la tradition ?
Surtout, si l'on renoue avec le « paganisme », il est insensé de renier le travail de nos Aïeux, Ancêtres morts et Aînés vivants, à travers la chaîne intergénérationnelle. Peut-être que leur travail n'est pas parfait, mais la perfection n'est pas plus de ce monde que de l'autre puisqu'elle désigne l'état d'une chose extrêmement bien accomplie : elle ne saurait donc être « une chose en soi ». Au contraire, si nos Aînés vivants admettent leurs erreurs, et savent transmettre le flambeau le moment venu, alors c'est à nous de le porter en invoquant les Dieux & Déesses, pour que les Puînés soient indulgents avec nos imperfections... comme nous avec les leurs !
Les francs-maçonneries sont-elles nécessaires ?
Certes, ce n'est pas qu'il faille obligatoirement continuer de se dire franc-maçon, mais du moins qu'il faille assumer cette tradition, et en hériter – c'est-à-dire hériter de lignées issues, de proche en proche, du Bosquet (Gorsedd) d'Oxford de Londres. Pour être clair : du tout jeune Ordre Druidique (Druid Order) du franc-maçon John Toland en 1717, mais il y en eut d'autres par la suite.
La Gorsedd de Bretagne fut officiellement fondée en 1899, et hérite initiatiquement de la Gorsedd des Bardes de l'Île de Bretagne (Gorsedd Beirdd Ynys Prydain, en gallois) fondée en 1792, issue du franc-maçon Edward Williams, plus connu sous son surnom de barde : Iolo Morganwg. Or Edward Williams est l'auteur des « fameuses » Triades Bardiques, qu'il prétendait tirer d'une longue lignée à travers les âges, discréditée pour fausse un moment, mais encensée pour sa qualité littéraire en langue celtique galloise, et récemment réhabilitée au plan historique, dans son genre (j'insiste : dans son genre), par Philippe Jouët.
C'est-à-dire que cahin-caha, au même titre que l'initiation artisanale des francs-maçonneries, dont les symboles durent circonvoluer jusqu'à John Toland et Edward Williams, des éléments de bardisme circonvoluèrent jusqu'en ces Triades Bardiques, certes imprégnées de monothéisme au point que l'on distingue à peine l'Antique Polythéisme. Pourtant, un héritage est là, c'est-à-dire une tradition.Il ne faut décidément pas en faire des caisses avec les francs-maçonneries. Pourquoi ? Eh bien parce que, d'une part, les francs-maçonneries actuelles ont encore circonvolué, par rapport aux francs-maçonneries par lesquelles « quelque chose des antiques symboles », fut hérité. D'autre part, parce que, de base, les francs-maçonneries sont de ces initiations artisanales héritant (et perdant, et oubliant !) elles-mêmes, d'autres antiques formations artisanales. Troisième part, parce que ces francs-maçonneries tiennent primitivement d'un christianisme antique tardif/haut médiéval, chargé de « paganisme ». Quatrième part, parce que tout ceci fut cultivé en ésotérisme « chrétien ». Enfin, dernière part, parce que les francs-maçonneries de l'âge classique ont accouché du Druidisme – accouchement sans lequel, nous n'aurions pas de Druidisme du tout. On ne réécrit pas l'Histoire, et le Druidisme contemporain est bel et bien druidique en son genre (je répète : en son genre, or ce genre a perdu l'Antique Mythe ainsi que l'Initiation Sacerdotale).
Bref : d'hier à aujourd'hui, les héritages forment un torque, élément d’orfèvrerie celte... métaphore pour dire que ça reboucle par l'artisanat, même à délirer en fantaisisme tolkienien, confondant pêle-mêle Celtes, Germains, chevalerie et féerie féodales et esprit chrétien...
ou la fantasy dans la spiritualité
Rediffusion bretonne
Issu d'Alsace par mon père et de Gascogne par ma mère, moi-même, je fus rappelé au celtisme, grâce à la culture bretonne et son folklore, diffusé en France. C'est que l'Alsace ressortait antiquement, de ce que César cartographia parmi les Gaules – avec ses influences germaines antiques, comme féodales. Mais nous sommes nombreux dans ce cas-là, partout en France, à être rappelé au celtisme grâce à la culture bretonne : gloire à elle !
De même, le Druidisme s'est laissé rediffuser en France, en Belgique, en Allemagne, en Suisse, en Italie et même en Espagne, grâce à « l'élan franc-maçon par-delà le franc-maçonnisme », et même « par-delà le bardisme »... Tout ceci n'est que le juste retour des choses, après la celtisation brittonique, par les antiques gaulois – les Bretons étant déjà une migration galloise sous le coup des Germains Angles et Saxons, sur le peuplement gallo-romanisé des Armoricains.
Des circonvolutions, des circonvolutions, vous dis-je ! trois fois des circonvolutions. Mais l'historien honnête ne voit que cela à travers l'Histoire, les Histoires, humaines. Des circonvolutions, et l'identité est certes quelque chose d'évolutif, et la culture est certes quelque chose qui se diffuse hors lignage... encore que les lignées enorgueillissent jusqu'à l'impossible purisme ethnique, pour le meilleur et pour le pire. Pour le moins, il y a là un dynamisme socioculturel, que Paris adore médiatiser en formes de Nolwenn Leroy.
Bien entendu, on peut juxtaposer les photos évoquées (l'Antique Druidicat, le franc-maçonnisme opératif, le bardisme, la matière de Bretagne, le Druidisme franc-maçon spéculatif et le Druidisme contemporain) et même affiner avec d'autres éléments (je renvoie, à ce titre, aux ouvrages du Druide Jean-Claude Capelli) en se disant que tout cela est une chaîne brisée en plusieurs endroits... et même pas une chaîne, puisque l'Initiation Sacerdotale a disparu. Quand bien même...
Bonnes nouvelles chez les Druides & Druidesses
En cette année 2024, pourquoi donc rédiger un article saluant le Druidisme ? Y avait-il de mauvaises nouvelles chez les Druides & Druidesses ?... Manifestement oui, puisque j'en ai parlé pour commencer, et je ne m'appesantirai plus là-dessus. En outre, il faut ajouter que le Druidisme francophone, notamment français, a beaucoup de mal à ne pas être tiraillé par ce que d'aucuns nomment « des querelles de clochers et/ou d'egos ».
Et pourtant, voilà que depuis deux ans, avec l'aide des bénévoles du Chaudron d'Abondance, des « Assises de la Druidité » ont été réalisées, par la catalyse du Druide Bran Du, le Corbeau Noir en français. Je renvoie vers son site, où « tout » se catalysa là avant que d'aucuns en témoignent ; événement prêt à repartir là et accouchant de cela. Où il se raconte, que les prochaines Assises pourraient s'organiser ailleurs en France qu'en Bretagne, et que les Druides & Druidesses relanceraient leurs Antiques Assemblées en la forêt des Carnutes – qui s'étendait entre les actuelles Orléans et Chartres, justement sur le territoire du clan carnute. C'est fascinant.
« Querelles de clochers et/ou d'egos » obligent, d'aucuns se froissèrent publiquement, Gorsedd de Bretagne comprise, que le site des Dits du Corbeau Noir publie l'intervention d'une personne exclue de ladite Gorsedd, intervention ayant eu lieu lors des Assises d'avril 2024... et pourtant. Pourtant, sans Bran Du, ces Assises n'auraient jamais eu lieu, qui réunissent du public, et la volonté de relance des Assemblées Carnutes pour les Druides & Druidesses, ne serait pas advenue. Bref, comme on dit, il faut laver son linge sale en famille, tout ce qui se passe à Vegas reste à Vegas.
Car au contraire des moralisations, je pense que c'est grâce à l'égo, fonction adaptative de la psyché, que les choses se développeront, de la perpétuation des Assises comme événement français, aux Assemblées Carnutes, en passant par le projet de charte déontologique prétexte à cet article, évoqué en en-tête et, surtout, par le Grand Druide Morgan... sur la minutieuse base du bon et nécessaire travail de la Comardiia Druuidiacta Aremorica renouvelée, ex-Cantia Uassoi Deuion, notamment du Druide Uindocaruos, qui alerta sur les dérives sectaires, digressives et/ou lucratives, qui se servent du Druidisme comme alibi à leurs affaires... Affaires auxquelles il arrive d'être intéressantes, quand elles ne sont pas sectaires ni farfelues, mais qui ne sauraient être assimilées au Druidisme, et qui devraient elles-mêmes clarifier leur déontologie, quand elles sont sérieuses.
Rappelons que, si le principe d'une charte déontologique en incita certains à pousser des cris d'orfraie en invoquant l'Inquisition et l'oecuménisme dogmatique – sachant que l'Inquisition fit moins de morts en trois siècles que la Révolution en trois ans, et sur la base d'enquêtes solides contrairement aux révolutionnaires, tandis que ce sont les tribunaux publics et populaires qui furent les plus sauvages et superstitieux, en vérité historique... – eh bien, rappelons que s'il peut être amusant une seconde d'appeler un chat, une chouette, seuls les chats sont des chats et les chouettes, des chouettes (quand même on trouve chouettes les chats et, qui sait, chats les chouettes ? Disons, au moins, griffues ?).
Le fait que le Druide héritier de la plus ancienne obédience druidique en France, dans le contexte d'une diffusion radiophonique, ainsi que de cet autre druide assez public, Bran Du, organisateur des Assises, et sur son site, se mouillent en faveur de cette charte déontologique, après des Assises où il fut parlé de futures Assises ailleurs qu'en Bretagne, ainsi que du retour de l'Assemblée des Carnutes, plaide pour le besoin de garder la face et sauver l'honneur – autant de passions égotiques.
Les récents aléas observés n'y changeront rien et, au contraire, n'ont été commentés que par les sarcastiques. Car les Anciens étaient tout à fait engagés par ce genre de passions, telles que d'honneur, de vengeance et de bataille. Ce sera de ne plus s'enfieller les uns les autres pour « ces affaires », qui changera enfin la donne. Les mauvaises humeurs contre « les clochers et les egos » empoisonnent le débat : la haine de soi est monothéiste, inutile de cultiver le « druido-masochisme », c'est trop sarcastiquement jouissif pour être sain.
et plus largement païennes, mais aussi dans le monde occidental
Bilan en forme de digressions
Saviez-vous que le Beau, le Bon et le Vrai amalgamés par le Socrate de Platon, et auquel tout le monde prétend aspirer, ne viennent peut-être que de l'habitude monothéiste, de traduire des termes que l'on rendrait aussi bien, respectivement, par l'Exquis, l'Ethique et l'Essentiel ? Or, tout ce qui se joue actuellement dans le Druidisme est tel : exquis, éthique et essentiel. Ce que l'on attaque pour « des clochers et des egos » ne doit pas être confondu avec des positions éthiques assumées, qui fatalement se distinguent de la masse, se décident et tranchent. Les fielleux attaquent cela pour de la méchanceté, alors que la seule méchanceté vient d'eux.
À l'avenir, le Druidisme ne saura que Mûrir, et ses communautés l'apprécier, puisqu'il s'affûtera archéo/historiquement en prenant soin de s'inspirer en cohérence. Le Druidisme mûrira comme un noble vin ou, plutôt... le noble hydromel. Car « c'est à boire, à boire, à boire ! C'est à boire qu'il nous faut ! »... La soif spirituelle est grande, et ne se réalisera pas ailleurs... qu'en réalité.
Comme disait l'autre : « un jour, j'habiterai en théorie, parce qu'en théorie tout va bien ! » Mais on n'est plus (que) des enfants. Savoir garder son âme d'enfant est une chose, s'adonner à des enfantillages (dans, comme face, au Druidisme) en est une autre. Et puis d'ailleurs, dans les cours de récréation, les enfants s'avèrent aussi tendres que cruels. Il ne suffisait donc pas... de garder son âme d'enfant.
L'âme des Morts est tout aussi nécessaire. Aiu Dis Atri.
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