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Accueil du site > Actualités > Religions > L’islam en question, troisième et dernière partie : la bataille (...)

L’islam en question, troisième et dernière partie : la bataille d’Ohod

Après la bataille de Beder qui avait vu la victoire de Mahomet sur l’armée de la Mecque, celle d’Ohod que perdit le Prophète semblait devoir tout remettre en question. Faut-il n’y voir que de simples petits affrontements ? Quand je lis dans Wikipédia que la bataille ne fit que quelques dizaines de tués, cela me fait largement sourire. Bien que très intéressant, je ne vais pas vous raconter ici tout le déroulement des combats. Je me limiterai à ce qui me semble être la partie la plus tragique : le champ de bataille des morts. Le lecteur qui n’est pas habitué à mes raisonnements risque d’être surpris tant je suis à l’opposé des interprétations et des explications qui ont cours. C’est pourquoi, pour qu’on ne puisse m’accuser d’inventer, comme c’en est devenu l’habitude, j’ai pris soin de présenter dès le début le texte de référence et de ne développer mes interprétations qu’ensuite.

Extraits du récit du musulman Tabari, pages 196 à 202, (Mohammed, sceau des prophètes, éditions Sindbad, 1980, traduction de Hermaan Zotenberg).
 
... Les infidèles les entourent. Le Prophète est resté fixe à son poste. Il appelle ses compagnons et encourage les soldats ; mais aucun d’eux ne répond à son appel... Il est seul avec dix hommes ; tous les autres se sont enfuis... Les infidèles triomphent... Quant aux musulmans, les uns sont en fuite vers Médine, les autres sont blessés, d’autres se cachent dans la montagne... Moç’ab qui se tenait près du Prophète, est atteint par un trait et meurt. L’étendard tombe et touche la tête du Prophète . Un certain Otba lance contre lui une pierre qui l’atteint aux lèvres, lui brisant deux dents de devant et lui déchirant la lèvre inférieure ; le sang coule sur sa barbe. Une autre pierre l’atteint entre les sourcils et le blesse au front : le sang inonde ses yeux et son visage... Un certain Abdallah le frappe d’un coup de sabre au côté droit sans pouvoir le blesser ; mais le Prophète tombe de cheval et ne peut se relever à cause de la pesanteur de ses cuirasses et de sa faiblesse ; il a perdu beaucoup de sang... Abdallah s’écrie : j’ai tué Mohammed ! En entendant ce cri, les compagnons du Prophète sont saisis de terreur. Les dix hommes qui l’entourent se dispersent... Etendu sur le côté et ne pouvant se relever, le Prophète reste seul. En faisant des efforts, il arrive à s’asseoir par terre... Cherchant le Prophète, un certain Sad l’aperçoit, le visage inondé de sang, mais il ne le reconnait pas. Le Prophète criait... Musulmans ! c’est moi, le prophète de Dieu, ou allez-vous ?... Le Prophète est sur pied ; il voit les musulmans qui s’enfuient vers Médine. Il se rend avec ses compagnons sur une colline de sable et il s’écrie : je suis ici, moi, le prophète de Dieu !... mais eux n’y croient pas ; ils se disent entre eux : le prophète de Dieu a été tué.... Voyant Omar et Abbas qui le cherchent parmi les morts, le Prophète les reconnait : il appelle Omar qui alors le reconnait également à sa voix et qui répond : Me voilà, ô apôtre de Dieu... et il dit : ô apôtre de Dieu, les hommes croient que tu es mort ; s’ils apprennent que tu es vivant, ils se rassembleront autour de toi. Le Prophète dit à Abbas : mon oncle, appelle-les ! Abbas, qui avait une voix très forte, gravit la montagne et crie : Musulmans, ne vous affligez pas, le prophète de Dieu est vivant !. En entendant les paroles d’Abbas, tous ceux qui étaient cachés derrière la montagne et derrière des pierres accourent auprès de lui et se rassemblent autour du Prophète... Ali va chercher de l’eau dans le voisinage et l’apporte dans son bouclier ; il dit : lave le sang de ton visage, ô apôtre de Dieu, afin que tes compagnons te reconnaissent... Ali relève l’étendard tombé à terre... Les musulmans, entendant ses cris et voyant l’étendard flotter, reconnaissent que le Prophète est vivant . Tous se dirigent vers l’étendard et une centaine d’hommes entourent le Prophète. Tous sont blessés, mais la joie de le savoir vivant leur donne des forces... (Tabari, pages 196 à 202).

Le dimanche suivant, le Prophète rentra à Médine... Apprenant qu’Abou Sofyân campait à deux stations de là, il reprit aussitôt l’offensive, le lendemain lundi. Il avançait sur son cheval, à la tête de son armée de blessés comme un ressuscité... le visage voilé comme il se doit.
 
Mon argumentation :
 
1. L’oeil qui tomba et que le Prophète remit en place.
Il s’agit d’un incident qui se produisit en pleine bataille. Un musulman avait été frappé à l’oeil par une flèche et son oeil était tombé. Tabari écrit que le musulman prit son oeil dans sa main et le remit au Prophète qui le remit en place tout en soufflant sur lui, et il ajoute que non seulement l’oeil fut guéri mais qu’il était mieux fixé qu’auparavant (1). Il y a manifestement un sens caché dans ce miracle car dans son sens littéral, ça ne veut strictement rien dire. Est-ce l’oeil de Dieu qui regardait Caïn, selon Victor Hugo ? Je ne sais pas ; mais s’il y a un sens caché, cela signifie qu’il en est de même pour l’ensemble du texte. Les pierres que reçoit le Prophète sont bien évidemment des pierres lancées par des catapultes. L’immobilité du Prophète qui les reçoit évoque un réduit fortifié/poste de commandement qui, finalement, s’effondre sur les occupants ; les deux cuirasses évoquent une paroi renforcée de protection contre les flèches et les boulets ; le déplacement sur une petite éminence ne peut s’expliquer que si ce poste de commandement était sur roues.
 
2. Pourquoi Tabari insiste-t-il tellement sur cette présence du Prophète au milieu des martyrs et sur l’effort qu’il faut faire pour le "voir" ? Dans l’évangile de Jean, Marie-Madeleine, elle aussi, n’arrivait pas à voir Jésus ; elle ne le reconnut qu’à la voix... Ayant dit ces mots, elle se retourna et vit Jésus debout ; et elle ne savait pas que c’était Jésus. Jésus lui dit : "Femme, pourquoi pleurez-vous ? Qui cherchez-vous ?" Elle, pensant que c’était le jardinier... (Jn 20, 14 - 15) . De même, Omar n’a reconnu Mahomet qu’à la voix.
 
3. Pourquoi le Prophète est-il toujours représenté le visage voilé ?
Cette question en amène automatiquement une autre : parmi les sept hommes membres du conseil Mahomet du début (voir mes deux articles précédents http://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/l-islam-en-question-un-devoir-de-83432 et http://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/l-islam-en-question-deuxieme-83902) quel est celui qui s’est révélé ou qui se révélera être l’homme Mahomet ? La réponse que je propose est la suivante : c’est, ou ce sera, celui qui aura survécu jusqu’au terme de la mission divine. Dans cette logique, on comprend qu’il aurait été mal venu de montrer le visage du désigné avant ce terme. Cela signifie qu’à la bataille d’Ohod, il y a eu des morts, non seulement dans l’armée musulmane mais également dans le conseil de Mahomet. Cela signifie que celui qui est reparti à l’offensive le lundi qui a suivi le désastre - précision donnée par Tabari - était probablement le seul ou un des seuls à avoir survécu, les autres étant morts sur le coup ou des blessures reçues. Mais il est également possible que les sept aient été tués. Dans ce cas, le Prophète ne pouvait ressurgir que du grand corps des martyrs qui ont survécu.
 
Le champ mystique des morts musulmans (interprétation libre mais fidèle du récit de Tabari).
 
Le champ de bataille n’est plus dans la nuit qu’un immense champ de ruines que parcourent les Koréishites à la recherche du butin. Tenaillés par une inquiétude mortelle, quelques musulmans fidèles s’attardent sur les lieux du drame. Discrètement, dans la pénombre, ils retournent les corps pour essayer de retrouver celui du Prophète.
 
Ils croisent un visage ensanglanté ; est-ce lui ? N’est-ce pas lui ? Ils entendent de faibles murmures, de multiples plaintes qui montent du champ de bataille vers le ciel comme si c’était une seule voix : « Je suis là, dit la voix, moi Mahomet, le prophète de Dieu. »

Ils sont là, les martyrs de Dieu, appuyés sur leurs coudes ou péniblement assis dans leurs lourdes armures, le visage en sang, torturés par la douleur et méconnaissables.

Les survivants secourent les blessés. Quelques archers assurent leur protection. Le grand corps des martyrs semble reprendre un peu de vie au fur et à mesure qu’on les regroupe. Certains aident les archers en leur passant des flèches. D’autres ont encore le courage de se saisir d’une lance pour se défendre contre quelques Koréishites égorgeurs. D’autres enfin se sont regroupés au sommet d’une colline de sable. Ils voient les musulmans qui s’enfuient. Ils les appellent, comme si le Prophète vivait encore en eux. Mais les fuyards refusent de les croire, ô hommes de peu de foi ! Ils répondent que Mahomet est mort…

Ô musulmans, rappelez-vous !
Lorsque vous étiez en train de fuir,
Abandonnant derrière vous le Prophète qui vous appelait en vain.
Fuyant l’angoisse de la défaite,
Vous couriez vers l’angoisse du châtiment divin.
Repentez-vous et que Dieu vous pardonne ! (Sur III, v 147)
 
Il était là, respirant faiblement, ce grand corps de martyrs. Il était là, ce visage de prophète, ressuscitant et vivant. Reposant au milieu de ses compagnons, ce visage pleurait. Parcourant le champ gémissant, Omar et Abbas “virent” ce visage de prophète qui pleurait. Ils s’approchèrent du martyr sublime. Omar s’effondra en larmes, et lui baisant le visage et les mains, il lui dit : « Ô apôtre de Dieu, me voilà ! Ils disent que les Koréishites t’ont tué, mais moi je sais que tu vis. Parce qu’ils te croient mort, beaucoup se sont enfuis, mais si nous leur disons que tu es toujours vivant, alors, nous pourrons les rassembler encore. »

Se tournant vers Abbas, le Prophète murmure : « Ô mon oncle, toi qui es le chef des Beni Hâshim, toi qui représentes toujours le pouvoir légal de La Mecque, appelle-les ! »
Et il monta , Abbas, au sommet de la montagne ; et il s’écria d’une voix de stentor : « Musulmans, réjouissez-vous ! Le Prophète est vivant ! »

« Musulmans, réjouissez-vous ! Le Prophète est vivant ! »
Ils ont entendu l’appel d’Abbas. Ils arrivent. Ils sortent de derrière les pierres. Ils descendent de la montagne où ils s’étaient cachés. Ils se rassemblent autour du prophète ressuscité. Ali, qui combattait encore, accourt. Il pleure en voyant son maître en sang. Il va chercher de l’eau dans son bouclier. Il lui dit : « Ô apôtre de Dieu, lave-toi le sang de ton visage afin que tes compagnons te reconnaissent ! » Puis, voyant l’étendard à terre, il le relève et le dressant vers le ciel, il pousse un cri de triomphe. Cent musulmans entourent le Prophète. Tous sont blessés, mais la joie est revenue dans leur cœur.
 
A Médine, on avait reçu la nouvelle de la défaite. On savait que le Prophète était mort. Hommes et femmes, tout le monde se rendit à la porte, nu-tête. Puis, on apprit que le Prophète était vivant mais blessé.
Fâtima, gémissant et pleurant, se dirigea vers la montagne. Une femme qui la suivait lui dit : « Ô fille de l’apôtre de Dieu ! Ne va pas plus loin, je t’en prie. Ne va pas affliger davantage le Prophète et Ali en leur montrant le spectacle de ta douleur. Laisse-moi aller aux nouvelles, je te rapporterai le nom des blessés, des morts et des survivants. » (Quelle est cette femme sinon la population de Médine qui soutient Mahomet, notamment les femmes, les hommes étant au combat). La femme traversa le champ de bataille. Le premier mort qu’elle vit était son frère, le deuxième, son père (je traduis : tous les morts au combat, les frères comme les pères). Elle ne s’arrêta pas. Elle continua jusqu’à l’étendard. Là, elle vit le Prophète au milieu de ses compagnons ; Ali tenait le drapeau. Son cœur bondit de joie. Elle retourna auprès de Fâtima pour lui annoncer la bonne nouvelle, puis elle revint sur le champ de bataille pour y pleurer ses morts.

Abou Sofyân avait entendu la proclamation d’Abbas. D’une voix forte, il s’écria : « Mahomet, si tu es vivant, réponds-moi ! » Il s’écria une deuxième fois : « Mahomet, réponds-moi ! » Il s’écria une troisième fois : « Mahomet, réponds-moi ! » (Il cherchait le Prophète). Mahomet avait interdit qu’on réponde (pour ne pas faire repérer son emplacement sur la colline de sable). Omar, qui pouvait se déplacer, fit répondre à Abou Sofyân que Mahomet était vivant.

Abou Sofyân se porta au sommet de la montagne. Il s’écria : « Hobal triomphe ! » Parlant au nom de Mahomet, Omar répondit : « Allah est au-dessus d’Hobal. » Et aussitôt, le Prophète décida de se porter, malgré la lourdeur de ses deux cuirasses, sur une position plus élevée ; il y avait, en effet, sur la montagne, une pierre sur laquelle il voulait s’asseoir.

Lorsqu’au petit matin, Abou Sofyân vit le détachement ainsi retranché, doutant d’une part de la résurrection du Prophète, estimant d’autre part qu’une prolongation sans intérêt des combats ne pouvait que mettre en doute l’ampleur de sa victoire, il décida tout simplement de s’en aller. Il leur cria : « Victoire pour victoire ! Vous avez eu la vôtre à Beder, nous avons la nôtre à Ohod. »

Mahomet resta sur sa position toute la journée et toute la nuit. Le lendemain matin, au lever du jour, il descendit pour parcourir le champ de bataille. Il voulait voir ceux qui avaient été tués. Voyant la dépouille mutilée d’Hamza, Il dit : « S’il n’en tenait qu’à moi, je n’enterrerais rien de tout cela. Je laisserais les oiseaux s’en nourrir, afin que le jour de la résurrection, on voie jaillir Hamza de leur estomac, dans le ciel. »

Petite digression de ma part : Puis, il se rappela avec émotion le moment décisif du combat victorieux de Beder lorsqu’il avait pris une poignée de sable pour la lancer dans les yeux des Koréishites. Il se rappela le vent qui s’était levé à l’instant même où il jetait ce sable, et dans le vent de sable, la sombre et gigantesque nuée de flèches qui s’était abattue sur l’ennemi surpris.
Hamza, enfant chéri de la victoire ! Habiles archers, servants redoutables de balistes ! Sous la protection de vos tirs précis et nourris, les fantassins avançaient sans rencontrer de résistance. Quand ils arrivèrent sur leurs adversaires, ceux-ci étaient déjà morts, percés par vos flèches ou broyés par le déluge de vos pierres. C’était comme s’ils avaient été assommés avec des bâtons par des anges.
Fin de ma digression (2).

Ensuite, le Prophète se recueillit sur les cadavres et donna l’ordre qu’on commence à creuser les tombes. Voyant les affreuses mutilations subies par leurs camarades, les musulmans se disaient entre eux : « Vengeance ! Nous leur ferons ce qu’ils nous ont fait. » Et Mahomet lui-même déclara sous le coup de la colère : « Pour chacun de ces cadavres, je ferai couper, à ma prochaine victoire, sur le lieu même de ce crime, les nez et les oreilles de deux hommes. » Mais aussitôt, Dieu intervint pour calmer les esprits :

Un jour, peut-être, prendrez-vous votre revanche ?
Ce jour-là, personne ne s’étonnera
si vous appliquez à vos ennemis les traitements
qu’ils vous ont fait subir.
Mais, si vous voulez mériter le paradis,
il vous faut pardonner.
(Sur. XVI, v. 127)
 
Entre Bosra, la capitale syrienne du sud, et Hîra l’irakienne, ancienne capitale des Lakhmides, une guerre sans merci par colonies interposées. C’est l’hypothèse que je propose pour expliquer cette bataille d’Ohod.
 
1. Des populations rivales. J’ai expliqué dans un précédent article que la première épouse de Mahomet, Khâdidja, était, selon moi, la population de La Mecque qui soutenait le Prophète. Cousine du chrétien Waraqa proche des moines Ba hira qui enseignaient Mahomet et le renseignaient par leur ange Gabriel, on peut supposer qu’elle était une ancienne colonie fondée par Bosra à la Mecque, ou tout au moins, une population protégée (voyez mon article cité ci-dessus). Par analogie, on est amené à faire une semblable hypothèse pour Hind, la femme d’Abou Sofyân. Hind pourrait être une colonie en provenance d’Hîra qui, à la Mecque, aurait tenté de supplanter l’influence syrienne. A Hîra, le passage du Koréishite Abou Sofyân est attesté par les textes ainsi que l’existence de monastères portant ce nom de Hind. Cette hypothèse expliquerait l’évolution de la situation politique de la Mecque en faveur d’Abou Sofyân et au détriment du descendant hashîm Mahomet qui se trouva ainsi contraint à l’exil.
 
2. Des spiritualités opposées. Cette rivalité politique se double d’une rivalité religieuse. Mahomet s’inscrit dans la continuation du judaïsme et du christianisme, en en corrigeant certains points comme je l’ai expliqué par ailleurs. En revanche, en ne se décidant qu’en dernier recours à relever la statue d’Hobal (3), Abou Sofyân se raccroche probablement à un manichéisme en perte de vitesse allié à une population/Hind qui semble, dans le texte de Tabari, avoir oublié ses anciennes croyances chrétiennes/nestoriennes.
Particulièrement intéressante est la prophétie d’Abdoul le Messi que j’ai évoquée dans mon précédent article mais dont je ne comprends que maintenant la véritable signification après les commentaires d’Antenor et de Lord Franz ferdinand Of F.In S.. Il s’agit du procédé bien connu en guerre psychologique de la contre-information qui consiste, dans le cas d’Hîra, à affirmer que le manichéisme et le nestorianisme ont bien annoncé la venue du Prophète. L’affaire est à mettre en parallèle avec celle du Pentateuque où Tabari affirme que cette venue y était aussi annoncée. L’intérêt de ces deux contre-informations est de nous désigner les deux adversaires prévisibles du futur islam : les Juifs de Médine et la population mecquoise d’immigration récente venue selon moi d’Hîra.
 
3. Des unités de combat. Très étonnant est le rôle tout à fait déterminant que joua dans la bataille l’esclave abyssin Wa’hschi. Un seul homme qui avec son seul javelot décide du sort des combats ? Le fait est incroyable et tellement incroyable que cela n’en est pas crédible ! L’explication est que Tabari reprend le style d’Homère où, comme je l’ai expliqué par ailleurs, les héros de l’Illiade sont des oligarchies guerrières dont les exploits sont relatés comme s’il s’agissait d’exploits d’individus. Mais chez Tabari, c’est encore plus complexe, et mes explications seraient beaucoup trop longues pour les exposer dans un simple article comme celui-ci. Il n’est d’ailleurs pas besoin de grands discours pour deviner que les effectifs réels présents au combat d’Ohod étaient bien supérieurs aux chiffres donnés par Tabari. La meilleure preuve est l’abattage qu’ordonnait Abou Soyân pour nourrir son armée : dix chameaux par jour, cela fait tout de même beaucoup (4).
 
Bref, à Ohod, c’est là que se seraient donc affrontées, suivant mon hypothèse argumentée, les deux grandes puissances du Proche-Orient par colonies interposées, ce qui est, il est vrai, assez étonnant tant l’histoire nous a habitués à des conflits directs. Il s’agit d’une grande bataille mettant en jeu deux armées aux effectifs certainement bien plus importants que ceux qu’indique "littéralement" Tabari, avec probablement des renforts venus d’ailleurs.
 
Mais revenons à Hind, cette population sortie tout droit de la barbarie antique et à laquelle pourtant Mahomet accorda finalement son pardon. Cette population qui s’acharnait sur les morts, qui mangeait le foie de ses ennemis et qui, pourtant, était si belle ...
 
Nous sommes les filles de l’étoile du matin.
Nous marchons sur des coussins.
Autour de nos cous, des colliers de perles.
Du musc dans nos cheveux.
Vous vous battez, voici nos corps.
Vous reculez, adieu l’amour... (5)

J’ai vu Hind, les jupes retroussées,
gravissant la montagne avec effort.
J’ai vu sa peau foncée,
et autour de ses pieds
de beaux anneaux d’argent. (6)
 
 
Renvois :
1. page 199 du livre de Tabari précité
2. d’après page 137 et suivantes (mon interprétation d’Hamza)
3. page 189
4. page 150
5. page 198
6. page 196
 
Note :
Je ne donne les références et les traductions des sourates qu’avec réserves. Tabari ne les donne pas.
 

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35 réactions à cet article    


  • Halman Halman 9 novembre 2010 10:31

    Mais lâchez nous avec l’Islam.

    Hier rien qu’en allant prendre mon bus j’en ai croisé 5, avec leurs landaus à jumeaux et à triplés.

    Et je ne vous explique pas quand je suis arrivé dans le 94, je me serai presque cru à la Mecque.


    • Halman Halman 9 novembre 2010 10:33

      Hier rien qu’en allant prendre mon bus j’en ai croisé 5, des totales burka, avec leurs landaus à jumeaux et à triplés.


      • tourn en ron 9 novembre 2010 15:10

        ET TOI LÂCHE NOUS TOUT COURT !!!!!!!!!!


      • glopy1 9 novembre 2010 10:43

        c’est le tome 4 des « royaumes de go hoole » ?


        • Emile Mourey Emile Mourey 9 novembre 2010 10:50

          @ glopy1

          En tant qu’écrivain, je pense, en effet, que c’est un de mes meilleurs articles.


        • glopy1 9 novembre 2010 13:52

          dieu vous bénisse


        • thaumaetopea 10 novembre 2010 01:28

          Ben voyons.


        • Abderraouf 9 novembre 2010 12:53

          Bonjour M. Mourey,
          Je vous cite :
          « Et Mahomet lui-même déclara sous le coup de la colère : « Pour chacun de ces cadavres, je ferai couper, à ma prochaine victoire, sur le lieu même de ce crime, les nez et les oreilles de deux hommes.  »

          Juste un détail, les mutilations volontaires post-mortem les plus importantes, étaient du fait de Wahchi l’esclave de Hind épouse d’Abu sufian (qui entendait ainsi venger père, frère et oncle tombés à Badr) et elles l’étaient sur le corps de Hamza le propre oncle de Mohamed. Et c’est en voyant les mutilations en question sur son oncle, que Mohamed aurait fait cette annonce de vengeance au … tuple 

          Ensuite vous citez un verset réaction supposée de Dieu à cette annonce :

          Un jour, peut-être, prendrez-vous votre revanche ?
          Ce jour-là, personne ne s’étonnera
          si vous appliquez à vos ennemis les traitements
          qu’ils vous ont fait subir.
          Mais, si vous voulez mériter le paradis,
          il vous faut pardonner.

          (Sur. XVI, v. 127)

          Et d’un aussi loin que je me souvienne, il n’a jamais dit ça et vous auriez du recouper l’information :

          Sourate 16, verset 126 et non pas 127

          126. Et si vous punissez, infligez [à l’agresseur] une punition égale au tort qu’il vous a fait. Et si vous endurez... cela est certes meilleur pour les endurants.

          127. Endure ! Ton endurance [ne viendra] qu’avec (l’aide) d’Allah. Ne t’afflige pas pour eux. Et ne sois pas angoissé à cause de leurs complots.

          http://islamfrance.free.fr/doc/coran/sourate/16.html

          Ensuite pour annoncer ce verset vous dites que Dieu serait intervenu pour calmer les esprits, c’est vrai qu’il appelle à l’endurance à la fin, mais il n’empêche que j’y vois plutôt rien de moins qu’un rappel à l’ordre y compris du prophète lui-même. La douleur ne saurait expliquer l’injustice et personne sous quelque prétexte que ce soit, sous l’emprise de quelque douleur que ce soit, n’a le droit de rendre dix coups pour un seul reçu.
          Cordialement.


          • Emile Mourey Emile Mourey 9 novembre 2010 13:17

            @ Abderraouf

            Merci pour votre contribution.

            En effet, c’est bien Wa’hschi qui a tué Hamza mais dans le livre de Tabari, je n’ai pas trouvé qu’il l’ait mutilé mais c’est bien possible qu’il ait commencé. Il y a aussi Abou Sofyân qui lui enfonça sa lance dans la gorge. Mais, selon Tabari, c’est bien Hind qui, je cite « de sa propre main, coupa le nez, les oreilles et la langue d’Hamza, lui ouvrit le corps, en arracha le foie... tant étaient ardents ses sentiments de haine et de vengeance » (page 200).

            Quant à la citation des sourates, j’ai bien précisé que je ne les citais qu’avec réserves, n’étant pas un spécialiste.



            • Emile Mourey Emile Mourey 9 novembre 2010 13:42

              @ Crab2

              J’ai parcouru votre fable. Elle est plutôt amusante mais je suis surpris. Je croyais qu’aujourd’hui il était reconnu que certains exégètes avaient fait des erreurs de traduction et d’interprétations et que les fameuses Houris vierges - qu’espèrent recevoir en récompense les kamikazes - étaient en réalité des fleurs évoquant la beauté du paradis.

              Aux fables, permettez-moi de préférer l’art des jardins venus d’Orient.


            • Crab2 9 novembre 2010 13:59

              Réponse à Émile Mouret
              [Houris] Différentes interprétations fleurissent ça et là - Suite à ma fable* je donne ce qui est à mes yeux l’essentiel, c’est à dire l’interprétation de Malek Chebel comme significative du ’’mental mahométan’’

              *

              http://laiciteetsociete.hautetfort.com/le-paradis-d-allah/



              • edzez edzez 9 novembre 2010 14:51

                calmos , dans le fanatisme laïque


              • Crab2 9 novembre 2010 15:35

                La notion ou le concept de laicité suivi d’un adjectif, [ un non sens sémantique ] est une vision religieuse de la vie en société, donc non laïque
                Crab


                • Crab2 9 novembre 2010 15:53

                  Aux fables, permettez-moi de préférer l’art des jardins venus d’Orient. Écrit Émile Mouret


                  • ’’aux jardins d’orient’’ d’où sont venus tous les mythes et religions duelle institutionnalistes des patriarcats permettez-moi de préférer : Le Jardin des Hespérides

                  http://laiciteetsociete.hautetfort.com/les-pommes-d-or/


                  Crab


                  • Emile Mourey Emile Mourey 9 novembre 2010 16:44

                    @ Crab 2

                    Dans la mythologie grecque, les Hespérides sont les nymphes du Couchant, filles d’Atlas et d’Hespéris

                    Bien répondu !... voyez mes articles sur l’Atlantide qui m’ont valu les pires sarcasmes http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-atlantide-engloutie-67819


                  • Antenor Antenor 9 novembre 2010 21:44

                    « Tabari écrit que le musulman prit son oeil dans sa main et le remit au Prophète qui le remit en place tout en soufflant sur lui, et il ajoute que non seulement l’oeil fut guéri mais qu’il était mieux fixé qu’auparavant (1). »

                    Manifestement les auteurs arabes connaissaient leurs classiques :
                    http://fr.wikipedia.org/wiki/%C5%92il_Oudjat

                    Le terme d’« homme » peut-être débattu dans ce genre de texte. Par exemple, quand dans la Genèse Abraham met une raclée aux rois mésopotamiens avec 318 vassaux, il faut comprendre que derrière chaque vassal, il y a des dizaines voir des centaines d’hommes d’armes.


                    • Antenor Antenor 9 novembre 2010 21:52

                      Dans une des lettres d’Amarna, Adihéba, le roi de Jérusalem réclame au pharaon « cinquante hommes comme garnison pour garder le pays ». Même si la densité de population était plus faible qu’aujourd’hui, ce nombre paraît quand même dérisoire. Ici aussi, chaque « homme » désigne probablement un nobliau accompagné d’un détachement de « roturiers ».


                    • Emile Mourey Emile Mourey 9 novembre 2010 22:34

                      @ Antenor

                      Votre lien est très intéressant surtout le passage suivant : D’après le mythe, Horus, fils d’Isis et d’Osiris, aurait perdu un œil dans le combat mené contre son oncle Seth pour venger l’assassinat de son père. Au cours du combat, Seth lui arracha l’œil gauche...
                      Mais il y a probablement aussi dans ce miracle un peu de tout : le fait de « souffler » serait évangélique, l’oeil de la connaissance serait indou, l’oeil divin de Boudha etc... J’en conclus que ce qui peut paraitre stupide au lecteur peu intelligent dénoterait en réalité un certain niveau de culture.

                      Concernant la troupe de 318 combattants d’Abraham, vous posez un vrai problème. D’un côté, vous avez raison de trouver cet effectif faible par rapport à une coalition de troupes royales adverses ; d’un autre côté, il y a une logique dans l’augmentation des effectifs militaires qui ont suivi et j’ajoute que l’opération d’Abraham ressemble beaucoup plus à un coup de main qu’à une opération de grande envergure.


                    • Emile Mourey Emile Mourey 9 novembre 2010 23:08

                      @ Antenor

                      Là, je suis tout à fait d’accord. Une garnison de 50 hommes, ce n’est vraiment pas plausible. Erreur de traduction ou d’interprétation ? Votre suggestion de ne pas chiffrer la valetaille roturière est intéressante. Au temps de la féodalité, c’était les seigneurs que le roi convoquait pour le suivre à la guerre, chaque seigneur, grand, petit ou simple noble, amenant avec lui ses soldats et ses valets dont le décompte en vivants et en morts importait certainement moins que la survie ou la mort de leurs maîtres. On peut se demander si dans les batailles de Mahomet, il n’en était pas de même, les seuls noms cités étant ceux des chefs, homme ou conseil, tantôt seul(s), tantôt suivis de leur troupe. Dans cette hypothèse, Wa’hschi serait le nom, à la fois du chef abyssin mais aussi de sa troupe de lanceurs de javelots qui aurait pris le meilleur sur les archers de Mahomet commandés par Hamza.


                    • thaumaetopea 10 novembre 2010 01:31

                      Que dire alors de la masturbation du diptère ?


                      • thaumaetopea 10 novembre 2010 01:32

                        Avec un gant de boxe bien sûr !


                      • Emile Mourey Emile Mourey 11 novembre 2010 11:58

                        @ Antenor

                        Je me pose des questions sur mon explication de la double cuirasse de Mahomet.

                        Voyez le passage de l’Illiade concernant le courageux Ménélas : ... Elle-même dirige le dard à l’endroit où des agrafes d’or retiennent le baudrier, ce qui formait une double cuirasse. La flèche amère tombe sur l’épais baudrier, traverse cette armure, ornée de broderies, s’enfonce à la fois dans la cuirasse, richement travaillée, et dans la ceinture d’airain que portait le héros, rempart contre les traits, et qui souvent l’avait garanti de la mort  ;... à rapprocher du « héros » Mahomet qui, même après être tombé à terre, entraîné par sa double cuirasse et blessé, a encore le courage de se saisir d’une lance et de blesser l’ennemi qui s’enfuit (page 200). Je me demande s’il ne s’agit pas d’un fait d’armes réel d’un des membres du conseil Mahomet avant qu’il passe l’arme à gauche.

                        Egalement Alexandre contre Darius qui sous son armure portait une double cuirasse de lin.

                        En revanche, lors de l’hésitation de Mahomet que son entourage poussait au combat d’affrontement,Tabari évoque, dans un autre passage, plutôt une enceinte fortifiée qui aurait entouré Médine, je cite :... J’ai rêvé que mon sabre était ébréché et que je mettais ma main dans une cuirasse. La cuirasse paraît signifier la ville de Médine dans laquelle je m’enfermerai.

                        Qu’en pensez-vous ?


                        • Antenor Antenor 12 novembre 2010 12:43

                          Dans l’Iliade, j’ai toujours été frappé par l’extrême précision avec laquelle Homère décrit la trajectoire des lames à travers les armures et les corps des guerriers.
                          Un détail assez étrange dans ces textes est le fait que les héros soient très souvent blonds, ce qui paraît plutôt bizarre chez des Méditerrannéens. La seule expliquation que je vois, est que la « chevelure blonde » des héros mythiques désigne de manière imagée les premiers rangs des formations d’infanterie. Ces premiers rangs où se trouvaient les guerriers les mieux équipés, en particulier ceux portant des armures de « bronze étincelant ». Cette chevelure nous renvoie aussi au mythe de Samson qui perd sa force en même temps que ses cheveux.

                          Dans le texte de Tabari, le fait qu’il s’agisse d’un rêve renforce la probabilité de sa signification allégorique. A priori le sabre ébrêché doit désigner une unité de cavalerie affaiblie. Plus près de nous, on pourrait dire que Murat était le sabre de Napoléon. Sabre à double tranchant.

                          Tout le problème est d’arriver à trouver la bonne échelle spatiale. Je reprend l’exemple de l’Iiade que je connais mieux. Il paraît logique que chaque royaume aie envoyé des fantassins de choc, des archers et des chars. Quand il est dit que tel héros jette sa lance (autre symbole de la cavalerie) sur un autre, il faut sans doute comprendre qu’une charge de chars précède le choc des fantassins. Le problème est qu’on ne connait pas précisément la disposition tactique des unités sur les champs de bataille de ces époque reculées. Il est donc par exemple difficile de dire à quoi correspond exactement le baudrier par exemple. Néanmoins, la double cuirasse évoque certainement une double ligne de bataille.

                          La Guerre des Gaules en mode allégorique :

                          « Face à Helvètius, César l’Enéide portait une triple cuirasse et se tenait en garde adossé à un rocher. Dans la cohue, Boïos, le servant d’Helvétius, lui enfonça un glaive dans le flanc. Le glaive traversa deux cuirasses mais fut stoppé par la troisième. Protégé par sa mère Vénus, César parvint à l’arracher et dans un effort surhumain, il jeta sa lance sur Lemana, l’épouse d’Helvétius. »

                          Exemple d’allégorie que tout le monde comprend : la phalange.
                          Le terme anglais « Headquarter » a également conservé le symbole de la tête.


                        • Emile Mourey Emile Mourey 12 novembre 2010 15:00

                          @ Antenor

                          Concernant l’Illiade, votre hypothèse sur la première ligne de bataille me paraît très crédible. A vos arguments, j’ajouterais un passage du livre de Tabari où il raconte un fait complètement absurde si on le prend à la lettre. Mahomet se croyait persécuté par un être qui lui apparaissait ; Khadidjâ le prit sur son sein...Elle découvrit sa tête et ses cheveux et comme Mahomet ne voyait plus l’être, elle lui dit : réjouis-toi, ô Mohammed, ce n’est pas un diw, c’est un ange. Car si c’était un diw, il n’aurait pas montré de respect pour ma chevelure et n’aurait pas disparu (page 66). Je me demande si la chevelure défaite de Khadidjâ n’évoquerait pas des patrouilles qu’on envoie en reconnaissance d’une zone de terrain.

                          Mais il y a dans Tabari d’autres exemples beaucoup plus frappants : les défis que se lancent les héros, les combats singuliers, les faits d’armes hors du commun, l’énorme porte qu’Ali soulève comme un Hercule ou lorsque, contrarié, il se retire sous sa tente comme Achille, en prétextant un mal d’yeux.

                          Concernant le rêve de Mahomet que Tabari présente allégoriquement comme un conseil de Dieu pour qu’il s’enferme dans Médine, la cuirasse est bien évidemment la muraille qui entoure et protège la ville. Le problème, c’est qu’on n’en trouve pas la trace archéologique mais c’est une autre histoire. L’explication du sabre ébréché, comme vous l’expliquez, est tout aussi simple.

                          Concernant la double cuirasse, je pense qu’il faut faire deux raisonnements séparés. La première question, c’est l’image que Tabari veut montrer. J’ai dit que les pierres/boulets de catapulte, le coup de sabre/bélier sur le côté, le Mahomet qui s’effondre, évoquaient un réduit fortifié qu’emporte un assaut ennemi ( j’ai ajouté qu’il était monté sur roues puisque les musulmans ont réussi ensuite à le déplacer). Or, dans l’armement de cette époque, si les flèches et les catapultes sont bien mentionnées, il est aussi fait mention d’un mystérieux char cuirassé dabbâbah ou dabûr (voyez http://fr.wikipedia.org/wiki/Batailles_de_Mahomet) . Sachant par ailleurs que le porte-étendard se trouvait à côté de Mahomet, il me semble que l’image qui s’impose est bien d’en faire un PC mobile avec une protection de plaques de fer de façon que les sept membres du conseil Mahomet soient au moins protégés jusqu’à hauteur de la poitrine.Et j’ajoute que dans l’image d’un assaut final, je vois mal comment les sept occupants auraient pu survivre. Abou Sofyân avait certainement raison. Ce jour-là, Mahomet est bien mort.
                          La deuxième question, et la réponse la plus simple qu’on peut faire est que si Tabari met en scène un Mahomet porteur d’une double cuirasse, c’est pour reprendre l’image du héros de l’illiade Ménélas. Et puis, il faudrait aussi se poser la question de savoir comment étaient fabriquées les cuirasses des chefs et si elle faisaient l’objet d’un renforcement particulier.

                          Reste toutefois l’hypothèse que ce char cuirassé ait été entouré de deux lignes ultimes de défense. Dans cette hypothèse, les dix hommes qui entouraient Mahomet correspondraient à ces deux lignes de bataille, comme vous le suggérez ; mais au lieu de dix ; il faudrait lire 100, ce qui correspondrait à l’effectif normal d’une unité de type essénien.

                          Double ligne de bataille ? Nous retrouvons là le dispositif de l’armée romaine et de ses lignes de bataille. Ce qui signifie qu’ en ce temps-là, en Orient, on n’avait pas oublié César contrairement à l’Occident.


                        • Antenor Antenor 12 novembre 2010 16:45

                          Je ne suis pas trop emballé par l’idée d’un conseil des chefs musulmans enfermé dans un char cuirassé. Cela présente à mon avis plus d’inconvénients que d’avantages. Le blindage protège certes des flèches, mais si une pierre de catapulte tombe en plein dessus, tout l’état-major y passe. Il serait peu mobile, trop facile à repérer par l’adversaire et ses occupants auraient une très mauvaise visibilité sur le champ de bataille sans parler de la chaleur dans cette région. De plus, Mahomet est à cheval. La double cuirasse si encombrante doit désigner deux lignes de fantassins très lourdement armés et cuirassés, de véritables Hoplites médiévaux servant de garde rapprochée au poste de commandement.

                          L’allégorie la plus difficile à percer est celle du cheval. Que représentent les chevaux dans ce type de texte ? Que représentent Pégaze ou le cheval de Troie ? Peut-être faut-il comprendre qu’à la bataille de Ohod, l’état-major musulman a été délogé de la croupe d’une hauteur (le cheval) par la charge de la cavalerie (le sabre) d’Abdallah. Le sabre d’Abdallah ne perce pas la cuirasse. Ce qui signifie que la « vieille garde » a tenu bon et que l’état-major musulman a pu s’enfuir. Très habilement Abdallah a proclamé qu’il avait tué Mahomet et en effet lorque les soldats du prophète se tournaient vers la hauteur où étaient censés se trouver leurs chefs, ils voyaient la cavalerie d’Abdallah à sa place ! On devine la panique qui a dû s’en suivre... ce qui explique la défaite musulmane.


                        • Emile Mourey Emile Mourey 12 novembre 2010 20:11

                          @ Antenor

                          Dans l’exemplaire que je possède d’Ibn Hichâm, je n’ai pas retrouvé la référence concernant le char cuirassé de l’armée musulmane.
                          Mais je pense que vous avez raison et qu’il faut peut-être oublier l’idée d’un réduit fortifié, d’autant plus qu’à la bataille de Beder, il est bien dit que le Prophète parcourait le camp (champ de bataille) et excitait les combattants.
                          Bien d’accord pour voir dans le sabre d’Abdallah une charge de la cavalerie adverse qui enfonce les deux lignes de bataille/double cuirasse de l’armée musulmane (deux lignes de bataille déployées un peu comme je les ai étudiées dans les batailles de César). Dans le contexte du récit, c’est manifestement la déroute musulmane et les témoignages sont trop nombreux de la mort de Mahomet pour qu’on hésite. En fait, il semble bien que Tabari veuille nous faire deviner que ce sont les survivants, presque tous blessés, qui, une fois regroupés, ont procédé à l’élection d’un nouveau conseil. Ce serait d’ailleurs assez logique.


                        • Emile Mourey Emile Mourey 12 novembre 2010 20:38

                          @ Antenor

                          Je rectifie. Vous avez raison. Comme vous le dites, Abdallah a cru qu’il avait tué le Prophète, alors qu’il ne l’a que blessé. En fait, il n’a tué que celui qu’il avait identifié comme étant Mahomet. Pour tuer l’ensemble Mahomet - le conseil - il aurait fallu qu’il tue les sept membres à la fois. J’ai expliqué cette étonnante allégorie dans mon article sur Samson : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/mahomet-a-t-il-voulu-mettre-fin-au-52232

                          Bref, le groupe de survivants n’aurait que procédé au remplacement des membres du conseil disparus (par élection). La question qu’il faut néanmoins se poser : l’homme qu’Abdallah dit avoir tué portait-il le fameux voile qui lui couvrait le visage ? Je le pense.

                          Voilà : notre histoire ressemble curieusement aux contes des milles et une nuits de Shéhérazade qui n’en finissaient jamais de rebondir.


                        • italiasempre 13 novembre 2010 11:03

                          Bonjour Antenor et Emile Mourey

                          Un détail assez étrange dans ces textes est le fait que les héros soient très souvent blonds, ce qui paraît plutôt bizarre chez des Méditerrannéens.

                          Chez les Grecs la couleur blonde a toujours été considérée comme la plus belle, elle a été donnée aux plus beaux des dieux -Apollon, Bacchus et Mercure- et aux plus prestigieux des héros - Achille, Thésée et Jason- Alexandre était apparemment blond aussi.
                           A contrario, la chevelure noire était symbole de noirceur, voir de laideur.
                          Euripide appelle Pluton divinité à la noire chevelure...

                          Pour coller à cet idéal de beauté combien de safran et de brout-de-noix chez les Grecques et les Romaines...


                          • Antenor Antenor 13 novembre 2010 15:43

                            @ italiasempre

                            Bonjour

                            « Pour coller à cet idéal de beauté combien de safran et de brout-de-noix chez les Grecques et les Romaines... »

                            Cette mode serait donc plutôt féminine. La beauté des héros chantée par les aèdes serait contrefaite ?

                            Si certains dieux sont blonds, c’est parce que comme les héros, il s’agissait au départ de clans dont les membres les plus éminents étaient armés de bronze. Il me semble par exemple évident que l’histoire de Léto, Artémis et Apollon est le récit d’une vieille colonisation lycienne d’une partie de la mer Egée. Héra qui persécute Léto, représente la cité dominante de l’Egée vers -3000. Quand Apolon vainc le Python de Delphes, cela signifie que les colons lyciens ont substitué au vieux culte chtonien local, celui du dieu solaire anatolien.

                            On a un exemple assez explicite de cette façon de penser dans l’Iliade quand Apollon mène l’attaque à la tête des Lyciens. Il n’y a bien sûr aucun dieu devant les Lyciens. Simplement, Apolon étant le dieu symbole de la Lycie (dont l’étymologie ramène à la lumière), il était logique dans l’esprit de l’époque qu’il soit à la tête de ses troupes.

                            A la bataille de Qadesh, les différents corps d’armée égyptiens étaient baptisés d’après les noms des dieux d’Egypte.

                            Ce système allégorique est très pratique pour la conservation de récits oraux. Plutôt que de décrire en détail le déroulement d’une bataille, on la résume en un duel imagé. Les corps d’armées deviennent ceux des héros. Les premiers rangs bardés de bronze forment leur chevelure blonde.

                            Si comme Dalila, on réussit à séparer les tresses/lignes de batailles de la tête/poste de commandement, c’est tout le corps du héros/corps d’armée qui perd sa force.


                          • Emile Mourey Emile Mourey 13 novembre 2010 11:18

                            @ italiasempre

                            Content de vous retrouver,

                            Et combien de mottes de beurre chez les Gaulois...


                            • italiasempre 13 novembre 2010 11:53

                              Moi de même, monsieur Mourey.

                              Vous avez raison, le beurre cet ancêtre de Nivéa et L’Oréal...


                            • Crab2 19 novembre 2010 19:21

                              En dehors de la bataille proprement dite sans faire appel à Georges

                              ARABE et ATHÉE

                              sur

                              http://laiciteetsociete.hautetfort.com/




                              • chlegoff 22 novembre 2010 21:26
                                J’avais presque oublié à quel point c’est compliqué les religions. toutes ces mythologies destinées aux profanes, ces allégories et ces textes ésotériques destinés aux initiés, auxquels se superpose les luttes de pouvoir. Les dernières fois que j’ai discuté religion avec des adeptes j’ai eu les remarques suivantes :
                                - Chrétien : mais Jésus c’est le fils de Dieu (circulez y a rien à voir)
                                - Juif : Nous sommes le peuple élus de Dieu (j’avais même l’impression qu’il me faisait un cadeau de discuter avec moi)
                                - Musulman : Mais c’est écrit dans le coran, tout est expliqué dans le coran (Bon si tu l’dit)

                                Loin de moi l’idée de critiquer l’auteur dans sa façon d’essayer de rationaliser la compréhension ou l’interprétation de cette religion, mais je me pose la question suivante : cette démarche rationnelle ne s’inscrit-elle pas dans un cadre de pensée spéculatif et cartésien qui s’apparente à « l’esprit scientifique », nouvelle forme de religion (au sens étymologique du terme) ?

                                Amusant, non ! une nouvelle forme de religion, qui ne dit pas son nom car non-révélée, mais finalement fondé sur des croyances. Je ne me souviens plus du nom de ce philosophe qui nous a offert cette citation célèbre « Vivre c’est croire ».

                                • Crab2 2 décembre 2010 13:09

                                  La caméra cachée

                                  -

                                  version selon le coran



                                  103. Il est Inaccessible aux regards, alors que Lui pénètre tous les regards. Il est Subtil, Il est le Bien-Informé.

                                  -

                                  N’est-ce pas là ?

                                  Un éclairage édifiant sur les lumières dans l’islam ; s’ensuit la pratique de la censure ou de l’autocensure des livres et de la parole en public par des individus soumis, vivant dans la crainte de leur divinité ou pour d’autres d’instrumentaliser ’’ cette philosophie ’’ de la peur, pour maintenir, pérenniser par la ’’ pensée ’’ unique [ dite sacrée ] la volonté de domination par quelques castes sur des populations naïves

                                  -

                                  Les censeurs ont peur d’autres ’’ vérités ’’, pratiquent la censure - comme le chien mord ce qu’il n’est plus capable de comprendre ou d’identifier

                                  -

                                  Est-ce si difficile à comprendre qu’avant la vie, il n’y a rien – donc qu’il n’y a rien après la mort ?

                                  Crab – Jeudi 02 Décembre 2010

                                  Blog Crab :

                                  http://laiciteetsociete.hautetfort.com/

                                  Crab

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