Crise mondiale : dogmes détruits et solutions issues de la situation
La crise mondiale, presque tout le monde l’admet désormais, est d’une ampleur et d’une profondeur de nature réellement historique.
Cette vérité est reconnue par tous, sauf de quelques personnes qui essaient de préserver des intérêts matériels propres ou de sauver leur position sociale des conséquences des évènements qui ont réduit en cendres leurs anciens dogmes affichés et scandés depuis des décennies.
Cette crise est telle que plus personne de sérieux ne peut prétendre maintenant établir un quelconque diagnostic, en l’état actuel des choses, de sa fin, à la fois dans le temps et dans sa nature.
On peut seulement essayer de tracer les lignes de force des solutions évidentes, dont la réalisation finale concrète dépend des peuples, ou, plus précisément, de l’action coordonnée des citoyens dans tous les pays de la planète.
En effet, l ’économie n’est pas une machine divine ou une « force » aveugle hors d’atteinte des êtres humains- comme certains essaient encore de le faire croire, mais bien une résultante de l’activité humaine que nous devons contrôler, maîtriser et donc diriger au bénéfice de l’intérêt collectif.
Ce qui est par contre admis par presque tous : c’est que cette crise mondiale signe la mort du capitalisme.
Ce constat est admis de plus en plus largement, même parmi les gens qui travaillent à Wall Street !!!
Ce constat objectif nécessite, pour sortir de l’emprise destructrice de cette crise mortelle, des mesures logiques, concertées au niveau international, issues de la situation existante et de ses possibilités, et non des plans fondées sur des expériences du passé sans rapport aucun avec ce qui se passe.
Car, en 2009, ce n’est plus une crise du capitalisme que nous vivons.
C’est la fin du capitalisme qui se déroule sous nos yeux. Et la société humaine qu’il faut sauver et reconstruire ensuite pour assurer sa survie sur de nouvelles bases !
Dogmes en miettes et faux savoirs détruits : ce que la crise a déjà révélé
Il ne sert à rien de pleurer, se lamenter ou gémir sur ce décès constaté du capitalisme, pas plus qu’à s’en réjouir, crier victoire ou applaudir. Cela est vain, tant pour les laudateurs du système qui meurt que pour ses ennemis.
L’urgence immédiate de l’heure, pour l’ensemble de l’humanité et son avenir, est de poser le diagnostic objectif et scientifique des processus que nous constatons, puis de déduire tout aussi scientifiquement et objectivement de ces processus les issues concrètes qui s’offrent pour nous extraire de la marche actuelle au désastre.
L’objectif de cet article est donc de dégager les solutions pratiques afin d’arracher le monde à cette mort terrifiante du système, une fin dramatique qui entraîne misère et chômage de masse, affaissement général du niveau de vie mondial, menaces de conflits violents et reculs brutaux de tous les paramètres de la civilisation humaine : santé, instruction, logement, accès à l’eau et à la nourriture, transport, culture, etc....
En quelques mois, beaucoup de dogmes que l’on pouvait croire « éternels » se sont écroulés, ainsi que de fausses autorités basées dessus.
Le premier d’entre eux, contraire à toutes les lois historiques connues de l’évolution du monde et des sociétés humaines, était la croyance en l’immortalité du capitalisme.
Il n’en est rien : ce système, comme toute forme d’organisation humaine, sociale, économique, politique, est par essence doté d’un commencement et d’une fin. Nous sommes les acteurs -spectateurs de sa mort.
Les autres dogmes sont liés à ce dogme central, ce socle fondateur de tous les autres qui lui sont en quelque sorte subsidiaires : le dogme d’une « science économique exacte » (aujourd’hui abandonné de fait devant les évènements) ; celui du « système ultime le plus parfait légué par l’Histoire », il s’écroule dans la poussière face aux faits observés ; celui de « la science infuse des politiques et des experts » qui peuvent tout prédire et ne se trompent jamais, ce dernier dogme est devenu un sujet de mépris général. La crédibilité des politiques et de leurs experts est devenue quasi-nulle dans l’opinion publique, et cela au niveau mondial.
Quant à la « novlangue » prétentieuse et arrogante qui envahissait comme un cancer les discours publics, appelant « réformes » des reculs sociaux, « amélioration des services publics » leur disparition programmée, « refonte de l’Etat » sa destruction progresive au profit des grandes sociétés privées proches des politiques au pouvoir, elles-mêmes dirigées par des oligarchies corrompues, cyniques et hors de tout contrôle, tout cela s’écroule par pans entiers, avec les illusions sur la pérennité du système et ses « incontournables nécessités » qui n’étaient que l’expression orale des intérêts matériels d’une minorité décroissante contre une majorité croissante.
Il est vrai que, particulièrement, la France a connu, depuis environ 30 ans, une myriade de politiques et de « spécialistes » qui « savaient », des espèces de « guides suprêmes », infaillibles selon leurs propres canons.
Ces gens-là- ministres, députés, sénateurs, économistes, experts choisis en tous genres (jusqu’aux « philosophes » auto-proclamés (! !!)- étaient à l’abri du tout besoin matériel, adulés et cités en boucle par les média officiels comme des détenteurs de la Vérité. Ce cycle s’achève. La réalité des faits envahit même les média les plus obtus à celle-ci.
En fait, ces « orateurs publics » en charge de diffuser la « parole officielle »- comme cela se faisait d’une manière, certes moins subtile et intelligente dans les dictatures du type stalinien, étaient totalement déconnectés des réalités de la vie quotidienne des populations, notamment par leur statut socio-économique hyper-protégé, leurs très hauts revenus et ne s’appliquaient pas à eux-mêmes les doctes recommandations et/ou obligations qu’ils promouvaient pour les autres, pour la « société d’en bas » !
L’austérité, le chômage, la misère sociale, les fins de mois impossibles, les choix difficiles, les temps durs, cela était pour les autres, jamais pour eux-mêmes ! Les discoureurs n’étaient pas les payeurs !
Ils ont été les voix de ce qu’il convenait ,selon leurs intérêts propres, de faire contre la majorité de la société : baisser les salaires, les coûts de production, reculer l’âge de la retraite, diminuer les remboursements maladie, affaiblir la culture des citoyens, etc....
Bien sûr, tous ces « bons » préceptes pour les autres ne devaient pas les toucher.....Pour eux, charité bien ordonnée commençait par la pauvreté des autres.
Les média français ont été durant des décennies leur salle de conférences publiques permanentes.Ces gens bavardaient, débattaient, argumentaient, et le peuple des citoyens réduits au silence se devait de les écouter avec déférence énoncer leurs "vérités éternelles", celles-ci étant enrobées dans un terme générique : "la macro-économie" !
D’Elie Cohen à Michel Godet, en passant par tous les autres « spécialistes » auto-proclamés en « économie » et en « histoire de l’économie » (les Attali, Rocard, Strauss-Kahn, Jacques Marseille, BHL avec ses pseudo- « nouveaux penseurs », des journalistes complaisants, voire lié(e)s à des dirigeants politiques, et on en passeencore beaucoup....), tous ces gens n’ont rien vu arriver, ni rien prévu, en tout cas publiquement. Leur effondrement public signe l’échec de leur existence médiatique !
La France compte maintenant le plus grand nombre de « faux savants » que la crise a fait tomber définitivement, en tout cas pour les gens qui pensent, de leur impérial piédestal d’où ils péroraient dans le vide. A tort.
Cette chute brutale et mondiale, qui colle à celle des Bourses et des valeurs des grandes entreprises transnationales, est intéressante en cela qu’elle libère les citoyens, leur offre enfin une liberté de voir, sentir, penser, réfléchir, apprécier et analyser par eux-mêmes, au lieu d’avoir à supporter les sermons répétitifs et stériles des « pseudo-experts » qui se sont trompé sur tout depuis 30 ans. Les mêmes qui, maintenant, essaient d’expliquer ce qu’ils n’ont pas compris, ni anticipé, par des discours aussi creux que sans connexion avec les réalités vécues par les citoyens.
Le « dogme des experts » est tombé avec les "dogmes des experts".
Cela est un bienfait social essentiel ! La liberté de discussion et de pensée des citoyens y trouve sa source régénérée.
A titre ironique, mais instructif, quiconque douterait de ce constat n’a qu’à relire et/ou revoir les analyses et les prévisions toutes erronées de ces « experts » depuis au moins deux ans, au plus trente ans. C’est un vrai recueil breveté des beaux parleurs, un manuel des nuls en tous genres, qui se sont trompé sur tous leurs pronostics !
A la lumière non seulement des faits réels, mais de leur propre discours aujourd’hui, tout citoyen sensé conclura à un échec collectif cinglant et récurrent des « spécialistes », mais aussi des politiques qui s’appuyaient sur eux pour établir et aussi justifier « leur action pour le pays », mais en fait contre la majorité écrasante de ses habitants
Exemple d’un dogme asséné totalement faux
Prenons un dogme récent qui concerne l’euro, monnaie que tous nous expliquaient devoir « nous protéger » des effets de la crise : à l’évidence, nul n’est capable, cette phrase magique prononcée, de prouver par des faits et chiffres, cette assertion énoncée comme une évidence dogmatique.
En ce qui concerne les faits et les chiffres, ils ne démontrent qu’une chose, c’est que l’euro ne protège rien, ni personne dans sa zone monétaire : le chômage y monte avec une violence torrentueuse (ouvrez un journal, allumez votre ordinateur ou votre télévision et vous entendrez que les suppressions d’emplois (licenciements, pré-retraites, départs volontaires forcés, reconversions contraintes,...) se comptent dans la seule zone euro par dizaines de milliers CHAQUE JOUR !
Soulignons juste que le nombre de chômeurs annoncés par les autorités sont ceux qui se déclarent et seront indemnisés -pour combien de temps et avec quelles ressources ?. A quoi on peut rajouter, surtout en Grèce, Italie, Espagne, Allemagne, France, Belgique le fort secteur dit « informel », en plein effondrement lui aussi !
Quant à la comparaison avec la situation de la Grande-Bretagne en quasi-faillite, le désastre ne vient pas de ce qu’elle n’avait pas adopté l’euro, chacun le sait bien, mais de la politique « insensée » menée depuis 30 ans dans ce pays, aboutissant à un secteur financier excessif et totalement dérèglementé par les gouvernements Thatcher et Blair, une industrie liquidée et des privatisations gigantesques qui se soldent aujourd’hui par un désastre complet (financier, techique, humain et social).
En résumé, l’euro, comme le dollar américain, ne protègent rien, ni personne, de la crise MONDIALE, pas plus, pas moins que le yen japonais ou le yuan chinois. L’euro n’a pas de propriété magique ou miraculeuse, c’est un fait !
Si on étudie les situations des différents pays face à la crise mondiale, il est possible de dégager un autre processus qui, sans être un dogme universel, mérite attention : les pays qui ont gardé un fort secteur public et/ou étatique, notamment bancaire et financier, ont mieux amorti les conséquences de la crise mondiale que ceux qui ont « privatisé » leur économie sans frein.
La Chine est un exemple vivant, à une échelle plus grande que la Grande-Bretagne, du « tout privatisation » depuis plus un peu moins de 30 ans. Le résultat que la crise manifeste est non moins patent : chômage et reculs industriels massifs, récession accélérée combinée à une inflation non maîtrisée, l’économie chinoise bascule dans une formidable tourmente aux conséquences possibles très explosives.
Certains autres facteurs aggravent ou réduisent ces processus généraux : réactivité des autorités sur la relance artificielle de la consommation populaire, souplesse de la parité monétaire, type d’économie, etc....
Le cas typique inverse est Taïwan qui a réussi, avec sa monnaie nationale « peu liée » au marché mondial, avec ses banques publiques, son fort secteur étatique et une politique de relance par la consommation directe (l’État a distribué l’équivalent à chaque habitant, y compris résident étranger, de 90 euros (3600 dollars taïwanais), à préserver son économie des destructions massives d’emplois que l’on connaît en Europe et aux États-Unis. Au moins jusqu’ici....
En résumé, un petit État avec sa monnaie nationale bien contrôlée a mieux protégé jusqu’à maintenant (même sans mesure protectionniste particulière) les emplois de ses travailleurs que les États associés de la zone euro ou le gouvernement américain avec son encore puissant dollar.
Il est aussi vrai que Taïwan n’a pas la « chance » de compter, comme la France, des « experts » qui se trompent sans cesse et des « spécialistes » qui accumulent les erreurs depuis 30 ans parce qu’accrochés à leurs dogmes figés, mais détruits.
Les solutions sont inscrits dans les processus dynamiques de la crise
Les solutions possibles nécessaires à la crise mondiale actuelle nécessitent deux pré-conditions pour être mises en œuvre :
1- que tous s’accordent sur le constat que la capitalisme est mort et que sa résurrection est impossible.
2- que tous comprennent que la reconstruction d’un système viable, pérenne, humain, passe nécessairement par une véritable coopération internationale au niveau mondial.
On le constate chaque jour plus nettement ; les ensembles d’États n’ont rien pu enrayer, ni empêcher, que ce soit les États-Unis, l’ASEAN, l’OCDE, la Banque Mondiale, le FMI, l’UE, le G 8, le G 20, l’OUA, le MERCOSUR, etc..., tous les barrages qui étaient censés protéger de la catastrophe ont échoué à endiguer le flot des évènements.
La raison essentielle tient en cette simple phrase : le système mourant ne pouvait être sauvé par personne.
L’acharnement thérapeutique mis en œuvre depuis près de 30 ans a abouti seulement à rendre la fin du système plus douloureuse et dangereuse pour l’humanité entière.
Deux mesures coordonnées au niveau mondial sont urgentes, car les autres "plans" , nationaux et non-coordonnés, ne seront que des cautères provisoires sur un corps moribond : ils ne résoudront pas le fond des choses, mais ne feront que différer l’effondrement final que nul n’est en mesure d’empêcher.
1- La reprise de possession par les États nationaux de toutes les banques et moyens de crédit, afin, en les coordonnant à l’échelle de la planète, de permettre au niveau mondial une redistribution des moyens de consommation massive et des crédits dont la racine devra être de permettre à tous les citoyens de la planète de retrouver pouvoir de consommation minimale, accès aux services publics essentiels (eau, nourriture, santé, transports, enseignement, logement décent, etc...) à travers un gigantesque plan de grands travaux mondiaux.
Il s’agit là de mesures transitoires d’urgence afin d’éviter que le monde ne s’enfonce plus dans la pauvreté, la démoralisation sociale, les conflits violents et tous ses dangers potentiels.Urgence ne signifie pas finalité en soi.
2- la réorganisation, en fonction des besoins réels des citoyens et avec leur accord, de l’ensemble de l’économie, qui ne peut plus fonctionner, comme on le constate, dans le cadre actuel du système.
Cela induit dans un premier temps au moins le retour immédiat de vastes secteurs économiques clés aux mains des gouvernements, et parallèlement, pour que cela puisse progresser, une démocratisation radicale des vies publiques dans le monde, donc des gouvernements plus transparents et plus représentatifs de l’intérêt public, au moins au départ dans les pays détenant les plus puissants leviers économiques, financiers et technologiques.
Ce sont là les deux axes majeurs pour quiconque entend sincèrement, après avoir compris les causes de cette crise mondiale et en avoir déduit les conclusions inévitables, s’attaquer à la résolution des problèmes formidables que la crise de fin du capitalisme a générés.
Si le monde ne s’engage pas au plus vite sur cette voie coordonnée entre les pays et les peuples, alors, nous entrerons dans une période de crises interminables, de guerres, de révoltes populaires et d’instabilité monétaire, financière, économique et sociale qui ne peut conduire qu’à de terrifiantes catastrophes pour l’ensemble de l’humanité.
Ce futur possible, le présent de nombreuses populations d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine nous le montre déjà : famines, épidémies, violences mafieuses, montée des ignorances, des haines et des conflits, recul des soins, enseignement en déshérence, logements insalubres, mortalité croissante, etc...
Il semble que tout être humain raisonnable, conscient, digne et responsable ne peut que choisir de s’engager, en une immense force collective, sur la voie de la sortie de crise par la conjugaison des progrès pour l’ensemble de l’humanité.
C’est là en tout cas le but essentiel de cet article.
41 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON