Mariage homo : contre le conformisme
A l’heure où l’on avance, par la technique des « petits pas », vers le mariage dit « homosexuel », il est urgent de refuser le conformisme ambiant pour redire quelques évidences…
La question de l’homoparentalité
Mon traitement de texte, qui n’est pas soumis au politiquement correct, ne reconnaît pas ce mot… C’est que la parentalité suppose deux personnes de sexes opposés, c’est une évidence biologique. Vouloir par le droit établir le contraire, c’est imposer à un enfant, de manière très arbitraire, le désir des adultes. Le mot lui-même est un artifice, car l’homoparentalité n’existe pas, à moins de séparer arbitrairement la parentalité de sa condition sexuelle. Et alors ensuite, combien de parents va-t-on donner, imposer, à l’enfant ?
Une situation de fait (le fait que des enfants soient élevés par deux personnes de même sexe), n’a pas nécessairement à être reconnue par le droit, quand bien même des études montreraient que ces enfants ne sont pas statistiquement plus malheureux. Rompre ainsi le lien entre parenté et filiation, c’est donner au pouvoir politique une extension qu’il n’a pas à avoir, car ce n’est pas lui qui est le créateur de la famille. Au contraire, la famille est le principe non politique de la société politique, et le fait qu’elle se forme par le seul consentement de deux adultes qui s’aiment et dont l’amour est capable de donner la vie est une garantie pour la liberté de l’enfant : celui-ci n’appartient pas d’abord à l’Etat régi par le droit, mais à la famille dont la loi fondamentale est l’amour.
La question du « mariage homosexuel »
Il est évident que le statut du beau-parent, dans lequel on inclut le compagnon homosexuel, n’est qu’un « petit pas » vers le mariage homosexuel.
1. La première remarque porte sur les termes de la question : comme tel, un mariage n’est pas homosexuel. Tout au plus une personne peut-elle être dite, en toute rigueur de termes, homosexuelle. Encore faudra-t-il
• ne pas confondre :
o éprouver une attirance, consentie ou non consentie, pour une personne du même sexe
_ sans passer à l’acte
_ avec un passage à l’acte rare ou exceptionnel
_ avec passage à l’acte habituel
o ne pas éprouver d’attirance spéciale mais passer tout de même à l’acte
• se demander ce que l’on dit au juste quand on dit qu’une personne est homosexuelle : Est-on homosexuel comme on est footballeur, comme on est gaucher, comme on est myope, comme on est breton… Ce n’est pas pareil.
2. Ceci dit, la question n’est pas de savoir s’il faut marier les homosexuels, mais de savoir si l’on peut marier ensemble des personnes de même sexe. Car la question de savoir quelle est la nature des relations que ces personnes vont entretenir n’importe pas.
3. Une évidence en effet est que les personnes homosexuelles comme les autres ont le même droit de se marier, c‘est à dire de contracter une union définie par le droit comme l’alliance d’un homme et d’une femme. En clair, les personnes homosexuelles peuvent se marier, au même titre que les autres, avec une personne de sexe opposée. L’opposition faite au mariage avec une personne du même sexe concerne à égalité homosexuels et hétérosexuels. Il n’y a pas là de discrimination. Ce n’est pas en tant qu’homosexuel que l’on ne peut se marier, et donc cette interdiction du mariage entre personnes du même sexe ne vise pas directement les homosexuels. Moi qui suis sans partage hétérosexuel, je n’ai pas le droit de me marier avec une personne de mon sexe, même si cela m’arrangerait fiscalement.
4. Le mariage, comme institution définie par le droit, définit une communauté de vie entre un homme et une femme, telle que cette communauté peut par sa nature donner naissance à un enfant. La société est ici concernée parce que cette communauté est le lieu de son renouvellement. ‘est la raison pour laquelle elle légifère. Et comme elle trouve son intérêt dans ce renouvellement, elle encourage cette communauté par des avantages de toutes sortes.
5. La vie commune de deux personnes de même sexe n’est pas apte, de sa nature, à donner naissance à un enfant. Elle reste une relation privée, à laquelle la société peut être indifférente. De la sorte, il resterait à montrer en quoi cette communauté de vie pourrait ouvrir droit à tel ou tel avantage. Et si l’on consent à ce qu’une communauté de vie peut, comme telle, ouvrir droit à des avantages, il faut donner ces avantage à tout ceux qui vivent ensemble, quel que soit leur nombre.
6. On comprend ainsi que le législateur ne permette pas le mariage entre un frère et une sœur. Mais si l’on ouvre le mariage à deux personnes du même sexe, pourquoi le refuser :
a. A deux frères qui vivent sous le même toit ?
b. A un frère et une sœur ?
c. A plus de deux personnes qui vivent sous le même toit ?
7. Si la relation sexuelle seule suffit à ouvrir le droit au mariage, même entre des personnes de même sexe, pourquoi ne pas marier entre elles trois, quatre, dix personnes qui vivent ensemble et ont des rapports sexuels à trois, quatre, ou dix ? Après tout, si l’on admet qu’il n’est pas choquant que deux adultes consentants de même sexe aient un rapport sexuel, pourquoi serait-on choqués qu’ils aient ce rapport à plusieurs, voire entre sœurs ou entre frères ?
La question de la relation sexuelle
La notion de relation implique une différence, et que cette relation se fasse sous le rapport de cette différence : le père est relatif au fils, le gouvernant au gouverné, le propriétaire à l’objet possédé. Mais le père n’est pas relatif au gouverné, ou du moins s’il l’est c’est en tant que gouvernant, et non en tant que père.
Une relation met donc en jeu des êtres sous le rapport d’une différence qui les rend relatifs l’un à l’autres : un commercial à son client, par exemple, sous le rapport de l’économie.
La différence sexuelle est donc le principe d’une relation : l’homme est relatif à la femme, sous le rapport de la sexualité. La relation d’un médecin à son patient n’est pas sexuelle, mais médicale, car elle est fondée non sur leur différence sexuelle mais sur la différence entre celui qui peut soigner et celui qui demande des soins.
Le fait d’utiliser son corps et celui d’autrui en vue d’une jouissance personnelle ou commune n’est pas nécessairement une relation, et s’il y a relation elle peut être génitale sans être sexuelle.
Ainsi le viol n’est pas une relation sexuelle.
Deux personnes du même sexe peuvent utiliser leur corps pour se marquer de la tendresse. C’est le cas d’un père avec sa fille ou son fils. Il n’y a pas là relation sexuelle, parce que leur relation de tendresse n’est pas établie sur leur différence sexuelle. Si seule la différence fait relation, seule la différence sexuelle fait relation sexuelle. De telle sorte qu’à proprement parler deux personne du même sexe peuvent bien avoir des relations amicales, professionnelles, etc mais pas sexuelles, car le rapprochement de leur corps ne met pas en jeu leur différence sexuelle.
Pour avoir négligé cela, on en vient à considérer comme ambiguë tout contact physique.
Ce que l’on appelle couramment homosexualité n’est donc pas à proprement parler une sexualité, mais plutôt un usage de ses organes génitaux en vue d’une jouissance.
Vous avez dit « reconnaissance ? »
Les personnes homosexuelles veulent être reconnues... Je pose la question : à quel titre et de quel droit ?
Le médecin est reconnu parce qu’il apporte la santé, l’explorateur parce qu’il permet d’accéder à des richesses nouvelles, le couple hétérosexuel parce qu’il est apte à assurer le renouvellement des générations. Le chômeur n’est pas reconnu comme chômeur, mais comme une personne en difficulté. Aussi l’Assedic n’est pas une "reconnaissance" du chômage, mais un acte de solidarité. Le "mangeur de chocolat" n’a droit à aucun type de reconnaissance spéciale (ce qui ne fait pas de moi un chocolatophagophobe), parce qu’il n’apporte pas sous ce rapport un "plus" à la société ;
Ces quelques exemples permettent de poser le problème de la "reconnaissance". Depuis quelques années, chaque groupe ou individu exige de voir sa "différence" reconnue. Mais cette exigence reste ambigüe : la reconnaissance est elle simplement une "prise de conscience" ou doit-elle prendre la forme d’une gratitude ?
Or la reconnaissance est un concept difficile à définir, et de fait, personne sur ce forum ne s’est risqué à le faire.
Il me semble que la première forme de reconnaissance que nous nous devons est celle de notre commune humanité, avec tout ce que cela comporte, attitude que Descartes appelle le "respect" ou la "vénération" : "Nous n’avons de vénération que pour les causes libres"(Passions de l’âme, III, 152). C’est la reconnaissance que la dignité de la personne humaine repose sur le fait qu’elle a le droit inaliènable d’être la source de ses propres actes. Hegel appelle cela la "reconnaissance juridique".
Cette reconnaissance, les personnes homosexuelles y ont droit au même titre que toutes les autres, du plus admirable héros au pire des criminels, parce que c’est au titre d’êtres humains. Elle suppose bien sûr la capacité de distinguer la personne de ses actes : même un criminel ne se réduit pas à son crime et conserve le droit à la reconnaissance de sa dignité humaine.
Mais cette reconnaissance, si elle est nécessaire, ne suffit pas. Le besoin qu’a tout homme de toujours plus d’estime et d’honneur, que Hobbes pose comme le plus caractéristique du citoyen (De Cive, I), impose d’étendre le concept de reconnaissance. Pour s’estimer soi-même, l’homme a besoin de l’estime des autres. C’est d’abord la recherche de l’amour, ou bien celle de l’admiration. Car, comme le dit Aristote, celui qui n’est pas aimé cherche à se faire admirer.
Les deux types de reconnaissance dont nous venons de parler ont un point commun, celui d’affirmer à chaque fois la "valeur" d’autrui : valeur "absolue" en tant qu’être humain, valeur relative en tant que l’amour manifeste à autrui qu’il a une valeur "pour moi".
Ce niveau de l’amitié et de l’amour est interpersonnel : la seule obligation qu’il crée est de se conduire "en ami", c’est à dire de se vouloir du bien (la bienveillance) et de partager sa vie (ce qu’Aristote appelle "la communication des vies"). Deux amis, en effet, ont en commun ou mettent en commun leur vie (affective, intellectuelle, sociale, etc) selon le degré de leur amitié. Les personnes homosexuelles ont bien sûr droit à ce type de reconnaissance de la part de leurs amis, que ces amis soient homosexuels ou non. Ce n’est donc pas l’amour qui ouvre des droits. D’ailleurs le Code Civil n’exige pas des époux qu’ils s’aiment, mais qu’ils se portent assistance mutuelle dans leurs devoirs de parents. Le divorce même ne supprime pas totalement ce devoir, d’où les pensions alimentaires.
La reconnaissance sociale est elle aussi de ce type. L’Etat se doit lui aussi de reconnaître la valeur absolue de chaque individu. Il doit donc l’aider à subsister s’il est dans le besoin. Il vient donc en aide aux veuves, aux orphelins, aux chômeurs, aux handicapés, brefs à chacun en raison de sa situation de faiblesse. L’homosexualité n’est pas plus que l’hétérosexualité une situation de faiblesse. On ne peut donc pas assimiler le Pacs à l’allocation chômage. L’Etat doit aussi reconnaître la part que chacun apporte à la sphère sociale. Cette reconnaissance sociale exprime sa gratitude, la reconnaissance d’un service rendu ou d’une valeur pour la société.
Or pourquoi la famille, par exemple, a-t-elle droit à la reconnaissance sociale : parce qu’elle assure le renouvellement de la société et l’éducation des futurs citoyens, mais aussi dans la mesure où elle assure cette tâche. Elle a aussi un certain nombre d’obligations incrites au Code Civil.
Maintenant que nous avons un peu approfondi le concept de reconnaissance, pourquoi le Pacs me dérange-t-il ? Ce qui me dérange dans le Pacs déjà, et encore davantage dans l’idée d’un « mariage homosexuel », c’est qu’il accorde une reconnaissance injustifiée à une certaine catégorie de personnes, au détriment d’autres. Je m’explique.
Admettons que l’homosexualité est une certaine façon de vivre sa sexualité. En dehors de tout jugement moral, il est clair que la communauté de vie de deux hommes ou de deux femmes, reste une option privée, qu’il s’agisse de deux frères ou de deux "homo". Je ne vois pas quelle reconnaissance ils peuvent demander : reconnaissance de quoi ? Pour qu’il y ait reconnaissance, il faut qu’il y ait service rendu à la société. Or leur communauté de vie ne construit en rien la société, et en tout cas pas plus que deux soeurs qui vivent ensemble, ou un neveu avec sa tante. Ou bien il faut qu’il y ait reconnaissance d’un besoin vital, et alors pourquoi refuser à deux frères ce qu’on accorde à deux homosexuels, et en quoi la communauté de vie de deux homosexuels mettrait dans un état de besoin ? pourquoi alors ne pas donner une reconnaissance au célibataires ?
Si le Pacs exprime une reconnaissance, je ne vois pas pourquoi l’accorder aux homosexuels, et l’interdire à une fratrie, ou à un homme qui recueille chez lui sa grand-mère. Le Pacs est donc doublement injuste. D’abord parce qu’il accorde des avantages qui ne sont pas dûs, et ensuite parce qu’il les refuse à d’autres personnes qui ont les mêmes charges : deux frères qui vivent ensemble ont les mêmes charge que deux homosexuels.
Pour résumer :
Je définis la "valeur sociale" comme la qualité de ce qui contribue à l’existence ou à l’élaboration de la société.
Ont une valeur sociale tout individu comme tel, en tant qu’être humain, et tout comportement ou toute réalité qui intéresse la société, c’est à dire dans lequel ou laquelle la société trouve son intérêt.
L’homosexualité, comme telle, n’intéresse pas la société. Elle n’a donc pas de valeur sociale.
La reconnaissance sociale suppose une valeur sociale.
Donc l’homosexualité n’a droit à aucune reconnaissance sociale.
Si l’on réfléchit un peu, on s’aperçoit que le chômeur n’est pas aidé en raison de sa valeur sociale de chômeur, mais en raison de sa valeur sociale d’individu. Comme chômeur, il n’a aucune valeur sociale, et d’ailleurs la société a intérêt à le sortir de cette situation. N’est-ce pas d’ailleurs le drame du chômeur d’avoir le sentiment de ne "servir à rien". En outre, le fait de payer des impôts n’ouvre pas un droit. Il est notre participation commune aux nécessités de la vie sociale.
Les propos qui précèdent peuvent être compris indépendamment d’un jugement moral sur l’homosexualité. Ils ne sont qu’une réflexion sur le thème de la reconnaissance appliquée au débat présent.
194 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON