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Accueil du site > Actualités > Technologies > Contrer la rapacité des majors et des diffuseurs par le téléchargement (...)

Contrer la rapacité des majors et des diffuseurs par le téléchargement gratuit en toute légalité ?

Actuellement dans une période transitoire, les majors et distributeurs sont mis au pied du mur par leur perte de chiffre d’affaires. Ils commencent à réagir, l’abandon des DRM pour les musiques en est un premier signe. Dans un même temps les consommateurs internautes maintiennent la pression en continuant à profiter de ces œuvres à moindre coût, c’est à dire souvent gratuitement, en dehors de la légalité ou dans ses limites...

Une solution légale pour télécharger gratuitement musiques et vidéos, est semble-t-il l’enregistrement en streaming des web-radios et bientôt des web-TV. Avec un ordinateur et une connexion haut débit, les internautes ont la possibilité d’enregistrer, (par exemple avec [Winamp-> http://www.todae.fr/winamp/] et streamripper, une multitude de radios de styles et genres variés et spécialisées 24h/24 comme on peut en trouver sur le portail [Shoutcast->http://shoutcast.com/] avec plus de 15 000 radios du monde entier et de tous les genres... Chaque morceau enregistré, des centaines en une nuit, est taggé automatiquement, c’est-à-dire que les informations (nom artiste, durée, titre, style, album, qualité, etc.) sont intégrées dans le morceau. Aussi simple que ça et sans DRM !

Cette solution permet de rester dans le cadre de la copie privée car l’œuvre est diffusée de façon licite. En effet [l’exception pour copie privée->http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnArticleDeCode?commun=CPROIN&art=L122-5], article 8 L’article L. 122-5 du Code de propriété intellectuelle (CPI) prévoit que « lorsqu’une œuvre a été divulguée, son auteur ne peut en interdire les copies ou reproductions « strictement réservées à l’usage du copiste et non destinées à une utilisation collective ». En vertu de cette exception, il est possible à tout un chacun par exemple de copier un film sur une cassette vidéo, un CD audio sur son disque dur, permettant à l’acquéreur légitime de jouir de l’œuvre comme il l’entend dans un cadre strictement personnel ou familial ». La loi DAVIDSI ajoute « œuvre dont on a eu l’accès licite », ce qui est le cas. Cette solution n’offre pas de prises à la rapacité des majors, la possibilité de contrôle étant inexistante, pas de trace sur le Net, passivité totale de l’internaute car il n’y a pas de upload (transfert d’un fichier ou d’une partie d’un ordinateur local vers un serveur ou un ordinateur demandeur comme avec le P2P).

Conscients de cette situation, Les majors et diffuseurs, en repli sur la musique, réagissent actuellement plus agressivement pour les films et vidéos. La bataille de TF1 à l’encontre des abonnés Free en est la démonstration, comme l’explique [01.net->http://www.01net.com/article/339796.html?rss] : En demandant à Free de crypter le signal pour empêcher l’enregistrement !, les deux partenaires, TF1 et Free, violeraient la loi Droit d’auteur et droits voisins (DADVSI). Celle-ci stipule en effet que « les éditeurs et les distributeurs de services de télévision ne peuvent recourir à des mesures techniques qui auraient pour effet de priver le public du bénéfice de l’exception pour copie privée, y compris sur un support et dans un format numérique ».

Aujourd’hui le secteur celui de la vente des CD est en voie de disparition, la preuve en est la baisse de 116 millions d’euros du chiffre d’affaire, - 10,7% en 2006, alors que parallèlement la hausse de la vente de musique dématérialisée est de 43,5 millions d’euros, + 42% en un an. De plus 2,67% des titres totalisent 76,1% des diffusions, cela signifie que les majors et distributeurs ne vivent (grassement ?) que de quelques titres phares. C’est donc sur ces titres qu’ils vont devoir innover et s’investir. Et ce ne sont pas les CD et DVD avec « making of » et autres bonus qui vont arrêter la chute des ventes sur ces supports : il leur faudra trouver autre chose.

Également les débits brident et contiennent la diffusion des vidéos. Quelques web-TV diffusent des films mais leur qualité est médiocre, sauf la diffusion des chaînes de TV classiques dont le verrouillage se met en place, comme c’est pour le cas avec les VOD et donc monnayer au prix fort les films (les navets y compris). Là encore rien n’est joué, télécharger un film en 30 minutes devient une affaire courante, sans prendre de risque (avec des logiciels comme [Pando->http://www.ratiatum.com/log809_Pando.html] par exemple). La pression du client devient ainsi grandissante et l’effort pour l’obtenir illégalement diminuant va imposer aux majors une saine émulation pour qu’ils adaptent leurs tarifs. Déjà Canal Play vidéo à la demande (VOD) donne le permis de graver les films en haute définition (HD) à ses clients en « téléchargement définitif » avec possibilité de graver (une fois !) le film acheté...

Le contenant échappant aux majors, distributeurs et artistes, leurs sources de revenus doivent provenir de la maîtrise de la diffusion et de quelques démarches dans ce sens se mettent en place comme la [décision de TF1->http://www.pcinpact.com/actu/news/34247-TF1-free-multiposte-television-VOD.htm?vc=1#vc] d’interdire tout enregistrement par des abonnés à Free du signal de TF1 sur les disques durs, le but étant d’éviter par le piratage des programmes de TF1 et les retrouver sur Internet. Également influencer les règles, par la voie de la taxation, comme le projet de taxe pour financer le cinéma français, dénoncé par des [FAI-> http://www.01net.com/article/339727.html?rss].


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26 réactions à cet article    


  • telecoms 9 février 2007 13:53

    bonjour,

    comme vous le dites, l’avenir de la société de l’information passe par la nécessité vitale de trouver un équilibre entre les créateurs/éditeurs de programmes, les distributeurs et les consommateurs,

    sans contenu, point de salut...c’est un des billets du blog telecoms http://telecoms.zeblog.com/ que je viens de créer à titre personnel, son esprit pourrait rejoindre vos diffusions et vos lecteurs...


    • Calamo 9 février 2007 14:29

      Il est sans doute optimiste d’affirmer que la solution proposée est conforme aux dispositions de l’article L. 122-5, car la loi DADVSI a également conféré au juge la possibilité d’écarter l’application d’une exception lorsqu’elle ne répond pas au « test en trois étapes », introduit à la toute fin de l’indigeste article.

      Pour mémoire, cet alinéa précise que « Les exceptions énumérées par le présent article [et donc la copie privée] ne peuvent porter atteinte à l’exploitation normale de l’oeuvre ni causer un préjudice injustifié aux intérêts légitimes de l’auteur ».

      Or, il y a fort à parier que l’exploitation normale des oeuvres musicales soit encore la vente de supports physiques, ou de fichiers numériques, que la pratique présentée dans cet article permet de « court-circuiter ».


      • Algunet 9 février 2007 15:56

        @ Calamo

        La radio est depuis fort longtemps une exploitation normale, ce bien avant le CD et le fichier numérique. Quand l’auditeur écoute la radio (il en est de même pour la TV) il écoute les multiples pubs qui rémunèrent la radio (ou la TV) et permet de payer la redevance à la SCPP : Pas d’auditeur, pas d’entrée publicitaire donc pas de paiement des droits : Comment vivent les radios musicales ? C’est évidement l’auditeur qui paye via la pub ! L’exploitation est donc normale.

        Pour certaines radio sur le web http://www.01net.com/article/334527.html il est vrai que la SCPP est en recherche d’accord (maîtrise de la diffusion) mais ces radios ne diffuent pas les derniers hits…


      • Calamo 9 février 2007 16:19

        Pardonnez moi, mais je crains que la problématique ne soit pas résolue par votre réponse.

        La question n’est pas de savoir si la radio est, ou non, une exploitation normale, mais si l’usage d’un outil informatique reproduisant les contenus diffusés par une web radio porte atteinte à « l’exploitation normale » de l’oeuvre.

        Reste alors à savoir si la commercialisation de supports (au sens large) est une exploitation normale, au même titre, par exemple, que la télédiffusion ou les concerts. Je pense que la réponse va de soi.

        Donc, à partir de là, le système qui permet de télécharger nombre de morceaux, « des centaines en une nuit », comme vous le dites, sur la foi de l’exception pour copie privée, n’est pas nécessairement licite, puisque par exception à l’exception, cette pratique porte atteinte à l’exploitation normale de l’oeuvre, dont l’une des formes est la commercialisation de supports.


      • Algunet 9 février 2007 17:10

        @Calamo,

        Le « Système » comme vous dites ne télécharge pas, il enregistre une œuvre diffusée légalement, comme le magnétophone d’antan sauf que la qualité est supérieure. Hors cet enregistrement qui était accepté à l’époque ne l’est plus actuellement par les « commerçants d’œuvres » pour des raisons purement mercantiles.

        D’ailleurs le texte DADVSI affirme le principe « d’accès licite » à une oeuvre, suivant ainsi une récente décision de la Cour de cassation, dans une affaire de téléchargement sur les réseaux peer-to-peer : « Le bénéfice effectif » des exceptions [pour copie privée] peut être subordonné à « un accès licite à une oeuvre (...) », peut-on lire.

        Il faut se souvenir :
        - Dés les années 50, quelques centaines, puis dans les décennies qui suivent des centaines de milliers d’œuvres d’une longue durée de vie, souvent de bonne qualité musicale, peu de possibilités de copier… la collection personnelle se limitait à quelques dizaines de vinyles puis K7 et vidéo K7. Le prix de la collection était raisonnable au vu de l’éventail proposé.
        - Actuellement, des millions de titres, clips et autres films et vidéos. Leur durée de vie, quelques jours, quelques semaines, à peine plus pour la majorité des films, souvent de qualité artistique discutable dont on voudrait faire payer la diffusion à prix fort… A cela s’ajoute les taxes sur les supports de stockage. La bibliothèque est hors de prix en tenant compte de l’offre des facilités de créationset des possibilités de stockage.

        Le déséquilibre est là.


      • Calamo 9 février 2007 17:52

        « Le « Système » comme vous dites ne télécharge pas, il enregistre une œuvre diffusée légalement, comme le magnétophone d’antan sauf que la qualité est supérieure. »

        Que le procédé technique « télécharge » ou « enregistre » est juridiquement neutre, il s’agit d’une fixation, couverte par le monopole. C’est d’ailleurs pour cette raison que vous invoquez l’exception à ce dernier.

        « Hors cet enregistrement qui était accepté à l’époque ne l’est plus actuellement »

        Il ne l’est plus aussi largement qu’avant dans la mesure où le progrès technologique a permis aux copies d’être (i) de qualité identique à l’original et (ii) d’être communiquées à distance en masse, ces pratiques causant aux ayants-droit un préjudice beaucoup plus important que celui résultant des seules copies mécaniques.

        « D’ailleurs le texte DADVSI affirme le principe « d’accès licite » à une oeuvre »

        Certes, mais ça n’a strictement rien à voir ici. Il s’agit de l’article L. 331-9 du CPI, qui précise que les titulaires de droits peuvent limiter techniquement les copies privées aux seules personnes qui ont un accès licite à l’oeuvre. Le texte ne dit donc pas que celui qui a un accès licite à l’oeuvre peut bénéficier sans limite de l’exception de copie privée.

        « suivant ainsi une récente décision de la Cour de cassation, dans une affaire de téléchargement sur les réseaux peer-to-peer : « Le bénéfice effectif » des exceptions [pour copie privée] peut être subordonné à « un accès licite à une oeuvre (...) », peut-on lire »

        Je serais ravi que vous me communiquiez les références de cette décision.

        En tout état de cause, à supposer qu’elle soit en relation avec votre article, il n’en demeure pas moins qu’en l’état du droit, le « bénéfice effectif » peut être écarté par application du test en trois étapes.

        Donc je veux bien retourner le problème dans tous les sens, mais au regard de la loi, l’utilisation de stationripper et consorts est probablement illicite. Le problème est que la réponse certaine sur ce point résultera d’une appréciation des juges, ce qui n’est jamais heureux. Cependant, en application de cette jurisprudence (http://www.p-s.fr/index.php?2006/08/02/3-28-fevrier-2006-civ-1ere-mulholland-drive), l’optimisme de la solution préconisée dans votre article me semble compromis.

        Reste la suite de votre commentaire, que je comprends mal :

        « Actuellement, des millions de titres, clips et autres films et vidéos. Leur durée de vie, quelques jours, quelques semaines, à peine plus pour la majorité des films, souvent de qualité artistique discutable dont on voudrait faire payer la diffusion à prix fort... »

        D’abord, vous ne payez pas la diffusion des oeuvres, cf. votre premier commentaire. Vous seriez seulement susceptible de payer pour leur reproduction. Ensuite, l’argument qualitatif est étrange, puisqu’il revient à dire, en substance, « je vois pas pourquoi je paierai pour de la merde ». On est alors tenté de répondre qu’on ne voit pas très bien non plus pourquoi vous souhaitez posséder des oeuvres de piètre qualité. Reste encore à savoir, accessoirement, qui juge de cette fameuse qualité, le juge judiciaire lui-même n’y étant pas autorisé (art. L. 111-2).

        « A cela s’ajoute les taxes sur les supports de stockage. La bibliothèque est hors de prix en tenant compte de l’offre des facilités de créations et des possibilités de stockage ».

        La taxe sur les supports, vous la payiez déjà avant que le fichier mp3 n’apparaisse. Quant au prix de la bibliothèque idéale, au contraire, le prix de vente unitaire d’une oeuvre dématérialisée est moins important que celui de son équivalent physique, avec en outre la possibilité de choisir les contenus plus précisément.

        En d’autres termes, une fois l’argument juridique chancelant, le propos semble plutôt inspiré par le courant de pensée selon lequel, en prenant prétexte de la « révolution numérique », et sur la foi du principe de l’accès à la culture (comme si auparavant, en invoquant ce même principe, on pouvait aller se servir à la FNAC sans payer), il serait désormais légitime de jouir à l’oeil des créations d’autrui.


      • Algunet 9 février 2007 18:34

        @ Calamo

        « Je serais ravi que vous me communiquiez les références de cette décision »
        http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39356438,00.htm, avec plaisir

        « Vous ne payez pas la diffusion des œuvres »
        - Ah bon, alors c’est qui au final, y a-t-il un mécène parmi les majors et autres commerçants ?

        « Cependant, en application de cette jurisprudence (…) l’optimisme de la solution préconisée dans votre article me semble compromis. »
        - Le cas n’est pas le même car il n’a eu contournement des protections (DRM) ce qui n’est pas le cas dans l’enregistrement par la radio…

        « La taxe sur les supports, vous la payiez déjà avant que le fichier mp3 n’apparaisse. »
        - La taxe sur les supports est récente (2001) alors que les mp3 existent depuis plus 1995


      • Forest Ent Forest Ent 9 février 2007 18:40

        « en prenant prétexte de la »révolution numérique« , et sur la foi du principe de l’accès à la culture il serait désormais légitime de jouir à l’oeil des créations d’autrui »

        Ca peut se plaider. Le droit d’auteur n’est pas le droit de toucher DES revenus de la création, mais LES revenus de la création. Pour le CD, ces droits étaient afférents à la vente d’un service, qui était la gravure phonographique. Dans la mesure où les internautes n’ont plus besoin de ce service, ils n’ont rien à payer, et il n’y a pas de droits à redistribuer. On revient à la situation d’avant la phonographie, puisque l’industrie n’apporte plus aux consommateurs aucun service palpable.

        C’est bien ce qui se passe en pratique. Les industries cherchent désespérément un « business model », c’est à dire une utilité quelconque. Et les consommateurs ne payent pas.

        Pour financer la création SI ON LE SOUHAITE il n’y a plus que le fiscal et parafiscal. La question est : qui distribuera les sous ? Avec le système que l’UMP essaye de mettre en place, ce seront les majors, qui se seront ainsi transformées en purs gestionnaires patrimoniaux.


      • Calamo 9 février 2007 18:52

        1. Merci mais le lien ZDnet est mort.

        2. Celui qui paye pour la diffusion c’est... le diffuseur, donc la web radio (en théorie). C’est vous même qui le disiez plus haut.

        3. Qu’il y ait contournement de DRM ou pas, accès licite ou pas, si vous relisez la loi DADVSI, vous vous appercevrez que le bénéfice effectif de l’exception a pour limite l’atteinte à l’exploitation normale de l’oeuvre. Accessoirement, ce n’est pas dû à la DADVSI, cette règle est applicable en France depuis les années 70, date à laquelle le test en trois étapes est apparu dans la Convention de Berne, applicable en droit interne (art. 55 de la Constitution).

        Donc, une fois encore, et pour recentrer le débat :

        a) la diffusion en streaming permet des reproductions en masse via un logiciel ;

        b) ces reproductions seraient couvertes par l’exception de copie privée (et encore, c’est discutable) ;

        c) sauf si ces copies « privées » portent atteinte à l’exploitation sous forme de « phonogrammes » (CD ou mp3 ou format propriétaire).

        A lire l’arrêt Mulholland Drive, à ma connaissance seul arrêt de la Cour de cassation à avoir appliqué le test en trois étapes, le c) ci-dessus est fort probable pour les comportements promus par votre article, que l’appréciation du caractère normal de l’exploitation se fasse d’un point de vue macro (la multiplicité des pratiques porte atteinte) ou micro (« des centaines en une nuit »).

        4. Ce que vous appelez « taxe sur les supports » s’appelle « rémunération pour copie privée » (ce qui est d’ailleurs impropre, puisqu’il s’agit d’une indemnité). Elle existe depuis 1985, et a été étendue aux supports numériques récemment, peut-être - effectivement - en 2001.


      • Calamo 9 février 2007 19:00

        @Forest

        Votre raisonnement est séduisant. Cependant, sur un CD, vous payez la fabrication ET les droits d’auteurs (1,25 euros de mémoire).

        Ou plutot, c’est le producteur qui les paye (à la SACEM, plus rarement à l’éditeur) pour vous... avant de vous en réimpacter le prix.

        Ce paiement rémunère le fait que la reproduction (le pressage du CD) ou la mise à disposition (l’offre de téléchargement) ont été autorisées par l’auteur (ou son éditeur, ou la SACEM, a qui il a fait apport de ses droits), en vertu du monopole que la loi lui confère sur ces actes.

        L’économie réalisée par le numérique se fait avant tout sur les couts de fabrication et de distribution, éventuellement sur la valeur incorporelle de l’autorisation (il suffit de réduire son prix), mais le passage au numérique ne supprime pas le droit.



      • Forest Ent Forest Ent 10 février 2007 00:15

        @Calamo

        « Ce paiement rémunère le fait que la reproduction ou la mise à disposition ont été autorisées par l’auteur. »

        Certes, mais pour être plus précis, ce paiement constitue la part de l’auteur sur les bénéfices réalisés lors d’une vente. S’il n’y a pas de vente possible, cette part est nulle. L’euro qui va au créateur sur la vente d’un CD n’est pas et n’a jamais été le droit de toucher un euro sur toute licence d’écoute accordée d’une manière ou d’une autre.

        En gros, on peut interpréter strictement le droit d’auteur de la manière schématique suivante : dès lors qu’il y a exploitation commerciale, elle doit être autorisée par le créateur et lui être rétribuée. Mais s’il n’y en a pas ? Mozart ne demandait pas de % sur la vente de CD. Mais c’est ici la première fois dans cette histoire qu’une exploitation commerciale DISPARAIT, ce qui rend le cas juridiquement original et intéressant.

        Personnellement, je plaiderais facilement le fait que la musique sur le net doit être gratuite. Seulement, comme je me soucie quand même du financement de la création, je me demande depuis 5 ans comment la financer. Et j’ai beau tourner le sujet dans tous les sens, je ne vois que la fiscalité.

        Seulement il y a toutes sortes de fiscalités. Internet offre une possibilité extraordinaire de mesure d’audience, qui permettrait d’assoir un prélèvement sur la valeur d’usage de chaque création. Nous y viendrons. Mais ce mécanisme ne peut être efficace que public. Dur à passer dans un monde ultralibéral, qui n’accepte pas facilement la fin d’un secteur commercial.


      • minijack minijack 26 février 2007 18:11

        Entièrement d’accord avec Calamo et Forest.

        On peut fort bien imaginer une écoute gratuite au travers du Net et des web radios (dont la diffusion est déjà rémunérée par la pub), mais ça ne donne pas pour autant le droit d’enregistrer ces émissions (même en enregistrement de mauvaise qualité) car ça devient ipso facto de la « reproduction », opération qui est régie par le Droit d’auteur.

        La taxe sur les supports ne justifie rien quant au partage de ces enregistrements, et surtout ne résoud rien de la rémunération des créateurs non asservis par les majors. Elle était déjà un cautère sur une jambe de bois, une rustine à la fuite de bénéfices des majors sur les oeuvres diffusées « on the air ». Cette taxe DOIT disparaître, d’autant plus qu’elle est arbitraire quant à son assiette et injuste dans sa répartition.

        La seule manière de donner un libre accès légal à toute la culture circulant sur le Net SANS LESER LES CREATEURS, est à l’évidence une forme de participation forfaitaire (ou de fiscalité, bien que je n’aime pas ce mot qui ne devrait concerner que les impôts) aboutissant à la mise en place d’une Licence Globale justement répartie entre TOUS les acteurs de la culture, et pas seulement les poulains de certaines écuries.
        Il n’y a aucun autre moyen et il n’y en aura pas tant qu’on voudra préserver sur le modèle ultralibéral les intérêts de quelques grands trusts se prétendant protecteurs des arts.

        Les majors sont « protecteurs » du Droit d’Auteur au même sens que les proxénètes le sont de leur cheptel à deux jambes. Elles vendent du « service » autour de la création des auteurs. En tant que telles elles doivent être rémunérées sur ce « service » et sur rien d’autre. Si ce service n’a plus lieu d’être parce que les technologies évoluent, qu’elles en changent ! Mais ce n’est pas une raison pour prendre les créateurs en otages, pas plus que le public.


      • had (---.---.184.228) 9 février 2007 18:36

        « l’information veut être libre » . /


        • Calamo (---.---.241.110) 10 février 2007 02:00

          @Algunet

          Merci. Cependant, la nouvelle loi déplace le débat, depuis les trois étapes smiley.

          @Forest

          Votre raisonnement n’est malheureusement pas conforme à la loi, puisque celle-ci n’énonce pas un droit à rémunération, mais un monopole.

          Tout acte de communication de l’oeuvre au public, qu’il soit direct (représentation) ou indirect (reproduction), est soumis à l’autorisation de l’auteur, rémunérée s’il le souhaite.

          Par exemple : vous organisez un concert gratuit des plus belles chansons de Brel. En théorie, les ayants-droit peuvent (i) vous l’interdire, ou (ii) vous y autoriser, (iii) moyennant finance, (iv) ou non (En pratique, la SACEM dira « oui, c’est XXXX euros »).

          Donc « dès lors qu’il y a exploitation commerciale, elle doit être autorisée par le créateur et lui être rétribuée » est inexact. « dès lors qu’il y a communication au public, elle doit être autorisée par le créateur, et - éventuellement - lui être rétribuée, s’il le souhaite ».

          En d’autres termes, plaider pour que la musique soit gratuite sur le net, en l’état du droit (c’est les mêmes principes depuis plus ou moins deux siècles), est loin d’être facile.

          En revanche, le principe d’une réflexion sur de nouveaux modes de financement des autorisations, notamment en rompant le lien financier auteur / amateur (« consommateur »), est effectivement très stimulant. Je serais ravi de connaître vos suggestions par rapport à la fiscalité, mais vous invite humblement, au préalable, à prendre connaissance de cette présentation (très) sommaire du droit d’auteur http://www.p-s.fr/index.php?2007/01/29/51-de-quels-droits-i, en espérant qu’elle rende encore plus accessible cette émission http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/bien_commun/fiche.php?diffusion_id=37697, où les enjeux et les perspectives liées à l’aire numérique sont particulièrement bien résumés. Notamment, les réflexions de J. Farchy sur les nouveaux business models (dernier tiers de l’émission) devraient vous intéresser.


          • Forest Ent Forest Ent 10 février 2007 02:49

            Merci beaucoup pour les liens que je lirai certainement, mais il me semble m’être mal exprimé. Je n’ai pas dit qu’il était obligatoire pour les créateurs de diffuser gratuitement leurs oeuvres. J’ai dit qu’il n’existait plus de marché sur lequel ils puissent les vendre, (sauf bien sûr les spectacles vivants ou représentations obliques), et qu’elles circuleraient donc de facto gratuitement ou pas du tout.


          • Algunet 10 février 2007 13:06

            Le juste prix...

            Le juste prix est l’essentiel du problème. Aujourd’hui le rapport de force a changé entre ceux qui proposent des œuvres et les « consommateurs ». Il s’agit bien d’une pression commerciale. Le nombre des auteurs a explosé, notamment par le biais des techniques ainsi que la mondialisation et l’instantanéité de la diffusion. Créer (pour ne pas dire fabriquer) une œuvre se fait souvent en quelques clics de logiciels hyper performants. Dans les faits l’œuvre a perdu de sa rareté, elle est devenu aussi abondante que banale et donc sa valeur, même si certaines créations sortent du lot par leur qualité, est naturellement devenue moindre que le risque et l’effort (temps et connaissances techniques) consenti à se le procurer illicitement. Autrement dit, trois fois rien ! Ces trois fois rien, multipliés par la foultitude de titres et d’acquéreurs ainsi que les autres ressources connexes (taxes sur les supports de stockage, les droits de diffusions sur les radios et télés, publicités) suffisent largement à payer les ayant droits, leurs éditeurs et distributeurs, tout en ne leur permettant pas de prendre de l’embonpoint en se servant trop dans l’assiette du consommateur.


          • Forest Ent Forest Ent 10 février 2007 14:29

            C’est très vrai, mais si toutes ces taxes sont largement suffisantes en volume, elles sont aussi très injustes dans leur répartition, car basées sur la mesure de canaux obsolètes, ie. tous sauf le net.


          • Statis Statis 10 février 2007 11:05

            J’avais souligné il y a peu de temps le mécontement des internautes vis à vis de TF1 qui retire le multiposte de Free. Sur AgoraVox : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=18600

            Statis


            • Piki (---.---.184.177) 11 février 2007 12:12

              Tf1 est de toutes façons vraiment con dans l’histoire ... car si le but est de limiter les enregistrements ou les rediffusions en perTv par exemple ça ne fait que leur enlever des téléspectateurs et donc des recettes publicitaires qu’il pourraient au contraire comptabiliser ! ;-p

              En effet la rediffusion sur plusieurs postes signifie que plusieurs postes regarde la chaîne ... et donc la pub ... S’il y a captation du signal pour le rediffuser ... c’est pareil ... car peux de gens vont en rélatité s’amuser a couper la pub par time shifting par exemple ...

              Et puis en ce qui concerne l’enregistrement pur ... les box ont aussi une fonction box ... et le fichier est lui téléchargeable ensuite sur son ordinateur ... ou même simplement lisible sur son ordi a partir de la box ...

              Résultat au lieu de gagner du fric ils en perdent ... car ne pouvant moneyer la pub qui n’est pas diffusée !

              A force de vouloir le beurre l’argent du beurre la crémière, sa fille, la vache, la crèmerie, etc ... on fini par ne plus rien avoir ...

              Et pendant ce temps les locataires de box regardent d’autres chaînes smiley


            • Algunet 10 février 2007 17:32

              Vient de sortir :

              Les Français champions du téléchargement illégal : http://www.ratiatum.com/news4342_Les_Francais_champions_du_telechargement_i llegal.html

              Quelques chiffres intéressants... smiley et une analyse intéressante.


              • Helios (---.---.188.79) 11 février 2007 22:46

                J’arrive un peu tard, mais comment ne pas réagir ? J’aimerai vraiment, mais alors vraiment me tromper, mais le sens de l’histoire tel que nous trace les differentes evolutions economiques, politiques et sociales ne nous laisse aucune chance : la culture sera marchande, un point c’est tout !

                Quel que soit l’angle de votre analyse, c’est pareil, et c’est plié comme on dit, et l’Internet, si aujourd’hui nous permet de profiter grace au P2P d’un espace de liberté, gageons que cet espace va rapidement disparaitre.

                Et ce n’est pas QUE la culture qui va fermer les robinets, c’est tout simplement la nature libre d’Internet qui n’est pas compatible avec les intérêts des commerçants, des militaires, des politiques et en général de tout ce qui veut contraindre les autres.

                Regarder une petite seconde ce qu’il se passe avec Google earth ? le ministre belge veut qu’on « floute » je ne sais quel site militaire à Bruxelles ! comme si ce site avait un impact stratégique majeur... ce serait risible pour la petite Belgique si la menace et les actions qui vont probablement être prises n’en etaient pas moins serieuses.

                ...Et je ne vous parle pas de Google en Chine etc...

                Et que vous dire sur tout ce que l’on trouve sur la toile dans tous les domaines, la science la technique, l’histoire... il y aura toujours quelqu’un pour ne pas apprecier... à ce niveau, le procés Charlie-Hebdo, c’est de la gnognotte face à ce qui nous attend. Ce sera probalement plus discret mais ce sera comme la loi DADVSI une iniquité incroyable où on peut accepter qu’un gouvernement interdise la copie et taxe les supports au nom de cette même copie !

                Et si vous croyez que vous aurez les moyens de « passer par dessus » avec un bon soft développé par un petit genie, vous vous foutez encore une fois le doigt dans l’oeil : amateur de Windows, vous avez la tête sur le billot, Vista est la première étape et Intel vous prépare des processeurs qui ne se laisseront plus faire, comme les BIOS par ailleurs qui sont dejà excessivement protégés - essayez par exemple d’en obtenir un -...

                Rappelez vous également que trés bientôt, si votre télé, votre decodeur satellite sont « HDMI » ils n’accepteront pas de vous presenter une oeuvre qui n’a pas eu les droits d’être copiée.... C’EST VOTRE TELE QUI VA DECIDER, PAS VOUS !!! En êtes vous conscient ?

                Alors dés maintenant, même si cela vous semble peut être prématuré, exagéré, soyez vigilents... un petit coup de canif dans notre liberté peut être la fin assurée de tout un pan de la culture, la vraie, pas celle imposée par je-ne-sais-qui et qui lui rapporte. Ne rigolez pas quand un rigolo boutonneux vous vante Linux, firefox etc... il a tort de le faire maladroitement et avec des arguments dogmatiques (anti-Microsoft) car il oubli de vous dire ce que serait l’informatique sans Microsoft... mais sur l’avenir il faut au minimum faire vivre une alternative à un système qui aujourd’hui est bien fait mais comporte en son sein les germes d’une intolerable et probable chappe de plomb sur tout ce qui va nous permettre d’approvisionner notre connaissance culturelle ou scientifique etc...

                Je n’ai helas rien à vous proposer d’autre, directement car il n’y a helas pas de solution. Les bien-pensants, aveuglés par des arguments de beotiens sans fondement ni profondeur de reflexion vous dirons que copier une chanson, c’est comme voler le pain du boulanger ! z’ont rien compris mais ce n’est pas leur faute, ils sont déjà perdus, ils ont déjà tout acceptés, ils sont déjà comme les vaches qu’on amène aux abattoirs, résignés et heureux que tous ceux qui ne sont pas comme eux, y passent aussi.

                S’il etait possible d’exiger aupres des élus de prendre position et de defendre les electeurs, ceux là même qui les ont portés a leur siège de l’assemblée nationale, il faudrait le faire immediatement, c’est une question de quasi survie... mais comme vous le savez, le futur député vous demande de voter pour lui, pour sa personnalité, ses convictions et la defense de VOS intérêts, mais une fois elu, il se dépèche de voter comme le parti, le petit doigt sur la couture du pantalon... fuck-it comme le diraient nos amis anglophones.

                Alors que nous reste-il ? notre volonté, notre résistance et surtout notre dignité : n’acceptez pas, au nom d’aucune bonne raison, d’aliéner un soupçon de liberté, même si celle ci ne vous parait pas fondamentale... c’est a petit pas que l’univers de 1984, Big Brother arrive... Quand vous vous reveillerez, quand vous vous en rendrez compte il sera trop tard et ce n’est que dans le sang, au prix d’une regression difficilement envisageable que nous pourrons nous en sortir.

                Pour ceux qui le peuvent, exigez de Sako-Sego etc de prendre une position ferme la dessus, cela ne peut qu’aller mieux pour notre societe et en tout cas cela va dans le bon sens sans pour autant freiner ni l’emploi, ni la richesse, bien au contraire

                Merci de m’avoir lu jusque là.


                • Algunet 11 février 2007 23:46

                  @ Hélios,

                  Merci pour ce commentaire pertinent qui donne à mon sujet l’ouverture qu’il n’avait pas. Cependant vous dites « il n’y a hélas pas de solution », Mais si, face à big brother, au pouvoir de l’argent, à la censure et à la lourdeur des administrations, il y a l’avenir avec le talent de la jeunesse, sa rébellion et son optimisme conquérant… Ce sont eux la créativité, l’esprit du libre ; il faut être confiant. smiley


                • Helios (---.---.188.79) 12 février 2007 01:39

                  Ah, si vous pouviez avoir raison !

                  Euh, désolé pour les fautes, en plus j’ai un clavier sans accent...


                • David (---.---.194.175) 16 février 2007 11:28

                  Dommage que je n’ai pas vu cet article (et ses commentaires) plus vite ...

                  Je pense que beaucoup ici, ignore les proportions que ce combat va prendre dans les prochaines années...

                  Ce n’est pas juste l’accès à la culture, mais aussi nos libertés individuelles qui vont souffrir. Et nous sommes tous concerné par ce problème.

                  Imaginez, vous êtes en train de chanter dans la rue une œuvre protégée, si quelqu’un peut vous entendre, vous serez passible de lourdes poursuites. (Je n’invente rien certaines lois vont déjà dans ce sens en Australie).

                  De plus le reflexe des majors étant déjà de tous nous considérer comme des fraudeurs (les nouvelles taxes touchant les supports de stockage de hautes et moyennes capacité, ainsi que les taxes déjà existante sur les cd’s et dvd’s vierges sont là pour nous le rappeller), la probabilité de voir débarquer Big Brother sur tous nos appareils numériques se rapproche de jours en jours.

                  Et son rôle ne sera pas seulement de vérifier si nous ne piratons pas, mais également de vérifier si nous regardons et écoutons le bon contenu (non subversif j’entends). Ce n’est pas de l’anticipation à long terme, la puissance du lobbying de l’industrie cinématographique et musicale est extrêmement influente. Le rouleau compresseur, ne laissera plus aucune chance à une culture différente de celle qu’ils auront décidée.

                  Un exemple concret ?

                  Il y a de plus en plus de difficultés pour des petits organisateurs de spectacle de pouvoir exercer leur travail : les difficultés pour obtenir les autorisations augmentent tous les ans et avoir les moyens financiers de pouvoir payer les différentes taxes et droits d’auteurs devient de plus en plus compliqué.

                  En Belgique 2 des plus grands festivals du pays sont tombés aux mains de la société Clear Channel : Rock Werchter et I love Techno... Avec l’influence de la préoccupation commerciale d’une société blockbuster comme Clear Channel, ces événements seront (j’en suis persuadé) de plus en plus couteux et la programmation de plus en plus dénaturée et commerciale. Il ne s’agit pas ici de critiquer une société qui fonctionne et de faire un procès d’intention, mais de critiquer le fait que ces sociétés via le lobbying décident des lois qui vont allez dans le sens de leurs intérêts aux détriments des petites sociétés et des petits organisateurs. C’est la diversité culturelle qui est menacée, car nous n’aurons plus le choix de décider.

                  La loi DADVSI n’est qu’un premier pas de ces industries pour essayer de se réapproprier la diffusion de la musique et des films, dont ils ont du céder une partie aux nouvelles habitudes de consommation du marché crées par l’internet. Des solutions existes allant dans l’intérêt de tous existent (la licence globale est une bonne piste), mais elles ébranleraient le monopole des majors et sont donc rejetées. Le débat ne fait finalement que commencer.


                  • Algunet 16 février 2007 18:14

                    @ David

                    Effectivement je partage votre point de vu et le piratage n’est qu’un moyen comme un autre de faire pression. Le combat est toujours le même, l’action commune des plus faibles face aux vautours. smiley

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