@Samson Je vais être, moi aussi, intellectuellement honnête avec vous. En lisant votre message, ma première impression a été : « Mais qu’est-ce que c’est que ce message gnangnan, consensuel et mielleux ? » Après réflexion, j’ai compris que c’était du second degré : de la condescendance déguisée en gentils petits reproches et en compliments. En effet, je me suis dit : « Ce n’est pas possible, quelqu’un d’intelligent comme Samson (premier degré certifié, pas d’ironie, je vous lis souvent avec plaisir) ne peut pas invoquer la démocratie, alors que je n’ai jamais contesté à Daniel Salvatore Schiffer le droit de s’exprimer ! »
Deuxième explication possible : vous avez pris l’apéro ensemble récemment. Plus sérieusement, ma critique ne visait pas sa personne mais sa production. D’ailleurs, si je dois lui adresser un compliment, c’est celui d’avoir le courage de s’exposer à la critique. Je ne sais pas si j’aurais ce courage. PS : je n’ai rien contre les envolées lyriques, à condition que ce soit fait avec du recul, sans esprit de sérieux, et si possible avec une pincée d’humour.
@amiaplacidus Merci pour ce commentaire empreint de bons sens et de discernement. Après m’être infligé la lecture de cet article pompeux et prétentieux dont le lyrisme grandiloquent confine au ridicule, j’apprécie votre commentaire et le prend comme un antidote. L’ignorance crasse de l’auteur sur Navalny et sur la situation en Russie était particulièrement toxique. Encore merci.
@pemile Avouez quand même que vous donnez le bâton pour vous faire battre. Ce que dit Philippe Huysmans est parfaitement vrai et vérifiable. Répéter la propagande gouvernementale ne vous honore pas. Il y a 25 ou 30 ans, c’était encore pardonnable, car il y avait peu de moyens de vérifier les informations. Maintenant, à l’ère d’internet, c’est impardonnable. Répandre une manipulation, qui plus est grossière, c’est y participer. Ce n’est donc pas une simple erreur, c’est une faute.
Votre raisonnement repose sur un
postulat que vous ne questionnez pas : les « élites »
ont besoin de nous. Si on reste dans l’ancien paradigme, ce que
vous dites est vrai : ils ont besoin de consommateurs pour faire
des profits. Mais n’est-on pas, justement, en train d’assister à
un changement de paradigme ? Avec les immenses progrès
technologiques qui ont été réalisés ces dernières décennies,
notamment dans l’intelligence artificielle, la robotique et les nanotechnologies,
la priorité des « élites », pour continuer à
s’enrichir, ne serait-elle pas de réduire drastiquement la
population afin de disposer de ressources naturelles quasi
illimitées ? Songez par exemple au pétrole. De plus, pour
entretenir leurs machines, ils n’ont besoin que de très peu de
main d’œuvre. De nombreuses professions sont amenées à
disparaître, l’exemple des caissières étant le plus visible. La
notion de « gens inutiles » se répand petit à petit,
sournoisement, à la manière d’une fenêtre d’Overton.
L’avez-vous remarqué ?
Il
y a un film qui pose bien le
problème du libre arbitre, c’est « Minority report ». La
question que pose le héros « Qu’allez-vous faire maintenant ? »
montre que le choix qui va être fait n’est pas nécessairement le
plus probable parmi les divers futurs possibles en concurrence, et
qu’il n’est pas toujours
la
simple résultante d’une
chaîne causale
plus puissante
que les autres. L’erreur
classique des partisans du déterminisme intégral, qui est en
réalité une illusion rétrospective (cf.
Bergson et l’illusion rétrograde du vrai),
c’est de croire que si un
événement se produit (ici, un choix) c’est parce qu’il devait
nécessairement se produire.Après
coup, on peut
toujours
expliquer le choix qui a été fait, et
il est vrai que, la plupart du temps, nos choix sont déterminés.
Mais ils ne le sont pas toujours, surtout quand il s’agit de
prendre une décision très importante. Je
pense qu’il y a autre chose que le simple déterminisme, une
dimension de la conscience qui transcende le temps,une
sorte de « Ô déterminisme, suspends ton vol ! ».
Comme l’a
bien montré Spinoza, le
libre-arbitre tel qu’on se le représente habituellement est
l’illusion de la liberté résultant de la conscience qu’a
l’individu de ses inclinations et de l’ignorance des causes qui
l’ont conduit à avoir de telles inclinations. Mais il n’est pas
que cela.
Le
libre-arbitre est la faculté, que l’on peut en théorie exercer à tout moment,
de suspendre les influences extérieures et intérieures (qui ne sont
que des influences extérieures intériorisées), de les mettre sur
pause pour écouter la voix de sa conscience. C’est une trouée de
conscience dans la poche d’inconscience qui nous entoure et nous
maintient captifs. C’est l’irruption, malheureusement trop rare
dans nos vies, du silence. Dans le silence peut enfin se faire
entendre la petite voix de la conscience, qui nous montre ce qui est
juste. La petite voix ne nous dit pas comment choisir entre une pêche
et un brugnon, elle nous demande simplement : « Ce que tu
vas dire ou faire respecte-t-il l’autre ? Contribue-t-il à
ton bien-être en même temps qu’à celui de l’autre ?
Provient-il d’un désir égoïque ou fait-il grandir en toi
l’aptitude à l’empathie ? Apporte-t-il de l’harmonie ou
de la disharmonie, de l’union ou de la division ? »
La liberté
est ce choix que nous faisons, consciemment ou inconsciemment :
le choix de suivre la pente des inclinations et des déterminations
qui nous maintiennent dans un état d’inconscience et qui font de
nous les marionnettes des circonstances et des événements, ou bien
le choix de la conscience du moment présent qui nous connecte à la
part de nous qui est transcendante. Mais bien peu de personnes, me
direz-vous, sont capables d’accéder à cet espace de silence, bien
peu de personnes sont capables de suspendre leurs croyances, leurs
connaissances et leurs convictions et se délester du connu. C’est
vrai, et c’est pourquoi nous vivons dans l’illusion, avec
seulement de rares incursions dans un espace de liberté, dans un
espace où les pensées se taisent enfin et
où les désirs et les pulsions ne nous mènent pas par le bout du
nez.
Une promenade en forêt peut interrompre le bavardage incessant du
mental, une méditation, regarder un enfant jouer, caresser son chat
ou son chien, écouter de la musique, s’absorber
dans une activité manuelle ou artistique où l’ego s’efface.
Nous pouvons choisir d’écarter ces moments d’un revers de la
main et retourner à la « vie réelle », en se disant que
c’étaient des instants d’égarement et de rêverie inutile. Mais
nous pouvons aussi choisir d’explorer ces moments de plénitude et
de paix pour grandir en conscience. Le véritable libre-arbitre ne
s’exprime pas dans le choix de mettre telle chemise plutôt que
telle autre, ou dans le choix de prendre du fromage ou du dessert. Le
véritable libre-arbitre réside dans le choix de se libérer ou de
continuer à vivre dans l’illusion.