Emmanuel Todd propose une hypothèse sur une réalité des Charlies qui ne peut évidement, que déplaire aux intéressés tant elle s’écarte de la version bisounours à laquelle, jusqu’ici, on nous a habitués. Dans cette affaire, je ne classerais pas Emmanuel Todd parmi les antiracistes. Sa démonstration dénonce exclusivement un racisme anti-musulman honteux, sinon latent, camouflé derrière le paravent d’ un sursaut patriotique triomphant et vindicatif . En l’ occurrence, la communauté musulmane,stigmatisée, certes avec un certain doigté, par les défilés de janvier souffre de multiples attaques depuis des années et se retrouve une fois de plus « commodément » au banc des accusés dans l’affaire Charlie- hebdo. Au minimum, sommée tout à la fois, de se repentir collectivement et d’accepter, si possible avec fair play qu’un journal potache insulte Son Prophète . Tout cela, dans un pays qui , dans le même temps, condamne la consommation publique d’ananas ou de quenelles « parce qu’on ne peut pas rire de tout ». Avouez que cela a un peu des relents de « deux poids, deux mesures » du strict point de vue de la liberté d’expression. Or, c’est justement ce traitement inéquitable qui avait déjà fait question lors de la publication des caricatures par Charlie- Val. Et, déjà, clivé le pays lors de l’« affaire Siné ». Contrairement à ce qui a été claironné depuis par toutes sortes de canaux bien pensants, je pense que la majorité des français, avec bon sens, n’a pas vraiment acheté cette magique transformation d’un fait divers tragique en une défense symbolique et plutôt fumeuse de valeurs à géométrie variable. C’est, à mon sens, la vraie bonne nouvelle du 11 janvier.
Enfin, fermer les yeux, après coup, comme vous le faites complaisamment, sur la présence , en tête de cortège de pointures mondiales de la barbarie , au nom d’une auto- absolution du type : « j’ai ma conscience pour moi » me semble, pour tout dire assez naïf. Personnellement, je crois que j’en aurais vomi de honte... Après tout, Hitler et Staline, que vous utilisez dans votre argument comme le degré zéro de l’ humanité avaient, eux aussi, sans doute, leurs cortèges d’admirateurs... « ...mais les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux » C’est bien connu...
Je ne partage pas votre opinion . Vous
reprochez à Emmanuel Todd le biais idéologique qui affecte
l’analyse qu’il fait de la manifestation du 11 janvier. Cet exercice
pourrait se concevoir si vous même n’étiez pas, tout au
long, arc bouté sur le biais exactement inverse.
En gros vous dénoncez, dans le chef de
Todd, l’imposture qui consiste à feindre de démontrer la
manipulation dont furent victimes les Charlies sans jamais –
disons, de manière indiscutable- faire la démonstration de cette
manipulation.
Or, dans le même temps,vous vous
appuyez, en ce qui vous concerne, sur de fausses « évidences » basées
le plus souvent sur des analyses pour le moins discutables,
produites, à l’unisson, de façon assez massive, (pour ne pas dire
suspecte, en somme) par la quasi totalité des médias pendant et
juste après la tragédie.
Si, pour vous l’analyse , à chaud,
volontiers caricaturale et réductrice d’une réalité complexe ,
(c’est à dire ; où les méchants ne sont pas « que »
très méchants et où les « gentils » ne sont pas aussi
réellement innocents que l’agneau qui vient de naître) que les
médias ont ressassé pendant des heures et sur tous les tons en
mettant systématiquement l’émotionnel au premier plan, si, donc,
cette analyse, pour vous, ne pose pas, en soi, de questions alors,
c’est qu’un certain biais idéologique est, chez vous trop prégnant.
Celui qui consiste à penser que les médias servent à nous délivrer
l’information la plus objective possible. Et c’est tout.
Et donc,que les causalités les plus
cousues de fil blanc sont faites pour vous, sur mesure.
Acceptez que d’autres que vous aient pu
voir, dans le traitement accordé à cet événement, l’exploitation
type d’une opération « choc et effroi » ; amener le
maximum de personnes à réagir sous le coup de l’émotion. Sans
surtout « se poser de questions ».
Ces autres que vous plus méfiants
, c’est à dire, se souvenant des « couveuses de Saddam
Hussein », par exemple ou des passeports des terroristes du 11
septembre miraculeusement épargnés par le kérosène enflammé, …
etc, événements qui, entre autres massacres,depuis, ont, en leur
temps, fait le lit du « Patriot act » aux Etats Unis...
Or, il se trouve justement que notre
« Patriot act » à nous, vient tout juste de passer ...
Disons, comme une fleur...
Un heureux hasard, sans
doute...évidement pour que « plus jamais ça »
blablabla...
Mais je suppose que le fait qu’une
manifestation pour défendre la liberté d’expression débouche quasi
en direct sur une loi permettant le contrôle de la pensée, cela ne
vous choque pas davantage...
Une fois de plus, la France est coupée en deux à propos du livre d’ Emmanuel Todd. Il y a d’une part ceux qui ne l’ont pas lu et qui le trouvent scandaleux... et d’autre part, ceux qui ont pris la peine de le lire et qui le trouvent intéressant...
C’est vachement difficile de choisir entre : le lire et prendre le risque, à court terme d’en venir à détester le JT de 20 heures ou bien : ne pas le lire et continuer à se faire prendre pour un jambon , tous les jours par les médias et à chaque scrutin par les politiques... Mmm... Franchement, j’hésite...
@franc « On » peut aussi attendre un peu... maintenant que le patriot act français vient d’être voté par une assemblée de Charlies. Les mal pensants comme moi n’auront sans doute bientôt plus voix au chapitre internet et vous pourrez vous retrouver ici pour vous auto- congratuler ad nauseam entre citoyens conformes. Le rêve, quoi !