M. Villach n’aura peut être pas le Goncourt ou le Femina mais lui contrairement à vous connait les règles typographiques des abréviations courantes telles que Monsieur (Qui s’abrège par M.) et Mister (qui désigne un sujet anglais et s’abrège par Mr).
Pourquoi battre en retraite ? (au passage le jeu
de mot était un peu téléphoné vous nous avez habitué à mieux). « À quelle
logique un responsable syndical obéit-il quand il propose d’entamer un
nouveau combat sans même avoir mené celui en cours à son terme ? »
Toute la source du problème s’il en est un vient de la loi
du 20 aout 2008.
Je m’explique : Cette loi portant rénovation de la
démocratie sociale et réforme du temps de travail a institué un critère
d’audience pour déterminer la représentativité des syndicats, élément essentiel
de leur action puisque c’est cette représentativité qui leur permet de désigner
des délégués syndicaux en entreprise, au niveau branche ou au niveau national
interprofessionnel. Jusqu’alors, la représentativité était attribuée par un
arrêté ministériel et les syndicats ne jouaient pas « leur vie »
durant les élections professionnelles qui ont lieu tous les quatre ans.
Or depuis la loi de 2008, c’est le cas. Chaque jour, des
élections ont lieu dans les entreprises et des syndicats jusqu’alors
représentatifs perdent leur représentativité (principalement FO et CFTC). Or,
si c’est fâcheux au niveau de l’entreprise, les conséquences vont être
dramatiques au niveau branche ounational
interprofessionnel puisque que le 22 aout 2012 (date d’entrée en vigueur de la
loi plus quatre ans, c’est-à-dire délai au terme duquel toutes les entreprises
auront connues des élections professionnelles et auront donc pu faire connaitre
les résultats), les résultats des élections professionnelles en entreprises
seront additionnés au niveaux des branches et au niveau national
interprofessionnel. Et à ces deux niveaux, les syndicats qui ne dépasseront pas
la barre des 8 % ne seront plus représentatifs et ne pourront donc plus mener
de négociations. Or les premiers résultats dans les entreprises montrent que FO
et laCFTC ont du souci à se
faire. Pour ce qui est de la CGT
et la CFDT,
s’ils sont assurés de passer les 8%, leur objectif est de passer un autre
palier, celui des 30% leur permettant de signer SEULS une convention ou accord
collectif (un accord ou convention collectif étant valide s’il est signé par
des syndicats représentant au moins 30% en voix et ne souffrant pas de
l’opposition de syndicats représentant 50 %)
La réforme des retraites a donc été une aubaine pour ces
syndicats qui doivent faire leur « promotion », ils doivent plus que
jamais montrer leur force et les actions qu’ils mènent pour préserver les
droits des salariés (pour faire cours, jusqu’en aout 2012, ils sont un peu en campagne
permanente). Et je crois sincèrement que s’il n’y avait pas eu le contexte de
la loi de 2008, il y aurait certes des frictions, quelques manifestations, mais
rien de comparable à ce que nous avons vécu.
Alors, pourquoi s’arrêter en si bon chemin alors même que
l’opinion publique est en leur faveur ?
Tout simplement parce qu’à deux maux, ils choisissent le
moindre (du moins c’est le cas de la
CFDT). Les grèves et manifestations ont été une véritable
démonstration de force leur redonnant du crédit (vous l’avez fort bien relevé
vous-même dans votre article).
Seulement, plus on avance, et moins la situation semble
favorable pour les syndicats. Continuer le mouvement et s’exposer à un échec
(ce qui semble être l’issue puisque le Conseil Constitutionnel a validé la
conformité de la loi à la
Constitution à l’exception de quelques dispositions sans
rapport avec la réforme (c’est d’ailleurs la raison de la censure)) serait un
terrible revers pour les syndicats. Battre en retraite maintenant, en est
certes un aussi, mais un moindre : « rassemblons nos forces, d’autres
combats nous attendent ».
Les syndicats le comprennentbien, ils sont en train de perdre la bataille, et Chérèque, en bon
stratège tente de limiter les dégâts. En effet, en se retirant maintenant, il
reste sur l’impressionnante démonstration de la puissance de rassemblement dont
il a été l’un des meneurs. Les autres, qui veulent se battre jusqu’à la mort
entrainent dans l’échec qui se profile les salariés qui les suivent confiants.
Et dans ce contexte de campagne permanant pour les
syndicats, la décision de Chérèque ne me parait pas dénuée d’une certaine
logique voire d’une certaine sagesse.
Cordialement,
@ Sylvain Reboul
Vous avez écrit : « Je prétends en effet
qu’elle n’a pas intérêt à trahir cette promesse formelle, trahison qui serait
pour elle un suicide politique »
Je ne pense pas qu’elle ait plus intérêt à la tenir. On nous
a répété que la raison dela nécessité
de la réforme était que les actifs n’étaient pas assez nombreux pour payer les
retraites du fait du Papy Boom (je schématise, pardonnez moi le raccourci mais
il commence à se faire tard).
Or le Papy Boom, on sait qu’il va arriver depuis le Baby
Boom !!!
C’est-à-dire que concrètement, on savait ce qui allait se
passer dès les années 50. Et depuis la gauche, comme la droite n’ont rien fait.
Il a fallu attendre les années 90 pour que la retraite commence à être
réformée. Pourtant encore une fois, gauche comme droite ont été au pouvoir.
Je ne pense donc que Martine Aubry tiendra sa promesse. Elle
a juste joué son rôle d’opposition, rôle dans lequel excellele parti socialiste par ailleurs.
Cordialement,
Grégory
Ps : Permettez-moi d’abuser encore un peu de votre
patience et d’ajouter que nous avons là entrevue seulement la partie émergée de
l’iceberg. Car ces « Papy Boomer » ne vont pas se contenter de
profiter de leur retraite jusqu’à vieillir assez et s’éteindre paisiblement.
Malheureusement, nombre d’entre eux nécessiteront des soins l’âge
avançant : hospitalisations, lunettes, consultation chez les diverses
spécialistes, remboursement des médicaments devant être pris quotidiennement
etc.
La partie émergée, véritable bombe, c’est la future réforme
sur l’assurance maladie. Car la différence majeure entre la retraite et
l’assurance maladie, c’est que la retraite, c’est un évènement certain. Tandis
que la maladie… Et même un évènement certain comme la retraite, nous n’avons
pas été capable de réformer progressivement pour surmonter la difficulté, alors
l’assurance maladie, événement des plus incertains… Voila de quoi nous
rassurer, les syndicats feront bientôt redescendre les français dans la rue,
très bientôt n’en doutons pas.
Je ne dénie pas à l’humoriste le droit d’user de « l’ironie jusqu’au sarcasme ». Je reproche juste à M. Dahan d’être sorti des fonctions pour lesquelles il a été employé. Je m’explique : rien ne lui interdit en effet d’user de l’ironie, d’être sarcastique à souhait, pourvu qu’il fasse rire. Mais à partir du moment où il ne fait pas rire, peu importe la qualité de son intervention, il ne rempli pas la fonction pour laquelle on lui confie le micro de France inter et son public. Rien ne lui empêche dans un autre cadre de faire part de ses opinions et de faire preuve d’ironie et de sarcasme, mais dans ce nouveau cadre, il ne se cachera plus derrière l’humour et le mandat confié par France inter.
Sans cautionner son licenciement, je comprends aisément les motivations de France inter qui encore une fois est civilement responsable des critiques prononcées par Dahan, peu importe leur qualité (ce qui, entre nous est subjectif et on a vu des condamnations pour diffamation pour moins que ça).
Pour ce qui est de la CEDH, je peux comprendre vos griefs envers elle ainsi que tout procédé qui constitue une dénonciation anonyme.
Néanmoins, rien ne me choque dans le fait qu’elle distingue une lettre anonyme dans laquelle aucun élément ne permet de déterminer l’auteur des griefs, et une lettre contenant une mention permettant un début d’enquête. Car vous le dites vous-même, les auteurs sont en fait bien souvent une minorité du groupe désigné. Mais n’appartiennent ils pas à ce groupe pour autant ? C’est, je vous l’accorde mince, mais je partage l’avis de la CEDH, ça mérite distinction.
Vous avez tout à fait raison, mais la différence majeure tient dans l’auteur !
D’un coté, nous avons un penseur politique reconnu dont nombres d’idées ont traversé les temps jusqu’à nos jours, de l’autre nous avons un humoriste lambda.
Je ne dénigre pas sa profession, loin de là, mais quand bien même ce qu’il dénonce dans sa chronique serait emprunt de vérité, du moment où sa fonction, de faire rire n’est pas remplie, il sort de son rôle selon moi.
En effet, je trouve un peu facile, de ce cacher derrière la « tristesse du désastre » pour camoufler son insuffisance professionnelle (à ce propos, je serais curieux de connaitre le motif de licenciement invoqué par la radio :
- le licenciement pour faute constituerait l’aveu de la part de la radio que Dahan est allé trop loin, ainsi elle tenterait de se couvrir, étant civilement responsable des dommages que Dahan pourrait causer à MaM (les attaques en diffamation connaissant un vif intérêt de la part des politiques depuis quelques années), au titre de l’alinéa 5 de l’article 1384 du code civil, principe repris au L 4741-7 du code du travail et validé par la jurisprudence (2ème chambre civile 28 mai 2009, mais peut être y a-t-il plus récent encore)
- Le licenciement pour insuffisance professionnelle serait je pense plus habile de la part de la radio, qui s’est bornée dans les médias à expliquer son geste par la « médiocrité » du travail accompli par Dahan depuis son arrivée.)
Quant à votre critique de la CEDH, vous me tendez là une perche pour exposer une théorie (qui m’est personnelle et doit donc être pris avec la réserve qui se doit) :
Depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le préambule de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne qui « réaffirme les droits qui résultent notamment de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales [et] de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme » est pourvu de valeur contraignante. De plus, le Traité sur l’Union européenne lui-même dispose que : « L’Union respecte les droits fondamentaux, tels qu’ils sont garantis par la Convention européenne des droits de l’homme, signée à Rome le 4 novembre 1950 ».
Ces deux textes donnent selon moi pleine compétence à la CJUE pour juger du respect des droits fondamentaux, garantis par la Convention EDH, par les Etats membres de l’UE.
La « technique » consiste donc à soulever une question préjudicielle devant une des juridictions internes pour demander à ce que soit jugé, par le juge communautaire, la conventionalité de la disposition de la Convention qui n’est pas respectée selon le justiciable. Du coup, plus de délais déraisonnables de la CEDH. Ce procédé me semble d’autant plus réalisable que ces dernières années, CEDH et CJUE ont harmonisé leur jurisprudence.
Je suis tout à fait d’accord sur votre analyse formelle de cette chronique, vous avez fort bien décrit l’état d’ébullition interne dans lequel se trouvait la garde des sceaux.
Néanmoins, je ne partage pas votre avis quant à votre dernière phrase « Dahan mérite qu’on le félicite pour son courage ». Sa chronique, certes courageuse ne m’a pas vraimment décoché un sourire. Dès lors, suffit il de s’émanciper de l’autorité du pouvoir en place pour être salué ? Sa fonction première, plus que la critique de l’invité du jour n’est elle pas de faire rire ?
Certains ont su dévelloper habilement le rire par la mise en boite de l’invité mais je ne pense pas que Dahan soit à la hauteur dans cet exercice. Je pense que cette éviction n’est qu’anecdotique et n’a d’importance que parce que faisant suite aux précédentes sur la même antenne.