Bachelet aurait peut-être été réélue. Mais il y a fort à parier qu’elle aurait poursuivie la même politique qu’elle a appliquée durant son mandat, à savoir n’apporter que des retouches cosmétiques au système d’économie libérale mis en place par les Chicago Boys. Rappelons quand même que le parti socialiste de Bachelet n’a que 12 députés sur 120 à la Chambre des représentants. Donc le Grand Soir, il devra attendre encore un peu au Chili.
Tout d’abord, on ne voit pas très bien à quoi sert votre argumentation ad hominem laissant supposer que seul un oligarque blanc d’origine européenne vivant dans les quartiers huppés de Santiago serait susceptible d’écrire l’article que vous dénoncez comme « honteux ». Pour autant que l’on sache, le nouveau président chilien, Piñera, a bien été élu par la majorité de la population avec trois points d’écart sur son rival. Faut-il comprendre que la majorité de la population chilienne ferait partie de l’oligarchie blanche d’origine européenne vivant dans les quartiers huppés de Santiago ?
Ensuite, en ce qui concerne la situation économique des Chiliens, vous nous dites que celle-ci n’est pas la même que celle des Français. Certes. Elle n’est pas comparable non plus à celle des Luxembourgeois. L’auteur de l’article ne prétend pas cela. Il indique simplement que la situation économique des Chiliens (PIB/hab. de 15.000 dollars, nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté réduit à 15%) est devenue comparable à celle des Polonais et est même supérieure à celle des Roumains ou des Bulgares, qui font pourtant tous partie de l’Union européenne. Et comme le rappelle l’auteur, le Chili est le seul pays latino-américains, à part le Mexique, a avoir intégré le club des pays développé, l’OCDE, auquel n’appartiennent toujours pas l’Argentine ou le Brésil. Alors, non, les standards de vie du Chili ne sont pas ceux de la Scandinavie, mais en 30 ans, ce pays est sorti du Tiers-monde, a vu sa richesse multiplié par cinq, et cela grâce à la libéralisation de l’économie.
L’auteur de cet article, Patrick Mignard, montre surtout son parfait mépris du système démocratique (supposé vicié dès que la droite accède au pouvoir) et son désespoir de voir le Chili se refuser à s’engager sur la voie de la dictature du prolétariat, aussi bien à l’époque d’Allende qu’aujourd’hui. Patrick Mignard montre clairement que peu lui importe le sort réel des gens (niveau de vie, conditions sociales, libertés politiques, etc.) mais bien la seule idée du Grand Soir.
Une excellente nouvelle d’un pays qui apparaît de plus en plus comme une île isolée de paix et de prospérité perdue au milieu d’une sous-continent américain « plein de bruits et de fureur ». Et une page historique définitivement tournée : les Chiliens semblent avoir définitivement surmonté aussi bien les démons de la gauche totalitaire que ceux de la droite autoritaire.