Taper sur les 3 Suisses c’est taper sur le malheureux qui a commis l’ erreur de frappe. Philosopher sur les mécanismes de contrôle et les modalités de réaction rapide c’est toujours facile APRES. Ceux qui connaissent concrètement ce que telles structures représentent (nombre de produits gérés, fréquence des changements de référence, de prix, nombre de personnes impliquées depuis la décision jusqu’à la mise en ligne,...) se posent plutôt la question : comment de telles erreurs n’arrivent-elles pas plus souvent ?
Il y a d’autres problèmes autrement plus graves et sérieux pour ne pas encombrer AGORAVOX avec de tels sujets. Donc j’arrête.
Un internaute qui essaie de ne pas tomber dans le piège du lynchage internet systématique
Le monde universitaire se trompe ! Le système actuel est profondément inégalitaire. dans beaucoup de disciplines, les étudiants qui n’ont pas la chance d’avoir de la famille ou des relations dans le monde du travail, débarquent sans rien connaitre et se font rejeter alors que beaucoup ont toutes les qualités pour réussir. Ils ont été conditionnés dans le moule que les savoirs et savoirs-faire sont les seuls critères d’embauche et de réussite dans la vie. Personne ne leur a dit combien la personnalité était importante : curiosité, esprit d’équipe, relationnel, créativité, adaptabilité,...Personne ne leur a dit comment se passait un recrutement côté recruteur. Ils sont désarmés alors que ceux qui viennent de milieux plus favorisés conduisent mieux leur démarche. Les enseignants devraient combler cette inégalité. Mais pour cela il faudrait qu’ils soient tous convaincus de leur rôle en terme d’insertion professionnelle et qu’on ne rencontre plus des professeurs qui disent à leurs élèves, comme il m’a été rapporté par un jeune docteur : votre emploi ce n’est pas de mon ressort ! Oui il faut réformer l’université, il faut l’ouvrir sur l’extérieur et la responsabiliser plus largement notamment sur l’emploi. La loi LRU a des défauts, c’est vrai, mais elle va dans la bonne direction. Enseignants, chercheurs, amendez-la mais bougez, faites autre chose que du blocage et du refus comme vous le faites depuis des années !!!
Le problème majeur de ce mouvement, comme beaucoup d’autres, c’est qu’il est « nombriliste » : les enseignants, les chercheurs, les enseignants-chercheurs et les élèves ne regardent pas plus loin que leurs facs, leurs laboratoires, leurs statuts, leurs avantages, leurs peurs ! Ils ne sont pas crédibles quand ils disent faire tout cela pour les élèves, pour la Recherche,...L’échec de beaucoup (pas toutes heureusement) de disciplines est patent : les élèves ne trouvent pas de travail à la sortie, les brevets sont peu nombreux, les liens avec le monde de l’entreprise sont minimes si ce n’est nuls. Quelques professeurs, quelques chercheurs regardent à l’extérieur, mettent en perspective leurs efforts, poussent leurs élèves à appréhender le monde du travail qu’ils devront intégrer quels que soient les défauts et les faiblesses de celui-ci. Beaucoup d’autres attendent la Réforme idéale qui résoudra tout sans présenter le moindre inconvénient pour qui que ce soit. Et tant qu’ils n’ont pas cela, ils bloquent tout, attitude infantile si il en est. Quand tous les enseignants, tous les chercheurs seront des adultes, c’est-à-dire capables de prendre des décisions difficiles, le problème sera réglé, mais quand ?
Je suis d’accord sur certaines de vos remarques mais pas sur d’autres et ma conclusion ne sera certainement pas de votre goût.
Oui "la mission de l’université n’est pas simplement de proposer des formations professionnelles pointues". Pour le patronat français "le plus bête du monde" je vous laisse à vos positions idéologiques qui ne font pas avancer le débat ! Oui les entreprises, publiques et privées, ne sont pas uniquement à la recherche de savoirs et/ou de savoir-faire. Elles recherchent avant tout des hommes et des femmes avec des qualités transverses telles que l’écoute, l’autonomie, l’adaptabilité, la créativité, des capacités de négociation, de synthèse, de décision, d’évaluation et de maîtrise des risques, de remise en cause, de leadership, de travail en équipe,...
Or, que voit-on arriver, au sortir des facultés lorsque le milieu familial n’est pas intervenu (donc pour les plus défavorisés) ? Des jeunes qui préparent leur recherche d’emploi exactement comme un examen de fac car ils pensent que les entreprises recherchent le plus "fort" dans leur spécialité - en chimie, en informatique, en droit du travail, en développement durable ou en qualité,...Ils ne répondent pas complètement aux offres d’emploi car ils ne traitent que la partie technique, et ignorent totalement la partie "humaine". Ils en arrivent à être exclus de postes pour lesquels ils disposaient de toutes les capacités ! Quel gâchis ! En tant que bénévole dans une association d’insertion, je passe mon temps à expliquer cela. Tous comprennent vite mais ont du mal à l’intégrer dans leur démarche tellement ils ont baigné longtemps dans cette logique de la technique seule. Ils me disent tous aussi que jamais on ne leur parlé de cela à l’Université, qu’ils n’ont jamais rencontré dans leurs études un responsable d’entreprise, un DRH ou un ancien responsable qui sache comment se passe un recrutement côté entreprise. Ils se font une idée totalement fausse et souvent effrayante de la démarche de l’entreprise. Le discours que nous leur tenons les rassure et les met en bonne position pour conduire un entretien de recrutement. Ils nous disent même qu’ils ont moins le trac ! De plus ils vont vers le monde du travail avec une vision plus humaine et donc plus confiante, n’en déplaise aux idéologues qui veulent en permanence "casser" les entreprises. Bien sûr il ne s’agit pas de tomber dans l’angélisme vis-à-vis des recruteurs, mais une bonne compréhension des intérêts de chacun permet une relation adulte-adulte dans laquelle le jeune trouve son compte sans problème.
Puisque vous parlez des facs américaines, vous oubliez qu’elles sont beaucoup plus ouvertes sur le monde du travail. Elles font beaucoup plus appel à des personnes des entreprises, elles intègrent des exercices très proches de la vie d’un responsable ou d’un spécialiste, par exemple les "study cases", les jeux de rôle, tous construits à partir de cas réels.
Pour changer cela, il n’y a qu’une solution qui tient, en synthèse, à deux points :
1 - responsabiliser les universités sur l’insertion de leurs étudiants et les contrôler. Ceux qui se considèrent vraiment responsables, n’ont pas peur des contrôles, même si ce n’est pas toujours agréable. C’est la seule voie d’amélioration concrète. Toutes les théories et pratiques de la qualité et de l’amélioration continue convergent sur ce principe. C’est la seule garantie pour ne pas pousser des spécialités au delà des débouchés locaux, pour développer rapidement des disciplines pleines d’avenir et pour mieux préparer l’insertion professionnelle de tous les jeunes, notamment de ceux issus de milieux peu favorisés.
2 – décentraliser l’université pour la rapprocher de la vie économique locale. Une direction parisienne qui couvre toute la France est une aberration en terme de gouvernance ! Le rapprochement avec les responsables locaux (administration, politique, organismes divers, entreprises) ne peut pas se faire en transitant par Paris. Ce n’est pas de l’idéologie, c’est du bon sens.
Les autres points sont secondaires. Il y a certainement des choses à amender sur le projet, de suite ou plus tard, mais l’essentiel et l’urgent sont dans ces deux points. Je ne veux pas être trop long et m’en tiens donc à l’essentiel.
Le choix devant lequel nous nous trouvons est clair : soit nous évoluons maintenant, soit nous ne bougerons plus avant plusieurs années et ce sera trop tard pour nos jeunes. Faire ou laisser croire qu’une autre réforme est possible d’ici quelques mois est un mensonge éhonté ! Faire ou laisser croire qu’on peut attendre quelques années est irresponsable ! Ce sont les affres des décisions difficiles. Malheureusement l’esprit de décision n’est pas le point fort de l’université française ! Elle est meilleure pour s’opposer à tout ce qu’on lui propose. C’est cela qui me rend pessimiste et triste pour les pauvres jeunes diplômés que j’essaie d’aider tant bien que mal.
Certains profs d’université, pas tous, mais surtout les grandes gueules et les idéologues n’ont rien à faire des étudiants si ce n’est de s’en servir comme des faire-valoir. Qu’on forme des jeunes qui sortent de l’université avec des diplômes sur des compétences sans débouchés, ce n’est pas leur problème. Que beaucoup d’étudiants de milieu pas ou peu favorisés sortent de l’université sans savoir ce qu’attendent les entreprises privées et publiques et n’arrivent pas à trouver un emploi par méconnaissance du monde de l’entreprise, ce n’est pas leur problème. Que des diplômés, y compris des docteurs, se retrouvent à 25 ans au RMI (maintenant au RSA) complétement "cassés" moralement, ce n’est pas leur problème. Leur problème c’est de préserver le statu quo (en faisant semblant d’être pour une autre réforme, idéale et inconséquente), de rester peinards, sans hiérarchie au dessus, sans contrôle ou si peu, en se cooptant entre eux gentiment, en écartant de l’université tous ces éléments externes assimilés au diable : les entreprises, les agents économiques tels que des consultants, des experts non issus de l’université ou du CNRS, des représentants d’organismes et d’associations d’insertion. Dès qu’on veut les faire bouger, ils cherchent vite les inconvénients (ce n’est pas difficile, il y en a dans toute réforme), les risques (notre vie en est remplie), les intentions malignes (l’imagination n’a pas de limite) et les montent en mayonnaise en se prenant pour de grands cerveaux alors qu’une telle attitude est la plus facile. Voilà l’ouverture d’esprit de ces grands savants qui veulent diriger l’université. Ceux qui ne suivent pas ces turpitudes, et il y en a beaucoup, sont des gens responsables mais qui ne veulent pas se lancer dans ces batailles médiatiques. Voilà pourquoi l’université française va sombrer dans son immobilisme agité et son superbe isolement.
Kasko : un bénévole aidant des jeunes à s’insérer dans le monde du travail, confronté à ces comportements de certains professeurs d’université et écoeuré par un tel gâchis et une telle arrogance.