Observations judicieuses certes, mais pas complètes. On peut ajouter comme grandes causes de notre faible création d’emploi : l’incapacité à former plus de gens sur les métiers « demandeurs » (métiers de bouche, informatique,...), l’absence de régulation pour éviter de former trop de jeunes sur des métiers saturés, le manque de reconnaissance des métiers manuels (artisanat du bâtiment, jardiniers,...), l’inaptitude des formations à la création d’entreprise (en intégrant les volets commercial et gestion) et nos blocages sur le passage de la taille de PME à grosse PME. Beaucoup de ces lacunes sont d’ordre structurel et culturel. Je trouve peu de politiques et de syndicalistes (de tous bords) présentant des propositions concrètes sur ces points. Dommage !
En tant que bénévole s’occupant d’aider des demandeurs d’emploi, je me dois de signaler plusieurs contre-vérités. Les demandeurs d’emploi ne trouvent pas de la part de Pole Emploi (comme auparavant de l’ANPE et des ASSEDIC) tout ce qu’ils en attendent et pas uniquement pour des raisons de manque d’effectifs ! En premier lieu, ils ne ressentent pas, dans leur grande majorité, une vraie volonté de les aider à trouver du travail, ce qui constitue leur souci majeur. Les recruteurs qui cherchent du personnel ont le même sentiment d’inefficacité et de manque de motivation sur ce point, pourtant fondamental ! L’objectif perçu de Pôle Emploi (utile bien sûr mais largement insuffisant) est d’aider les demandeurs à tirer avantage des multitudes d’aides possibles. Par contre, très peu de conseils pour conduire les recherches plus efficacement. La raison majeure est que les agents ne savent pas comment se passe concrètement un recrutement. Problème de formation, mais aussi de préjugés négatifs sur l’entreprise et les recruteurs.
L’auteur de l’article considère que analyser et juger une structure par l’intérieur est la meilleure méthode. Faux. Une structure se juge par sa finalité donc par ses « clients ». Quand on lit des articles, comme j’en ai lu dans Le Monde, sur la fusion ANPE-ASSEDIC où les termes « chômeurs », « demandeurs d’emploi » et « allocataires » ne sont quasiment pas évoqués (5 occurrences sur une pleine page !), c’est la preuve que ces structures ont tendance à se refermer sur elles-mêmes et en oublient leur finalité. Quand les demandeurs se tournent vers des associations et les remercient simplement de les écouter et de les encourager, avant tout conseil pratique, il faut admettre que le problème n’est pas aussi manichéen que présenté par l’auteur. Bien sûr qu’il y a des employés remarquables au Pôle Emploi, bien sûr qu’il y a des hauts fonctionnaires et des politiques qui ne font pas correctement leur travail, mais généraliser comme c’est fait ici est faux et tendancieux. Un article comme celui-ci, tout à la gloire du personnel de Pôle Emploi, tout à la critique des politiques et des hauts fonctionnaires ne fait pas avancer le problème et n’aide en rien les demandeurs d’emploi.
Le jour où Pôle Emploi mettra le demandeur d’emploi au centre de sa réflexion, de son organisation et de ses objectifs, sans préjugé partisan sur les plans politique, social et syndicaliste, alors la structure et ses équipes acquéront leur vrai place.
Assez de ces catalogues de bonnes intentions et de ces reports sur les autres (le gouvernement, les patrons, les financiers) ! Oui, si tout le monde était vertueux, tous les problèmes se règleraient facilement, sans douleur, sans effort,...Mais de tout temps ceux qui ont le pouvoir ne sont pas meilleurs que les autres, voire pires et ce dans tous les systèmes, dans tous les régimes, dans toutes les institutions. Il faut combattre cela, mais il ne faut pas rêver. Il faut chercher des solutions qui permettent de nous défendre, en intégrant le rôle des leaders et la dépendance que nous avons vis-à-vis d’eux. C’est regrettable et dur à admettre, mais nous avons besoin des « riches », des financiers, des leaders politiques car sans eux, nos emplois, le financement de nos systèmes sociaux sont encore plus menacés. Il faut donc leur tirer des ressources, mais de manière telle qu’ils ne « disparaissent » pas. Cet article présuppose que tout se règle au niveau national. Quelle erreur ! Les patrons, les capitaux se déplacent et si nous bloquons cela, nous nous tirons une balle dans le pied.
Ce n’est pas avec de telles déclarations que l’on fait avancer le débat. Je dirai même que l’on contribue à « endormir » la majorité des victimes en leur faisant miroiter des solutions séduisantes mais qui n’existent que sur le papier !
Article aussi faux et pernicieux que la position du gouvernement ou des oppositions actuelles. Pourquoi ? parce qu’il est effectivement stupide de traiter le problème en se limitant aux revenus du travail mais qu’il est tout aussi stupide de laisser croire qu’en taxant les revenus du capital on sait règler le problème. Je ne suis pas contre la taxation des revenus du capital, j’y serais même favorable mais d’une part il faut trouver un moyen de taxer ce capital sans mettre l’économie en danger (car perdre encore plus d’emplois et de débouchés pour nos productions aggraverait la situation) et d’autre part faire croire qu’avec une telle mesure on règle le problème des retraites (de manière pérenne), celui de la couverture sociale des sans emplois et de la santé et tous nos problèmes financiers est de la démagogie. Nos problèmes sont beaucoup plus complexes que de tels raisonnements le laissent croire, ils ont tous des volets sociaux, économiques, démographiques et écologiques, ils sont interdépendants entre eux et ils ont des dépendances avec les autres pays que cela nous plaise ou non. J’en ai marre de ces simplifications pernicieuses présentées par les médias, les politiques et certains auteurs d’AGORAVOX. Il faudrait commencer par apprendre à poser correctement et complètement les principaux problèmes auxquels nous avons à faire face. C’est la seule manière d’avancer efficacement.
Cet article est très intéressant car il met à leur juste place les arguments des opposants. Ce sujet de la suppression de l’histoire en terminale S illustre parfaitement le mal français le plus grave aujourd’hui : l’incapacité à décider dans un contexte complexe.
Tout le monde est d’accord pour considérer que les programmes scolaires sont trop chargés, mais dès que l’on touche à une discipline, c’est le drame ! Je trouve aussi que le choix de l’histoire et de la géographie en terminale scientifique n’est pas si mauvais. Les opposants sont quelques « intellectuels » incapables de prendre une décision mais prompts à critiquer – heureusement ils ne sont pas tous comme cela ! Or si on doit réduire les programmes, il faut bien supprimer des heures sur quelquepart.
Dans la plupart des décisions que nous avons à prendre, il n’y a aucune solution parfaite, c’est-à-dire sans quelque(s) aspect(s) négatif(s). Dès qu’une proposition est faite, se ruer sur ses aspects négatifs en occultant les autres - positifs - est une démarche stérile qui conduit à l’immobilisme. Pourtant pas mal de politiques jouent à ce jeu (dans les différentes oppositions, mais aussi dans la majorité), presque tous les journalistes s’y adonnent allègrement car il est plus facile de se focaliser sur le négatif et de prendre des poses outragées que d’expliquer les plus et les moins et de rappeler que les autres alternatives comportent aussi des aspects négatifs même si ceux-ci sont différents d’une solution à l’autre. Malgré des allures de super-spécialistes, des poses de grands penseurs et des trémolos dans la voix, beaucoup de politiques et de journalistes se comportent comme des « enfants gâtés » faisant des caprices à répétition ! En s’insurgeant à tout va, ils bloquent tout et nous conduisent exactement à l’inverse de ce qu’ils prétendent défendre.
Sans approuver tous les choix du gouvernement et du président, j’apprécie que des décisions soient prises et je déplore que les différentes oppositions ne soient pas capables de proposer des choix alternatifs concrets, réalistes et crédibles. Je rêve d’opposants « adultes » qui ne se contentent pas de critiquer et de se draper dans des grands mots (révisionnisme, dictature, liberticide,...), mais qui luttent en proposant quelque chose d’autre sérieusement argumenté et complètement analysé. C’est la condition première d’une vraie démocratie.