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Najat Jellab

Najat Jellab

Proletaire des images et des lettres.
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  • Premier article le 19/04/2012
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  • Najat Jellab Najat Jellab 1er mai 2012 19:53
    Christian. 

    Puisque vous commencez par l’exemple des mathématiques comme modèle de terrain d’entente, il faut admettre avec Pascal, dans De l’esprit géométrique, que la dernière démarche de la raison est de reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui la surpassent et elle n’est que faible si elle ne va jusqu’à connaître cela. Même au sein de la géométrie, ordre de démonstration rationnel le plus parfait possible pour la raison humaine, la raison est contrainte de reconnaître ses limites : le discours déductif de la raison est fondé sur l’intuition de vérités premières que sont les principes indémontrables de certaines réalités (l’espace, le temps, les nombres etc…). Ces principes ne résultent pas d’un discours déductif de la raison mais de l’intuition du cœur ( faculté qui chez Pascal dépasse la raison) être rationnel suppose donc d’admettre l’irrationnel. Je dirais même que plutôt que d’opposer le rationnel à l’irrationnel, si nous acceptons cette vue plus nuancée des catégories, cela nous permet d’introduire l’idée d’un passage d’un niveau à l’autre de la connaissance, mais que pour accéder au second, il faut poser le premier. 
    Vous voyez en quoi pour le pauvre petit Blaise –au demeurant mathématicien- dont vous railliez précédemment les préoccupations de boutiquier, le pari est beaucoup conséquent et rationnel, je dirais aussi raisonnable, qu’un placement aux taux d’intérêts douteux, et qui ne viendront peut-être jamais. L’irrationnel est un appel vers la rationalité. 
    J’ajoute que depuis, la découverte des géométries non euclidiennes est venue briser complètement la liaison qu’on avait jusque là entre la géométrie et l’espace : que deux droites parallèles puissent avoir un ou plusieurs points d’intersection me parait tout aussi « irrationnel » et indémontrable –si je me fie au seul bon sens- que de croire en l’homme invisible… Pourtant la géométrie non euclidienne est aujourd’hui celle qu’on peut appeler la géométrie pure, qui a relégué l’ancienne à une branche de la physique. 
    Si nous faisons des mathématiques, comme effectivement Platon invitait à le faire, les prolégomènes à la philosophie, vous conviendrez donc que dans ces notions préliminaires se trouvent des notions irrationnelles. Pour autant, la raison ne les rejette pas mais s’en sert même pour fonder une science. 
    Il n’y a d’ailleurs qu’à constater l’usage que fait Platon des mythes et des allégories comme permettant d’accéder à la Vérité. Rappelez vous par exemple le mythe d’Er dans la République, ce soldat qui, mort sur le champ de bataille, observe ce qu’il advient aux âmes après la mort, lesquelles sont récompensées ou punies pour s’être conformées ou non à la sagesse. 
    Ce mythe, si je me contente de le prendre à la lettre, il me parait aussi douteux que n’importe quel best seller américain sur de prétendues near death experiences visant à prouver l’existence d’une vie après la mort… Et il faudrait alors purger les dialogues de Platon de toutes leurs lignes « irrationnelles » car non « philosophiques ». Mais vous savez comme moi que les mythes visent à combler les apories, et qu’admettre cet irrationnel (mais irrationnel qui obéit à une logique tout à fait rationnelle qui lui est interne) permet aussi d’initier un mouvement vers le vrai. En attendant, la sagesse consiste à savoir que je ne sais pas. 
    En ce sens je considère la philosophie non pas comme équivalente à la religion – ce qui constituerait un crime contre l’humanité– mais je considère qu’il y a un terrain commun à la philosophie et à la religion c’est précisément que tout ce que je sais c’est que je ne sais pas, sauf que la première sous entend ou espère qu’un jour je saurai par la raison, la seconde sous entend Dieu est et sera toujours « invisible ». De cela je tire que la religion peut être une hypothèse de la raison ; ce que je vais tenter de formuler le plus clairement possible : que l’irrationnel soit la forme philosophique de la religion et que la philosophie intègre en elle le problème et rationalise l’irrationnel. Vous voyez que j’ai pour la philosophie une ambition sans borne …
    Par exemple, le hasard est une manifestation de l’irrationalité dans la nature, dans la mesure où la nature obéit à des lois déterminées, compréhensibles par la raison. 
    Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’admettre le hasard, ce soit nier l’ordre de la nature. Il n’implique pas la négation du déterminisme, il est une hypothèse irrationnelle mais bien réelle de la nature. Sans doute que la connaissance « rationnelle de l’irrationnel « pose une double question, celle des limites de la raison, un peu à la manière de Kant avec sa fameuse question : » Que puis-je savoir ? "(et sa réponse a été que nous n’avons accès qu’aux objets de l’expérience possible, ce qui n’est pas le cas des objets métaphysiques) et celle de savoir si en reconnaissant les difficultés d’un tel exercice de la raison on travaille pour ou contre la raison, c’est-à-dire si d’un point de vue pratique, en reconnaissant les limites et l’impuissance de la raison, on « donne le bâton pour se faire battre ». Mais du point de vue strictement de la raison philosophique –et non politique- savoir que l’on ne sait pas, c’est toujours savoir quelque chose, ce qui est préférable à ne pas savoir.
    Je vous accorde tout au plus la difficulté que j’ai à exclure la théologie de la philosophie dans la mesure où elle est un champ des possibles donc un champ de la philosophie au même titre que l’épistémologie. Mais de la même façon qu’il ne me viendrait pas à l’idée de déclarer la géométrie non euclidienne nulle et non avenue uniquement parce que je n’ai jamais vu deux droites parallèles se croiser, je ne peux pas non plus réfuter la théologie par l’argument qui consiste à trouver l’hypothèse de Dieu non recevable. Je dois, pour penser la théologie, en admettre les axiomes. 
    Quand je vous citais l’exemple du tennis, je voulais illustrer au moins deux points : 
    -je ne pourrais jamais rien dire du tennis si je ne fais pas l’effort d’y jouer.
    - Pour y jouer, je me dois d’en accepter les règles qui sont pourtant arbitraires et dont les interdits vont contre tout bon sens : par exemple, il me parait insensé de me demander de faire en sorte que mes balles de service tombent dans le carré délimité à cet effet quand ma force et ma vitesse de frappe peuvent envoyer la balle bien au-delà ; d’autant que cette règle ne sert pas mes intérêts puisqu’elle rend mon jeu tout à fait prévisible, ce qui nie mon libre-arbitre…

    Pourtant, c’est uniquement au prix d’efforts equivalents de la raison qu’il devient impossible de faire dire au Coran qu’il invite au meurtre des juifs par exemple. 
    A propos, j’ai repensé à cette fameuse charte du Hamas, pour dire que ses rédacteurs se sont probablement vus bien obligés de falsifier un hadith à défaut d’avoir pu trouver quoique ce soit dans le Coran invitant à combattre les Juifs, sinon, croyez bien qu’ils l’aurait cité en priorité.


    Que ma conception du rôle de la philosophie soit finaliste, ceci tient sans doute à l’inclinaison naturelle qu’a mon esprit à penser le monde à travers le prisme idealiste hegelien, « l’œil du concept ». Par conséquent, je ne dirais pas que Dieu ait quelque peu manipulé Plotin pour qu’il fournisse le matériel théorique utile à l’élaboration du symbole de Nicée-Constantinople, mais que ce symbole n’est pas le fruit du hasard ni de l’imprévu (ce qui serait irrationnel). Le réel étant rationnel (et n’oublions pas que le réel c’est l’Esprit) donc intelligible, je dirais, si je devais schématiser, que Plotin serait l’absolu, la pensée pure et metaphysique de l’Un, lequel devient ensuite existence extérieure à la pure pensée, dissolution de la pensée dans le temps et dans l’espace à travers le symbole de Nicee-Constantinople par exemple. En troisième lieu, l’absolu retourne de son existence extérieure, de son aliénation de lui-même vers lui-même ; dans ce retour, il devient la pensée qui se connaît elle-même, qui existe en soi pour soi et le rôle de la philosophie consiste à rendre ce mouvement intelligible et peut-être , je l’espère, à y contribuer. 

    Je vois que vous répétez constamment cette idée de « rendement » comme si la religion était un commerce ou une spéculation avec Dieu ! Il faut alors vous empresser de me montrer la direction du God Trade Center, parce que j’ai quelques actions encombrantes dont je me débarrasserais volontiers, et je suis sûre que mon courtier se ferait un plaisir de renflouer ses propres comptes. D’autant que si l’on considère qu’un jour de jeûne suffit à Dieu pour pardonner deux ans de péchés, ma foi, c’est plutôt rentable. Oui, j’imagine assez bien ce jeu où il suffit d’être bon calculateur pour gagner sa place au paradis, Par exemple, si on se fait tuer sur le terrain de jeu du jihad, on est martyre, et on va direct au paradis sans passer par la case départ ni toucher 20000. N’est-ce pas génial ? Ou encore si on a refusé, dans sa vie, les avances charnelles d’une femme, on double la mise : paradis multiplié par 2, jackpot ! Bon sang, il faut que je range mon Monopoly dans l’étagère de la Bible et du Coran parce que jusque là il m’avait manqué un exemple concret pour illustrer toutes ces métaphysiques bien obscures. 
    Vous voyez bien que cela devient ridicule ! Si on accomplit un acte de foi, c’est justement en fonction de cette foi uniquement. La seule intention qui doit habiter le croyant, c’est d’appliquer ce qu’il croit faire partie de sa nature de créature de dieu et ce qu’il croit conforme et apte à le mener à la perfection de l’ordre divin. Autrement dit, la seule foi confirmée est celle qui agit en soi pour soi. 
    Faire le ramadan parce que cela rapporte des bons points est la meilleure manière pour rendre ce mois de jeûne complètement vide de sens, et donc nul même pour Dieu, car je crois savoir que, selon les textes, Dieu est suffisamment parfait et omniscient pour savoir qu’on se joue de lui… 
    Vous allez me dire que les faits nous font bien penser le contraire. Encore une fois, c’est bien le problème ! Quand on dit qu’un prétendu musulman se fait sauter sous prétexte que 70 vierges l’accueilleront les bras ouverts, - le ferait-il alors pour une seule ou deux de ces vierges ? Peut-être qu’il n’en exige même pas 70 au fond… ? - on justifie le terrorisme par des élucubrations qui montrent bien que l’on a une conception bien infantile des textes. Vous me direz encore que les musulmans connaissent bien les chiffres quand par exemple ils prient la nuit du Destin parce que la prière vaut alors « mille fois plus ». Mais c’est une façon de parler comme on parlerait à un enfant en lui disant que s’il est « sage » on le récompensera d’un bon dessert. On ne le récompense pas pour qu’il nous obéisse aveuglement, on le fait en attendant qu’il atteigne une maturité suffisante pour que cette injonction n’ait plus besoin de s’imposer à lui par une volonté extérieure, et on espère aussi que cette intériorisation de l’injonction lui permettra une vie meilleure pour lui et pour les autres. 

    Ce commerce dont vous parlez est celui d’une foi totalement immature, comme elle est immature, elle ne peut pas avoir la prétention d’être vraie ni juste, ni libre en effet. 
    Mais je vous répondrais qu’on ne jeune pas pour gagner ses points, ni parce que c’est un pilier indiscutable, on jeûne pour apprendre par le corps, la patience mais aussi la privation. Non par pur mazochsime ni goût malsain de l’ascétisme, mais pour vivre dans sa chair ce que peut ressentir quelqu’un qui a faim, (et prendre conscience de la valeur de ses biens pour en éviter le gaspillage). 
    De cette façon, pour reprendre votre exemple du mendiant, non seulement je lui donne un euro mais je milite politiquement pour ses intérêts et je n’hésite pas à me mêler corps et âme de ce qui a priori ne me regarde pas et par des actes qui pourraient même aller à l’encontre des intérêts de ma petite personne. 
    Ce qui s’appelle la sympathie, mais qui comporte une concrétisation me semble-t-il plus opératoire et plus risquée que celle qui consiste à compatir de loin. 

    Quand je parlais donc de vacuité culturelle et spirituelle, je ne parlais pas du « matérialisme » que vous citez, je n’attends pas plus que vous que Dieu me récompense car non seulement mon action est désintéressée mais elle prend une ampleur beaucoup plus vaste. 
    En ce qui concerne Compte Sponville et autre Luc Ferry qui tentent désespéramment de nous définir une « spiritualité athée » pour le premier ou une « transcendance dans l’immanence » pour le second, bien que je sois la première à manifester un goût certain pour l’oxymore- surtout quand elle est suffisamment féconde pour produire un nouvel ordre- ne voyez-vous pas qu’il se donnent bien du mal pour pas grand chose ? 
    Etant moi-même très intéressée par les travaux de Husserl sur l’intentionnalité, voyons ce qu’il en est. Loin des concepts de transcendance métaphysique de la pensée grecque (cosmos) ou transcendance divine issue des religions monothéistes, Husserl défend l’idée que tout visible se donne toujours sur un fond d’invisible, que toute présence suppose une absence, toute immanence une transcendance cachée. En d’autres termes, « toute conscience est conscience de quelque chose ». La transcendance est donc un fait, un constat, une dimension incontestable de l’existence humaine inscrite au cœur même du réel. Mais il s’agit là d’une transcendance non métaphysique. Joli tour de passe-passe phénoménologique ! Or justement, ce « quelque chose » n’est pas « quelqu’un ». Dieu n’est pas « quelqu’un » mais précisément « quelque chose ». Comte Sponville lui-même fait état de ses propres expériences mystiques où il a rencontré ce « quelque chose ». Alors appelez-le « quelque chose », si le mot Dieu vous fait trop peur. Pour ma part, je préfère appeler un chat un chat même si le concept de chat reste indéfinissable, invisible ou qu’il n’est plus à la mode et que pour être politiquement plus correct on préfère l’appeler « expérience de l’immanence transcendantale par laquelle je reçois un sentiment océanique mais qui n’est pas métaphysique »… Vous pouvez toujours essayer de noyer le poisson, sans mauvais jeu de mots… 


    Vous me dites détester le puritanisme,, je partage avec vous ce rejet. Mais s’il y a une religion que vous ne pouvez pas accuser de puritanisme, c’est bien l’islam ! Bien entendu, je ne vis sur une autre planète - et je vois bien que le corps est devenu très tabou dans les pays musulmans, mais encore une fois, cela ne tient pas a l’islam, mais à la connaissance tronquée qu’on en a. Mohammed était loin d’être puritain, il a d’ailleurs prononcé une phrase bien connue qui le résume bien : « j’ai aimé trois choses de votre monde, les femmes, le parfum et la prière » (dans cet ordre…). Vous voyez donc que la sensualité du corps précède la pratique religieuse. Je pourrais vous en dire bien davantage sur ce sujet mais vous m’accuseriez de prosélytisme cette fois…
    Que les salafistes aient réussi à imposer leur barbarie, je pourrais difficilement le contester, mais ce salafisme, ou plus exactement wahhabisme a été théorisé au XVIIIe siecle, soit 11 siècles après l’avènement de l’islam et en a une lecture insensée qui ne vise qu’à l’oppression politique des peuples ; oppression si bien orchestree qu’elle a rendu la servitude volontaire…



  • Najat Jellab Najat Jellab 1er mai 2012 04:34

    Christian, j’ai bien lu vos remarques ! Par manque de temps, je ne peux vous repondre ce soir, mais demain, ce sera chose faite !



  • Najat Jellab Najat Jellab 1er mai 2012 04:32

    Christian, je viens de lire vos remarques. Par manque de temps je ne peux vous répondre ce soir mais demain ce sera chose faite !



  • Najat Jellab Najat Jellab 29 avril 2012 21:44
    @Christian. Tout d’abord, je vous rassure, en effet, je n’irais pas plus vous égorger que je ne m’égorgerais moi-même, et je crains que cette histoire d’apparition de Dieu, même au pire fanatique d’Al Qaida, n’ait déjà été réglée par Mohamed quand il a déclaré que Dieu n’enverrait plus de messager après lui et qu’il n’apparaîtrait pas avant le retour de Jésus… 
    Je ne dis pas non plus que je crois à l’Antéchrist ni aux prophéties diverses, mais que s’il faut prendre cet exemple pour montrer que la seule connaissance objective des textes permet de dénoncer leur falsification, exploitation, et par la même occasion le caractère infondé des accusations qui portent sur l’islam, je n’hésite pas à le prendre et à le traiter comme la dogmatique invite à le faire, sinon mes arguments se situeraient sur un plan non recevable pour celui qui y adhère. 
    Si par exemple dans l’un de vos messages vous me disiez que vous éprouviez haine mépris ou méfiance vis-à-vis des gens qui pratiquent le tennis parce que ce sport causerait tant de blessures qu’il déformerait le corps, je serais bien obligée, de la même façon, de prendre une raquette et de taper dans la balle pour vous montrer que jouer au tennis n’est pas ce que vous décrivez, mais que les blessures résultent d‘une méconnaissance technique du jeu. Cela ne prouverait pas pour autant que le tennis serait mon sport préféré ni le seul qui permettrait une meilleure santé du corps. 

    Je ne suis pas une missionnaire de l’islam, mais je le défends fermement quand je perçois des provocations injustifiées. Et puisque justement, il pose problème dans la sphère politique, il faut bien que la philosophie vienne au service de la politique et aucun philosophe ne convaincra un religieux s’il ne lui parle la langue qu’il connaît, s’il ne situe sur un terrain commun. 
    Vous semblez, comme il est d’usage de le faire, opposer la religion à la philosophie puisque, comme on le dit couramment, la première a pour objet la Révélation et la seconde la Raison. Très bien, vu ainsi, tout est simple, et on ne voit pas pourquoi ni comment dans la sphère politique nous rencontrons tant de problèmes puisque les deux s’occupent de domaines si disjoints. Mais, s’il y a conflit, c’est qu’il doit y avoir un ou des domaines communs. 

    Il y a deux façons pour la philosophie d’appréhender le religieux : la première consiste à ne pas s’en occuper, feindre d’ignorer son existence par méfiance, c’est qu’on peut appeler la laïcité de statu quo, et qui comme vous l’avez aussi remarqué a permis le vivre ensemble mais semble traverser de fortes turbulences , et la deuxième consiste à déclarer les éléments qui composent la religion comme inacceptables, c’est ce qu’on peut appeler la laïcité de force et les deux appréhensions me paraissent incompatibles dans la mesure où il est nécessaire à la laïcité de force de s’occuper du religieux si elle veut le déclarer inacceptable. Inversement, si la laicite de statu quo ne s’occupait pas du religieux il lui serait impossible de le déclarer inacceptable. Ces deux appréhensions sont réciproques : le religieux peut ne pas s’occuper de philosophie ou bien la déclarer inacceptable. Par exemple en taxant les philosophes d’atheisme... Ceci vaut si l’on se situe du point de vue intérieur à chaque sphère. Mais d’un point de vue extérieur à la philosophie et à la religion, il peut être possible d’établir qu’une partie seulement de la sphère philosophique est incompatible avec la religion et une partie seulement de la religion peut être incompatible avec la philosophie. Mais si l’on reste d’un point de vue seulement intérieur a chaque mode de pensée, on est contraint à la réciprocité des perspectives. Si toutefois l’une veut être capable de juger l’autre, il doit être possible de construire un sol commun, et où la question de l’acceptable et de l’inacceptable devient enfin décidable. 
    Etablir une ligne de démarcation entre les deux serait à mon avis une erreur, les deux disciplines se rencontrent constamment, s’entrecoupent, se contredisent, ou feignent de s’ignorer mais il faut, pour le bien commun, identifier leur interférences et j’en vois au moins trois : 

    - la philosophie, ou la raison, ne peut ni anéantir ni donner naissance à une religion. Toutefois, il arrive que la philosophie, par sa critique et les crises qui en résultent, prépare le terrain pour une nouvelle expérience ou pour une transformation des représentations religieuses. Ainsi la philosophie de l’Antiquité tardive a ouvert la voie à l’évangile. 

    - La valeur d’une religion se mesure non pas à partir d’une norme absolue, intemporelle et universelle, mais dans le cadre de son environnement culturel. Une religion capable d’organiser son univers de pensée en fonction de l’image du monde qui est, capable d’accommodation (pour reprendre un terme de Calvin), continue de s’imposer. 
     Ainsi, le protestantisme a tiré sa force de ce qu’il a su s’adapter ou même fonder l’éthique du capitalisme comme l’a si bien montre Max Weber. . 

    - La religion comporte une exigence pour la philosophie : les expériences religieuses font partie des contenus de réalité que la philosophie doit penser. Il lui faut les prendre en compte au même titre que les données scientifiques, s’interroger sur leur statut et leur signification, et non les nier ou les dissoudre. Une pensée incapable de leur faire place- et droit- présente des carences graves d’un point de vue strictement philosophique.
    Pour ces raisons vous avez tort de considérer que le vrai clivage se situe entre le scepticisme rationnel et le dogmatisme religieux : je ne vois pas de clivage sauf à vouloir pour l’un la démission de l’autre ; ce qui est impossible. 
    Je reçois également votre prophétie concernant un XXIIe siècle débarrassé du monothéisme avec beaucoup de circonspection car mieux que le capitalisme, le monothéisme a toujours trouvé en lui les moyens de se régénérer, non pas par la trouille que l’homme a de Dieu, mais parce qu’une société ne peut pas rester longtemps dans un climat de vacuité culturelle et spirituelle, ainsi va le mouvement du balancier. 
    A titre personnel, j’ai mes moments plus que libertaires et impertinents, bien entendu.





  • Najat Jellab Najat Jellab 28 avril 2012 20:25

    Mais je ne saurais trop insister sur l’importance de l’instruction et surtout sur le fait de donner envie aux jeunes gens d’aller lire, de chercher les bonnes informations et pas seulement de se contenter de la violence et de la confrontation des ego ! Il faut donc commencer par un vrai « pacte de non agression » et ce pacte, il n’y a que l’Etat qui puisse veiller a son respect au lieu de le nourrir par des débats politicards qui font reculer tout le monde. 

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