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Pierre


Longtemps universitaire (spécialisé en logique et philosophie du langage) et résident de la ville de New York, je suis allé, il y a quelques années, m’installer dans un petit bled de l’état de New York. Là, je pratique la menuiserie et le dessin. Le onze septembre, que j’ai vécu de très près, a éveillé en moi un regain d’intérêt pour bien des choses que j’avais négligées pendant mes années à l’université. En bref, le onze septembre a été décisif pour moi.
Pierre Adler

 

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  • Pierre 30 octobre 2008 02:02
    Dans sa dernière intervention, Bernard me semble dire trois choses distinctes :
     
    1. « Je sais que MC Lorne a publié un article critique sur la naturalisation de l’esprit, visant les positions de Dretske et par ricochet sans doute, le socle établi par Fodor et Churchland. Mais je ne fais qu’intuiter, je ne connais pas ses travaux. C’est une vaste perspective que vous soulignez.
    2. Et pour vous dire mon avis de philosophes, les deux camps, analytiques et phénoménologiques, sont parvenus à une saturation, un peu comme la scolastique médiévale en son temps.
    3. Le grand basculement va se produire, avec les acquis de la physique quantique et des sciences du vivants, plus le retour de Plotin sur la scène métaphysique, et d’Ibn Arabî et j’en passe. Un bouleversement comparable à celui qui vit notre modernité naître. »
     
    Je vais répondre aussi brièvement que possible (car le premier point pourrait se discuter en entrant dans passablement de détails).
     
    1. Le fait que Lorne ait critiqué l’interprétation de la conscience ou de l’esprit mise en avant par Fred Dretske ne signifie pas qu’elle aurait renoncé aux acquis de la philosophie analytique du langage, de la logique mathématique (celle qui remonte a Frege, donc) et de la méthodologie qui les caractérise. John Searle ne partage aucunement le matérialisme hyper-réductif et la thèse computationnelle de Patricia Churchland (aux yeux de laquelle la conscience n’existe pas, un point c’est tout), mais il n’en reste pas moins un philosophe analytique (il a maintes fois défendu le caractère sui generis, irréductible, des phénomènes sémantiques). En bref, donc, il y a amplement de place dans le paradigme analytique pour toutes sortes de désaccords, comme il y a d’ailleurs de multiples désaccords au sein du camp phénoménologique (qu’on se souvienne, par exemple, de la polémique engagée il y a quelques années par Dominique Janicaud).
     
    2. Même si vous aviez raison sur la prétendue saturation des deux domaines, cela ne changerait pas l’hypothèse que j’ai proposée, car elle décrit un état de choses qui caractérise encore bien des départements de philosophie et informe bien des mentalités qu’on y côtoie.
     
    3. Bien que je concède naturellement que la physique quantique et la biologie moléculaire constituent des acquis scientifiques fondamentaux, bien qu’il soit possible que ces acquis aient des incidences sur le contenu futur de la philosophie et que Plotin retrouve une certaine pertinence philosophique, ainsi que les autres choses que vous envisagez, vous conviendrez que cela concerne un avenir hypothétique plutôt que l’état de choses présent et des décennies du siècle passé que j’ai évoqué dans mon post. 


  • Pierre 30 octobre 2008 00:31

    Ce que je vais dire ici présuppose et ma première intervention et les révélations du post de Bernard de 22H25, tous les deux ci-dessus.

    Voici ce qu’on peut lire sur Pascal David sur le site de Wikipédia :

    "Pascal David
    (né en 1956) philosophe, germaniste et traducteur français. Il est professeur à l’Université de Brest.

    Spécialiste de Schelling, traducteur d’ouvrages de Martin Heidegger, Walter Friedrich Otto, Johannes Lohmann, Franz Brentano, Werner Beierwaltes, Friedrich Nietzsche, Hannah Arendt et Hans-Georg Gadamer, il compte parmi les défenseurs français de Heidegger avec, notamment, François Fédier.

    Il compte parmi les auteurs d’un collectif sur Heidegger intitulé Heidegger à plus forte raison écrit en guise de réaction à [1] Heidegger, l’introduction du nazisme en philosophie d’Emmanuel Faye. Les Éditions Gallimard ont finalement renoncé à la publication de l’ouvrage, sans doute pour éviter d’éventuelles poursuites car les compétences d’interprète et de lecteur du fils de Jean-Pierre Faye étaient mises en doute par les auteurs (François Fédier, Pascal David, Marcel Conche, Gérard Guest, etc.)

    En 2000, Pascal David dirige un hommage à François Vezin, puis un autre à Jean-François Marquet (2003), deux autres spécialistes de Heidegger."

    Il s’avère donc que Pascal David est non seulement un des nombreux épigones français de Heidegger, mais aussi qu’il fait partie de l’aile droite de la mouvance heideggérienne française (celle qui se regroupe autour de François Fédier, un homme fanatiquement dévoué à Heidegger ), qu’il fait donc partie des apologistes de l’engagement nazi de Heidegger, qu’il représente une forme de pensée qui va à l’encontre des Lumières et que cet obscurantisme ne pouvait que l’opposer à la forma mentis ouverte et rationaliste (au sens large du terme) qu’incarnait Marie-Claude Lorne. 
     

     



  • Pierre 29 octobre 2008 23:25
    Merci à vous Bernard de nous avoir informé de cette histoire terriblement triste.
     
    J’ai été universitaire et enseignant en philosophie pendant de longues années. On peut dire très généralement que dans les pays occidentaux la discipline est divisée, depuis des décennies, en deux camps : celui de la philosophie analytique et celui de la phénoménologie. La philosophie analytique, dont les origines remontent aux travaux logico-sémantiques du logicien allemand Gottlob Frege (1848-1925) et qui se déploie dans les travaux de Bertrand Russell, Ludwig Wittgenstein, John Austin et John Searle, pour ne citer que quelques représentants de cette tendance, est essentiellement une philosophie du langage, c’est-à-dire de ses dimensions sémantiques, syntaxiques et pragmatiques, tous des phénomènes parfaitement publics. La phénoménologie, en revanche, dont la paternité revient au philosophe allemand Edmund Husserl (1859-1938), est d’abord une philosophie de la conscience et de ses contenus (quoiqu’elle subisse un infléchissement pratique dans l’ouvrage principal de Martin Heidegger, L’être et le temps (1927), pour devenir fortement historisante dans les travaux du second Heidegger), phénomènes à caractère plutôt privé.
     
    En France, la phénoménologie, particulièrement dans sa version heideggérienne, a dominé la scène depuis Levinas, Sartre, et Merleau-Ponty ; on citera Jean-Luc Marion, Jocelyn Benoist, Jean-François Courtine, Françoise Dastur, Renaud Barbaras comme des représentants contemporains de cette tendance. La pratique de la philosophie en France se distingue par son provincialisme : elle a mis des décennies et opposé grande résistance à se familiariser avec les acquis de la philosophie analytique et de la logique moderne, sans compter les leçons de la sociologie de Max Weber et celles, en philosophie politique, d’un auteur éminemment français tel que Alexis de Tocqueville. On trouve maintenant des philosophes en France qui maîtrisent la philosophie du langage et la logique, tels Jacques Bouveresse, Vincent Descombes, François Récanati, Sandra Laugier, Pascal Engel, Pierre Wagner ou Joëlle Proust. Il reste cependant un fond non négligeable d’animosité et de mésentente entre les deux camps. Les philosophes qui lisent, relisent et commentent Husserl et Heidegger éprouvent beaucoup de peine à comprendre la différence entre la logique aristotélicienne et la logique de type frégéenne, les innovations conceptuelles, la portée et la pertinence philosophiques de la philosophie du langage de type analytique.
     
    Etant donné cette situation, on se demandera naturellement si cette inimitié et les préjugés qui l’accompagnent chez les phénoménologues ont joué un rôle dans la décision de refuser la titularisation à Marie-Claude Lorne, qui manifestement était un esprit qui avait réussi à se déprendre du provincialisme philosophique.


  • Pierre 29 octobre 2008 20:20

    Paul, je vous remercie de vos réponses.



  • Pierre 28 octobre 2008 20:53

    Fort bien : nous sommes donc d’accord sur mon deuxième point.
    Mais, selon vous, la grammaire traditionnelle a-t-elle une place dans l’enseignement qui est censé former les élèves à la pratique de l’écrit (mon premier point) ?

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