Je pense qu’effectivement il y avait une part de « bluff » dans le chiffrage initial mais je pense malgré tout qu’une part importante de l’écart et simplement du à : - un cadre législatif qui a beaucoup évolué depuis la dernière construction, - des compétences qui ont été perdues.
N’oublions pas que les N4 (Civaux et Chooz), ont coûté quasiment autant qu’un EPR (voire plus) en euro constant (je n’ai pas les chiffres exacts) et ont pris beaucoup de temps (plus de 10 ans pour Civaux par exemple).
Après, ce qui est intéressant à noter, c’est qu’AREVA, avec son partenaire chinois TNPJVC (joint venture dont EDF détient 30%), parvient à construire ses deux tranches EPR dans les temps (la tranche n°2 est particulière puisque certains composants sont fabriqués en Chine). La Chine, où l’autorité de sûreté n’est pas aussi pointilleuse que ses homologues européennes (le STUK finlandais et la HSE britannique restent des références) et où les salariés, en plus de faire des volumes horaires autrement plus importants (malheureusement !), disposent de compétences récentes en construction nucléaire. Ce sont là, d’après moi, deux explications majeures de la différence entre les projets européens et chinois.
Par rapport à ce bluff, il est aussi à noter qu’AREVA est devenu plus raisonnable puisque c’est son honnêteté qui lui a fait perdre le projet tchèque. En effet, il semble que l’offre française a été rejetée à cause de clauses du contrat qui étaient impossibles à remplir et sur lesquelles d’autres industriels ont « bluffé ». Autre preuve du changement d’attitude, sont les projets britanniques pour lesquels les chiffres et les délais avancés semblent bien plus raisonnables. (petite précision pour le projet britannique : les chiffrages du projet prévoient également les gigantesques installations d’entreposage du combustible, qui ne sera pas retraité à la Hague).
merci pour votre contribution sur un sujet sensible (parmi d’autres) propre au nucléaire.
Vous citez un certain nombre d’exemples de démantèlement mais les explications que vous donnez sont partielles :
A propos du site de Brenilis : l’essentiel du retard est du au recours des associations anti-nucléaire. Certes, EDF a aussi sa part de responsabilité, mais ce point mérite d’être souligné !
Concernant le site de Chooz : oui la sortie des GV a pris du retard pour des raisons de calculs barycentriques (en fin de vie, le barycentre d’un objet de plusieurs tonnes se déplace, ce qui pose des problèmes de manutention). Cela est prévisible mais difficilement à anticiper. Ce n’est ni une surprise, ni une preuve d’incompétence, ni dangereux ! Si c’est là votre unique grief sur ce site, je pense qu’il est vraiment mineur.
A propos du site de Bure, les débats ont été avortés à cause de manifestations ... anti nucléaires ! Les débats auront lieu (par d’autres moyens) et une décision sera prise suite à ce débat.
Ensuite vous parlez de coût et des échéances. Vous avancez beaucoup de chiffres (entre 18 et 700Mds d’€) et comme exemple de dépassement vous citez l’EPR de Flamanville. Vous êtes vous seulement interroger sur la difficulté de telles prévisions (en temps et en coût) ?
Les causes principales des retards du chantiers normands sont d’une part l’évolution du cadre législatif et d’autre part le renouveau des compétences nucléaires (dernière centrale construite en France à Civaux en 1998). Je vais prendre également l’exemple de l’EPR normand. On peut notamment citer le durcissement (extrême) des réglementation des équipements sous pression de 2002 (et son corollaire pour l’industrie nucléaire dans l’arrêté de 2005), qui sont extrêmement contraignantes (et qui ont du être intégrés rapidement dans un projet entamé dans les années 90). Une des conséquences a été notamment la « non conformité » de certains bétons.
In fine, ces retards ne sont pas un « caprice » ni une preuve de négligence et encore moins une inquiétude à avoir. Bien au contraire, ces retards (inexistants sur les chantiers chinois), sont (selon moi) une preuve de sûreté et de qualité (au sens industriel du terme) !
Le démantèlement c’est un peu pareil : un cadre législatif qui reste à
figer (et j’insiste là dessus !!!) et une filière industrielle qui est
en développement (surtout sur les palier standards).
Par ailleurs, les glissements de planning sur des projets industriels de cette envergure sont désormais monnaie courante (ex : A380).
Concernant les projets d’éoliennes des côtes bretonnes, on peut très certainement s’attendre à un dépassement du planning (l’appel d’offre a pris du retard et un des sites n’a toujours pas été attribué) et à une rallonge des 10Mds d’€ initiaux !
Pour finir, malgré le manque de tact des commentaires de Murphy, je ne peux que le rejoindre dans son intervention sur l’impertinence de votre comparaison de « puissance » entre l’EPR et les 3 GW des projets éoliens. Même si ce n’est pas là le cœur de la question, il faut bien reconnaître que ce genre de comparaisons hasardeuses font « tâche » et font perdre votre billet en crédibilité puisque ces 10Mds d’€ ne correspondent finalement même pas à la production d’un EPR si on prend en compte les différents taux de charge ( 9TWh d’éolien contre 11TWh nucléaires par an). Plutôt que de le renvoyer à ces émoluments (sa fiche de paie ne change rien au fait qu’une puissance et une énergie n’ont RIEN à voir), vous auriez au moins pu reconnaitre que l’amalgame n’était pas pertinent (peut être n’était il même pas volontaire) !
De plus, le lien entre « les caisses de l’état » et les approvisionnements pour le démantèlement est très maladroit : à aucun moment les finances publiques ne seraient mises à contribution. Si approvisionnement il y a, il sera financé par EDF et les industriels du secteur (ce qui est déjà prévu : http://www.actu-environnement.com/ae/news/actif-dedies-nucleaire-edf-rte-19338.php4) et c’est également de cette manière que les ENR sont financées (via la CSPE). On ne parle ici que de GESTION (vous même le préciser) par la caisse des dépots. Pour rappel, depuis l’ouverture de son capital, en 2004 EDF verse environ 3Mds d’€ annuels en dividende à l’Etat, tout ça en avançant également les montants de la CSPE pour l’Etat. Ce type de débat (qui finance quoi, quel montant, ...) est donc beaucoup plus complexe que vous ne le présentez mais surtout complètement stérile !
Malgré cela, je ne pense pas qu’il faille comparer et surtout opposer les projets nucléaires et éoliens ! Pour ma part, même si l’investissement initial des projets éoliens est plus important et devra être renouvelé bien avant l’EPR (la durée des vies des éoliennes est bien inférieure à 60 ans), ces projets sont intéressants à bien des égards et il vaut mieux investir 10Md’€ (ou plus) dans ce type de projets industriels d’envergure que dans des petites installations photovoltaïques. Cela nous conduit à un atteindre un objectif principal, à savoir diminuer la facture au maximum (en € et en kg de CO2), tout en essayant d’en remplir des secondaires (comme le développement de filières industrielles françaises voire européennes).
Pour conclure, je trouvais votre titre très pertinent : le démantèlement est effectivement un vrai casse tête :
un cadre législatif à fixer,
nouvelles compétences à développer,
de nouveaux processus industriels à mettre en place,
des sites à trouver et à aménager,
des coûts et des planning à maintenir,
préserver les hommes et l’environnement.
Mais le contenu de votre billet part un peu dans tous les sens (on passe du démantèlement nucléaire à l’éolien breton, du coût du démantèlement à l’attribution des JO, ...) sans qu’au final vous ne vous intéressiez vraiment au sujet du démantèlement (qui ne fait que quelques lignes). Vos digressions donnent l’impression d’être uniquement l’occasion d’étaler une liste d’arguments partiaux piochés dans le chapeau de l’argumentaire du parfait petit militant anti nucléaire. C’est là une pratique courante dans les billets contre cette industrie (Stéphane Lhomme est certainement celui qui maîtrise au mieux cet « art », Mme Lepage le talonne de peu).