La promotion d’un produit sous l’autorité d’un président français ? Il serait temps de redescendre sur terre, l’ami. Sarkozy n’a pas davantage besoin de Disneyland que Disneyland n’a besoin de Sarkozy.
Ce qu’on a là, bien que tous ces spécialistes de la masturbation intellectuelle refusent de se l’admettre, inhibés qu’ils sont par une recherche trop permanente du sens caché des événements auxquels ils sont confrontés, c’est simplement un homme qui emmène sa nouvelle conquête passer un moment de détente dans un parc d’attraction. Point. Et c’est seulement parce qu’il s’agit de Sarko que ça provoque toutes ces gesticulations.
Ah mais il a prévenu les photographes ! Il nous manipule ! Il fait de la promotion !
Ah bon ? Réfléchissons logiquement deux minutes. Vous êtes l’homme le plus exposé de France. Le moindre de vos faits et gestes est décortiqué, disséqué et analysé. Or vous êtes célibataire, et avez bien envie de trouver une compagne, de préférence celle qui vous plaît sans avoir de compte à rendre sur la question. Si cela arrive, comment allez-vous gérer l’exposition médiatique de votre liaison ? En tentant à tout prix de la dissimuler, de s’accrocher à la chimère de la protection d’une vie qui n’a plus rien de privée ? Ou par une gestion frontale du problème, en assumant d’entrée pour couper court aux rumeurs ?
Oui mais c’est Disneyland !
Et alors ? La séduction est par essence quelque chose de léger. Ca échappe peut-être à votre profond esprit philosophe, mais il y a des gens même au plus haut sommet de l’Etat que ça amuse d’emmener leur copine sur un grand huit. Je ne vois pas en quoi cela nous confère l’autorité pour les juger.
Arrêtez donc un instant de voir des complots stratégico-médiatiques partout. Et sans doute encore plus, de vous remuer le cerveau en permanence sur le moindre des faits et gestes de Sarkozy. Parce que c’est exactement ce qui constitue son intérêt politique : en donnant en permanence de la matière à gloser à ses détracteurs, il les occupe, focalise l’attention sur lui et les empêche de prendre le recul nécessaire pour une analyse à froid de son action.
C’est en cela qu’il est très fort, et la plupart des experts autoproclamés du cru tombent dans le panneau à pieds joints. En étant intimement convaincus d’y échapper d’ailleurs, c’est ça le plus drôle... et peut-être d’ici quelque temps, le plus préoccupant.
« Vous voulez vos maîtres, vous les aurez. » Lacan
Dans le cas que vous évoquez, l’influence sur la langue française me paraît limité, d’autant que le travail de doublage de ces séries est généralement réalisé avec sérieux. Le maintien de titres originaux provient surtout d’une demande du public et de considérations marketing qu’on peut qualifier de compréhensibles.
Bi1 d’akor sa sé kan mm 1 skandal lé gen y sav + parlé francai.
Personnellement j’y vois l’influence du jeunisme ambiant. Le style kikoo-sms ça fait hype, et les tenants d’un vocabulaire élaboré passent de plus en plus pour des vieux cons intellectuels, au sens péjoratif du terme. Désormais c’est jusqu’à la grammaire qui est touchée. C’est dommage car la langue française est riche et belle, et permet une expression extrêmement précise pour qui sait l’employer à bon escient. Ce qui compte c’est se faire comprendre et peu importe la forme. Un bon exemple en est la difficulté qu’éprouvent bon nombre d’étudiants en droit (et pas en première année) à se défaire des expressions courantes pour assimiler dans leur discours le vocabulaire juridique.
Certains y trouveront l’expression d’une forme de progressisme, arguant que l’évolution de la société appelle une évolution de la langue qu’elle emploie, qui tend vers une simplification. D’autres dont je fais partie regretteront ce qu’ils voient comme une ‘médiocrisation’ de l’emploi d’une langue dont de nombreux écrits ont fondé l’image de la richesse culturelle française dans le monde.
Quand aux solutions, c’est au niveau de l’éducation qu’elles se trouvent.
Vous ne voyez pas l’influence de l’argent sur le déliement des langues ? Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui le voient, eux. C’est triste, mais l’appât du gain incite à prendre des risques.
Une société de la délation est une société de la défiance, qui ne peut reposer sur des valeurs démocratiques saines. Il est donc nécessaire de prévenir les dérives, en effet, ce qui ne peut reposer que sur le rétablissement du niveau de confiance. Cette confiance ne viendra que si les gens sentent que les choses bougent et qu’on assure davantage leur sécurité. C’est un cercle vicieux, car on veut rétablir la confiance en utilisant un principe de défiance. Vous pointez du doigt cette contradiction.
Mais à mon sens, si l’avertissement éthique s’impose, le règlement concret de la situation doit être privilégié au regard de son degré de pourrissement. Je pense que le débat sur l’utilisation de la délation comme moyen a aussi été considéré et soupesé en milieu décisionnel. En tant que citoyens notre devoir est de rester vigilants quant à son emploi, mais pas d’en faire une stigmatisation de principe. Dans ce cas précis, son application me paraît tolérable. A condition en effet de ne pas en faire un précédent justifiant des dérives anti-républicaines.
Un exercice d’équilibriste, en fait, et sûrement pas un réconfort pour le moral, je vous le concède.