@ RBEYEUR : donc
si je comprends bien votre logique, parce qu’il existe actuellement dans le
monde ou en Afrique des fanatiques religieux qui excisent les femmes, tous les africains
doivent être amalgamés, et n’ont donc pas le droit de mettre à nue la barbarie
de la France dans l’esclavage, la colonisation ou la néocolonisation ?
Votre argument est boiteux :
en effet, ça n’est pas parce que des français collabos trahissaient et
dénonçaient des juifs et des français, que les nazis ne devaient pas être jugés
pour leur responsabilité dans la Shoah et dans leurs crimes de guerre ?
A l’identique, ça n’est pas parce
que certains africains ont vendus d’autres africains, ou encore que certains
africains tuent ou torturent encore aujourd’hui d’autres africains, que l’on doit
perdre de vue la férocité, la responsabilité de la France dans son passé colonial ou son présent impérialiste.
Pourquoi la France ? Tout simplement parce qu’on est en France et que Taubira est française. Une simple question de logique.
Votre article est une
démonstration parfaite de la manipulation de l’histoire.
En effet, vous vous placez dans
la posture de celle (celui ?) qui a « poussé » ses recherches
sur l’esclavage et la colonisation, contrairement à certains, et qui donc peut
affirmer en connaissance de cause que la France, ancienne puissance
esclavagiste et coloniale, n’a aucun devoir de repentance. Alors qu’en réalité,
votre démarche est une imposture.
Nous n’avons sûrement pas les
mêmes bouquins d’histoire, car lorsque vous dites que les colons ont apportés
la civilisation en Afrique, vous oubliez de préciser que la France, jusqu’au
milieu du 19ème, voire début du 20ème siècle était
majoritairement analphabète, et les français vivaient dans des conditions d’insalubrité
avancées. Votre argument ‘africains barbares, occidentaux civilisés apportant
la lumière’ est historiquement faux et toute personne informée pourrait le
confirmer.
De plus, lorsque vous dites que l’esclavage
a été abolit pour être remplacé par la colonisation, vous oubliez de préciser
que les méthodes de la colonisation étaient quasiment identiques à celles de l’esclavage.
En effet, au début du 20ème
siècle, la SDN avait assimilé le travail forcé dans les colonies françaises à
de l’esclavage. Donc vous voyez, il n’est pas suffisant de remplacer un
phénomène par un autre pour croire en la disparition du premier phénomène.
Avez-vous connu des témoignages d’africains, ayant fait les travaux forcés ?
Moi si.
Donc ne venez pas raconter que l’abolition
de l’esclavage est une avancée pour les africains. Cette abolition a été en
réalité un glissement vers une autre exploitation barbare. Les africains ont
battit de leur sang les colonies françaises, et la richesse des colonies a
contribué à bâtir les puissances occidentales d’aujourd’hui, dont la France.
Mieux, tout comme l’esclavage a
glissé vers la colonisation, puisqu’il n’était plus légal, la colonisation a, à
son tour, glissé vers la Françafrique.
Mais les faits parlent mieux que
votre sophisme mal articulé : les armées de la France sont toujours
stationnées dans ses anciennes colonies, les accords de défense octroient le
monopole des ressources des anciennes colonies aux grands groupes français, et les
infrastructures appartiennent aux multinationales.
Alors, puisque vous êtes si
intelligent(e), pouvez-vous me l’expliquer ? Laissez-moi deviner, parce
que les Africains sont incapables d’exploiter leurs ressources, bons uniquement
à s’entretuer, incapables d’évoluer ?
La réalité actuelle, c’est la
réalité d’il y a 100 ans, d’il y a 500 ans, rien n’a changé : les
occidentaux ont besoin des africains et de l’Afrique pour ses matières premières,
pour son capital humain. Si ce que je disais était erroné, la France ne s’agripperait
pas de la sorte à ses anciennes colonies. Le prétexte de civiliser ou
démocratiser est un prétexte fallacieux : en effet, aucune civilisation n’a
le droit de sa placer au-dessus d’une autre, et de s’ingérer dans ses affaires.
Un dernier point sur la
repentance : contrairement à ce que vous affirmez, l’Allemagne s’est
repentit du carnage de la 1ère et de la 2nd guerre
mondiale. Cette repentance s’est notamment organisée en termes financiers.
Conclusion :
La vérité, c’est que vous,
générations actuelles de français, avez peur qu’on vous demande un jour de
payer, de rembourser tout de ce que vos ancêtres ont volés aux colonies, tout
ce que vos compatriotes continuent à piller avec votre accord silencieux en
Afrique et dans le tiers-monde.
Vous devriez donc plutôt faire un
article consacré non pas aux bienfaits de la colonisation mais plutôt à votre
peur viscérale de payer pour les erreurs de vos ancêtres et vos compatriotes.
"Le
vrai con n’est pas celui qui surexploite la planète. Il est souvent plus
instruit que le con de masse."
Les choses n’ont que la valeur qu’on veut bien
leurs accorder. L’instruction n’a jamais été la preuve d’intelligence, ni la
garantie d’humanisme ou de sagesse. Par ailleurs, les cons instruits sont bel
et bien instruits donc conscients des conséquences de leurs actes.
Votre raisonnement ne tient donc pas la route et
on ne peut par conséquent pas établir d’échelle de graduation de la connerie sur
la base de l’instruction. Mais plutôt sur la base de sagesse, car beaucoup
mériteraient d’être « éclairés » des abysses et de la médiocrité dans
lesquels ils pataugent.
"Comme
celui qui crève de faim sur les terres de son continent (africain) alors que
celles-ci recellent de toutes les richesses dont les moins cons abusent pendant
qu’ils font s’entretuer les cons affamés."
Nous sommes tous responsables de la destruction
de notre planète et de nos civilisations. Et si les indiens d’Amérique, les
indigènes d’Australie ou les Africains du tiers-monde n’ont pas jugés, ne
jugent pas nécessaires de ‘profiter’ des richesses que recèlent leurs terres,
ça n’est pas parce qu’ils sont débiles ou naïfs. C’est parce que, pour certains
d’entre eux, ils plaçaient les valeurs comme l’humilité, la bonté, la sagesse
au centre de leurs intérêts.
Ne trouvez-vous pas inouï, à ce propos, que les
Occidentaux, qui sont censés être civilisés et instruits, n’aient pas toutes
ces matières premières sur leur propre continent et que le seul continent qui
recèle de toutes les ressources indispensables aux Occidentaux soit l’Afrique ?
Eh bien il a peut-être fallu que ces ressources
soient en Afrique ou sur d’autres continents pour que l’on voit de quoi
seraient capables certains pour accumuler des richesses éphémères. Je ne m’étalerai
pas sur la férocité des dominations au nom de telles ou telles ressources.
En revanche, je soulignerai un point crucial :
les civilisations naissent et se consument depuis la nuit des temps (Grecques,
Romains, Egyptiens, Maïas et autres) et nous, nous n’avons toujours pas tirés
les leçons de ces déclins. On ne s’est toujours pas rendu compte que les vraies
richesses de l’humanité ne sont pas les diamants, les demeures de luxe, les
vanités, satisfactions de pulsions immédiates mais les valeurs humaines, les
valeurs spirituelles, et la préservation de l’harmonie de notre nature au nom
de nos enfants, de leur futur.
On ne s’est toujours pas rendus compte que nos
égos, remplumés de nos certitudes, ne sont rien face à l’immensité et la
perfection de l’univers, face à la puissance de la nature, cette nature et
cette divinité (pour ceux qui y croient), qui nous remettront justement très
bientôt à nos places. Ou pas. Point n’est besoin de fin de monde pour parler du
vide spirituel qui gangrène nos sociétés modernes.
Enfin, un point sur lequel je vous rejoins : la
suppression de l’individualisme. Cela fait un moment que l’on a compris que le
capitalisme, prôné par les néolibéraux comme unique modèle de société, plaçant
l’économie et la gains de productivité au centre de toutes les préoccupations,
cela fait depuis un moment que l’on a compris que ce modèle est nuisible à la
planète et à l’humain.
C’est l’être humain, c’est la nature qui doivent
être placés au centre de nos préoccupations. Mais pour cela, il faudrait que
l’être humain accepte d’affronter son plus grand ennemi : lui-même.
@ Le Grunge, Alinéa, Labrune : navrée que mon message plus haut soit illisible.
Bémol donc, à l’affirmation de Labrune : Simone de Beauvoir, que vous citez si pompeusement, a fait dans sa vie privée exactement l’inverse de ce qu’elle défendait dans ses écrits, selon une de ses contemporaines, Françoise Giroud.
Mais dans l’ensemble, je suis d’accord avec Labrune.
L’instinct maternelle n’est pas automatique, et les femmes qui refusent d’avoir des enfants par peur de grossesse, de conjoint instable, de surpopulation planétaire ou simplement parce qu’elle ne se sentent pas cette vocation, ne sont pas des égoïstes parce qu’elles n’ont pas suivi la voix de la nature, comme vous le dites, Alinéa. Elles ne rejettent pas toutes non plus les valeurs traditionnelles.
Elles privilégient leurs carrières, leurs accomplissement personnel, comme l’ont fait avant elles les hommes pendant des siècles. Car, ayant connu la vie de couple (puisque maintenant on peut cohabiter sans se marier), elles ont découvert plus vite que leurs aînées que les tâches quotidiennes que les hommes font peser sur leurs épaules sont beaucoup trop lourdes et les mentalités masculines n’ont que très peu changées. C’est ainsi qu’elles doivent faire des choix.
Avant que certains hommes ne tombent sur moi (certains zélés qui se sentent émasculés par mon discours), je voudrais nuancer mon propos, en soulignant que je parle là du rôle culturel et social, réservé à la femme. Cela ne signifie pas que tous les hommes soient des goujats et qu’ils ne fassent rien chez eux.
A ce propos, n’avez-vous jamais remarqué que tous les artistes, écrivains, personnalités remarquables ou illustres inconnus, tous consacrent des chansons ou hommages vibrant à leurs Mères ? Pourtant, ils ont bien des géniteurs, non ?
J’ai une piste de réflexion : si nous rendons tous des hommages à nos mères, c’est que nos mémoires sont gravées de leurs souffrances, de leurs abnégations, leurs sacrifices qu’elles ont endurés pour nous élever. Certains le comprenne, une fois grand, d’autres ne comprennent toujours pas pourquoi leurs mères se sont « éteintes », ne se sont jamais réalisée alors qu’elles étaient si belles, si brillantes, jeunes...
Et s’il est parfaitement normal pour une femme d’élever ses enfants, il n’est pas normal que la société et les hommes le reconnaisse, le partage si peu, au point qu’une femme, n’importe qu’elle femme moderne doive encore faire un choix entre le sacrifice de soi pour sa famille et sa vie. Je vous invite instamment à lire Le Complexe de Cendrillon, de Colette Dowling pour un aperçu de ce que sacrifie les femmes accomplissaient et continuent d’accomplir pour leurs enfants et leurs conjoints.
@ Labrune : j’emettrai un bémol : Simone de Beauvoir a vaillamment
défendu la cause des féministes, tout en faisant exactement le contraire dans sa
vie privée, comme le disait si justement dans sa biographie Françoise Giroud,
sa contemporaine.