Il y a un effondrement de l’investissement dans tous les sens du terme et une systématisation des logiques de court-circuits à tous les étages.
Le système du ’toujours plus, tout de suite, pour moi, pour moi’ a épuisé, tel une étoile fatiguée, toutes ses ressources et a amorcé un effondrement rapide sur lui-même.
C’est un trou noir civilisationnel en formation, et potentiellement les prémices d’événements qu’il n’est pas prudent de pronostiquer ouvertement. Aucune époque n’a aimé ses Cassandres ni ses prophètes de malheurs.
Il est difficile de trouver les bons mots et le bon ton pour expliciter ce que nous sommes nombreux à ressentir.
Alors, je vous mets sur la voie de Bernard Stiegler qui développe une philosophie intéressante à ce sujet, et vous propose la lecture d’un texte de Paul Valéry qui date de 1919 : la crise de l’esprit.
J’espère que de savoir que vous n’êtes pas seul dans ce ressentiment qu’il est interdit et dangereux d’exprimer, sauf dans le secret d’un cabinet de psy, vous donnera la capacité de prendre le recul qui donnera le bon relief réthorique à vos mots. Ce sera au moins une défense symbolique face aux stigmatisations tout aussi symboliques dont vous pourriez demain faire l’objet.
Pour en revenir au titre de votre article, je pense que vous pouvez parler, pour employer un terme à la fois plus fort et plus exact, de décivilisation. Cet effondrement est en accélération et son issue prévisible redoutable. Dites-vous, pour ’positiver’, que vous avez la ’chance’ de vous maintenir en conscience et de faire donc partie des 30% de Milgram qui ont une chance de ne pas monter bêtement dans le train.
Bon courage et relisez le discours de Descartes pour garder votre cap.