Nous laissons déjà "crever ces salauds de pauvres" si vous voulez tout savoir ; simplement, ce sont des pauvres que vous ne voyez pas parce qu’ils crèvent dans des pays très éloignés de votre canapé. Et ils crèvent avant tout parce que nos agriculteurs ultra-subventionnés leur marchent dessus et les empêchent de développer leur propre production et parce que nos barrières à l’entrée les empêchent d’accéder à nos marchés.
Prenons un exemple très concret : vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi le café que vous buvez le matin, bien que cueilli dans un pays exotique, est systématiquement "produit" par une entreprise européenne ? Parce que les rares pays qui ont voulu torréfier le café eux-mêmes au lieu de se contenter de vendre les graines se sont vu opposer nos sacro-saintes normes sanitaires ; et au lieu de les aider à mettre leurs produits aux normes, nos gouvernements ont bien entendu préféré les inciter à continuer à nous vendre uniquement les graines.
Et puisque vous semblez préoccupé par les pauvres "de chez nous", je vous invite à ouvrir un manuel d’économie (niveau première-terminale, ça devrait suffire) et à regarder l’effet qu’a une subvention au producteur sur un prix au consommateur. Et oui, ça augmente le prix. Donc si vous voulez que les prix baissent et que les pauvres mangent à leur faim, il n’y a pas 50 solutions, il faut abandonner le protectionnisme agricole, quitte à sacrifier les quelques milliers d’exploitants sous perfusion.
Un mot sur les Etats-Unis pour finir : leur politique agricole est au moins aussi protectionniste que la politique européenne ; allez donc demander aux producteurs de coton maliens (ou ce qu’il en reste) ce qu’ils pensent de la politique de soutien des Etats-Unis à leurs exploitations cotonières du sud du pays. Et tant que vous y êtes, demandez-vous combien il en coûterait de vêtir tous ces pauvres dont vous vous souciez tant si le coton était produit au Mali et non pas en Caroline du Sud ?