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Commentaire de Marianne

sur Décroissance, une idée dévoyée par les médias...


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Marianne Marianne 3 avril 2009 08:02

 

Nous prendrait-on pour des gastéropodes ? Serrez-vous la ceinture ! On a déjà entendu ça quelque part, non ?

Je veux dénoncer ici ces gadgets politiques sortis tout droit des officines de la pensée libérale et autres thinks-thanks et qui apparaissent le plus souvent à la veille des élections pour nous faire avaler des couleuvres !

Ou quand l’apologie du dénuement se fait complice (sans le vouloir parfois) du nouvel ordre capitaliste mondial .

Avant toute chose, je ne suis pas pour une société consumériste. J’ai horreur de la publicité, j’évite les emballages plastiques, j’achète des produits locaux (fruits, légumes, oeufs, volailles, fromage, miel, etc...), j’ai un potager, je prends les transports en commun chaque fois que c’est possible, j’ai même développé un petit commerce équitable pour sortir de mon chômage et faire vivre les paysans de mon petit bout de France - mais je ne suis pas pour la décroissance.

Je m’explique. Si on pousse le raisonnement des décroissants jusqu’au bout on s’éclaire à la bougie, on revient à la traction animale dans l’agriculture, on installe des toilettes sèches (bonjour la corvée quotidienne !) et on lave son linge à la main pour économiser l’eau...

Je pense que la croissance est nécessaire aux progrès humains mais une croissance respectueuse des hommes et de l’environnement... Retourner vers le moyen-âge n’est pas pour moi un dessein de visionnaire. Faire l’apologie de la pauvreté et du dénuement, non plus.

J’ajoute que prêcher la décroissance, c’est se faire le chantre d’une situation dans laquelle nous entrons précisemment et rendre responsables les citoyens que nous sommes de la crise. Or que je sache, nous ne sommes pas responsables des marées noires à répétition sur le littoral français et autres. Les politiques laissent faire les pétroliers, les sanctionnent à minima, voire pas du tout et nous serions responsables ? Quant aux pays du sud, ils sont déjà depuis longtemps dans la décroissance !

Décroissance de la médecine ? Décroissance de l’école ? Décroissance de l’emploi ?

Car les décroissants s’inspirent entre autres penseurs d’un philosophe décédé en 2002, Ivan Illitich.

Voici quelques une des thèses qu’il défendait : .

Sur la médecine :

“Un tel dégoût de l’art de souffrir est la négation même de la condition humaine”.

“La promesse du progrès conduit au refus de la condition humaine et au dégoût de l’art de souffrir”.

“Plus grande est l’offre de « santé », plus les gens répondent qu’ils ont des problèmes, des besoins, des maladies, et demandent à être garantis contre les risques, alors que, dans les régions prétendument illettrées, les « sous-développés » acceptent sans problème leur condition”.

Cela rejoint assez bien les thèses du pape selon lequel le préservatif serait dangereux pour la santé, non ?

La Sagesse de l’escargot

Celui-ci nous enseigne non seulement la nécessaire lenteur mais une autre leçon plus nécessaire encore. « L’escargot », nous explique Ivan Illich, « construit la délicate architecture de sa coquille en ajoutant l’une après l’autre des spires toujours plus larges, puis il cesse brusquement et commence des enroulements cette fois décroissants. C’est qu’une seule spire encore plus large donnerait à la coquille une dimension seize fois plus grande. Au lieu de contribuer au bien-être de l’animal, elle le surchargerait. Dès lors, toute augmentation de sa productivité servirait seulement à pallier les difficultés créées par cet agrandissement de la coquille au-delà des limites fixées par sa finalité. Passé le point limite d’élargissement des spires, les problèmes de la surcroissance se multiplient en progression géométrique, tandis que la capacité biologique de l’escargot ne peut, au mieux, que suivre une progression arithmétique ». Ce divorce de l’escargot d’avec la raison géométrique, qu’il avait lui aussi épousée pour un temps, nous montre la voie pour penser une société de « décroissance », si possible sereine et conviviale.

Extrait de "Le territoire de la décroissance" (Serge Latouche, 2007) trouvé sur le site d’Europe Décroissance.

L’exemple de la limace qui n’a pas de coquille, donc pas d’habitat, donc pas de déchets et donc économies substantielles d’eau, d’énergie, etc... n’aurait-il pas été plus judicieux ?

La limace est plus décroissante que l’escargot !

Autres ouvrages d’Ivan Illitch : “Une société sans école”, “Le chômage créateur”, des titres qui parlent d’eux-mêmes. Tout un programme n’est-ce pas ?

Dans "Une société sans école", il fait la critique de l’école comme vecteur de l’idéologie capitaliste. De ce point de vue, il n’a pas tort. Mais alors, faut-il supprimer l’école ou le capitalisme ?

Enfin, sachez que Europe décroissance prépare activement les élections européennes avec un logo génial : un escargot à la coquille rouge ... Tous derrière, tous derrière et lui devant ?


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