@MKT, je suis allé lire le papier de Me Eolas, qui devrait effectivement être lu par toute personne discutant de ce sujet (de préférence avant !). Mais s’il décrit précisément la situation juridique actuelle des droits des uns et des autres, il conclut néanmoins en reconnaissant qu’il y a un vrai problème.
" J’émets simplement des doutes sur la réalité de l’étendue du préjudice
que les ayants droit prétendent subir à cause du téléchargement par des
particuliers (télécharger une œuvre ne fait pas obstacle à l’acheter par
la suite pour l’avoir en meilleure qualité ou bénéficier des bonus, et
rien ne permet d’affirmer que ceux qui ont téléchargé une œuvre l’aurait
acheté s’ils avaient été mis dans l’impossibilité de se la procurer de
cette façon), et constate que le conservatisme de cette industrie qui
espère arrêter le cours du temps et de la technologie plutôt que faire
face aux défis que représentent l’évolution de la technique est
proprement suicidaire.«
C’est l’exemple que je citais plus haut : un ado qui a téléchargé illégalement pour une somme symbolique cent films, cent séries et cent disques n’aurait jamais acheté tout ça sans Megaupload, même en faisant un emprunt bancaire ! Les internautes, jeunes ou moins jeunes, veulent un autre modèle économique, avec un accès plus large et moins cher à la culture (pourquoi ne puis-je pas télécharger gratos ou pour cinquante centimes de vieux bouquins de SF que les éditeurs ne veulent plus réimprimer parce que c’est un marché de niche ?)
Comme le dit Me Eolas, ils veulent arrêter la marche du temps (expression qu’il a reprise à la culture commune !), tandis que les internautes avancent, et probablement ne reculeront pas.
Et les dernières lignes de son papier (je crois qu’on peut faire une citation courte, en mentionnant l’origine !) sont également intéressantes :
»Car, et c’est là ma deuxième observation, rappelez vous ce que je
vous ai dit. Le droit d’auteur est apparu pour protéger les auteurs
contre les éditeurs qui s’enrichissaient sur leur dos, puis contre les
producteurs de spectacle et les interprètes qui faisaient de même. Le
combat des ayant-droits aujourd’hui présente une grande nouveauté : il
oppose les ayant-droits à leur public, qui ne s’enrichit pas sur leur
dos. Les musiciens insultent ceux qui apprécient leur musique en les
traitant de voleurs, les réalisateurs font de même avec ceux qui
apprécient leur film en les traitant de dealers.
Je ne suis pas expert en marketing, mais qu’il me soit permis
d’émettre des doutes sur la viabilité de cette attitude, et même de sa
simple rationalité."
Il a rappelé au début que les droits d’auteur sont nés pour défendre les auteurs contre les éditeurs (entre autres sous l’impulsion de Voltaire et Beaumarchais). Dans le film génial Shakespeare in love, on voit les auteurs traités de haut (sauf à la fin) par les acteurs célèbres qui leur achètent leur oeuvre une fois pour toutes, un peu comme un meuble ou une vache, qu’eux-mêmes vont mettre en valeur ! Mais aujourd’hui, le combat a changé de nature , les éditeurs affrontent le public, en prétendant combattre dans l’intérêt des auteurs, de tous les auteurs... 70 ans pour les ayant-droits patrimoniaux, n’est-ce pas délirant ? je veux bien que chacun veuille léguer quelque chose à ses enfants, mais quand même. Quand un scientifique du calibre de Marie Curie fait une découverte, se s droits sont de zéro année s’il s’agit d’une loi de la nature (les Américains veulent breveter le vivant...), s’il s’agit d’un procédé industriel ,d’une technique, ça dépend quel investissement i la fait pour protéger son invention par des brevets (en somme l’inverse de la musique, c’est d’abord le scientifique qui paie !). S’il lest fauché il ne pourra se protéger pour le monde entier contre les... pirates. Quant à ses enfants, ben ça dépend s’il a su faire sa pelote de son vivant. En somme, les artistes créatifs sont de nos jours bien mieux protégés que les scientiifiques !