Saint-Gélase 1er, 49ème pape, est né en Kabylie.
Il ne fut pape que durant quatre années, mais ses enseignements sur le péché originel, sur la double nature, humaine et divine, du Verbe et sur la primauté du Siège Apostolique ont marqué dans l’histoire de l’Eglise.
Une vingtaine de lettres authentiques, un sacramentaire qui regroupe les formules liturgiques de l’Eglise latine, un traité des deux natures en Jésus-Christ et une soixantaine de « canons » sont l’œuvre qu’il nous laisse.
Le pape Gélase 1er interdit les fêtes « Lupercales » en 496, fêtes romaines de printemps consacrées au dieu Pan, dieu des bergers d’Arcadie et les remplaça par la commémoration du martyr de Saint-Valentin qui devint la fête des amoureux.
Gélase fait carrière dans le clergé de Rome et devient même le conseiller, d’ailleurs écouté, du pape Félix III.
Il lui succède sur la chaise de Saint Pierre le 1er mars 492. Le début de la renaissance du droit canonique peut être fixé à l’élection de Saint-Gélase 1er.
Dès les premiers temps de son pontificat, il manifeste la haute conscience qu’il a de ses droits et de ses devoirs. Sa prudence et sa fermeté dans le gouvernement de l’Eglise, son activité de théologien et d’écrivain, le font remarquer entre tous ses prédécesseurs de la seconde moitié du VIè siècle, et ses mérites font évoquer Saint-Léon 1er le Grand (461).
De Tertullien, il a le goût de la controverse et aussi les talents, la verve et la vigueur. Il est intraitable par devoir et par nature. Gélase affirme avec noblesse les droits du pouvoir spirituel dans une lettre à Anastase, empereur de Byzance : « il y a, auguste empereur, deux pouvoirs principaux pour régir le monde : l’autorité sainte des pontifs et la puissance royale. Des deux, celle des prêtres est d’autant plus importante qu’ils doivent, dans le jugement divin, rendre compte au Seigneur des rois eux-mêmes ».
C’est ainsi que ce Berbère rétablit l’ascendant du Pape devant l’autorité des empereurs, non seulement dans son temps, mais aussi pour les siècles à venir.
A la différence de Saint-Léon, il ne parle pas d’union des pouvoirs, et la pensée gélasienne s’explique sans doute par la personnalité de son auteur.
Les Hérésies sont là
Cependant, politiquement et religieusement, les temps sont difficiles.
Sous la conduite de Théodoric les Ostrogoths viennent de s’établir en Italie et Rome obéit à un prince arien.
En Occident les sectes renaissent de leurs cendres. L’Hénotique, cet abus de pouvoir de l’empereur Zénon de Constantinople, qui prétendait régenter la foi et qui voilait l’enseignement du concile de Nicée sur la divinité et la nature humaine du Christ, continue d’être en vigueur.
Ramener l’Eglise d’Orient à l’unité romaine,
Maintenir partout l’intégrité du dogme, l’indépendance de l’Eglise, la pureté des moeurs chrétiennes,
Tenir tête aux Byzantins insoumis, aux hérétiques et aux demeurants du paganisme, telle est la tâche assumée par le pape Gélase avec un zèle infatigable.
Sans relâche, pendant un règne d’un peu plus de quatre ans, Gélase écrit des livres, tient des synodes en 495 et 496, enseigne, reprend, veille sur la discipline ecclésiastique.
Il laissera après lui le modèle d’un Pape savant, administrateur, zélé et pieux. Ses lettres reflètent sa physionomie avec un particulier éclat. Leur nombre reste exceptionnellement élevé pour la brève durée de son pontificat. On en compte pas moins de quarante-trois auxquelles s’ajoutent quarante-neuf fragments ou témoignages de lettres perdues, puis vingt-neuf autres lettres ou fragments nouveaux qui seront ensuite découverts dans un manuscrit du British Museum à Londres, et publiés en 1885 à Leipzig. Ce sont, pour la plupart, de courts billets, d’une forme élégante et concise, qu’on dirait imités des lettres familières des anciens.
Certaines se rapportent aux affaires de l’Illyricum qui, relevant de l’Empire d’Orient pour les questions civiles, est alors rattaché au Saint-Siège pour l’administration ecclésiastique. D’autres concernent la discipline du clergé et, bien qu’elles visent des circonstances particulières, elles se trouvent applicables d’une manière générale.
Un travailleur acharné
Un bref regard sur quelques-unes des directives de Gélase suffit à nous montrer l’ampleur de son action, à laquelle se joint un souci particulier du détail :
interdiction faite aux évêques de se rendre à la cour de Ravenne sans l’autorisation pontificale ; de réclamer des clercs d’autres diocèses ; instauration d’un contrôle pontifical strict de la gestion temporelle des évêques ;
- jugement des prélats dilapidateurs auxquels un administrateur est imposé, ainsi qu’aux évêchés en vacance de siège. Rappel des évêques d’Italie et de Sardaigne au respect de la hiérarchie.
- Défense renouvelée aux clercs de se livrer au commerce, de se marier, impossibilité à ceux insuffisament instruits d’être promus à l’ordre supérieur ; détermination du nombre de diacres selon l’importance de chaque ville (3, 5 ou 7) ;
approbation par l’évêque du postulant aux ordres, alors que l’on procédait souvent par acclamation du peuple, et prescription au clergé d’effectuer lui-même l’enquête préalable.
Droit assuré aux clercs, victime d’une sanction de leur évêque, de s’adresser directement au Pape. Interdiction aux diacres de consacrer la Sainte Hostie, pratique introduite sous les persécutions, et aux prêtres de conférer le sacerdoce sous peine d’excommunication.
L’évêque seul également peut donner la Confirmation, réconcilier les pénitents, imposer le voile aux vierges consacrées ou aux veuves, consacrer une nouvelle église. - Déclaration contre l’exclusion perpétuelle des pénitents et des excommuniés qui sont invités à introduire dans l’année leur demande de pardon et de réintégration.