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Commentaire de Jean Dugenêt

sur Les béquilles du macronisme


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Jean Dugenêt Jean Dugenêt 27 octobre 2019 20:47

@Séraphin Lampion
Bonjour,
Merci d’attaquer les hostilités. C’est souvent vous qui lancez les premières flèches et elle ne sont jamais loin de la cible.

« Les conditions objectives d’organisation n’existent plus. »

Je commence par la fin parce que cette remarque a de l’importance. Je le dis tout net : je ne suis pas d’accord. Il est cependant certain que les conditions objectives ont changé et la question que vous soulevée est pertinente. Les grands bastions du mouvement ouvrier des années 50-60-70 ont disparu : Renault Billancourt, les mines, la sidérurgie, les usines textiles... Pour autant si ce prolétariat de résistance traditionnelle n’existe plus d’autres formes d’exploitation ont pris la relève avec notamment l’ubérisation et les auto-entrepreneurs. Ce sont des secteurs plus difficile à organiser mais de nouveaux bastions apparaissent comme le transport routier. La jeunesse estudiantine et lycéenne qui n’est organisée que superficiellement mais a su perpétrer des formes de mobilisation qui lui sont propres jouent toujours un rôle de premier plan. Les enseignants et le secteur hospitalier sont toujours aux avants postes. D’autres professions sont maintenant la cible du capital et entre en résistance en particulier tout ceux qui relève du « droit » : avocats, huissiers... Les exploités certes ne sont plus les mêmes... mais il y a de plus en plus nettement une coupure entre une toute petite minorité (quelques milliers) et tout le reste de la population. L’exploitation est sans doute pire dans la forme qu’elle revêt maintenant et elle est durement ressentie. Les conditions objectives de l’affrontement de classe me paraissent mûres.

Je reviens maintenant à la première partie de votre post qui concerne plus ce qui est subjectif. Je rejette l’assertion selon laquelle on aurait les dirigeants qu’on mérite.

Les trahisons des directions du mouvement ouvrier sont apparues en plusieurs circonstances. L’une des pires fut sans doute celle de 1914. En reniant leurs engagements les directions de la 2ème internationale se sont rangées dans chaque pays du côté de leur bourgeoisie pour envoyer les ouvriers s’entretuer. Auriez vous dit à l’époque : vous avez les dirigeants que vous méritez ?
Le bilan de tout ce qui concerne la trahison de la troisième internationale n’a vraiment été tiré que par les trotskistes. Vous évoquez ces trahisons ainsi  :

"D’autres réalités historiques sont sans doute à prendre en compte également, par exemple la question du « programme commun » et l’alignement sur des positions réformistes, l’abandon de la notion de « dictature du prolétariat » par le PCF, l’absence d’analyse critique du stalinisme et du rôle de l’URSS dans les organismes syndicaux et politiques de la mouvance communiste.« 

Cependant des failles sont déjà apparues chez les trotskistes à propos de » la question du « programme commun » et l’alignement sur des positions réformistes" et finalement ils ont tous capitulé. C’est pourquoi nous nous retrouvons presque dans la même situation, du point de vue de la faiblesse des organisations ouvrières, qu’en 1914 après l’assassinat de Jaurès. Il n’y a plus d’avant-garde. C’est peut-être même pire car nous n’avons même pas des Monate ou Rosmer.


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