L’impasse constitutionnelle dans laquelle l’Ukraine s’est jetée, déjà dès 2019 le gouvernement ukrainien était dans la provocation à l’encontre de la Russie !
Le jour suivant la signature du protocole d’adhésion à l’Otan de la Macédoine du Nord en tant que 30ème
membre, l’Ukraine a accompli un acte sans précédents : elle a inclus
dans sa Constitution l’engagement à entrer officiellement dans l’Otan et
simultanément dans l’Union européenne.
Le 7 février, sur proposition du président Petro Poroshenko
- l’oligarque qui s’est enrichi avec le saccage des propriétés publiques,
et qui est à nouveau candidat à la présidence- le parlement de Kiev a
approuvé (par 334 voix contre 35 et 16 absents) les amendements en ce
sens de la Constitution.
Le Préambule énonce “le cours irréversible de l’Ukraine vers
l’intégration euro-atlantique” ; les Articles 85 et 116 décrètent qu’un
devoir fondamental du parlement et du gouvernement est d’”obtenir la
pleine appartenance de l’Ukraine à l’Otan et à l’Ue” ; l’Article 102
stipule que “le président de l’Ukraine est le garant du cours
stratégique de l’État pour obtenir la pleine appartenance à l’Otan et à
l’Ue”.
L’inclusion dans la Constitution ukrainienne de l’engagement à entrer
officiellement dans l’Otan comporte des conséquences très graves.
Sur le plan intérieur, il aliène à ce choix l’avenir de l’Ukraine, en
excluant toute alternative, et met de fait hors la loi tout parti ou
personne qui s’oppose au “cours stratégique de l’État”. Aujourd’hui déjà
la Commission électorale centrale interdit à Petro Simonenko, dirigeant
du PC d’Ukraine, de participer aux élections présidentielles de mars.
Le mérite d’avoir introduit dans la Constitution l’engagement à faire
entrer officiellement l’Ukraine dans l’Otan revient en particulier au
président du parlement Andriy Parubiy. Co-fondateur en 1991 du Parti
national-social ukrainien, sur le modèle du Parti national-socialiste
d’Adolf Hitler ; chef des formations paramilitaires néonazies, utilisées
en 2014 dans le putsch de Place Maïdan, sous direction USA/Otan, et
dans le massacre d’Odessa ; chef du Conseil de défense et sécurité
nationale qui, avec le Bataillon Azov et d’autres unités néonazies,
attaque les civils ukrainiens de nationalité russe dans la partie
orientale du pays et se livre avec ses escadrons à des exactions
féroces, saccages de sièges politiques et autodafés dans un véritable
style nazi.
Sur le plan international, on garde à l’esprit que l’Ukraine est déjà
de fait dans l’Otan, dont elle est pays partenaire : par exemple le
Bataillon Azoz, dont l’empreinte nazie est représentée par l’emblème
calqué sur celui des SS Das Reich, a été transformé en régiment
d’opérations spéciales, doté de véhicules blindés et entraînés par des
instructeurs USA de la 173ème Division aéroportée, transférés en Ukraine de Vicence, secondés par d’autres appartenant à l’Otan.
Comme la Russie est accusée par l’Otan d’avoir annexé illégalement la
Crimée et de mener des actions militaires contre l’Ukraine, si celle-ci
entrait officiellement dans l’Otan, les 30 autres membres de
l’Alliance, sur la base de l’Article 5, devraient “assister la partie ou
les parties ainsi attaquées en prenant aussitôt, individuellement et
d’accord avec les autres parties, telle action qu’elle jugera
nécessaire, y compris l’emploi de la force armée”.
Autrement dit, ils devraient partir en guerre contre la Russie.
Sur ces dangereuses implications de la modification de la
Constitution ukrainienne -derrière laquelle se tiennent certainement les
stratèges USA/Otan- est tombé en Europe un silence politique et
médiatique. Y compris du parlement italien, qui en 2017 a établi un
accord d’entente avec le parlement ukrainien, souscrit par Laura
Boldrini et Andriy Parubiy : ainsi se trouve renforcée la coopération
entre la République italienne, née de la Résistance contre le
nazi-fascisme, et un régime qui a créé en Ukraine une situation analogue
à celle qui conduisit à l’avènement du fascisme dans les années Vingt
et du nazisme dans les années Trente.
Manlio Dinucci
Édition de mardi 12 février 2019 de il manifesto
https://ilmanifesto.it/ucraina-la-nato-nella-costituzione/
https://www.mondialisation.ca/ukraine-lotan-dans-la-constitution/5630991