@sylvain
D’abord merci pour votre retour.
« Ce sont les conditions de travail moyennes dans l’industrie »
Mon frère a fait ça, y a quelques années, en intérim, mais dans des cuves où y a avait eu du gaz. Ils ont une corde aussi au cas où. Pas de casque le premier jour (avec l’inspecteur du travail le jour même, et qui dit juste c’est pas bien...), prime de risque ridicule (il n’y en avait même pas à l’époque de votre père). Mais dire « conditions moyennes », ça me semble exagéré. Même pour 66.
Je me bats beaucoup pour faire reconnaître que les ouvriers n’ont pas du tout les mêmes conditions de vie et de tafs que les autres travailleurs (quand on voit comment la mélasse journalistique hausse les sourcils quand les mecs expliquent ce qu’être raffineur, je prends des coups de sang), mais tout de même...
« Rien n’est réglé dans la « question économique a cette époque » »
Je vous reproche d’exagérer sur « conditions moyennes », là c’est moi qui exagère, je le reconnais.
En fait, un des trucs qui a motivé mes recherches sur le pm, c’est la récurrence, chez la génération de mes parents (né entre 50 et 55 comme votre père), d’un discours qui dit que, même s’ils n’étaient pas dupes de ces années là, ils n’auraient jamais pensé que c’était aussi chiqué. Ils ont jamais voté, toujours été très critiques, et ils nous ont d’ailleurs appris à analyser et se méfier de tout, mais rétrospectivement, ils se trouvent quand même naïfs avec le recul. J’ai connu des mecs de l’Internationale Situationniste : ils estiment eux-mêmes qu’ils ne pensaient pas avoir autant raison à l’époque. Alors que leur pensée était tout de même super radicalement critique.
La question économique n’était pas réglée, c’est vrai. L’expression « croire qu’elle allait se régler » est certainement plus juste. Mais j’insiste là-dessus. Y a un truc aussi que j’ai oublié d’ajouter, une phrase toute bête mais qui met l’enduit : un truc qui dit que les ouvrier estimaient que leurs enfants allaient avoir une meilleure vie — l’optimisme de cette époque. C’est de ça que je veux parler, et c’est comme ça, à mon avis que j’aurai dû le présenter.