Les plus beaux loupés de l’enseignement des sciences. Le management par les féodalités est fautif
Le management par les féodalités est fautif.
1 Exemples en mathématiques.
J’ai donné un exemple les 21 et 22 mai 2015 :
Ces grandeurs physiques que les programmes de maths ne savent pas vous enseigner. 1.
Ces grandeurs physiques que les programmes de maths ne savent pas vous enseigner. 2.
Et je n’ai traité là qu’un seul des défauts traditionnels. D’une manière générale, les matheux se dispensent de définir les processus d’abstraction et de désabstraction, et se dispensent d’en vérifier les limites de validité, ni même la validité tout court. Ils ne paient pas leurs dettes aux millénaires de pratique empirique et technologique, qui ont précédé leur art, et lui ont permis d’exister. Prisonniers de leur fantasme de supériorité universelle, ils se dispensent de travailler sur cahiers des charges, et dénient le droit des utilisateurs à superviser le travail.
2 Exemples en mécanique.
400 ans après Galilée, la relativité galiléenne n’est toujours pas assimilée par de nombreux pilotes de chasse, retraités de l’armée de l’air. Les changements de repères, même inertiels, ne sont toujours pas assimilés. Chez les voileux, la navigation dans les courants relève d’appels à la magie : ils inventent des forces magiques au lieu de se contenter de traiter en cinématique un problème cinématique élémentaire.
A vrai dire, la mécanique newtonienne non plus n’est pas encore assimilée, 330 ans après. Les dits pilotes ont leur mécanique folklorique, pour leur usage privé, et leur grande gueule pour tâcher d’intimider le mécanicien scientifique qui en sait plus qu’eux. Le résultat est terrifiant.
Une perle parmi des dizaines ?
Au nouveau permis de conduire, il y a la question suivante un paquet de 1 kg est posé sur la lunette arrière d'un véhicule roulant à 100 km/h lors d'un choc brutal, ce paquet devient un projectile : quel est le poids de ce projectile ?
Réponse "officielle" : 40 kg.
Parmi les fautes professionnelles internationales, l’omission totale de donner un nom à l’unité de quantité de mouvement, à l’unité de moment angulaire, et à l’unité d’action (maupertuisienne ou hamiltonienne). Du coup les raisonnements oraux à plus d’un mètre du tableau noir sont quasi impraticables, et ne sont même pas tentés. Quant aux aptitudes kinesthésiques de nos élèves, elles sont ouvertement bafouées par le culte du « produit vectoriel », intouchable et monstrueux depuis 1888. Etonnez vous des résultats...
3 Exemples en électromagnétisme.
La bourde majeure dans le sujet de bac S de Pondichéry en 2012 ! Ou : Ces inspecteurs qui ne maîtrisent pas les symétries des champs de l'électromagnétisme.
Accéder à cet énoncé, enseignement commun de physique et chimie série S ?
http://www.ac-polynesie.pf/spip/IMG/zip/BCG_2013_S_PHYSIQUE_INDE.zip 13PHYCOIN1.pdf, exercice 3, pages 14 et 15. Lien mort depuis, ils ont eu honte d'une telle pièce à conviction.
Regardez la question de physique sur la modification apparente de la gravité sur un pendule pesant, supposément par un champ magnétique au centre d'une double bobine de Helmholtz :
Un pendule dans un champ magnétique Pour vérifier l’influence de l’intensité de la pesanteur sur la période d’un pendule simple, il est difficile d’envisager de se déplacer sur une autre planète. En revanche, il est relativement simple de placer un pendule, constitué d’un fil et d’une bille en acier, à l’intérieur d’un dispositif créant un champ magnétique uniforme dans une zone suffisamment large pour englober la totalité de la trajectoire de la bille du pendule pendant ses oscillations. Ce dispositif peut être constitué par des bobines de Helmholtz.
Bobines de Helmholtz
Lorsque l’axe des bobines est vertical, le passage du courant électrique crée un champ magnétique uniforme vertical dans la zone cylindrique située entre les deux bobines. Une bille en acier située dans cette zone est soumise à une force magnétique verticale.
2.1. Expliquer pourquoi ce dispositif expérimental permet de simuler une variation de l’intensité de la pesanteur.
2.2. Comment doit être orientée la force magnétique exercée sur la bille pour simuler un accroissement de la pesanteur ? Justifier.
2.3. Comment peut-on simuler un affaiblissement de l’intensité de la pesanteur ?
2.4. Si le dispositif a été correctement installé pour simuler un accroissement de la pesanteur, comment cela se traduit-il sur l’évolution de la période du pendule ? Justifier.
2.5. Le système utilisé ne permet pas de simuler une forte variation de la pesanteur mais il permet cependant de constater une variation de la période, à condition de choisir un protocole optimisant la précision de la mesure.
2.5.1. Proposer une méthode expérimentale pour obtenir une mesure la plus précise possible de la période.
2.5.2. Dans le cas d’un pendule de longueur 0,50 m, on mesure une période de 1,5 s lorsque les bobines sont parcourues par un courant électrique.
2.5.2.1. Le dispositif simule-t-il un accroissement ou une diminution de la pesanteur ? Expliquer.
2.5.2.2. Déterminer la valeur de l’intensité de la pesanteur apparente.
Un collègue de Belfort a écrit :
Juste par curiosité, qui peut expliquer comment le dispositif des bobines de Helmholtz de la 2e partie l'exercice 2 peut créer une force verticale sur la bille ?
Le collègue a bien fait de nous alerter : cet énoncé est aussi faux que possible. Voilà où ça conduit, d'avoir adopté dans les premières années du 20e siècle, et malgré les mises en garde de James Clerk Maxwell en 1873 et de Pierre Curie en 1894, une représentation vectorielle (ici donc verticale) à un truc de rotation qui n'a rien de vectoriel, mais gyratoriel (et ici horizontal). De toute évidence, le professeur qui a rédigé ce sujet n'a pas fait l'expérience, ni ne saurait faire le calcul qu'il intuite au doigt mouillé, et dont il exige la croyance chez les élèves. L'inspecteur non plus, celui qui a accepté ce sujet, ne comprenait rien à la question.
La "force magnétique verticale" que le rédacteur a postulée, n'existe pour un corps d'épreuve ferromagnétique qu'en présence d'un gradient de champ magnétique. Or l'intérêt expérimental de la double bobine de Helmholtz est qu'elle crée une zone étendue à champ uniforme, et donc un gradient de champ nul. Donc "force magnétique" nulle sur un corps ferromagnétique. De plus, faire l'expérience lui aurait révélé le freinage par courants de Foucault, si sa bille est étendue et conductrice.
Elles sont comme ça, les féodalités qui règnent sur l'enseignement...
4 Exemples en physique quantique.
Voir les exemples donnés le 18 juin 2014 : Quand des sommités niaisent à pleins tubes, pour le postulat corpusculariste ;
et le 18 août 2014 : Contrafactualité, Penrose, Elitzur et Vaidman, pour l’absence totale de notion des ordres de grandeur.
Voir encore la caricaturale croyante dans le macro-temps newtonien : Exemple de l’impasse Göttingen-København depuis 1927.
Le 15 février 2017, dans une préversion publiée ici, je ne listais que quinze postulats corpuscularistes et copenhaguistes clandestins récusés, contre dix-huit actuellement, et que six postulats transactionnistes, prouvés corrects par un énorme corpus expérimental, contre dix postulats listés présentement.
Quinze postulats hégémoniques, subreptices et injustifiables, en quantique anti-transactionniste
Texte actuel : http://jacques.lavau.deonto-ethique.eu/Physique/Eighteen_vs_ten.html
5 La qualité c’est gratuit, à condition…
En un sens, le reproche que je formule aux défunts fondateurs de la secte Göttingen-København est un anachronisme : vainqueurs ou vaincus, les protagonistes du congrès Solvay en 1927 ne disposaient à cette époque d'aucun des moyens méthodologiques qui sont à présent autour de nous, et qui ne demandent qu'à être appris, transposés et appliqués depuis d'autres métiers – le plus souvent industriels - où ils ont été élaborés. En 1927 rien de cela n'existait.
La qualité, c'est gratuit, à condition d'être intégré dès le début de la conception. En matière d'enseignement des sciences, je vois quelques éléments de la qualité, qui sont hélas méprisés :
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Toujours avoir une épreuve de réalité – expérimentale - qui vous attend au tournant, et à laquelle on ne pourra se dérober. Faute de ces sanctions expérimentales sévères, vous n'enseignez plus les sciences, mais seulement à devenir professeur de « sciences » à son tour, de génération en génération, de scolaste hors-sol en scolaste hors-sol.
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Cessez de vous imaginer que vous êtes les modernes pour toujours. Pensez qu'on aura à corriger vos bévues les plus triomphantes, et ayez la courtoisie de faciliter la tâche. Ne codez plus au fer à souder, n'assemblez plus à la brasure forte vos calculs avec les délires que vous avez hérité de vos prédécesseurs. Faites corrigible, au lieu de vous prendre pour des prophètes ou des évangélistes. Air connu : « Et après moi, il n'y aura plus d'autres prophètes ! »
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Modularisez, codifiez et hiérarchisez les héritages de classe en classe. Prévoyez les interfaçages pour qu'on puisse corriger un module sans devoir refaire aussi tout le reste.
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Préparez les fécondations croisées interdisciplinaires en allant chercher auprès des métiers voisins leurs propres épreuves de réalité1. Des épreuves de réalité, on n'en aura jamais de trop. Contre la pesanteur négative du phlogistique, qui ne posait aucun problème intellectuel aux chimistes de son temps, Lavoisier a opposé l'épreuve de réalité des astronomes : il n'existe pas de pesanteur négative.
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N'hésitez pas à demander aux métiers voisins, fournisseurs ou clients d'informations de métier, ce dont ils ont besoin, eux, et quel usage ils en font. Allez voir vos clients sur leur lieu de travail.
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Entre métiers et corps de métiers, négociez par arbres de pertinence2. Ce n'est pas un outil réservé aux seules industries d'armements (même si c'est là qu'il est né), il mérite d'être amplement diffusé, popularisé et utilisé.
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Faites reformuler par un de vos utilisateurs, et vérifiez avec lui si sa reformulation est meilleure ou pire dans ses résultats.
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Soyez attentifs aux coûts d'apprentissage, et assurez-vous que vous optimisez correctement le parcours didactique, continuellement ponctué de vérifications expérimentales. Il y a là encore de gros moyens de s'améliorer.
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Vérifiez ce qu'ils ont compris au juste, et s'ils savent l'appliquer hors situations scolaires.
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Cessez de vous imaginer sans preuves ni vérifications, que ce qui vous est transmis est donc déjà bien compris. Anatole Abragam s'est ainsi vanté3 du règne de la rumeur dans l'enseignement des sciences. Or une rumeur est tout sauf scientifique, même si elle se propage et se reproduit dans un milieu officiellement « scientifique ».
Au bout de tout ce mépris, le résultat est tout sauf scientifique, mais féodal et tribal, voire folklorique, et le rendement de l’enseignement dit « scientifique » est consternant. Ce qui coûte un prix et des dommages exorbitants à la nation.
1 Sur l'armoire de régulation d'un four de cimenterie, l'ingénieur avait porté au feutre la transformée de Laplace du four, avec bien sûr ses valeurs numériques mesurées, autrement dit sa réponse impulsionnelle. La transformation de Laplace, l'automaticien s'en sert quotidiennement.
2 Arbres de pertinence. Pages 218-233, Erich Jantsch : Technological forecasting in perspective. OCDE 1967.
3Anatole Abragam. De la physique avant toute chose. Editions Odile Jacob, 1987. Pages 67 - 68 :
« A partir du moment où les résultats sont suffisamment établis et suffisamment bien compris pour ne plus soulever de contestations dans la communauté des savants, on écrit des livres pour exposer leurs résultats et plus personne à part les philosophes et les historiens ne lit les mémoires originaux. Certains le regretteront mais c'est ainsi, et selon moi c'est très bien ainsi. »
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