Tout à fait d’accord avec le constat.
J’aurais juste ajouté, au protectionnisme (rebaptisé “patriotisme”) économique, le protectionnisme culturel (la fameuse “exception française”) et linguistique (les lois sur la langue) ...
Même si, tout en ne supportant pas Villepin et sa morgue étatiste (et en n’ayant pas tellement, je dois le reconnaitre, suivi la situation), je dois dire que je partagerais plutôt son exaspération devant l’irresponsabilité de la gauche ...
D’accord avec le constat donc, même si je le trouve aussi désespérant et me demande des fois si, mal compris, il ne risque pas d’ajouter à la démobilisation des gens ou à la déligitimation de toute action politique (“tous pourris”, on le sait, aime à répéter Le Pen).
Et pourtant, comment repartir ou réformer quoi que ce soit sinon à partir d’un constat honnête de la situation ... ?
Peut-être faudrait-il aussi rappeler que des pays qui avaient atteint des taux de socialisation de leur économie et de leur société assez proches ou même plus graves que nous, tels que la Suède, le Canada ou la Nouvelle-Zélande, ont réussi à s’en sortir eux, au prix certes d’un sérieux serrage de ceinture mais sans rien perdre, apparemment, de leur qualité de vie et d’égalité.
Et surtout qu’une rationalisation de notre système ne réduirait en fait pas notre protection sociale mais au contraire pourrait la rendre plus égalitaire et plus efficace ...
Moi je trouve d’ailleurs que Lesourne est trop gentil, « URSS qui aurait pas encore échoué’ me semblerait plus près de la réalité...
Ou peut-être, pour reprendre un article de l’historien Jacques Marseille, « une Argentine qui s’ignore » ... ?
Article où il pointait nos penchants très... « argentins » pour les « lâchetés collectives et les »atteintes nombreuses et répétées au principe de sincérité" !
Argentine, qui annonçait il y a quelque temps et à grands fracas, le remboursement anticipé de la totalité de sa dette au FMI (10 milliards de dollars), pour... éviter de parler de ses autres dettes ?
Mais notre duo de choc et maitres es esbroufe Chirak-Villepinfait-il autre chose quand il continue à noyer le poisson (on a plus les moyens d’aider qui que ce soit vu qu’on est nous-mêmes dans le trou !) avec ses dérisoires taxes sur les billets d’avion (et même le récent accord de l’OMC de Hong Kong pour 20013 ne touche apparemment que... 5% des subventions de la PAC !) pour soi-disant aider les pays pauvres tout en leur refusant, pour protéger le lobby de 2-3% d’agriculteurs, le seul moyen de s’en sortir, à savoir l’ouverture de nos frontières pour leurs produits agricoles ?
Mais ce serait peut-être plus clair et plus parlant, pour avoir une petite idée de ce qui nous attend si on ne fait rien, de reprendre les exemples de Marseille :
"En 1913, l’Argentine était un des pays les plus riches du monde. Son PIB par habitant, en dollars d’aujourd’hui, était plus élevé que celui de la... France, 3 797 dollars contre 3 485. Seuls le Royaume-Uni, la Suisse, les Pays-Bas, l’Allemagne, les Etats-Unis, le Canada, la Nouvelle-Zélande et l’Australie avaient un niveau de vie par habitant plus élevé. Grande puissance sud-américaine, approvisionnant le monde en céréales, en viande et en laine, elle avait vocation à suivre la voie canadienne et australienne et rejoindre le camp des pays ’gagnants’.
Mais des traits de ’caractère’ ont finalement détourné l’Argentine de ce qui aurait pu être un destin exemplaire. Un tempérament fort individualiste, qu’on compare assez facilement à celui des Français, un goût de la resquille, un système de corruption généralisé, une classe politique plus sensible à ses intérêts personnels qu’à l’avenir de la nation, un orgueil démesuré, une volonté de masquer les réalités ont abouti à la banqueroute de 2001. A cette date, la dette de 132 milliards de dollars - 150 % du PIB - ne pouvait plus être honorée. Aujourd’hui, elle s’élève à 180 milliards de dollars, le PIB par habitant a chuté de 10 % en quelques années, la classe moyenne a été laminée par le poids des impôts et la dévaluation massive de la monnaie, et les victimes de la pauvreté ont vu leur nombre exploser.
A bien des égards, la situation de la France pourrait autoriser des comparaisons. Il aura fallu trente ans d’endettement croissant - en 1978, la dette officielle atteignait 1 370 euros par habitant, elle s’élève aujourd’hui à 17 200 - pour que l’on confie à un petit comité présidé par Michel Pébereau le soin de rédiger un rapport sur l’endettement de la France et qu’on annonce brutalement qu’on s’était trompé et que la dette publique ne se montait plus à 1 167 milliards d’euros, mais à 2 000 milliards, et que ce bilan « abracadabrantesque » était le résultat de nos ’lâchetés collectives’."
La France sera-t-elle l’Argentine ? Jacques Marseille Le Point 15/12/05 http://www.lepoint.fr/impression/imprime.html?did=171987&displaymatrix=false
Enfin (!), pour ceux que ça intéresse, j’ai mis, certes sans le talent et l’érudition de Lucien, quelques articles sur le sujet en ligne sur mon blog :
http://jcdurbant.blog.lemonde.fr/jcdurbant/2006/04/la_baumolisatio.html
http://jcdurbant.blog.lemonde.fr/jcdurbant/2006/04/pas_de_cpe_pas_.html
http://jcdurbant.blog.lemonde.fr/jcdurbant/2006/04/retour_sur_la_m.html
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