Bonjour Ceri,
Je vous rejoins dans la dénonciation de tout ce que
ces appels à la réconciliation victimes-agresseurs peuvent
recouvrir en termes de déni social des violences, de déresponsabilisation des institutions judiciaires, et
d’utilisation des victimes.
Mais je crois savoir que la
justice réparatrice recouvre plusieurs courants et diverses
propositions, lesquelles ne tournent pas forcément autour de la
rédemption d’un agresseur par le pardon de sa (ses) victime(s). Et il
semblerait que les médiations entre infracteurs et
victimes puissent faire leurs preuves dans le cas d’atteintes moins graves
(atteintes aux biens, notamment).
De façon plus générale, on peut déplorer que le système pénal se
focalise quasi-exclusivement sur des aspects punitifs et sécuritaires. Exception faite des mesures dites éducatives prononcées à
l’encontre des mineurs, les condamnations ne poursuivent finalement que
deux objectifs : asseoir le pouvoir judiciaire en sanctionnant
non-respect de la loi, et assurer la sécurité des citoyens en
surveillant ou en mettant provisoirement à l’écart les individus jugés
dangereux. Dans l’idée, hein. Parce que dans les faits, on est souvent
loin du compte. Quand on voit le peu de moyens alloués aux mesures de
suivi, et quand on s’accorde à dire que la prison serait une école du crime, il y a de
quoi s’interroger...
La justice restaurative a au moins le mérite de remettre sur la table
d’autres dimensions de la justice : réparation morale de l’éventuelle
victime, rédemption du condamné, et l’un dans l’autre, volonté de
rétablir une certaine forme d’équité ou d’équilibre.
Sans être d’accord avec tout ce qui sort sous le
label « justice réparatrice », il y a peut-être des idées à creuser là dedans.
Concernant les atteintes graves aux personnes, je pense que le meilleur
traitement judiciaire qu’on puisse espérer serait celui qui résulterait en un amendement
sincère du coupable.
Mais je doute qu’on
puisse amener beaucoup de pervers sexuels à réellement s’amender par des
rencontres victimes/agresseurs où ces derniers ont tout le loisir de
tromper leur monde.
Il faudrait commencer par admettre qu’il y
a vraiment du chemin à faire en criminologie dans l’appréciation du
fonctionnement des pervers, psychopathes et autres prédateurs.