@ njama (3) et à Emile
Mourey
Je suis convaincu
qu’il y a pire encore que la dangerosité de l’islam (et non seulement, selon
moi, de « l’islam radical ») : la démission des gouvernants dans les
pays démocratiques qui ont tous les moyens pacifiques de s’en protéger. C’est
tout particulièrement le cas de ceux qui, comme la France, ont fait de la
laïcité républicaine l’un de leurs plus précieux acquis.
Mais puisqu’il s’agit
ici, sur votre proposition très judicieuse, Emile Mourey, de concentrer nos
efforts sur ce qui est possible au sein des religions pour leur pacification je veux répéter que, pour moi,
même si l’islam est clairement la religion la plus dangereuse, c’est de
toutes les religions que les
populations du monde doivent exiger une radicale réforme.
Et, je ne le répèterai
jamais trop, mon vieux et ferme combat contre la théologie criminogène des
trois principaux monothéismes n’est pas un combat contre le tout des
religions. Encore moins un combat
contre leurs adeptes.
Dans mon petit essai
de mars 2000, Désacraliser la violence religieuse - que je n’ai jamais pu publier, même au lendemain du
11 septembre 2001 - il y avait ceci :
« » Dans les dernières pages de son livre Le
système totalitaire Hannah Arendt
rapporte que Luther « eut un jour l’audace de dire » que : "il
devait exister un Dieu parce qu’il fallait à l’homme un être auquel il pût se
fier". Ce propos donne une réponse à notre actuelle interrogation : à quoi
bon la religion ? Il la donne d’une manière qui peut nous ramener à une
conception de « l’homme-Dieu », mais sans l’orgueil qu’implique ce
concept dans son expression philosophique dominante.
C’est seulement le meilleur de l’homme qui est Dieu,
pas le pire, pas même le simplement mauvais, pas même le seulement imparfait.
Dieu, c’est le parfait de l’homme, cette part de lui-même à laquelle il aspire
et qu’il sait ne pouvoir atteindre jamais. Mais cette part est si mystérieuse
et si belle dans son imagination qu’il veut lui donner toute la place. Il la
fait toute puissante et infinie. C’est pourquoi il la projette hors de lui-même
et la nomme Dieu. C’est pourquoi il sait qu’il « peut s’y fier ». C’est
pourquoi elle est pour lui absolument sacrée.
L’autre part de l’homme, cependant, celle qui va de
l’imparfait au pire déforme Dieu en permanence. C’est la vie ! Les difficultés,
les fatigues, les angoisses, les égarements de toutes sortes, les nécessaires
combats de la vie déforment à chaque instant la part inconnaissable et
inatteignable de l’homme. Et l’homme se trompe et fait Dieu à son image. Il le
fait même violent. Quand il déraisonne complètement il oublie l’aspiration
merveilleuse qui lui a fait inventer Dieu, et il va jusqu’à sacraliser sa
propre violence qu’il a projetée en lui.
Pire : il dogmatise, il interdit toute remise en
question de cette sacralisation. Il dit aujourd’hui : voici trois mille ans que
nous sacralisons la violence, nous n’avons pas pu nous tromper si longtemps.
Mais c’est seulement la mauvaise part de l’homme
religieux qui s’entête dans cet égarement, qui l’empêche de rejoindre la
société présente de la laïcité et des Droits de l’Homme. C’est d’autant plus
stupide que souvent, l’autre part le sait, ces Droits furent progressivement
imaginés, voulus, exigés par les meilleurs prophètes religieux bien avant les
autres hommes.
La voie spirituelle religieuse - qui n’est pas la seule
voie spirituelle - peut rejoindre (ou retrouver, c’est la même chose) la raison
pacifique. Il me semble qu’il faut pour cela remonter avant les divisions
religieuses dogmatisées, « se refaire juif », et refaire avec le peuple
qui a « inventé Dieu » le cheminement qui l’a conduit jusqu’à la quête
actuelle du meilleur de nous-mêmes, qu’on la nomme ou non "quête de
Dieu« , une quête toujours ressentie comme essentielle avant comme après la
»sortie de la religion".
Il faut refaire le
chemin, avec l’éclairage actuel des Droits de l’Homme, pour constater à chaque
pas la folie interprétative meurtrière, non pour condamner la démarche
elle-même, saine volonté de vivre en trouvant un sens à la vie. « »