Comme je l’ai mis sur l’article de Chalot (je venais juste de modérer positivement le vôtre), je pense que Lamy, ou plutôt l’Ennemi, ne va pas assez loin : puisque les travailleurs coûtent trop cher, il faut, comme Napoléon, rétablir l’esclavage. Les gueux, qui ne méritent pas de vivre, peuvent s’estimer heureux de survivre grâce à la simple reproduction de leur force de travail.
Je vous invite à lire Germinal, ou à revoir le film : il est frappant de voir que, dans les mines du Nord au XIXe siècle, les arguments employés par le patronat pour sous-payer les ouvriers n’ont absolument pas changé. Je ne pensais pas que c’était caricatural à ce point-là.
Mais ce que ne comprennent pas les grands criminels économiques contemporains, c’est qu’un travailleur pauvre est un individu qui ne fait pas tourner l’économie. Sans tomber dans le consumérisme (je suis contre, et je trouve déplorable l’incantation perpétuelle à la mortifère déesse Croissance), on pourrait avoir l’intelligence de saisir que la paupérisation des travailleurs entraîne de facto le ralentissement de l’économie. Le pire, c’est beaucoup de gens n’arrivent plus à se payer le nécessaire. C’est ça qui est tragique et d’une stupidité rare au niveau de nos « dirigeants ».