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Saul 12 avril 2014 11:44

Marine Lepen est nulle en économie, ce qui ne veut pas dire que la proposition de sortie de l’euro est erronée. Voir par exemple ce que dit le banquier d’affaires Philippe Villin (Lettre au président du Conseil italien pour en finir avec l’euro) qui n’est pas sympathisant du front national :

 http://www.debout-la-republique.fr/article/lettre-au-president-du-conseil-italien-pour-en-finir-avec-l-euro

Voir « Taux de change de l’euro et désindustrialisation » par l’économiste Patrick Artus :

 http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=57866

Quelques articles, parmi d’autres, concernant les délocalisations liées à la force de l’euro :

http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/euro-fort-airbus-et-dassault-vont-delocaliser_468367.html

http://www.lefigaro.fr/tauxetdevises/2007/11/07/04004-20071107ARTFIG00028-leuro-fort-va-accelerer-la-delocalisation-du-luxe-.php

http://www.lemonde.fr/economie/article/2007/12/21/delocalisations-le-temps-des-reponses_992374_3234.html

 Mais même si une sortie de l’euro peut être utile pour la France, Marine Lepen ne semble pas du tout en connaître la problématique. C’est du moins mon impression après avoir regardé l’émission de France 2. Quand par exemple un chef d’entreprise invité pour la contredire sur cette question lui dit qu’il est inévitable que les taux d’intérêt de la France pour emprunter sur les marchés risquent de s’envoler à la hausse, elle répond d’abord que si l’économie va mieux après la sortie de l’euro, il n’y aura pas forcément de raison pour qu’ils s’envolent à la hausse. Mais ce chef d’entreprise insiste car il est évident et il a raison que si la France s’apprête à sortir de l’euro, ses taux d’intérêt pour emprunter sur les marchés vont s’envoler, comment l’éviter ? Marine Lepen fait une réponse qui fait rire le chef d’entreprise : « En votant pour les listes du Front national aux européennes ».

 C’est là qu’on voit que Marine Lepen n’a vraiment aucune culture économique sur le traitement des crises économiques. Si elle connaissait un peu mieux le sujet elle aurait pu citer notamment l’exemple du Royaume-Uni qui lors de la crise de 2007-2008 remplissait toutes les conditions négatives requises pour avoir une crise des dettes souveraines comme l’Italie, l’Espagne, etc. Comment le Royaume-Uni l’a évitée : par des quantitatives easings de la banque centrale britannique pour notamment acheter des obligations d’État britanniques, l’ajustement s’est porté sur la baisse de la livre britannique et pas sur la hausse des taux d’intérêt de l’État britannique pour emprunter sur les marchés. C’est exemple est rappelé par l’économiste italien Claudio Borghi Aquilini dans un texte écrit pour la ligue du nord italienne (voir le lien ci-dessous) qui est favorable à la sortie de l’euro. Durant cette période de crise, pour le Royaume-Uni, la livre sterling est passée progressivement de 1,50 à 1 euro sans provoquer de crise inflationniste grave et le Royaume-Uni a aujourd’hui un taux de chômage de 7% contre 26% en Espagne par exemple, laquelle, également en crise, a appliqué une solution « made in zone euro », à savoir la dévaluation interne par baise des dépenses, des salaires, des pensions, etc.

 http://www.bastaeuro.org/docs/BastaEuro_comeusciredaincubo.pdf

De même la Japon a fait récemment considérablement baisser sa monnaie sans provoquer de crise inflationniste. Voir cet article du 30 décembre 2013 intitulé « La baisse du yen inquiète Pékin et Séoul » qui signale que : « Le yen est tombé lundi à un plus bas de cinq ans contre le dollar et il affiche une baisse de plus d’un quart de sa valeur au cours des 15 derniers mois. »

 http://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRPAE9BT01F20131230

 Il fallait donc répondre au chef d’entreprise que la BCE a des attributions limitées par rapport à une banque centrale d’Etat souverain et qu’en cas de sortie de l’euro la banque de France devrait pouvoir recourir aux politiques monétaires non conventionnelles pour traiter cette question des taux d’intérêt. La conséquence sera une baisse du taux du Franc en mécanisme de change flottant par rapport à l’euro et aux autres monnaies. Il ne faut pas cacher qu’il y aurait une certaine baisse du pouvoir d’achat de la population, mais l’alternative dans la situation économique calamiteuse de la France c’est une opération de dévaluation interne forte qui fera baisser encore plus le pouvoir d’achat. Si on veut par exemple ne plus avoir de balance commerciale déficitaire, c’est la fameuse dévaluation interne qu’il faut faire dans l’euro (ce qui au passage ferait s’apprécier l’euro encore plus du fait de l’augmentation de l’excédent courant global de la zone euro qui en résulterait). Voir : "Heureusement que la France est là pour sauver l’Europe » :

http://videos.lesechos.fr/news/graphiques-vittori/heuresement-que-la-france-est-la-pour-sauver-l-europe-les-graphiques-de-vittori-40-3362445206001.html&nbsp ;

En outre l’économiste italien cité ci-dessus indique aussi qu’il n’est pas possible de faire un référendum sur la sortie de l’euro, comme le propose Marine Lepen, car si un mouvement politique favorable à la sortie de l’euro arrivait au pouvoir en France ou en Italie il serait dans l’obligation d’agir très rapidement pour faire ladite sortie ou d’y renoncer. Autrement s’il fait un référendum, il faut savoir qu’il y aurait des problèmes, ce que Marine Lepen précisément ne semble pas savoir. Non seulement l’État ne pourrait plus emprunter sur les marchés sauf à des taux exorbitants pendant la période du référendum, mais en outre les systèmes financiers français ou italiens qui sont supposés financer les entreprises et les particuliers sont tellement intégrés dans l’euro qu’ils seraient amené au bord de l’implosion pendant les quelques mois du référendum si le résultat de celui-ci est prévu pour être favorable à la sortie de l’euro. Les banques françaises seraient confrontées au problème de la fuite de capitaux qu’on peut certes tenter de limiter mais aussi à la perte de sources de financement contre lesquelles on ne pourrait rien faire (sauf à les financer massivement par le budget de l’État), notamment de la part de la BCE, comme ça été le cas pour Chypre l’an dernier qui a dû accepter les conditions de l’UE, faute de quoi la BCE cessaient de fournir des liquidités d’urgence aux banques chypriotes. Voir pour rappel :

 http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/la-bce-lance-un-ultimatum-a-chypre_1368660.html#ySIOVzVF6xhZO0i0.99

Même si on peut être favorable à la sortie de l’euro de la France, il faut savoir que celle-ci, qui est très délicate, ne peut être faite que par des gens qui connaissent très bien l’économie et les difficultés qu’elle représente. Faite par des amateurs une sortie de la France de l’euro serait évidemment une catastrophe. Elle serait probablement avortée avant même qu’on puisse commencer à l’appliquer.


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