Je trouve votre article très intéressant.
Concernant l’art contemporain, je suis d’accord et pas d’accord. Il reste de nombreux domaines où l’art contemporain reste créatif et entraine le rêve, la surprise, l’autrement que soi-même, l’élan vers l’imaginaire. De vraies œuvres créées par de vrais artistes.
C’est la partie visible, institutionnelle, que je nommerais plutôt « néo-duchampisme » qui relève de la supercherie, de ce que j’appelle la « plus-value immatérielle ». Vous achetez un radiateur électrique*, par exemple, vous le mettez au Musée, vous l’intitulez « Point médiant », avec un texte sibyllin, (« Point Médian représente le signe du mouvement dans l’immobilité en rapport avec le sens de la linéarité du temps, à la base du questionnement de tout être humain sur son devenir », par exemple) si vous avez un nom reconnu, vous pouvez le vendre plusieurs centaines de milliers d’euros ou plus suivant votre cote. Vous créez de la plus-value et vous contentez les institutions.
La trans-formation que vous dénoncez n’est pas tant celle des mœurs, que celle du passage d’un capitalisme matériel à immatériel, qui permet de ne plus utiliser la main d’œuvre désormais pour lui inutile.
Il s’agit alors d’éliminer progressivement les classes moyennes et laborieuses, d’éclater les solidarités, de déclasser une partie de la société, désormais considérée comme archaïque, dépassée, voire inutile. L’ouverture des JO constitue en cela un signe, un message, envoyé à ces couches dominées de la population. en leur disant : votre culture n’a pas de valeur, vous n’êtes rien. La culture inclusive exclut, et à dessein, ces strates de la population afin qu’elles se sentent déconsidérées. Il ne s’agit d’ouvrir des droits à des minorités, il s’agit d’afficher une rupture de valeur. Le message est alors le suivant : « vos valeurs ne sont pas les nôtres car elles ne valent rien, vous, spectateurs des classes dominées, n’êtes rien, et nous sommes tout ».
Ce n’est pas Macron, qui décide cela, il n’est qu’un vecteur. C’est l’oligarchie techno-pharmaco-financière qui veut optimiser ses profits via l’élimination du matériel.
D’ailleurs ceci, vous le notez à raison dans votre article : il s’agit bien d’un turbo-capitalisme techno-centré. Turbo-capitalisme qui peut à terme déboucher sur une société fasciste qui finira par nier les droits de l’homme à ceux qu’elle exclut, comme à Gaza, qui peut être vu comme un laboratoire.
Il est de la plus haute importance que nous puissions réfléchir à ces phénomènes à la fois nouveaux, brusques, complexes, afin d’alerter et de trouver des moyens d’en contrer l’évolution délétère.
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* Je ne dis pas cela par hasard, j’avais vu exposé un radiateur électrique, semblable à celui que j’avais chez moi, au Grand Palais à une FIAC (je ne sais plus en quelle année c’était, mais le ministre de la culture de l’époque, Jacques Toubon, semblait avoir été touché par la grâce devant cette œuvre. Je n’étais qu’un témoin anonyme). Par contre le titre et le texte sont hors de ma mémoire et réinventés.