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https://eclaireur.substack.com/p/republication-zfe-lecologie-pour

Y a-t-on seulement réfléchi à deux fois avant de foncer tête baissée dans un dispositif qui semble davantage avoir été conçu comme expédient pour donner des gages plus que pour régler le problème de la pollution ? Et qui, traduit dans une loi mal préparée et mal ficelée 1, risque fort d’être éteint par son propre souffle.

Car tout l’édifice est en train de se déconstruire, brique par brique. L’interdiction par le parlement européen de la vente de véhicules thermiques, diesel puis essence en 2035, qui, au final, donnait le La au concert des mesures prises en Europe ? Une clause de revoyure est d’ores et déjà prévue en 2026 afin d’étudier les nouvelles technologies disponibles. On sent d’ores et déjà le mythe de l’électrique finir en court-circuit.

Une bombe sociale et environnementale

L’Italie, on s’en souvient, avait ouvert une brèche avec son amendement Ferrari, qui permet d’affranchir les voitures de luxe produites à moins de 1 000 exemplaires par an.

Depuis, le pli est pris. En France, 11 métropoles ont depuis le 1er janvier 2023 mis en place une ZFE après moults concertations et dérogations pour tenter de faire passer la pilule d’un dispositif aussi peu social que réellement écologique – depuis le 1er janvier 2025, toutes les communes de plus de 150 000 habitants peuvent instaurer une ZFE. Chacune à sa façon. A Lyon et Grenoble, les métropoles ont tenté de baliser le terrain en testant, au préalable, la ZFE à destination des véhicules professionnels. C’est peu dire que la pilule a été, et est toujours, difficile à faire passer, certaines entreprises préférant tout simplement déménager…

Politiquement, ça ne passe pas non plus. Les Républicains sont sceptiques quant à son application – en Isère, le Département a demandé un report de trois ans –, le RN n’en veut pas et dans certains territoires comme au Mans (métropole PS dirigée par le socialiste Stéphane Le Fol), on entend y réfléchir à deux fois avant de se lancer.

Sur le terrain, le dispositif prend l’eau de toutes parts. Déjà, les autoroutes et routes nationales n’ont jamais intégré le dispositif. Ensuite, le nombre de métropoles (normalement de plus de 150 000 habitants) qui doivent appliquer ces ZFE est particulièrement volatile et indéterminé. On en était à 43 quand est sorti le 24 décembre un décret qui permet de possibles dérogations. Soit en cas de concentrations moyennes annuelles en dioxyde d’azote inférieures ou égales à 10 μg/m3, soit en cas de mesures alternatives qui auraient un effet équivalent. Sur la base donc de modélisations.

Des dérogations dont la liste ne finit pas de s’allonger du côté des véhicules visés, chaque territoire étant plus ou moins maitre de son calendrier 2 comme de potentiels passe-droits. Ce qui promet une joyeuse pagaille quand bien même le gouvernement tente de remettre tout ça en ordre de marche. Il a en effet nommé un coordinateur national en la personne d’Edouard Manini, ancien conseiller à l’Eurométropole de Strasbourg en charge des ZFE.

Véhicules de police et de secours, transports d’animaux ou de certaines marchandises, véhicules pour handicapés ou de bienfaisance, voitures de collection sont la plupart du temps affranchis … Plus, plein d’autres, fonction des territoires. A Paris, les interdictions sont levées passé 20 heures. A Montpellier, les petits rouleurs ne sont pas concernés.

A Grenoble, les agriculteurs sont exemptés, de même que les forains, les entreprises en difficulté ou les entreprises de travaux publics. A Strasbourg, ce sont les véhicules chargés de la distribution des denrées alimentaires en circuit court et les véhicules de déménagement qui ont le droit de rester dans le circuit.

Et si vous ne cochez pas ces cases, il y en a d’autres. La Métropole grenobloise a en effet décidé de permettre à tous de bénéficier de 12 jours de dérogation par an. Quel que soit son véhicule et quelle que soit son utilisation. Strasbourg, elle, propose 24 jours.

Problème et non des moindres, à force de répéter qu’il faut faire preuve de pédagogie et de souplesse, on ne sait plus trop ce qui reste du dispositif. Et si ce dispositif de plus en plus réduit sera un tant soi peu efficace pour juguler les émissions de gaz à effet de serre et les gaz polluants. A supposer qu’il ait pu l’être originellement…

Car la base des ZFE est pour le moins chancelante. Les zones faibles émissions sont en effet assises sur les vignettes Crit’air. Lesquelles n’ont jamais concrètement prouvé leur efficacité.

Vignettes Crit’air : un dispositif qui n’a rien prouvé
Bref retour en arrière… Les agglomérations lyonnaise et grenobloise ont été les premières à tester les vignettes lors des épisodes de pollution de l’air. Et ? Le dispositif n’a quasiment pas été évalué. Une seule fois en sept ans en fait. Depuis l’hiver 2016-2017 et la première mise en œuvre des restrictions de circulation, Atmo n’y a plus mis son nez. L’expérience n’a-t-elle pas été concluante ? La baisse des émissions de dioxyde d’azote (essentiellement émis par le trafic routier) et de particules fines PM10 (en partie le trafic routier, mais essentiellement issu de la combustion de bois de chauffage) a été estimée entre 6 et 9%.

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