@ l’auteur,
L’Etat libéral n’est pas un Etat dans lequel le droit se limiterait au droit privé. Un espace public qui n’appartiendrait a personne se rapprocherait davantage de l’idée d’anarchie. Pour le libéral que je suis, l’espace public appartient a tous, un tous que l’Etat est supposé representer, mais l’Etat nous représente-t-il ?
Ainsi pour reprendre l’exemple du jardin, ce ne serait pas un espace de non droit comme vous le définissez, mais un espace soumit au droit public, un espace dans lequel la "liberté des uns s’arrête la ou commence celle des autres", ce qui n’a rien d’extraordinaire il me semble.
La question de la limite entre la sphere privée est la sphere publique est cependant pertinente.
Effectivement, une entreprise qui voudrait construire une tour immense dans un village, bien que ce soit logiquement son droit le plus naturel, représente assurément une gène pour le voisinage, au meme titre que le bruit, la pollution etc... Pour protéger le voisinage, il faudrait donc enfreindre le droit de l’entreprise a jouir de sa propriété.
La limite entre les deux est donc subjective, fonction de la tolérance des uns et de l’altruisme des autres, suivant les pays et leur "culture". J’ai tendance a croire qu’une société libérale, si on admet que l’on peut coller des étiquettes sur une chose aussi abstraite, est globalement ouverte et tolérante car l’individu, et le respect d’autrui qui en découle, y occupe une place prépondérante, sans y etre pour autant sacralisé.
A mon sens, une société dans laquelle chacun ne voit que ses intérets est une société malade, qui pour préserver les intérêts de ses membres et éviter le chaos, entend tout codifier, tout réglementer, parce qu’elle ne fait plus confiance en l’individu, en l’humain pour emprunter un autre lexique, pour assurer la cohésion (cohésion sociale dans un autre lexique).
C’est du moins l’idée que j’ai de la société francaise pour laquelle la phrase de Bastiat s’applique parfaitement : "L’Etat, cette grande fiction a travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde". Pour reprendre l’exemple du jardin, chacun se sert aux limites de la légalité et compte sur la "société" pour régler les problèmes, sans voir que la société, c’est nous-memes.
Il en est ainsi par exemple de certaines fonctions publiques ou assimilées qui sont supposées servir l’intéret commun mais qui, victimes d’intérets corporatifs, assure parfois mal leur fonction. La défense du bien public est alors paradoxalement contraire a l’intéret commun.
Pour bien fonctionner, avoir un droit qui respecte a la fois l’espace privé et l’espace public, il est impératif a mon sens que les lois refletent la volonté des individus. La question de l’organisation politique (et syndicale) me parait donc cruciale.