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easy easy 5 octobre 2010 20:08



Ikea, merde ou pas merde ?

D’abord ce n’est pas une arnaque ou alors boire un café à 10 € aux Fouquet’s c’est de l’arnaque. On sait que c’est cher pour ce que c’est en tant que matière mais on sait qu’on paye le privilège d’y poser son cul sur la même banquette que des célébrités. Tant qu’on y trouve son compte, on n’y voit pas d’arnaque.


Avant Ikea, les dépôts-ventes qui fleurissaient alors en attestaient, le mobilier avait une valeur transgénérationnelle.
 (On disait que le contenu d’un château coûtait plus cher que le château nu)

Mais depuis 40 ans, bien des choses ont changé dont la préoccupation de plus en plus criante de profiter de la vie coûte que coûte. Et dans cette course au profit, il convient de ne s’encombrer ni de la présence physique des parents, des grands-parents ni de la gratitude. Bien plus intelligent que moi, IK avait compris que cette tendance consumériste allait modifier le regard des gens sur le mobilier. Il a considéré qu’il était possible de tuer le meuble ancien, de tuer sa valeur en tant qu’antiquité et justement parce qu’il est antique.

De nos jours, les gens jettent une armoire faite en chêne avec des colonnettes, des grimaces et des guirlandes sculptés dans la masse pour lui préférer un placard mélaminé de chez Ikea.
Au lieu de faire rempailler leur chaise rustique par un Rom qui demande 40E, les consommateurs préfèrent acheter une chaise chez Ikea pour 20 E


Que ces produits Ikea ne durent pas, OK, IK ne dit pas le contraire, il ne prétend même pas que ses meubles se remontent 2 fois. (Les meubles Regain, en orme massif, se remontent 20 fois sans casse)

Mais ce n’est pas de la merde, c’est de la fast conso selon les codes d’aujourd’hui. C’est mode, ça va passer, on va jeter et racheter. On ne va pas conserver des tas de trucs alors qu’on est NO MA DE, n’est-ce pas ?

Zara, par rapport à Y S Laurent, pourrait être qualifié de merde, mais à ce compte là, tout ou presque devient merde. Non, Zara c’est de la fast consommation, c’est tout.


Cette fast conso survient à une époque où les ressources s’épuisent mais c’est p’tet justement ce qu’il y a d’excitant. Le saut de l’ange quand la vague se retire. Le dernier et sublime grand saut.


Toujours est-il que Ikea est en plein dans le mouv’.

Regardez les photos de l’Exode de 1939. On y voit des gens s’accrocher à des meubles qu’on trouve aujourd’hui sur les trottoirs lors des enlèvements des encombrants. Même aux Puces de Montreuil plus personne n’en veut. 

Oeuf ou poule, on peut en discuter. Est-ce Ikea qui a changé notre vision des choses, ou est-ce qu’Ikea a seulement su profiter d’une tendance qui se retrouve sur tous les plans ? Ca ne fait vraiment pas chic de se dire conservateur n’est-ce pas ? Il ne faut donc rien conserver, ne s’attacher à rien ni personne, sauf de manière temporaire, provisoire. 
Qui sait, c’est peut-être ce mouv’ qui explique pourquoi les Français sont les Européens qui sont les moins proprios de leur logement. 

L’objet Ikea est mode et n’est pas conçu pour durer. 
Il est extraordinairement optimisé pour tomber en ruine rapidement et être remplacé sans regrets dans l’excitation d’un renouvellement. La présence des designers au catalogue est là pour que l’acheteur devenu réellement déménageur-monteur-visseur bénévole au service d’IK, ait l’impression inverse de s’être offert les services d’un architecte d’intérieur.

Le tort énorme des fabricants de meubles du Faubourg Saint Antoine, et de moi aussi, c’est de n’avoir pas songé à griffer nos produits de manière tendance. La tendance n’est pas d’être fidèle ou exclusif d’une marque mais d’être volage, volatil, changeant, capricieux. Une Weston à un pied, une Marlboro à l’autre.

Chez Ikea, pépinière de designers, ils défilent aussi vite que des mannequins. Leur nom n’apparaît même pas au revers des produits. C’est IK qui les tient et qui nous les livre en timeshare.



Comme je connais aussi le domaine CHR, je considère que tout est parti de là ; C’est dans le domaine de l’hôtellerie que le patron a le plus cherché à livrer son personnel à sa clientèle. Entrer dans un palace, c’est avoir la sensation soudaine qu’une foule de personnes se répand à vos pieds pour en délecter le jus.

De là, ça s’était étendu à la mode. Pendant très longtemps, il allait de soi que le personnel d’une boutique de fringue était à nos pieds pour exécuter nos caprices. 

Ce qui se passe chez Ikea c’est ça tant qu’on est dans le magasin et le nez dans le catalogue. On a alors l’impression que cent personnes dont des designers géniaux sont à notre service. Mais passé la caisse, on se retrouve seul avec un pataquès de KWARDORJ.... à transporter, à visser et à rembourser à la banque. 


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